♫ C'est pas l'homme qui prend la mère ♪
Ben si.
Enfin l'homme...j'me comprends.
Un même modus opérandi. On tue maman qui est en haut, qui fait du gâteau, pendant que papa est...sans jamais prendre la vie de l'époux, puis l'on se barre avec le gamin, laissant la police sur les dents. Celles de la mère, bien évidemment.
Je découvre Manzor et j'adhère.
Un style punchy, une intrigue plutôt originale et des protagonistes fascinants qui ne tombent pas dans la caricature, font de ce tourne-page un tout qui se dévore plus qu'il ne se feuillette, un oeil cérébralement vissé sur NRJ12, le second sur le canard du jour pendant que le troisième parcourt rêveusement ledit récit tout en se délectant à l'avance du paiement de son troisième tiers provisionnel, sis en 8.
Une p'tite bévue notoire de ma part, ne pas m'être penché sur le précédent opus histoire de jouer la linéarité.
Dans les brumes du mal incitera à réparer prestement ce rendez-vous manqué.
Si j'avais un p'tit fa dièse de contrariété, ce serait rapport à la plausibilité terminale.
Le bouquin tient parfaitement la route concernant l'enquête, c'est un fait, mais s'achève, à mon sens, en eau de boudin et ce que l'on retient, au final, c'est un sentiment d'inachevé quant à l'épilogue pourtant essentiel dans le genre si particulier qu'est le polar.
Non pas qu'il remette en cause la construction fort bien calibrée du récit mais le fait de laisser un brin d'amertume en bouche m'autorise, conjecture-je, à lui retirer, le coeur serré, les 0,68 poïnts différenciant les incontournables des excellents romans.
Sévère mais juste...
Nonobstant et pour prouver la presque entière adhésion au projet :Manzor, encore !
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Un maître n’a pas besoin de rencontrer ses disciples pour les contaminer. L’héritage qu’il a laissé suffit à les influencer.
C'est fou comme on a du mal à admettre les différences énormes qui existent entre frères et sœurs sous prétexte qu'ils sont nés du même ventre. En fait, à la naissance, leur père et leur mère sont les seuls points communs qu'ils aient vraiment avec le foyer où ils résident. Et il arrive fréquemment que les amis qu'ils se choisissent plus tard leur ressemblent beaucoup plus que les membres de leur fratrie, justement parce qu'ils les choisissent en fonction d'affinités qu'ils partagent. Nos parents nous imposent un frère ou une sœur et il faudrait que l'on éprouve d'emblée des sentiments d'affection pour eux ? Aimeriez-vous vos amis si on vous les imposait ?
Nathan et Steve découvrirent la forme d’un cadavre partiellement recouvert d’un plastique. Allongé sur un tapis de feuilles mortes, il était entouré de cierges noirs de tailles différentes qui semblaient délimiter un autel païen.
Nathan sentit monter en lui une angoisse sourde.
— Mélissa Rhymes, quarante ans, ouvrière au chômage. Il lui a attaché les mains dans le dos et lui a menotté les pieds au poêle à charbon avant de l’égorger. Elle ne pouvait pas faire grand-chose pour se défendre.
— Tu as bien dit « Rhymes » ?
— Oui, pourquoi ?
— Pour rien, répondit-il, songeur.
Virgo se tourna vers Steve en fronçant les sourcils. Ce dernier haussa les épaules, l’air de dire « laisse tomber et continue ».
— Son mari, Luke, était entravé au radiateur, là-bas.
— Il a assisté à l’agression ? s’étonna Nathan.
— Si on veut. Il s’est fait assommer en rentrant chez lui. C’est ce qu’il a déclaré, en tout cas.
— Quoi, il est en vie ? s’exclama le capitaine, stupéfait.
— Ouais, mais dans un sale état. Commotion cérébrale, fracture des poignets. Quand il a repris conscience, sa femme hurlait, mais… il ne pouvait rien voir. Il avait les yeux bandés.
— Putain, l’enculé… s’exclama Steve, révolté. Ça ne lui suffit pas d’enlever un môme et d’égorger sa mère ?! Il faut, en plus, qu’il fasse subir ça au père ?
— Un addict en veut toujours plus.
— Pardon ?
— Notre tueur est accro à la souffrance des autres, soupira Nathan, le regard noir. Qui souffre le plus ? Celui qu’on torture ou celui qui assiste au supplice ? La mère s’en sort bien, elle est morte ! Mais le père… combien de temps il va entendre les cris de sa femme qu’on égorge, hein ? Combien de temps ?
Les policiers présents se dévisagèrent en silence, n’osant imaginer ce qu’ils ressentiraient dans une pareille situation.
— Tout ça doit sûrement avoir un sens, conclut Nathan en se frottant les tempes.
— Quel sens tu veux que ça ait ? explosa Steve. C’est ça que je supporte pas avec toi. Tu veux toujours trouver des raisons à tout. Or, tu sais quoi ? Les dingues, ils l’ont perdue, la raison. On a juste affaire à une raclure de pédophile qui kidnappe nos enfants, massacre leurs mères et nous laisse son bordel à nettoyer ! C’est pas plus compliqué que ça !
Les techniciens de la police scientifique interrompirent leurs prélèvements pour se tourner vers les enquêteurs. Steve n’était pas le seul, dans la brigade, à trouver que Nathan Miller en faisait trop. Mais tous étaient bien obligés d’admettre qu’il détenait le taux de résolution d’enquêtes le plus élevé de tout le comté.
— Je ne force personne à travailler avec moi, déclara calmement Nathan en balayant la pièce du regard. Si tu ne supportes pas mes méthodes, Steve, demande à changer de partenaire. En attendant, va interroger les voisins, tu veux ?
Le visage crispé par la colère, le lieutenant se tourna vers Virgo à la recherche d’un soutien. Mais il ne trouva dans son regard qu’une neutralité bienveillante. Cette fille de militaire connaissait trop bien ce que signifiait le mot hiérarchie.
Steve serra les dents, ravala son chapeau et quitta la pièce à contrecoeur.
— En tout cas, enchaîna Virgo, le père a l’air plus choqué par l’enlèvement de son fils que par la mort de sa femme.
La nouvelle avait plongé Nathan dans la perplexité.
— C’est la première fois qu’il kidnappe un enfant en présence de ses deux parents, fit-il remarquer.
— Luke Rhymes n’était pas censé être là, rectifia-t-elle. Il était de garde à Palmetto, cette nuit.
— Il est psychiatre ?
— Infirmier. Il aurait eu un pressentiment et serait rentré plus tôt. Apparemment, en mode urgence. Le pick-up Volvo qui a niqué la pelouse, c’est le sien.
— Tu crois aux pressentiments, toi, Virgo ?
— J’y croyais jusqu’à mon mariage…
Nathan sourit en soufflant par le nez :
— Il faut que je l’interroge. Il est où ?
— Au Roper Hospital.
— Qui a composé le 911 ?
— Le voisin d’en face. Il a vu une silhouette s’enfuir de la maison par l’entrée principale, un sac de sport à la main.
— Le gamin était dans le sac ?
— C’est l’hypothèse la plus probable. Le suspect serait parti à bord d’un break marron. Ne me demande pas d’immatriculation, il pleuvait des cordes et tout s’est passé très vite. C’est en allant sonner chez les Rhymes qu’il a entendu les cris du père.
— Des caméras de surveillance ?
— Sur St. Helena ? C’est pas demain la veille. On a déclenché l’alerte enlèvement, comme pour les deux autres enfants. Mais le kidnappeur va sûrement se terrer quelque part en attendant que la pression retombe.
— Elle ne retombera pas. On va envoyer des patrouilles vérifier l’emploi du temps des délinquants sexuels des deux comtés impliqués.
— Je ne suis pas sûre que le chief te suive sur ce coup-là.
— Il me suivra, rétorqua Nathan en désignant les fenêtres du menton.
Dehors, un nombre considérable de journalistes avaient déjà pris position, à l’instar d’une armée prête à donner l’assaut.
— Les médias ont officiellement un serial killer, à présent. La pression va monter. Et le boss connaît les statistiques comme nous. Passé les premières quarante-huit heures, nos chances de retrouver le gamin seront ridicules. Il n’y a qu’à voir comment ça s’est passé pour les deux autres.
Les objets d'une maison exercent une curieuse influence sur ses occupants. On a l'impression de pouvoir en disposer, mais c'est souvent l'inverse qui se produit. Le possédant devient le possédé. Il n'arrive plus à se débarrasser des objets qu'il a acquis, comme si ceux-ci tiraient un pouvoir particulier de cette portion du passé qu'ils détiennent : les racines que l'on ne peut couper de peur que l'arbre ne dépérisse.
Est-ce que Dieu existe ?
S'il n'existait pas, pourquoi l'homme voulait-il à tout prix l'inventer ? Quel besoin avait la créature de se fabriquer un créateur ? À quoi lui servaient toutes ces divinités ? Leur rôle était-il d'endosser toutes les ignominies qu'on pratiquait en leur nom ?
LES COUPS DE CŒUR DES LIBRAIRES - 11-02-2024