Nos retrouvailles m’avaient libéré. J’étais son prisonnier. Et pourtant, la retrouver brisait les chaînes qui m’entravaient depuis notre séparation.
Comment était-il possible d’être comblé et d’un bonheur incommensurable et d’un chagrin inconsolable ?
Avant lui, je ne savais pas ce qu’était l’amour.
Chaque séparation, même pour quelques heures, était un écartèlement pour nous deux.
La mort n’était pas le néant, je me trompais. La mort délivre du fardeau. Elle soulage. Bien sûr, elle enlève les chagrins, les efface. Mais elle vous ramène aussi à l’instant où vous avez été le plus heureux. La mort ramène ceux qu’on aime.
Ses lèvres s’étaient arquées dans un sourire qui aurait pu paraître arrogant, j’y avais lu l’invitation à bouleverser ma vie.
Il se tourna vers moi.
Et ma vision du monde changea.
Nos regards s’étaient croisés.
Mon sort avait été scellé.
Ma soif de connaissances me donnait la nausée ; les filles gloussaient, les garçons paradaient. Ils étaient fades et à l’opposé de ce que je cherchais. Je voulais observer le grand, le dévastateur, le brûlant.
Tous les maîtres avaient composé avec leurs sentiments et leur humanité.