Pour Gray, l'enfant était l'être premier. Sans tâche. Il n'avait pas à vivre sous les diktats d'êtres malades et névrosés, victimes de leurs pulsions sous prétexte qu'ils avaient le pouvoir.
Victorieux, il ramassa le trousseau et revint vers l'arrière avec appréhension.... Qu'allait il découvrir dans ce coffre? Le cadavre ensanglanté de Lily? Peut être était-elle juste blessée?
Il actionna l'ouverture sans plus attendre et dut se rendre à l'évidence.
Il n'y avait personne à l'intérieur.
Cela signifiait que rien, ni les souffrances qu'on endurait, ni la surdité des dieux, ni la volonté des hommes, rien, pas même la mort, ne pouvait empêcher les gens qui s'aiment de se retrouver.
La vérité, c'est le mensonge des flemmards.
Replonger dans le passé, c’est accepté d’être contaminé par lui.
il poussa la porte de la chambre d'Alyssa qu'il avait remise en ordre et laissa trainer son regard sur toutes ces choses qui avaient une signification particulière pour elle : les posters de ses groupes musicaux préférés, sa collection de coquillages, ses vieilles poupées de chiffon, ses colliers, sa table de maquillage...il attrapa son flacon de parfum et le contempla dans la lumière, comme un philtre magique. Il retira le bouchon, le sentit pour attirer le fantôme d'Alyssa dans la pièce, puis versa quelques gouttes dans sa main et les appliqua sur son cou et sur sa nuque.
Il s'attarda ensuite un moment devant les étagères de son bureau, s'intéressa aux romans qu'elle lisait, TWILIGHT de Stephenie Meyer, GANT OF THRONES de Georges R.R.Martin.
Il sourit tristement en apercevant la girafe en peluche avec laquelle sa fille dormait encore. Et, tout naturellement, il serra le doudou contre lui, ferma les yeux et s'allongea sur ce lit qu'il avait bordé tant de fois.....
La confiance ne se décrète pas. Elle se construit lentement et se détruit très vite.
Un maître n’a pas besoin de rencontrer ses disciples pour les contaminer. L’héritage qu’il a laissé suffit à les influencer.
" - T'as une clope?
- Pas ici, Jimmy, c'est interdit.
- C'est pour plus tard."
Nathan fouilla dans sa poche et proposa une cigarette à l'enfant. Il prit tout le paquet.
" - Hé! protesta le policier.
- De quoi tu te plains? Je viens de t'offrir cinq heures de vie en plus. Quinze minutes par tige. A ton âge, ça commence à chiffrer... "
Nathan secoua la tête en souriant.
" - Je n'attends rien de vous ! s'exclama-t-il avec mépris. Est-ce que vous avez retrouvé les autres enfants ? Non ! Vous êtes des incapables ! Et, pendant que vous bouffez des donuts toute la journée avec l'argent de nos impôts, l'assassin court toujours.
- Je vous prie de changer de ton, colonel."
Walker bondit de sa chaise, attrapa Nathan par le col et le plaqua contre le mur en grommelant, mâchoires serrées :
- C'est toi qui vas changer de ton, négro. Non mais tu sais à qui tu parles, là ? J'ai cinq mille hommes sous mes ordres. Et la moitié fait partie de ta putain de race."
Dahlia et Marvin quittèrent aussitôt la pièce adjacente.
" - Sean! s'insurgea Eva Walker. Qu' est-ce qui te prend ?"
Mais son mari était trop aveuglé par la haine pour lui prêter attention. ll continuait de vociférer, à quelques centimètres du visage de Nathan :
" - Il y a cinquante ans, tes parents n'avaient pas le droit de vote. Et, si ça ne tenait qu'à moi, tu ne l'aurais pas non plus. Alors tu vas remettre ton pagne et rentrer en Afrique, là d'où tu viens. "