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Critique de keisha


Quatrième de couverture:

"Ce livre est la transcription méticuleuse d'une série d'entretiens que nous avons menés avec Alberto Manguel au cours de plusieurs rencontres.

Il ne s'agit pas, ici, d'un texte d'Alberto Manguel, fruit de plusieurs années de recherche, de travail, de mise au point. Il s'agit d'une parole qui va son chemin et qui est une leçon de liberté, d'humour, d'impertinence et d'amitié. Il s'agit d'une improvisation nourrie de l'expérience d'une vie, d'une jam-session dan le cadre d'une fabuleuse bibliothèque. Cette parole, il faut l'écouter, elle est vivifiante; parfois elle s'emporte et parfois s'attendrit; parfois elle est nostalgique et parfois iconoclaste; elle joue sur toutes les gammes...

Comme dans toute conversation, des points mériteraient d'être approfondis. Nous avons choisi de tout laisser en l'état, de ne pas quitter la spontanéité pour la construction, persuadés que de nouveaux livres d'Alberto Manguel trouveront leur première graine en ces semailles de plein vent!"





Soyez sans crainte! le risque que le lecteur reste extérieur, voire même perdu, a été évité par le choix de la présentation chronologique de la vie de Manguel, où il aborde différents thèmes au fil de la conversation, et par la précaution prise d'insérer de façon naturelle les éléments permettant de tout éclairer. Tout en gardant intacte la vivacité des échanges et l'impression de complicité qui unit les amis. Une forme fort agréable, donc!





Quant au fond, c'est du pur bonheur. Manguel est né en Argentine et a suivi son père, nommé ambassadeur dans le tout nouvel état d'Israël. Jusqu'à l'âge de sept, il ne parlait pas espagnol et donc ne communiquait pas avec ses parents; sa « nurse », Ellin, est chargée du petit Alberto. Mais quelle éducation!



« Une chose qu'Ellin m'a donnée est le sentiment que la culture, littéraire, artistique, musicale, n'est pas quelque chose d'extraordinaire mais quelque chose de tous les jours et qu'il n'y a pas de différence entre une littérature considérée populaire et une littérature dite classique. Ce qui compte c'est d'y trouver notre bonheur et un miroir du monde. Ellin lisait les romans de Cronin, Guy des Cars, Alberto Moravia, Erich Maria Remarque, Graham Greene, Mazo de la Roche... Et tout ça avec une connaissance de base, très traditionnelle, de Goethe, Schiller, Shakespeare, etc... »



« La littérature policière, dans le sens d'un mystère qui doit être résolu, m'intéresse toujours énormément. Pourquoi tel événement est-il arrivé? Qu'est-ce qu'on peut raconter autour d'une question, d'un mystère? Finalement tout au long de ma vie de lecteur, c'est ce qui m'aura intéressé le plus dans le genre romanesque. Plus que la psychologie, plus que la description, plus que la réflexion philosophique, ce qui m'intéresse, c'est l'enquête, c'est l'écrivain comme enquêteur. La question peut être : comment Julien Sorel réalisera-t-il son ambition? Ou quel est le mystère qui finira par expliquer la mémoire de Swann? C'est toujours la recherche de faits qui construit en secret l'histoire que nous ne connaissons pas et que nous cherchons à connaître. »





[Pas possible! Je n'en suis qu'au début, ce billet va être énorme, le livre est post-ité à mort! Que faire?]



Signaler juste qu'il existe encore des tas de pages à citer sur les rapports de Manguel avec les livres, la lecture, les auteurs, des anecdotes riches et passionnantes; son parcours, ses rencontres, ses voyages, ses amitiés, sa vision de l'Argentine, du Canada (il est en fait Canadien depuis longtemps); sa bibliothèque de 30 000 livres installée dans un endroit de rêve, près de Poitiers.



Et avouer que j'ai maintenant une furieuse envie de relire Une histoire de la lecture et La bibliothèque, la nuit, dont la genèse est évoquée dans ce récit à deux voix que je recommande chaudement!



Quant au titre, en parlant de notoriété et succès commercial:

« Il y a un dicton canadien, pour parler de la reconnaissance littéraire, qui dit : 'Ça et 25 centimes te paieront une tasse de café!' »



« Les grands écrivains visent à toucher ce qui est le plus difficile à atteindre dans le lecteur, lui laisser son entière liberté tout en lui ouvrant des passages dérobés plutôt que des portes. Tandis que ceux-là [les autres] flattent nos petites mesquineries, nos petites peurs et ouvrent des portes par lesquelles il est très facile de passer.»

En tant que traducteur:

« J'ai fait beaucoup de traductions dans ma vie; eh bien, les traductions les plus difficiles sont toujours celles des mauvais écrivains. Les grands écrivains sont très faciles à traduire car il y a un squelette qu'on peut démonter et remonter, un squelette très visible. On sait pourquoi tel mot est à telle place.

Traduire c'est la façon la plus minutieuse, la plus approfondie, la plus critique de lire. »
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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