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EAN : 9782246852988
239 pages
Grasset (27/08/2014)
3.64/5   76 notes
Résumé :
Une femme hors du commun - inspirée par la grand-mère de l’auteur - se remémore et nous raconte son incroyable existence.
1938. Alors que le destin de l’Europe s’apprête à basculer à Munich, un voilier anglais accoste sur l’Ile-aux-Moines. A son bord, Charles Evans et sa fille Marge. La jeune fille anglaise rencontre là deux jeunes Bretons, Blaise de Méaban et son meilleur ami Mathias. Elle épouse Blaise et, se croyant enceinte, ne peut l’accompagner à Londre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Celle qui dit non est Marge, aujourd'hui octogénaire, narratrice du roman qui débute en 1938.
Cette année là, en septembre, cette jeune anglaise de 18 ans débarque un peu par hasard avec son père sur l'Ile-aux-Moines, suite à une avarie de mât sur leur voilier. Elle y restera, y ayant trouvé un mari, Blaise de Méaban, jeune homme de vieille famille bretonne, champion de France en voile (sur un Dragon pour ceux que ça intéresse...plutôt belle embarcation).
Le jour du mariage, 10 mai 1940, la guerre est déclarée et notre Blaise rejoint De Gaulle à Londres peu de temps après. Marge, se croyant enceinte, reste sur l'ile, la traversée pouvant s'avérer dangereuse. Heureusement, Mathias, meilleur ami de Blaise est présent et devient rapidement son amant. Il sera finalement le père de son premier enfant et Marge devra tout faire pour garder les apparences sauves...
Les seize chapitres du livre reprennent seize années différentes jusqu'en 1966 mais se concentrent surtout sur les années 40, mêlant, c'est assez inévitable vue la période, la grande Histoire et la petite (pas si petite que ça, au demeurant).
Marge est une femme volontaire, indépendante, libre qui est tour à tour résistante, amante, joueuse, entreprenante et finalement assez attachante. Certes, ça n'est pas une mère modèle et le blackjack ne lui est pas indifférent mais c'est ce qui fait aussi son authenticité.
Elle fait le lien avec de nombreux personnages secondaires, à commencer par une belle-mère assez caricaturale mais décrite de façon plutôt truculente: «Blaise pouvait bien me prendre pour la rose des Tudor, elle ne voulait pas de moi dans son vase. A l'annonce par son fils de notre mariage, elle avait pleuré toute l'eau du lac Léman. Depuis, elle ne m'adressait plus la parole. Lui poser une question exigeait une prudence de démineur. Si j'abordais un point d'ordre pratique, elle répondait avec la sobriété d'un dictionnaire et des mots piquants comme un fleuret. Si j'effleurais un sujet personnel, elle n'entendait pas. Que j'insiste et un petit rire métallique claquait, sec comme une porte qu'on ferme.»
Mathias, se considérant plus breton que français, verra dans les nazis les descendants des véritables celtes (on ressort au passage un peu plus érudit sur la culture celte et l'histoire de la Bretagne...) et fera des choix politiques plus que discutables. Blaise, dont on peut regretter l'absence de consistance dans le roman, restera fidèle à De Gaulle.
Gravitent également autour de Marge ses compagnons de jeu du casino de la Baule que l'occupation a rendus riches et qui sauront rebondir, quelques amis Iloits et un certain Kerzannec toujours précédé d'une odeur de souffre. Timmy, son fils héritera de la passion de la voile familiale ce qui nous vaudra un épisode intéressant aux jeux olympiques de Tokyo en 1964.
Derrière nos principaux protagonistes, Mitterrand apparait en pointillé et il n'est pas épargné...
Finalement, Marge est l'une des seules à ne pas faire preuve de manichéisme (sauf peut-être avec le personnage sus nommé...) dans un environnement d'hommes pas toujours subtils.
Gilles Martin-Chauffier a le sens de la formule, c'est efficace et l'on suit avec beaucoup d'intérêt l'évolution des différents personnages dans un décor principalement planté en Bretagne, en particulier à l'Ile-aux-Moines dont on sent l'attachement palpable de l'auteur.

Lu dans le cadre de Masse Critique: Merci à Babelio et aux Editions Grasset pour cette lecture.
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Quelle savoureuse aventure romanesque de s'échouer sous un ciel hortensia, sur une île inconnue, puis d'y trouver l'amour !
Tel fut l'heureux destin de Marge la grand mère de Gilles Martin-Chauffier.


Sur l'Ile-aux-Moines, accostait en1938, suite à une avarie, Marge une anglaise de 18 ans épaulée par son père. Elle s'y installera ayant trouvé un mari, Blaise de Méaban, jeune homme de vieille famille bretonne, et champion de France de voile .
Cependant le jour du mariage, 10 mai 1940, Blaise décide, semble t-il sur un coup de tête de rejoindre De Gaulle à Londres.
Marge, se croyant enceinte, restera sur l'Île, la traversée pouvant s'avérer dangereuse. Mathias, l'ami de Blaise devient rapidement son amant. Il deviendra le père de son premier enfant et le grand père de Gilles Martin-Chauffier.


L'ile-aux-Moines, épargnée par les combats apprenait à cohabiter avec toutes les nuances des opinions française sur la guerre, l'ennemi, les traîtres et les résistants. Quand de Gaulle, de l'autre côté de la manche découvrait l'amitié anglaise et ses fluctuations. Il ressentit la dure réalité politique où il faut se méfier de ses amis.

Gilles Martin-Chauffier donne une vision très sombre de l'attitude des Français pendant la guerre;
Les mouvements indépendantistes deviennent très actifs, et certains îliens éprouvent même une certaine tendresse pour les hommes qui s'y engagent...


A l'image des courants du Golfe, Marge est d'humeur rêveuse ou bouillonnante, décapante et toujours en mouvement. Cette biographie présente un portrait admiratif d'une Grand-mère omniprésente, mais aussi un vibrant hommage à l'Ile-aux-Moines, et à sa beauté.

Les personnages sont attachants, qu'ils soient collabos, ou patriotes, tout n'est pas blanc mais chacun est là pour embellir l'île.
Comment ne pas vouloir programmer un voyage pour aller voir de plus près ce si beau coin de Bretagne dépeint avec talent par l'auteur. On y découvre Pen ar Men on admire le golf, l'île d'Arz et ses immenses pins difformes qui glissent sur la mer..


Des tapis verts où Marge aime flamber son argent, aux chemins sinueux de L'Île-aux-Moines qu'elle arpente avec ses enfants, tout en parlant de l'Histoire de la Bretagne, Martin-Chauffier fait revivre ses proches, des êtres parfois en conflit mais dans un bel écrin de bleu et de verdure.
Un beau roman familial, une invitation à un voyage sur notre petite mer.
Nos vannetais ont plébiscité l'auteur
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Marge, jeune anglaise de 18 ans débarque sur l'Ile-aux-Moines avec son père pour réparer les avaries de leur voilier.

Nous sommes en 1938, et la simple escale sur cette terre bretonne deviendra pour Marge son cadre de vie à défaut d'être son havre de paix.

Elle y fait rapidement la connaissance des deux hommes de sa vie, Blaise de Méoban, beau brun ténébreux, et Mathias Gauvain , géant roux et au caractère explosif.

Et pour le lecteur, cette mise en scène brillante des personnages principaux de ce roman, raconté par Marge à l'aube de sa longue existence, est la promesse d'une lecture palpitante .

C'est un début fort habile et qui a accroché parfaitement à l'hameçon ma curiosité, même si cela a été parfois inégal par la suite.

Bien sûr, de 1938 on enchaine rapidement et pour un gros tiers du bouquin sur la seconde guerre mondiale .

L'ile-aux-Moines, épargnée par les combats ,connait comme le reste de la France ses partisans du régime de Vichy, le départ à Londres pour rejoindre de Gaulle d'un certain nombre de ses fils comme Blaise , ses résistants comme Marge puis quelques "illuminés " combattants pour la Bretagne Libre et sympathisants du régime nazi comme Mathias .

Gilles Martin-Chauffier nous donne une vision très décomplexée et loin des écrits convenus sur l'attitude des Français pendant la guerre; les communistes, en particulier et un certain François Mitterand en prennent aussi pour leur grade .

Marge, entre deux actes de bravoure va jouer au casino de la Baule entre les officiers allemands et les collabos , peu importe: à la fin de la guerre l'épuration est vite passée pour certains qui partent en Irlande ou se refont rapidement une virginité ...

La gente masculine n'a pas, ici, le plus beau rôle, et Marge, anglaise au plus profond de son être regarde avec amusement et ironie le manège des français qui se déroule autour d'elle.

Il ne faut pas croire cependant que tout est tourné en dérision, car ici comme ailleurs les juifs sont dénoncés et certains habitants de l'Ile comme Blaise connaissent les camps de concentration.

Les temps de paix apparaissent bien courts, Mathias, poursuivant son idéal bretonnant , le Bleun-Brug s'engage dans la légion et se retrouve en Indochine puis en Algérie, alors que Blaise suit De Gaulle à l'Elysée .

Marge, bourgeoise libérée , est une femme complexe et habile à louvoyer entre les coups du sort, peu encline à s'apitoyer sur elle même, elle se retrouve finalement prise au piège de son propre jeu .

L'intérêt se renouvelle tout au long des pages, les personnages secondaires sont attachants et la passion évidente de l'écrivain pour la Bretagne donne ses plus belles descriptions au roman.

On rêve d'aller naviguer sur le Nominoë, le bateau de Blaise, de se promener sur les sentiers odorants de l'ile et de fureter dans la bibliothèque de Kergantelec...

Je remercie Babelio et les Editions Grasset pour cet excellent moment de lecture .
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J'ai été servie, tant pour le destin hors norme de cette femme que pour l'image de ma chère Bretagne.
"La femme qui dit non offre" une vision inhabituelle de la seconde Guerre Mondiale loin des clichés et des idées de bon ton. La frontière entre résistance et collaboration apparaît bien floue, et même presque superflue.
Même chose pour la Bretagne : l'auteur en parle avec justesse et tendresse, mais il est beaucoup plus incisif avec les Bretons, en particulier avec ceux qui ont de trop grandes idées, comme les indépendantistes...
Mais le plus savoureux dans le roman de Gilles Martin-Chauffier, c'est l'écriture vive, pleine d'esprit et sans concession (voire même corrosive), tout fait à l'image de son héroïne si vivante et oublieuse des conventions.
Un délice...
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J'ai tendance à penser que Marge n'est pas vraiment celle qu'elle nous décrit, légère et frivole. Il vous faudra laisser de côté votre moralité, Marge n'était pas la Pénéloppe attendant son héros de mari parti rejoindre De Gaulle. L'autre grande réussite de ce roman, c'est le grand amour de Marge, l'Ile-aux-Moines. Les descriptions sont telles qu'on a une seule envie, faire nos bagages. Ce roman est un roman d'amour, celui qui existe entre Marge et la Bretagne mais aussi entre l'auteur et cette île bretonne et enfin, entre l'auteur et son personnage, qui est fortement inspiré de sa grand-mère, une grand-mère qu'on imagine plus facile à apprécier à sa juste valeur en tant que grand-mère qu'en tant que mère d'ailleurs. C'est aussi une radioscopie de cette époque et Gilles Martin-Chauffier égratigne De Gaulle et Mitterand devient un "séducteur pour guinguette des bords de Marne". Dans un autre domaine, Marge critique Les Misérables mais non sans tendresse. On retrouve les différents rôles joués par les hommes dans cette époque sombre et rien n'est noir ou blanc, à l'image de Mathias et Blaise qui ne forment un homme idéal que réunis, leur comparaison avec un fauve pour l'un et une murène pour l'autre dans les moments intimes m'a fait sourire et c'est ce genre de comparaisons qui nous entraîne loin du fleur bleu. Les femmes, elles, ont le beau rôle, et Marge et sa belle-mère forment un couple truculent:

Entre Hitler et ma belle-mère, nous n'avions pas le choix. Quant à savoir lequel des deux était mon pire ennemi, à l'époque, j'avais un doute.

N'étant pas très férue d'histoire bretonne, j'ai un peu appris sur les mouvements indépendantistes pendant la seconde guerre mondiale et là encore, même si on sent une certaine tendresse pour les hommes qui s'en entichent, Gilles Martin-Chauffier a parfois la dent dure. Comme pour les irlandais et Eamon de Valera, rhabillé pour l'hiver, leurs liens avec les nazis ne sont pas tus. C'est donc un roman que je recommande même si je le trouve un peu inégal au niveau de l'intrigue et même si la scène finale est un peu too much, mais tellement révélatrice de cette narratrice qui ne sait pas faire face à l'essentiel que je l'ai, moi, beaucoup aimée. Ce roman m'a souvent fait sourire.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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critiques presse (2)
Culturebox
29 septembre 2014
Faites souffler soixante-dix ans d'histoire dans la lande bretonne. Mêlez-y des imbroglios amoureux, oscillant entre vaudeville et drame passionnel, avec la fluidité d'écriture de Gilles Martin-Chauffier, rédac chef de Match et romancier habile. Recette éprouvée, résultat efficace.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeFigaro
26 septembre 2014
Si l'histoire stimule sa verve critique, ses véritables convictions vont cependant à sa chère Bretagne, qu'il dépeint admirablement dans des pages qui sont autant de déclarations d'amour au golfe du Morbihan. Planté dans son fauteuil, on en viendrait presque à songer appareiller pour sa belle île.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur savait tout, comprenait tout, tranchait de tout. Il était à Alger à titre officiel, comme chef de cabinet du garde des Sceaux, François Mitterrand- ou sous-chef, il a été évasif; cela n’avait d’ailleurs aucune importance car, comme tous les proches du pouvoir, il s'attribuait chacune de ses décisions. C’est fatal: dès qu’ils sont dans la soute, ils se prennent pour le moteur.
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Entre Hitler et ma belle-mère, nous n’avions pas le choix. Quant à savoir lequel des deux était mon pire adversaire, à l’époque, j’avais un doute. L’Allemand n’avait pas encore donné toute sa mesure. La Bretonne, elle, ne m’avait rien laissé ignorer de ses talents.
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Nous faisions tous les deux l’amour pour la première fois. Quand Blaise a prononcé tout bas un mot dans le creux de mon oreille, il a murmuré: «Tu sais, je suis vierge.»Toujours dans un songe, j’ai juste répondu: «Pas moi, je suis capricorne.» Et je l’ai serré à l’étouffer.
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Oh, lady Macbeth, relisez les classiques. Les camélias n’ont pas d’odeur. Rappelez-vous la devise de Marguerite Gautier : “J’aime les raisins glacés car ils n’ont pas de saveur, les hommes riches car ils n’ont pas de cœur et les camélias parce qu’ils n’ont pas d’odeur.
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Aujourd’hui, à part mon nerf optique, mes conduits auditifs et mes artères qui durcissent, chez moi tout s’affaisse – et, d’abord, ma mémoire. Autrefois elle débordait, à présent elle me fuit. Des détails insignifiants me reviennent à l’esprit mais j’oublie des gens, des lieux et des scènes.
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