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The Spectre tome 1 sur 1

Tom Mandrake (Illustrateur)
EAN : 9781401247188
320 pages
DC Comics (20/05/2014)
4/5   1 notes
Résumé :
In these never-before-collected tales from the 1990s, police detective Jim Corrigan tries to end his mission as The Spectre. But the grisly crimes of a serial killer pulls him back into the battle for justice--and sends him on a trip to hell itself. And the enigmatic mystic known as Madame Xanadu tries to help Corrigan and his friends--but her help may lead one of them to commit suicide
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome comprend les épisodes 1 à 12, initialement parus en 1993, de la série "The Spectre", écrite par John Ostrander, dessinée et encrée par Tom Mandrake, avec une mise en couleurs du studio Digital Chameleon. Il est possible de lire ces épisodes sans rien connaître du personnage. Ce dernier a connu plusieurs itérations, certaines contradictoires, en particulier en ce qui concerne ses niveaux de pouvoirs.

À New York, Jim Corrigan rend visite à Louis Snipe, un vieillard alité à l'hôpital Siegel & Baily. Il s'entretient rapidement avec lui. Leur conversation est écoutée par Amy Beitermann, une assistante sociale, rendant visite au malade dans le lit d'à côté. Elle tente de lier connaissance avec Corrigan qui la rabroue et s'en va. Sur le trottoir, il se fait tirer dessus par des malfrats en voiture (drive-by shooting) qui en avait après un autre passant. le Spectre se manifeste et dispense une justice expéditive, spectaculaire et définitive. Par la suite, il revient et pénètre dans l'esprit de Louis Fine pour savoir quelle responsabilité il porte dans l'assassinat de Jim Corrigan, 40 ans auparavant.

Au cours de ces 12 épisodes, le Spectre va essayer d'apporter le repos au fantôme d'une femme assassinée, de traquer un tueur en série ne s'attaquant qu'à des femmes séropositives, d'endiguer le retour du démon Azmodus, et de châtier quelques criminels.
Il aura également l'occasion de raconter à Amy Beitermann comment Jim Corrigan a été amené à assumer le pouvoir du Spectre, peu de temps avant la date de son mariage avec Clarice Winston. Il pénètrera également dans son esprit pour le sonder. Il devra composer avec la présence de Madame Xanadu, et de l'inspecteur Nate Kane (très attachée à Amy Beidermann). Il devra s'interroger sur son absence de pitié.

Le personnage du Spectre a été créé en 1940 par Jerry Siegel (le cocréateur de Superman) et Bernard Baily (d'ailleurs Ostrander a donné leur nom à l'hôpital où séjourne Louis Snipe). Il a connu son heure de gloire dans les années 1974/1975 au travers des épisodes réalisés par Michael Fleisher et Jim Aparo : Wrath of the Spectre (Adventures comics 431 à 440). Dans ces épisodes, le Spectre réglait leur compte à des criminels ordinaires, en dispensant des châtiments spectaculaires. L'un d'entre eux était transformé en statue de bois, puis débité en rondelles à la tronçonneuse.

Par la suite, le Spectre était devenu une entité omnipotente, incarnant la colère de Dieu sur Terre. Dans les histoires de grande ampleur (de type crossover), soit il apparaissait à la fin remplissant la fonction de deus ex machina pour tout résoudre, soit il était neutralisé dès le départ (généralement interdit d'intervenir pour une raison fallacieuse).

En 1988, John Ostrander reçoit la responsabilité d'imaginer un postulat de départ qui expliquerait pourquoi le Spectre n'est plus tout puissant, tout en mettant au goût du jour sa justice expéditive et définitive.

Quand le lecteur commence le récit, il se dit qu'il s'agit d'un personnage à destination d'un lectorat de jeunes adolescents. Ostrander embrasse le concept d'incarnation de la colère de Dieu au premier degré. Il y a donc un Paradis (on a l'occasion de voir un combat primaire entre le Spectre et Michael, l'archange gardant les portes du Paradis) et un Enfer (il y a aussi un combat à grand coups de poing entre le Spectre et Shathan, une version de Satan). D'un point de visuel, le registre narratif est à l'unisson : le Spectre est un personnage tout blanc, vêtu de chaussures vertes, d'un slip vert et d'une grande cape verte avec capuche. Difficile d'apparaître menaçant dans un tel déguisement.

En s'attardant un instant sur les dessins de Tom Mandrake (en particulier ses décors), le lecteur constate que sous l'encrage épais et griffé, la représentation des arrières plans est souvent simplifiée et même naïve. La surface des dessins dégage une impression de noirceur et de parti pris graphique adulte. le regard observe des expressions de visage dénuée de nuances, voire caricaturales, des aménagements intérieurs spartiates ne reposant que sur un détail saillant, des façades d'immeubles génériques, et des rues désertes représentées de manière superficielle, par un dessinateur qui n'a jamais examiné un caniveau ou un pied de façade.

Néanmoins, Ostrander a l'intelligence de ne pas chercher à justifier cette situation de départ, mais de l'utiliser comme si elle allait de soi. Contre toute attente, ça fonctionne bien. le Spectre évolue dans une situation dichotomique de type Bien/Mal, avec un Dieu qui a lâché son instrument de colère, un Dieu correspondant à celui de l'Ancien Testament. Il châtie les criminels en les exécutant de manière inventive. Ostrander réussit à mettre en scène la toute puissance du Spectre, sans qu'il n'en devienne invincible. Son idée est toute simple : le Spectre peut tout faire sur le plan spirituel, mais il est beaucoup plus limité sur la réalité matérielle. Grâce à ce postulat simple et lisible, le lecteur bénéficie de scènes spectaculaires dans le monde psychique, et le scénariste peut entretenir le suspense dans le monde matériel.

D'épisode en épisode, le lecteur constate qu'Ostrander déploie des outils narratifs qui permettent aux histoires de dépasser le simple châtiment inventif par épisode. Pour commencer, il met en exergue de chaque épisode, une citation d'écrivains comme Charles Dickes ou Joyce Carol Oates. Si ces citations ne sont pas toujours très parlantes, elles fournissent la preuve qu'Ostrander souhaite inclure une ouverture à ses récits. de manière plus surprenante et sans explication de fournie, il a décidé que l'inspecteur Nate Kane utiliserait comme juron : "Balzac" (il est peu probable qu'il puisse s'agir d'autre chose que du nom de famille d'Honoré).

Ensuite, Ostrander ne se limite pas à concevoir un tueur en série sadique et racoleur (parce que s'en prenant à des femmes porteuses du virus du sida), il développe le personnage d'Amy Beitermann, en montrant sa solitude, la peur du contact qu'elle inspire aux autres, son futur sans espoir d'amour physique ou d'enfant. Ces thèmes apparaissent abordés avec d'autant plus de tact que les châtiments sont baroques et brutaux. En outre, Amy Beitermann ne se limite pas au rôle de la pauvre victime, elle n'hésite pas à remettre en question les pratiques du Spectre. Elle l'oblige à s'interroger sur cette vie passée à châtier les criminels, à tuer comme réponse à toute offense.

Les bagarres à grands coups de poing entre le Spectre et Azmodus, puis contre Michael n'en sont pas moins ridicules et font baisser le niveau, mais finalement le lecteur adulte finit par ressentir de l'empathie pour ces individus tragiques (Amy Beitermann, Jim Corrigan, Nate Kane), pour lesquels il n'y a pas de remède magique à leurs tourments.

Si les dessins de Tom Mandrake ne gagnent pas en consistance d'épisode en épisode, son encrage appuyé et vif installe une ambiance noire où le danger rôde dans les ombres omniprésentes. Il est assez habile pour insuffler une tension dans ses images chocs, dépassant le simple archétype visuel (même pour des postures mille fois vues comme le tueur en série tenant le couteau devant lui en s'approchant de sa victime effarouchée et tremblante).

Quand les scènes se déroulent dans le domaine astral ou psychique, la force des compositions de Mandrake emporte tout sur son passage. Ce n'est pas qu'il y ait plus de détails, c'est que les compositions deviennent monumentales, les cases se télescopent ou suivent le mouvement des lignes d'énergie. le lecteur peut alors oublier l'aspect ridicule du personnage et se concentrer sur ses démonstrations de force, sur son imagination macabre pour concevoir les exécutions. Mandrake semble puiser dans l'énergie de Kirby pour les postures des personnages, et dans la science du mouvement de Gene Colan pour la fluidité des gestes. Il ne s'agit pas de réalisme, encore moins de plausibilité, mais d'expressionnisme et d'imagination.

Ces qualités narratives (tant pour les thèmes que pour les dessins) compensent pour partie les passages plus convenus. le lecteur ressent toute la colère de Dieu, s'incarnant dans cet esprit déterminé, pas commode, alors que Jim Corrigan ressent le doute saper discrètement ses convictions intimes. La réédition de la série se poursuit dans Wrath of God (épisodes 13 à 22).
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