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EAN : 9791034902118
272 pages
Liana Lévi (09/01/2020)
3.8/5   30 notes
Résumé :
Une banlieue aisée, sans histoires, dans un coin d'Amérique. Wayne Chambers, la trentaine, est l'adjoint du shérif en charge de la sécurité du lycée de la ville. Il vit de routines simples, aider sa mère qui l'a élevé seule depuis la mort de son père, aller à la chasse avec ses deux amis et faire respecter la loi dans l'établissement scolaire. C'est là qu'un matin l'impensable se produit.
Un élève, armé d'un fusil semi-automatique, le visage dissimulé sous u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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****

Ce jour-là, au Lycée Barbara J. Haskins de Folksridge, dans le Comté de Farno, le monde va basculer. En dégustant son café comme chaque matin, l'officier Wayne Chambers n'imagine pas qu'il ne sera plus jamais le même. Ce devait être un jour de plus, des heures de vie, des sourires échangés entre amis, des adolescents endormis qui errent dans les couloirs… Mais Pearl a décidé pour eux… Ce serait la fin, l'anéantissement de familles, l'effondrement d'un homme, le flot de haine et de colère, l'effacement d'une certaine humanité…

J'ai fait le chemin à l'envers lors de ma rencontre avec l'écriture de Boris Marme. C'est avec son second roman, Appelez-moi César, que je l'ai découverte. Et ça été un coup de coeur… Je me suis donc empressée de lire Aux armes. Et c'est encore une parfaite réussite…

Boris Marme nous entraîne aux États-Unis, dans un lycée sans histoire. Un adjoint au shérif y assure la sécurité depuis plusieurs années. Il est apprécié de ses collègues, de ses responsables, des élèves qu'il garde à l'oeil de manière bienveillante. Sa présence rassure et tranquillise.
Mais ce jour-là, le matin où cette alarme se déclenche, où des coups sont tirés, où des corps tombent sous les balles, il est tétanisé. de sa mission de secours, il oublie tout. Il est perdu, il ne sait plus ce qu'il doit faire. Il reste à l'extérieur de cette fusillade, spectateur immobile.

Quelques heures plus tard, quand l'angoisse fait place à la douleur, que le tueur sans vie est retrouvé au milieu de son carnage, il faut bien pouvoir déverser sa colère, trouver un autre coupable. L'Amérique a besoin de héros et ce jour-là, elle n'en a pas…

Boris Marme aborde cette histoire de façon décalée. Et c'est ce qui glace, ce qui aimante, ce qui interroge. Il ne dit rien de la violence des tirs, très peu de la douleur des familles. Il dresse le portrait d'un homme, que tout accuse, que tout accable. On le dit lâche, responsable, on veut sa peau. La machine médiatique participe à cet engrenage injuste et brutal. Pourtant Wayne n'est pas un assassin…

Une écriture sublime, lumineuse, pour un sujet terrible. Des hommes qui jugent une situation totalement hors de contrôle et qui abattent de leur verdict injuste une âme simplement effrayée…




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Je suis impressionnée par la qualité d'écriture de ce premier roman de Boris Marme.
Pourtant au départ je n'étais pas particulièrement motivée par cette histoire de policier américain que j'ai lu dans le cadre du prix des lecteurs des bibliothèques de la Ville de Paris qui récompense un premier roman.
J'ai vite compris que le choix des États-Unis était volontaire car c'est un livre sur le rapport de notre société à la violence d'où le titre "Aux armes". Et les armes ne sont pas en vente libre en France ce qui change le contexte.
Wayne Chambers est un policier armé responsable de la surveillance du lycée Barbara J. Haskins de Folksridge du comté de Farno. Ce lycée a une excellente réputation et l'officier Wayne Chambers veille au grain avec un professionnalisme reconnu de tous.
Un jour de service, des pétards ou plutôt des coups de feu se font entendre dans le bâtiment D. le policier accourt et nous assistons à son intervention qui suit un protocole et dure très peu de temps, quelques minutes tout au plus. Il donne l'alerte et sécurise le bâtiment sans y entrer. Et c'est ce qui va rapidement lui être reproché car la fusillade a donné lieu à un massacre. Quatorze adolescents baignent dans leur sang. Une tragédie qui ne fait que commencer car après le silence de la tuerie succède le spectacle de l'information en continu.
Wayne Chambers va être cloué au pilori car les gens n'aiment pas les lâches, il faut trouver un ennemi sur lequel se venger surtout lorsque le tueur est un jeune adolescent de bonne famille à la tête d'ange, retrouvé mort.
C'est terrible de voir comment la société américaine a besoin de héros pour réparer ses plaies. Alors quand elle n'en a pas elle cherche des coupables car il lui faut un bouc émissaire.
Les réseaux sociaux et la télévision vont s'emballer pour jouer les justiciers. On assiste donc au sacrifice d'un homme mais aussi d'une certaine humanité et cela fait vraiment peur.
Et puis, même si on est loin de cette fusillade mortelle, l'actualité fait écho au contenu haineux si facilement véhiculable aujourd'hui.


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"Aux Armes" de Boris Marme est un roman qui aborde de manière subtile et originale (par rapport à l'angle choisi) les thèmes de la culpabilité, de la peur et des jugements hâtifs. L'histoire se déroule dans un lycée aux États-Unis lors d'une fusillade, mettant en scène le personnage de Wayne Chambers, antihéros confronté à un tsunami émotionnel et médiatique suite à sa peur et son incapacité à agir dans cette situation extrême. L'écriture et la description des mécanismes psychologique m'ont plu autant que dans "Appelez-moi César".
En dénonçant le piège du manichéisme, Marme nous rappelle la richesse des motivations et des émotions qui sous-tendent les actions humaines, défiant ainsi les jugements simplistes et les conclusions rapides. Cette invitation à une réflexion profonde sur la nature humaine et sur notre propension à voir le monde en noir et blanc, alors que la réalité est souvent bien plus nuancée me fait penser à la chanson de Jean-Jacques Goldman "Né en 17 à Leidenstadt" qui rappelle l'humilité de ne pas s'ériger en juge-arbitre et dont les paroles résonnent avec ce livre, comme une leçon de vie:
"On saura jamais ce qu'on a vraiment dans nos ventres
Caché derrière nos apparences
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau?
Ou le pire, ou le plus beau?
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau
S'il fallait plus que des mots ?"

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Un lycée aux États-unis. Des coups de feu.
Wayne Chambers, adjoint au shérif, responsable de la sécurité de l'établissement scolaire, se précipite devant le bâtiment d'où proviennent les tirs mais impossible d'entrer. Il reste paralysé, tétanisé. Quand la fusillade prend fin, c'est 14 lycéens dont le tueur qu'on retrouvera morts et déjà journalistes, chaînes d'infos et réseaux sociaux s'emballent. Chacun à sa propre idée, chacun surenchère sur ce que pense l'autre. Alors quand paraît dans les médias une vidéo de Wayne pétrifié devant le bâtiment où se déroulait la tuerie, pour ces anonymes, pseudo-justiciers, il est le coupable idéal pour déverser leur haine.
En se servant d'un sujet malheureusement récurrent aux États-unis, les tueries de masse, Boris Marme décrypte à la loupe, sans concession et de façon magistrale, les dérives de notre société actuelle à l'heure de l'information immédiate et des réseaux sociaux où caché derrière un écran chacun se permet de dire ce qu'il pense. Car aujourd'hui tout va très vite et entre journalistes à l'affût du scoop et l'anonyme voyeur qui a son avis sur tout sans avoir tous les éléments à sa connaissance, la raison n'existe plus, la réflexion ne se fait plus, et chacun devient le juge d'un tribunal (im)populaire en oubliant les conséquences de ses dires. Comme le résume très bien l'auteur dans son livre : "je dis ce que je pense sans penser à ce que je dis."
Ce livre m'a fait passer par différentes émotions, de la révolte à l'incompréhension, de la tristesse à la colère en passant par le dégoût. Car Boris Marme m'a troublé, m'a fait réfléchir à nos actes numériques dans une société où l'individualisme prime et donc si quelqu'un pensent différemment, c'est forcément lui qui à tort.
Un premier roman brûlant d'actualité, miroir de notre société ne vivant que dans son immédiateté. A lire pour comprendre que tout ce qu'on laisse dans notre monde 2.0 peut avoir des conséquences irrémédiables.
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C'est histoire de Wayne Chambers, un petit flic affecté à la surveillance d'un lycée d'une petite ville tranquille des Etats-Unis. Un matin, un élève ouvre le feu sur ses camarades, le petit flic est paralysé par la peur et n'intervient pas. Quand l'information fuite, le pauvre gars est lâché par sa hiérarchie puis lynché par les médias et la population. Il n'est pas le héros dont tout le monde a besoin et le paie très cher.
C'est un roman sur ce qu'on appelle le tribunal médiatique. A la fin de l'histoire, (attention spoiler) une émission de télé intitulée : guilty or not guilty invite les téléspectateurs à voter pour ou contre la culpabilité de Wayne Chambers. Il est déclaré coupable. Mais coupable de quoi ? d'être un lâche ? La haine se déchaîne contre lui, jusqu'à ce qu'un autre scoop éclipse celui-là.
L'angle choisi pour raconter cette histoire est très pertinents : le récit est focalisé sur le flic et non sur le tueur. Cela permet de déplacer le problème qui n'est pas les tueurs de masse même si le thème est en filigrane mais bien le parcours, les sentiments et émotions (incompréhension, culpabilité, dépression…) de ce bon flic dont la vie bascule parce qu'il a été paralysé par la peur et n'a pas pu faire.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Freddie ne le juge pas, il ne serait pas rentré lui non plus, il aurait sauvé sa peau, beaucoup d'autres aussi ; mais les gens, tous aussi hypocrites qu'ils sont, n'aiment pas les lâches, ils les haïssent comme ils admirent les héros, avec la même simplicité d'esprit, la même bêtise.
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Mais il est toujours facile de prétendre après coup, quand on a l'ensemble des données, que tout aurait dû se dérouler autrement
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Denis Marcueil écrit dan l' édito de l' Insolent :"l' Amérique bascule aujourd'hui dans l'égocratie disruptive. La superbe innovation du pouvoir donné à l'individu de s'exprimer comme il l'entend et quand il veut, de faire valoir ses droits en tant que client du système . Je dis ce que je pense sans penser ce que je dis. Des millions de Narcisse, absorbés par le reflet de leur propre communication, aux commandes d'une immense mascarade. La vraie parole est désormais celle qui jaillit dans l'immédiateté, décomplexée ou devrions-nous dire décomplexifiée, une parole libératoire qui ne se soucie ni des représentants si éloignés qu'on ne veut plus se choisir, ni des institutions trop poussiéreuses qui nous enferment, pas même du sujet qu'elle défend ou qu'elle assassine, et qu'elle ne maîtrise pas du tout. Qu'importe , tant que cette parole exprime ce que je suis ou ce qui me frustre
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C'est donc à cela que ressemble le tireur, le tueur au masque de taureau? On aurait presque envie de se marrer, il doit y avoir erreur sur la personne, la police a dû se gourer. Celui-ci ne partage rien avec les candidats à la violence que l'Amérique engendre et dont elle se protège quotidiennement. Rien du Noir du ghetto, ni du dealer hispanique, ni du musulman suspect, ni du sataniste déséquilibré, ni du geek perché, ni de tous les ados qui tirent une gueule à faire peur sur leurs photos d'identité et qui puent les problèmes à plein nez. Non, celui-ci n'a pas la tête de l'emploi avec sa tête de gamin de bonne famille.
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Ce qu’il s’est passé à Folksridge montre clairement les failles du système. Il ne suffit pas de croire qu’en mettant un policier dans chaque école ou même en armant les professeurs on va pouvoir protéger l’ensemble des élèves.
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Videos de Boris Marme (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Boris Marme
Découvrez l'émission intégrale ici : https://www.web-tv-culture.com/emission/boris-marme-appelez-moi-cesar-53402.html Voilà un nom à retenir, Boris Marme. Ses deux premiers romans, salués par la critique, le placent dans la catégorie des jeunes auteurs qui comptent. Par ailleurs professeur de français en lycée, Boris Marme a publié son premier titre au début de l'année 2020. Dans « Aux armes », il racontait la montée de la violence dans nos sociétés contemporaines, le déferlement des réseaux sociaux, la nécessité du bouc émissaire pour calmer les esprits. Prenant pour point de départ, un massacre dans une université américaine, Boris Marme nous ramenait à la réalité de notre actualité. Pour ce deuxième libre, « Appelez-moi César », retour en France. C'est l'été 1994. Etienne est envoyé par ses parents en colonie de vacances. L'ado quitte pour la première fois le cocon douillet et protecteur de la maison familiale dans une chic banlieue parisienne pour se retrouver avec d'autre jeunes qu'il ne connait pas dans un décor qui ressemble à l'Isère. La colo est encadrée par des religieux, dont le père Michel qui s'est donné pour mission de garder ses jeunes garçons dans le droit chemin. Certains d'entre eux sont effectivement des durs à cuire. Etienne est fasciné par leur comportement tellement éloigné de l'éducation qu'il a reçue. Pour ne pas rester à l'écart et faire bonne figure, la tentation est grande d'entrer dans leurs jeux. Mais dès les premières pages, le drame est là. Un soir de juillet, une randonnée qui tourne mal, la nuit tombe, les jeunes se perdent en montagne, un cri dans la nuit et la frayeur qui s'empare du groupe. Ils ne seront retrouvés que le lendemain matin et l'un manque à l'appel, il a chuté du haut du haut d'une falaise. Vingt-cinq ans plus tard, Etienne, le narrateur, se souvient et, retraçant par le détail les évènements et les jours qui ont précédé la tragédie, il lève le voile et cherche à se défaire de la culpabilité qui lui colle à la peau depuis toute ces années. L'écriture de Boris Marme est crue, vive et littéraire à la fois. L'intrigue est bien menée jusqu'aux toutes dernières pages et les personnages, ces jeunes garçons qui s'ouvrent à la vie, sont parfaitement dépeints, face à ces encadrants, ces adultes chargés de veiller sur eux, complètement dépassés par les évènements. La montagne joue aussi pleinement son rôle dans ce thriller qui n'en est pas un. Car c'est bien un roman sur la jeunesse et la difficile construction de soi qui est ici proposé, ce temps à la fois plein d'impatience et d'incertitude où chacun se rêve César. Roman sur la culpabilité aussi, ce sentiment qui empêche d'avancer, rappelant que la vie n'est pas un film que l'on peut rembobiner et que nous sommes maitres de nos destins. Enfin, roman empreint de nostalgie, tant les années 90 sont ici rappelées par une multitude de détails qui nous rendent cette histoire si proche de nous. Ce livre est un coup de coeur. le talent de Boris Marme est incontestable. « Appelez-moi César » est publié aux éditions Plon
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