Road movie pitoyable d'un quinquagénaire adipeux et lourdingue. Déprimé, shooté aux pilules qui rigolent, le comptable Albert quitte le nord de l'Allemagne pour Lyon. Afin de se sentir moins seul, il embarque dans sa Jaguar MK2 le jeune al aussi inexistant qu'idéaliste. Non al n'est pas un fantôme. al c'est Albert dégraissé et jeunot.
Comme je tente un challenge ABC pour diminuer ma pile de livres en attente en cet an de grâce 2013, Albert a tenté de piloter sa vie en séduisant 26 femmes dans l'ordre alphabétique. Au moment où al prête une oreille aussi attentive qu'excédée et fictive au monologue gras de son avenir, la lettre Z est en suspens. le Y est resté en Allemagne avec un marin plus appétissant après avoir ratissé les comptes du comptable.
A comme Annie et cette première fois où il n'eut le temps que de compter jusqu'à deux. B comme Barbara, C comme Chantal… Q comme Qunégonde (il y a tricherie mais j'ai fait passer la lettre X de mon challenge sous le couvert d'Anonyme; ce n'est guère mieux).
Charles Masson égrène quelques façons de gros con de rater sa vie sentimentalo-sexuelle qu'il s'agisse d'investissement affectif (Albert est comptable, il rentabilise) ou de plans cul. A soviétiser son existence, on la rate sans moyen d'y remédier. Bien fait!
Moi, je lui aurais bien éclaté la tête au comptable malgré quelques pâles velléités morales.
Le regret colérique (en raison du Y récalcitrant) ne le rend guère plus sympathique. Pourtant son épanchement soutenu se lit avec plaisir à défaut d'empathie. L'anecdote érotique croustille comme du bacon frit (poétique non? Je me mets au diapason). le clin d'oeil promotionnel de Masson à son
Droit du sol est charmant. le cynisme distillé avec parcimonie se savoure. C'est enlevé, amusant parce qu'agaçant.
La bourgeoisie lamentable de cet amant détestable a un côté jubilatoire.