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144 pages
Flammarion (01/01/1918)
3.75/5   2 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
On suit la vie de plusieurs amis au début du 20eme siècle résidant à Nice. La vie pour certains hommes est plus que frivole. L'un des personnages principaux est médecin. Suite à un amour vécu à Paris, il se retrouve papa. Impossible cependant de penser au mariage, la jeune fille n'étant pas du même milieu social. Parmi ses autres amis, l'un se lance dans la politique, n'hésitant pas à s'allier à la mafia régnante dans la ville de Nice. Un autre se lance dans le journalisme. Il n'hésite pas à critiquer son ami. Lui est pour la droiture, il n'a pas le même rythme de vie que les autres : une femme et des enfants à nourrir. Un dernier ami n'a aucun scrupule à multiplier les plaisirs de la vie et notamment les femmes. On découvre aussi d'autres familles : celle des clients, des confrères....Pour beaucoup, seul compte le mariage qui pourrait les élever dans le rang de la société. Calcul, déchéance et manque de scrupule ayant pour contexte le carnaval de Nice, l'euphorie... On s'attache facilement à certains personnages. le tout est bien écrit, avec un vocabulaire soutenu et un peu désuet.
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« Jouir » est un livre étrange, contextuel, qui n'est pas facile à relire aujourd'hui. Écrit pendant la guerre par un écrivain au soir de sa vie, le roman se veut avant tout une condamnation de la Belle-Époque que Paul Margueritte rend responsable, par ses fantaisies, ses insouciances et ses corruptions, du grand conflit mondial. Si sa démonstration n'est pas forcément convaincante (surtout que la Première Guerre Mondiale fut un événement exclusivement politique), le roman se lit avec un certain plaisir, malgré des partis pris narratifs très handicapants. On sait peu de choses sur les personnages, on les découvre sans savoir grand chose de leur histoire, et l'on a souvent un peu l'impression d'arriver au beau milieu d'un film dont on a loupé le début. Paul Margueritte a voulu faire un instantané de l'époque ayant précédé la guerre, tout en recourant à un travail littéraire très proustien, soucieux des détails et des précisions secondaires, mais adapté au Naturalisme. L'ensemble est parfois un peu monotone, surtout qu'à part deux ou trois crises de larmes et quelques morts inopinées, il ne se passe pas grand chose. L'action est statique, beaucoup d'épisodes ou de personnages sont assez dispensables et rajoutent à une certaine confusion sous prétexte de réalisme.
Il faut néanmoins reconnaître à Paul Margueritte que son roman est d'une incroyable modernité pour son époque. Il évoque avec quatre décennies d'avance le Nouveau Roman, ou les études de moeurs des Hussards, plus particulièrement celles de Jacques Laurent. Paul Margueritte a été visionnaire dans la facture de son roman bien plus que dans les idées qui y sont développées.
Si l'ensemble peut sembler inégal, « Jouir » est néanmoins un livre profondément original, d'où la guerre, qui faisait rage tout autour durant sa rédaction, est presque absente. L'auteur s'étend beaucoup sur la société qu'il enterre, et conclue brièvement par la société qu'il espère. Et si son patriotisme simpliste souffre de cette absence de recul qu'il ne pouvait qu'avoir lorsque le roman fut publié, Paul Margueritte acte le changement d'époque auquel il assiste dans ses derniers mois avec une étonnante vérité.
Ce roman reste encore aujourd'hui une oeuvre à part, difficilement accessible sur certains plans, toujours très actuelle sur d'autres, et dont la lecture, aussi peu aisée soit-elle, laisse un ressenti profond.
Lien : https://mortefontaine.wordpr..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Au sortir de la salle, devant l’ascenseur manœuvré par un groom à veste écarlate, Margot, pâle de désir et avec une expression presque tragique, poussa Soriaud à l’improviste, lui dit à l’oreille, d’une haleine chaude qui le grisa :
– Il faut que je vous parle !
Déjà d’une aspiration montante, la cage vitrée dépassait les paliers : un déclic, il fallut que Margot saisit la main de Soriaud, l’attirât, le guidât dans le couloir. Ils pénétrèrent dans une chambre tendue de soie vert-amande, avec des fauteuils et des bergères en velours du même ton. Le lit avait sa couverture relevée, les draps écartés, les oreillers blancs à découvert. Une impalpable chemise de linon chair semblait, au travers de l’édredon de soie piquée, une forme humaine étendue.
Soriaud, pris au piège, recula.
– Que me voulez-vous ? demanda-t-il d’une voix rauque.
Elle était debout, contre lui; ses yeux paraissaient immenses, et l’expression de volupté de sa bouche lui donnait une envie farouche de la mordre et de la déchirer.
Avec colère, il répéta :
– Pourquoi m’avez-vous attiré ici ?
Elle ne répondit pas, appuya une main sur son épaule, de l’autre, retira prestement ses petits souliers roses et les jeta à l’autre bout de la chambre avec une gaminerie lascive; puis elle dégrafa sa robe :
– Aidez-moi, dit-elle.
Son sourire était caressant et son regard volontaire. Il l’aida, et quand le fourreau rose et la tunique bleuâtre s’affaissèrent à ses pieds, elle émergea, blanche, dans une combinaison de mousseline de soie si transparente que rien d’elle ne pouvait s’ignorer; elle lui mit ses bras nus autour du cou; du noir de ses aisselles jaillit une douce âcreté de fourrure. Ce fut, pour Soriaud le signe et l’odeur de la bête : il avait devant lui la tentatrice perverse, la fille de Sodome et Gomorrhe, l’éternelle courtisane créée pour la malédiction de l’homme.
– Viens, murmura-t-elle, viens ! en s’efforçant de l’entraîner vers le lit.
Il la repoussa, dans un sursaut, comme un homme dégrisé devant l’abîme qui l’attire. Et soudain, furieux, il s’efforçait de repousser ce visage qu’elle collait au sien, ces seins qu’elle écrasait contre sa poitrine, ces jambes dont l’étau étreignait une des siennes.
– Chienne ! cria-t-il… Chienne !
Et la dénouant de lui par un effort désespéré, il abattit son poing, révulsé d’horreur contre sa sauvagerie et y trouvant le délire de la frapper encore. Chancelante, elle tomba sur les genoux et se cramponna plus éperdument à lui :
– Oui, oui, injurie-moi, frappe-moi ! Mais reste ! Tout ce que tu me diras, je le sais… Qu’est-ce que ça fait ?… Appelle-moi catin, traîne-moi par les cheveux, j’accepte tout de toi parce que je te veux et je t’aurai !…
– Vous me faites horreur, murmura-t-il, lâchez-moi !…
– Tu ne sais pas l’ivresse que je puis te donner… Des hommes ont défailli dans mes bras… Tu m’aimeras tant ensuite que c’est toi qui ne voudra plus partir.
– Lâchez-moi, ou je vous étrangle !
Elle vit se crisper ses mains en tenailles, alors seulement elle comprit qu’elle ne lui appartiendrait pas; d’une poussée rude, elle s’affaissa, comme une loque, et se mit à sangloter :
– Oh ! Mon dieu ! Mon Dieu ! Qu’est-ce que je vous ai fait ?… Pourquoi êtes-vous si méchant ? Pourquoi ne voulez-vous pas de moi ?
Il pressentit qu’à sa sincérité pouvait se mêler quelque ivresse; elle avait déjà vidé, tout-à-l’heure, plusieurs coupes d’Anjou mousseux. Il lui jeta un regard où irradiaient son mépris, sa pitié, sa rancune du péché auquel elle l’avait induit. Avant que, bondissant vers lui, elle n’eût pu le ressaisir, fuyant la tentation affreuse contre laquelle il se débattait – la tuer ou la posséder ? -, il ouvrait la porte, donnait un tour de clef et s’éloignait sans vouloir l’entendre qui l’implorait.
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De sa première maîtresse à sa dernière, sa conception acharnée du désir, l’avait réduit de jour en jour, au dessèchement de l’âme et à la recherche de plus en plus âpre de la jouissance pour la jouissance ; il avait anesthésié peu à peu ses facultés d’aimer, et s’était enfoncé dans la matière comme le porc dans sa fange.
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Vidéo de Paul Margueritte
« Toutes les pensées et maximes qui ont quelque valeur sont fortement pessimistes. Quand on étudie ses semblables et soi-même avec quelque sincérité, on en rapporte rarement des observations avantageuses. »
Henry Maret (1837-1917)
« […] L'art des maximes est vieux comme l'homme. de tout temps […], l'homme aima ces formules, concises, abstraites peu ou prou, dans lesquelles il porte un jugement sur lui-même, sur ses semblables ou sur le monde. […] […] les Français, parmi les autres peuples, se sont signalés dès le XVIe siècle, par un goût très prononcé pour cette manière spéciale de s'exprimer qui, par ailleurs, trouvait sa formule naturelle dans les proverbes, manifestation générale de la pensée humaine qui est de toutes les époques, de tous les climats, de toutes les races. […] la profondeur, l'originalité De La Rochefoucauld, de Pascal ou… de l'Ecclésiaste ne seront vraisemblablement jamais dépassés ni même égalées. Mais, ce que ces penseurs de génie ont dit autrefois peut-être redit sous une forme nouvelle, à la mesure du temps présent. […] […] nous avons recueilli une grande quantité d'ouvrages de maximes, nous les avons lus attentivement et sans parti-pris et nous avons constaté […] qu'il en était très peu qui fussent absolument médiocres. Pas un où le lecteur ne pût découvrir une valeur, une note sérieuse, quelque observation typique. Pas un, surtout, qui ne décelât de la sincérité et quelque sensibilité. […] Près des héros, dans leur ombre parfois, se pressent des hommes qui les valent, qui valent mieux, souvent, et qui, cependant, par quelque défaut de caractère ou, simplement, par quelque cruauté des événements, demeurent voués aux seconds rôles. Philosophes par goût naturel ou par dépit, joyeux ou bien amers selon leur tempérament, ils se consolent de ne point agir en pensant ou en jouant au penseur : ainsi sont nées, naissent et naîtront encore bien des maximes ! [...] « L'homme est toujours le même ! » Tant qu'il sera nécessaire de proclamer cet axiome, le genre des maximes ne sera pas épuisé ! [...] »
0:00 - Remy de Gourmont 0:15 - Courteline 0:26 - Jules Laforgue 0:52 - Albert Guinon 1:08 - Louis Dumur 1:21 - Paul Brulat 1:34 - Princesse Karadja 1:44 - Aurel 1:54 - Georges Faillet 2:05 - Marcel-Lenoir 2:14 - Jeanne Landre 2:29 - Natalie Clifford Barney 2:42 - Charles Régismanset 2:51 - Étienne Rey 3:01 - Albert de Bersaucourt 3:10 - Henry Asselin 3:23 - Alain Chauvilliers 3:33 - Jean Ythier 3:45 - Lucie Paul-Margueritte 3:54 - Jeanne Broussan-Gaubert 4:12 - Pierre Aguétant 4:33 - Générique
Images d'illustration : Remy de Gourmont : https://leseditionsdeparis.com/collection/litterature/le-chateau-singulier-et-autres-textes-rares Georges Moinaux, dit Courteline : https://www.edition-originale.com/fr/litterature/envois-autographes-dauteurs-manuscrits/courteline-photographie-originale-dedicacee-de-1925-60004 Jules Laforgue : https://www.babelio.com/auteur/Jules-Laforgue/2537/photos Albert Guinon : https://www.abebooks.com/LILLUSTRATION-SUPPLEMENT-3119-SAMEDI-DECEMBRE-1902/30869087159/bd#&gid=1&pid=1 Louis Dumur : https://www.tdg.ch/societe/histoire/geneve-redecouvre-louis-dumur/story/25740549 Paul Brulat : https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Brulat#/media/Fichier:Paul_Brulat,_1918.jpg Princesse Mary Louise Smith Karadja : https://sv.wikipedia.org/wiki/Mary_Karadja#/media/Fil:Princesse_karadja_1899.png Aurélie Octavie Gabrielle Antoinette de Faucamberge, dit Aurel : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/35/Aurel_writer_photo.png Georges Faillet : https://www.youtube.com/watch?v=J2IrgM3yyms Jules Oury, dit Marcel-Lenoir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel-Lenoir#/media/Fichier:Mrs._Julian_
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