AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782081424012
288 pages
Flammarion (09/01/2019)
3.83/5   15 notes
Résumé :
En 1975, elle mesure 2,32 mètres et entre dans le Guinness World Records Book. Sandy Allen est devenue, à vingt ans, la femme la plus grande du monde. Maigre consolation quand on est une fille ordinaire de l'Indiana pour qui rien ne va de soi. Ni jolie robe, ni patins à roulettes à sa taille, ni jeune prétendant. Qui, à part sa grand-mère, pour voir en Sandy Allen autre chose qu'un freak ? Un homme, Federico Fellini. Le Maestro, croisant son imposante silhouette au ... >Voir plus
Que lire après Le silence de Sandy AllenVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'espoir n'est pas pour elle, avec tout ces regards et pas un seul pour l'aimer.

Pour un regard indulgent, l'Américaine Sandy Allen, la plus grande femme du monde (2,32 m) peut quand même compter sur Ma, sa grand-mère qui à la place de sa fille volage a toujours veillé sur elle. Sur Fellini qui la sublimera dans son très controversé et onirique Casanova, ainsi que sur son assistant, Gérald, qui racontera quarante ans après : « Elle me serre le cœur. Une douceur si immense et si passive, que peut-elle devenir ? On aurait envie qu'elle vous prenne dans ses bras, s'y blottir indéfiniment. Elle serait une Sainte Vierge dont le manteau est un abri pour les pécheurs, chaque mortel. » Enfin Sandy peut aussi compter sur Isabelle Pestre qui de son écriture profonde a su magnifiquement lui redonner, au delà de la mort, son émouvante humanité si souvent bafouée.

Merci à Babelio et aux Éditions Flammarion pour cette belle lecture.
Commenter  J’apprécie          902
Sandy Allen était une américaine que le Guinness book des records a homologuée comme la femme la plus grande du monde (2 mètres 32), dans les années 1970. Elle a vécu 53 ans, ce qui lui a permis de connaître successivement deux mondes : d'abord un monde où elle a notamment gagné sa vie comme « freak » auprès de qui les visiteurs des chutes du Niagara pouvaient satisfaire leur curiosité en posant toutes leurs questions (regardez la vidéo sur youtube où on la voit expliquer tranquillement qu'on peut tout lui demander car elle a déjà tout entendu, depuis des questions sur sa vie sexuelle jusqu'à la taille de ses brosses à dents) ; puis dans notre monde actuel, où elle a perçu des allocations et récité un texte, « it's OK to be different », devant toutes sortes de publics, notamment des écoliers. Un texte respectueux, politiquement correct, émouvant ; il est reproduit dans le livre.

Au fil des pages, Isabelle Marrier illustre puis propose une lecture contre-intuitive très intéressante de ce texte, et de ce passage d'un monde à l'autre. Elle suggère que Sandy Allen trouvait sa « raison d'être » plutôt dans le premier monde. Freak, certes, mais pouvait-elle choisir autre chose que d'occuper ainsi l'espace et de fasciner celles et ceux qui croisaient son chemin ? Le texte « it's OK to be different » traduisait-il sa pensée, ou celle que nous voudrions qu'elle ait ? Qui est le freak de qui, quand on demande à quelqu'un de dire ce qu'on a envie d'entendre, si possible en nous tirant des larmes, avant de se retirer discrètement de la scène ?

Certes, it's OK to be different. Mais alors, vraiment OK, OK jusqu'au bout, quitte à déranger : OK, le droit d'exprimer sa colère d'être différent ; OK, le droit d'exprimer sa souffrance d'être différent ; OK, le droit de ne pas rester pudiquement dans son coin au prétexte qu'on ne peut pas ne pas fasciner et incommoder par sa différence ; OK, le droit de dire « je » et de ne pas seulement parler la langue de la norme…

Isabelle Marrier part de ces constats politiquement incorrects pour aller à la rencontre des ressentis intimes de Sandy Allen, qui « a toujours fait ce qu'on attendait d'elle », ne s'est jamais exprimée, a quitté la projection du film de Fellini où elle apparaissait parce qu'elle n'avait pas envie d'être exhibée, ou peut-être parce qu'elle n'avait pas envie d'être reconnue pour ce qu'elle n'était pas, ou peut-être encore parce qu'elle aurait voulu avoir le choix d'être dans la norme. Isabelle Marrier précise bien que c'est sa lecture personnelle, et qu'on peut en avoir d'autres : mais elle s'engage, et nous oblige à nous confronter à des questions dérangeantes, mais fondamentales.

Merci au Cercle littéraire de la Fnac, qui m'a fait découvrir ce livre.
Commenter  J’apprécie          452
Isabelle Marrier nous raconte Sandy Elaine Allen (1955-2008), la plus grande femme du monde (2,32m), la géante exposée dans le Casanova de Fellini. Elle [renverse] ce que je connaissais du féminin et de l'être humain; elle nous donne à voir, à comprendre les souffrances physiques et morales qui ont été les siennes.

« Ses jours se mâchent comme du pain sans sel. Elle brave le monde comme tous les solitaires. Elle n'a pas le choix. Elle ne peut pas se cacher. Elle ne pourra jamais. Toujours, elle rentrera les épaules, fléchira la tête pour franchir les portes et se cogner au chambranle. Elle n'est pas seulement d'une hauteur de colosse mais en possède d'autres attributs, la carrure, la masse, la taille épaisse, la cuisse énorme, la maladresse, la laideur, les mains et les dents larges. Elle est timide et caustique. C'est drôle une géante pour ne pas être triste. »

L'énumération de ce qu'elle savait déjà à vingt ans (pages 100 à 102) est d'une justesse et d'une vérité étourdissante, éblouissante, effrayante.

« [..] Les regards qui ne veulent pas insister. le dessus des portes. [...] Les regards qui insistent et détaillent. le cercle métallique du panier de basket. La vieille dame qui étouffe un cri à son passage. N'être pas attendue pour elle mais pour sa taille. Les affreux éclairs de répugnance à son approche. Son corps décapité dans tous les miroirs en pied. La honte des solitaires. [...] Les larmes, seule. [...] La pitié retenue. [...] L'humiliation. »

Cette lecture enrichit. On y fait l'expérience de la minorité. Et c'est un autre regard que l'on souhaiterait adopter face à la différence, un regard plus sain, moins fuyant, plus tendre, dépourvu de jugement.

« J'écris pour toucher le réel. J'écris pour atteindre l'homme boiteux à travers cette fumée de compassion et de dégoût. [...]Ils ne mendient pas. Ils tendent un miroir à notre intime infirmité, ils nous vendent un retour sur notre pauvreté fondamentale. Autant dire que leurs affaires vont mal. »

À découvrir !
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          212
Bien après la mort de Sandy Allen, Isabelle Marrier l'a croisée un jour, sur l'écran d'un cinéma (magie du 7ème art !) et l'amplitude de cette femme sur la pellicule de Fellini l'a fascinée.
De la fascination, malsaine, Sandy Allen en a provoqué, bien involontairement. Atteinte d'une tumeur de l'hypophyse générant la libération d'hormones de croissance incontrôlables, cette jeune fille, élevée par une grand-mère bienveillante au fin fond des États-Unis, serait restée anonyme, aurait épousé au mieux un bon gars et fait un ou plusieurs enfants si cette maladie n'avait pas bouleversé sa destinée.
Isabelle Marrier, à son tour fascinée mais sans voyeurisme, avec empathie et douceur, en a fait l'héroïne de son roman. Grâce à la plume bienveillante et sensible de l'auteur, Sandy Allen, ni belle, ni brillante, regagne normalité, profondeur et féminité, elle qui n'a jamais pu connaître l'amour ; quel homme aurait pu serrer dans ses bras cette géante ?.
Merci à la Masse Critique de Babelio et aux Éditions Flammarion de m'avoir permis de découvrir ce roman et cette auteur.
Commenter  J’apprécie          150
Voici mon roman de cette rentré littéraire de janvier.
Dans le roman "Le silence de Sandy Allen", Isabelle Marrier nous narre un roman bien veillant et extrêmement tendre sur la femme la plus grande du monde.
Sandy Allen, née en 1955 comme Bill Gates et Steve Jobs, mesure déjà 1m 87 à 10 ans. Elle subit toutes sortes de brimades, moqueries et autres quolibets de ses camarades. Ils vont même jusqu'à chanter l'hymne du Géant vert, très connus aux Etats-Unis. Mais Sandy Allen ravalera ses larmes et restera bien gentille à ces attaques.
Elle rentrera dans le World Records Book (Le livre des Records) comme femme la plus grande du monde. Maigre consolation pour Sandy mais elle jouera le jeux des interviews et des tournées où elle est exposée comme une bête de foire.
Paradoxalement, elle apprend qu'elle est atteinte de la maladie d'acromégalie : maladie du dérèglement des hormones de croissance
Mais un jour, Fédérico Fellini va la remarquer dans un journal local et va lui composer un rôle pour jouer dans le film qu'il est en train de préparer : "Casanova". Mais va t'elle accepter ? en effet, Sandy n'aime pas se montrer ?
A travers cette histoire vraie, Isabelle Marrier nous conte l'histoire de cette femme marginale mais si humaine. Elle pose le problème des personnes hors normes et leur difficultés à s'insérer dans une société qui n'acceptent pas totalement la différence.
Un roman poignant, lucide et tellement tendre à hauteur de'une femme de 2m32. Une lecture qui fait du bien.

Commenter  J’apprécie          70


critiques presse (1)
LeFigaro
14 février 2019
Isabelle Marrier revient sur le destin hors norme de la femme la plus grande du monde, qui fut la muse de Fellini.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Le cœur serré, je comprends que le nom véritable est inutile. Norma Jean absorbée en Marilyn Monroe. Sandy Allen, La Plus Grande Femme du Monde. Pseudonyme et périphrase. Du pareil au même ! La vierge monstre, la playmate sexy. Idem.
Ces deux petites filles de pères inconnus, de mères absentes ou folles sont devenues de la chair dont on fait les rêves ... Saisies dans leur corps, sa perfection ou sa difformité, prisonnières de leur peau.
Commenter  J’apprécie          220
1955. États-Unis. Einstein et Jams Dean meurent : en noir et blanc, les images du vieillard à la peau râpeuse tirant la langue, du jeune homme en blouson de cuir sont estampées dans la mémoire collective, proclamées immortelles - enfin, pour un bon bout de temps. Idem celle de Marilyn au-dessus de la bouche d'aération. Idem celle de Rosa Parks, le regard pétillant et courageux, derrière des lunettes de cercle métallique. Ou bien, in fine, s'il n'y en avait qu'une à retenir, je me détermine pour l'insoutenable photo du visage mort, l'oeil hors de l'orbite, les chairs noyées, ravagées, étrillées, hachis et marmelade, la figure impossible, sans âge, sans sexe, où ne subsiste que la forme du nez, le souvenir du front, la frange bouclée des cheveux d'Emmett Till, gamin de Chicago lynché pour une ébauche de flirt avec une femme blanche dans un patelin du Mississippi.
Commenter  J’apprécie          90
Un borgne à l’oeil de verre, un obèse boiteux participent autant à la magnificence du monde. Non par principe, posture ou compassion, mais en vérité par le juste exercice du regard. Il reste à l’apprendre en voyageant à la recherche de soi. On a si peu de temps pour apprendre à voir avant de fermer les yeux !
Commenter  J’apprécie          210
Ah, combien les supplications nous dégoûtent; l'appel à la pitié nous révulse; la pornographie du handicap nous soulève le coeur ! Quelle immonde exploitation de la misère humaine ! Il faut à ces gens-là de l'éducation, des soins, une remise à niveau humaine. Mais eux, avec obstination, chamans et cassandres, répètent la vieille pièce tragique, psalmodient et miment l'épopée, où il est question des monstres maudits et d'hommes tordus et d'infirmes innocents, tels des miroirs brisés. [...]
Pourtant, les mendiants mutilés sont réels, réels, uniquement réels. La vie les vit, comme ma vie me vit. Et nous use.. Réels, comme Sandy. Réels comme la rue, et chaque fenêtre, et chaque existence derrière sa vitre. Réel le nain stropiat au feu rouge, à Denfert-Rochereau, de sept heures du matin à neuf heures du soir, comme le marronnier, le bus et le feu rouge, et la bouche de métro 1900. Réels. Inexorablement réels et souffrants.
Commenter  J’apprécie          20
Au commencement de l'homme - situé dans l'ordre cosmique au premier chapitre du Book : sous espèce de la famille des Hominés, de la famille des Hominidés, de la super-famille des Hominoïdes, du sous-ordre des Simiens ou des Anthropoïdes, de l'ordre des Primates, de l'infra-classe des Euthériens, de la sous-classe des Thériens, de la classe des Mammifères, de l'embranchement des Cordés, du sous-règne des Métazoaires du règne animal, donc à la racine de l'humain, il n'y aura plus la parole - ni Dieu -, mais la mesure et la comparaison. Il n'y aura plus l'angoisse et l'approche tremblante de la beauté et de l'horreur, mais une admiration graduelle dont l'intensité est objective. Plus c'est fort, plus il y a de vie et de vérité. Voilà pourquoi le Puy de Dôme existe moins que l'Annapurna.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Isabelle Marrier (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Isabelle Marrier
Comment raconter ce dont on ne se souvient pas ? Comment interroger ceux qui ne disent rien ? le Book Club de Nicolas Herbeaux s'intéresse à la question de la mémoire et des souvenirs avec Julie Wolkenstein, écrivaine, enseignante en université et traductrice, et Isabelle Marrier, écrivaine.
#litterature #secretdefamille #bookclubculture
_________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4UoUgqvApxm5Vrqv ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : felliniVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (42) Voir plus



Quiz Voir plus

Livres et Films

Quel livre a inspiré le film "La piel que habito" de Pedro Almodovar ?

'Double peau'
'La mygale'
'La mue du serpent'
'Peau à peau'

10 questions
7096 lecteurs ont répondu
Thèmes : Cinéma et littérature , films , adaptation , littérature , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..