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EAN : 9782359840001
Esperluète éditions (15/09/2009)
4.43/5   7 notes
Résumé :
Extrait :
Tout le monde connaît le Petit Chaperon Rouge, et son histoire.
Ce que l'on connaît, en réalité, c'est la version de Charles Perrault, celle qui se termine en substance par : « Gardez vos ?lles chez vous, surtout si elles sont jeunes et jolies. Le monde est plein de loups. »
Mais comment les ?lles pourraient-elles apprendre à vivre selon ce qu'elles savent de leurs propres forces, si « on » élimine autour d'elles toute occasion de désir <... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Myriam Mallié ne lit pas les contes de la même manière que la plupart d'entre nous. Là où je me suis plutôt attardée sur le rôle du Loup et celui du Chasseur – c'est-à-dire sur les représentations symboliques et le rôle de l'homme dans sa relation avec une fillette – l'auteure, elle, analyse avec pertinence la fonction féminine. Elle crée une triangulation entre l'enfant, sa mère, et la mère de sa mère (c'est plus sous cet angle-là qu'elle considère la grand-mère). Elle s'attarde aussi sur la filiation : La grand-mère est donc aussi mère. La mère est donc aussi fille. La fille est donc aussi petite-fille. C'est cette entrée qui m'a intéressée dans la lecture de l'ouvrage de Myriam Mallié. Elle dit que c'est dans une ancienne version nivernaise du conte qu'elle a trouvé la matière à conduire ainsi sa réflexion : Les filles y marchent là où la vie les invite à marcher, rencontrent qui elles doivent rencontrer, se mesurent à qui elles doivent se mesurer, avant de rejoindre la communauté des femmes – et des hommes bien entendu – et d'y prendre leur place.

Selon elle, cohabitent dans le conte six positions féminines, et seulement une masculine (le Loup).

Après avoir aussi dressé la carte géographique (symbolique, elle aussi) des lieux de vie, elle peut alors définir l'espace de l'entre-deux, de l'intervalle, de la création : la forêt. La forêt, qui enivre ceux qui la traversent de sensations excitantes (un peu exaltantes ?), la maison du Loup. Avec, en ligne de fuite, la rivière.

C'est dans ce cadre humain, relationnel, spatial que va se jouer, se nouer et se dénouer la tragédie. Une tragédie en … rouge. le rouge c'est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. le rouge c'est une force. C'est la vie du sang, tant qu'il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S'ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s'assombrit, et c'est la mort qui s'y faufile.

Myriam Mallié va alors reconstruire le conte. Pas le revisiter, pas le relire, le reconstruire. Il y sera question de dévoration. Dans le conte traditionnel, c'est la peur d'être dévoré ; ici, c'est encore autre chose. Mais je n'en dirai pas davantage.

J'ai aimé ce petit recueil qui ouvre une brèche dans la lecture du texte. D'autres s'y sont collés aussi, les psychanalystes notamment. Et chacun, selon sa sensibilité, a interprété l'histoire. Non seulement Myriam Mallié en propose l'exégèse, mais elle ouvre le champ à une version beaucoup plus féminine – féministe peut-être – qui prend sens dans un chemin de vie très actuel. Mais n'est-ce pas là le rôle d'un conte ?

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Avec cette réécriture du célèbre conte le Petit Chaperon Rouge, je découvre Myriam Mallié et… qu'il y a bien d'autres versions que celle de Charles Perrault ! (Oui, on peut dire que je suis carrément inculte en ce genre littéraire.)

La conteuse belge nous explique d'abord que, justement, la version de Perrault n'est pas un conte, genre dont la fonction est « d'apprendre à vivre ». Comment vivre vraiment si l'on ne doit jamais sortir ni traverser aucune forêt et se protéger constamment des loups dangereux qui infestent le monde ? Myriam Mallié s'est inspirée de la « collecte nivernaise d'A. Milien » : ici il est surtout question de femmes, des filles, des mères, des grand-mères, de femmes, de transmission et de rupture, mais une rupture féconde.

Tous les lieux, les couleurs, les objets symboliques du conte sont racontés, déroulés (pour ne pas employer le terme « analysés », un peu froid et incongru ici) et, tout en gardant leur part de merveilleux, prennent encore davantage leur force de symbole, au sens étymologique du mot : « ce qui est jeté ensemble » donc ce qui relie, rassemble, permet de se re-connaître. « La forêt, c'est un bonheur ». le rouge, c'est une couleur de vie, le chaperon tendrement brodé de fils rouges reliera la jeune fille à sa mère et la protégera dans l'épreuve initiatique.

Finalement le Petit Chaperon Rouge (tous les mots sont importants, qui portent chacun une majuscule) prendra sa place dans la communauté des femmes, non plus petite, mais femme à son tour, à la fois autonome et reliée aux autres. « Grande maintenant, libre d'aller, emportant avec elle son histoire comme un gué de mots à jeter sur la surface mouvante de ses jours quand une traversée s'avère nécessaire. »

Une lecture dynamique, dynamisante, rafraîchissante, illustrée par les illustrations de lits en rouge et noir de Myriam Mallié elle-même. Un texte qui fait goûter à la plénitude d'être fille et femme. Féministe donc, dans un bon sens positif. Cela fait du bien !
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Spoilers.

Une narration originale en plus de cette version méconnue du conte, car l'autrice Myriam Mallié ne s'efface pas, elle est au contraire très présente dans le texte, explique sa réflexion, sa démarche et pose des questions en même temps que le conte avance. Elle nous livre des pistes d'analyse, qui sont les questions qu'elle-même se pose en tant que lectrice du conte. Pas de départ officiel et traditionnel comme "Il était une fois", le conte et ce qui pourrait tenir lieu d'avant-propos sont mêlés.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, l'atmosphère est étrange, intrigante, vaguement inquiétante. Parfois des injures très vulgaires ponctuent le texte, faisant émerger plus nettement la violence : "Pue, salope qui mange la chair de sa grand-mère !" le cannibalisme de la petite qui est abusée par le loup, sa grand-mère a été cuisinée et offerte en repas à la petite qui s'en délecte. Les dessins en aplats de couleurs rouges, noirs ou blancs, variations sur le thème du lit, ajoutent à cette atmosphère dérangeante.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le rouge c’est la vie, le sang chaud qui court dans les veines, la joie et le rire, les joues comme des pommes quand on a couru, le jeu à en perdre le souffle, la beauté aussi […]. Le rouge c’est une force. C’est la vie du sang, tant qu’il court invisible dans les fins tuyaux du corps. S’ils viennent à se rompre, tout ce rouge se répand sur le sol, s’assombrit, et c’est la mort qui s’y faufile
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