Un scénario un peu vain, mais pas sans serres.
Parlons dessin, d'abord.
Difficile de passer à côté de cette somptueuse couverture avec ces teintes sombres, là où chez Martin, le rouge dominait.
A l'intérieur, la qualité du dessin de
Démarez se confirme. Les cases sont ordonnées de manière subtile, les personnages sont globalement crédibles et certaines vignettes sont tout bonnement somptueuses.
Tout n'est pas parfait pourtant : la malédiction Photoshop frappe parfois et fige certains dessins, Alix se retrouve dans 2 vignettes avec une position de la main droite (!) anatomiquement impossible à obtenir, certaines couleurs au début manquent un peu de force.
Mais bon, globalement, c'est de très haute tenue au niveau du dessin. Dans un registre où officient les formidables Delaby ou Marini, je trouve que c'est déjà un bel exploit d'arriver à ce niveau.
Le problème de cet album est plutôt lié au scénario de
Valérie Mangin.
Son Alix qui a blanchi sous le harnais est une bonne idée de départ, mais je trouve qu'elle n'en fait rien. Il évolue dans cet épisode avec une certaine placidité et sans que son action paraisse particulièrement héroïque. de ce point de vue, Alix est vraiment dans la peau d'un sénateur et à peu près aussi inutile.
Plus embêtant encore, l'histoire n'a guère d'intérêt non plus et on peine même à voir le lien entre celle ci et la révélation finale (intéressante) qui doit nous mener vers le 2ème tome. Cette histoire d'aigles dressés à tuer arrache des bâillements et peine à accrocher.
Au niveau des personnages, outre Alix, on retrouve Auguste, Agrippa...et on découvre les jeunes Titus et Khephren, fruits des amours d'Alix et d'Enak (mais non, je plaisante...), dans les rôles de gamins intrépides. Un prêtre sorti tout droit du nom de la Rose est censé tenir la vedette dans le rôle de méchant, mais tout est tellement cousu de fil blanc qu'on n'éprouve ni surprise, ni inquiétude particulière.
Bref, une histoire bien décevante.
Bilan de l'opération ?
Nous sommes loin de l'Alix de Martin et l'aspect de découverte d'une civilisation est définitivement enterré avec ce dernier.
La ligne claire a disparu également, mais le dessin de
Démarez, après ceux de
Venanzi, Morales ou Simon, présente de belles promesses.
L'accroche finale, m'incitera sans doute à cotiser au tome 2, mais alors vraiment, en trainant des caligae...
A noter quand même que le côté "Roi des Aulnes" si présent chez Martin, est lui aussi sévèrement réprimé car Titus et Khephren n'hésitent pas à faire le mur pour aller aux orgies (encore que le fait qu'ils en partent rapidement sans consommer entretient le doute finalement...)