Ah! le bon air! la délicieuse fraicheur! jamais elle n'avait
respire avec pareille béatitude; et par la petite cour elle allait
la bouche ouverte, les narines palpitantes, battant des bras,
secouant la tête: le bruit de ses pas éveilla un chien du
voisinage qui se mit a aboyer, et aussitôt d'autres chiens lui
répondirent furieux. Mais que lui importait: elle n'etait plus la vagabonde contre
laquelle les chiens avaient toutes les libertés
Qu'est-ce que c'est que ça?
Vous voyez bien c'est cinq francs
Je vous demande une livre de pain pour mon diner.
Eh bien tu n'en auras pas de pain, et je
t'engage à filer au plus vite si tu ne veux pas que
je te fasse arrêter.
Pourquoi m’arrêter? balbutia-t-elle.
Parce que tu es une voleuse qui veut me passer
un pièce fausse. Vas tu te sauver, voleuse,
vagabonde...
Perrine avait conscience de n'être pas une
voleuse... mais vagabonde elle l'était puisqu'elle
n'avait ni domicile ni parents.
Fiche-moi le camp et plus vite que ça, voleuse!
Vas-tu te sauver, voleuse, vagabonde. Attends un peu que j'appelle un sergent de ville.
Ah! que je meure avec[....] l'espérance de vivre à jamais dans ton cœur!
Quelle joie! Une fois de plus la preuve était faite qu'avec de la volonté, de la persévérance, on réussit ce qu'on veut fermement, même ce qui d'abord parait impossible, et qu'on n'a pour toute aide qu'un peu d'ingéniosité, sans argent, sans outils, sans rien.
Alors elle voulut faire un dernier effort, entrer sous bois et y choisir une place où elle se coucherait pour son dernier sommeil, à l'abri des regards curieux...