Myriam Mallié nous livre un texte original de réécriture du conte de "
La petite sirène", adoptant le point de vue de la sorcière – rebaptisée la Mutilante – à travers des lettres adressées à la jeune femme. Sacrifice pour accéder à la vie sur terre, la langue coupée devient plutôt ici l'épreuve de l'exil et le devoir de se trouver une nouvelle langue.
Par l'intermédiaire de la Mutilante, dont ce texte nous fait apparaître toute la passionnante ambiguïté et la valeur fondatrice, l'autrice nous donne à lire la tentative laborieuse et vaine de
la petite sirène à faire entendre sa voix auprès du prince aimé. Si cette tentative échoue dans l'intrigue, elle réussit à nous atteindre dans l'ordre de la fiction dans ce travail inédit d'incarnation de deux personnages au destin scellé par la délicate question du désir à exprimer par la parole afin qu'il puisse s'enraciner à une mémoire.
Un texte court, puissant et tout en finesse, que je recommande à toutes les personnes friandes des reprises intertextuelles de topiques littéraires.