C'est avec beaucoup d'émotion que je termine aujourd'hui ce livre hérité de la bibliothèque de ma mère. C'est ma façon à moi de rendre hommage au groupe
Manouchian.
Nous sommes le 21 février 2024 et 80 ans après son exécution,
Missak Manouchian sera le premier étranger et communiste à entrer dans le sanctuaire de la République. Il n'est pas né français mais il reposera aujourd'hui au Panthéon avec sa femme
Mélinée Manouchian qui a écrit cette biographie intitulée simplement "
Manouchian" publiée en 1974.
Ils sont tous les deux arméniens d'origine, ont immigrés en France et débarqué, comme beaucoup, à Marseille, après avoir survécu au génocide de leur peuple en 1915.
C'est en 1935 que vont s'unir Missak et Mélinée, deux orphelins de la première guerre mondiale qui partagent la même expérience de la société et de ses injustices.
Dans cette biographie passionnante, Mélinée parle de l'homme aimé, du poète, du militant antifasciste et de sa vie sentimentale en montrant le rapport étroit qui unissait leur vie de tous les jours à la cause pour laquelle ils combattaient.
Elle souhaite faire connaître la personnalité de
Manouchian, son caractère comme sa façon de se comporter dans les situations les plus diverses qui ont jalonné sa vie. Depuis son enfance dans son pays natal, où il vécut la tragédie de son peuple à travers celle de sa famille, en passant par l'orphelinat, l'usine, son travail acharné d'autodidacte et ses activités de militant arménien, communiste puis résistant au sein des FTP MOI, pour arriver jusqu'à l'ultime sacrifice, celui de sa vie.
Si elle n'est pas en reste dans la résistance, Mélinée montre l'importance du collectif, le rôle de chacun au sein du réseau ainsi que celui des nombreux amis qui les soutenaient comme les Aznavourian.
Les vingt-trois résistants immigrés arrêtés par la police française, emprisonnés et torturés par la gestapo, juifs ou pas, arméniens, espagnols, italiens, polonais, roumains dont ceux de la célèbre affiche rouge, n'ont rien dit d'autre que ce qu'ils avaient fait et pourquoi ils l'avaient fait, sans regret, affirmant qu'ils n'avaient fait que leur devoir. Leur volonté commune était de combattre contre l'occupant nazi dans le pays qui leur avait offert l'hospitalité.
D'ailleurs, c'est ce que
Manouchian semble rappeler dans sa dernière lettre à Mélinée, le 21 février 1944 avant d'être fusillé avec ses camarades, qu'il signe Michel
Manouchian en francisant son prénom.
Je retiendrais une de ses dernières paroles qui montre sa générosité "Bonheur à tous ceux qui vont nous survivre"... et comme l'écrit
Mélinée Manouchian "On se rend compte que le parcours de
Manouchian ne constitua qu'une trop courte illustration d'un combat pour sa propre dignité, c'est-à-dire pour la dignité de tous les hommes."
Respect.
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