Apparition

Quelqu’un a dit que les fantômes n’étaient pas des fantômes, en fait, mais des personnes que l’on apercevait de façon imprécise lorsque hier et aujourd’hui se chevauchent, disons.

L'infirmière ou la nonne que j'avais vue flottant à mi-hauteur du mur se tenait au milieu de la pièce.Une créature grande et luisante, coiffée d'une guimpe compliquée, et enveloppée dans un habit de lumière bleutée qui se soulevait et s'abaissait comme si elle flottait sur un océan phosphorescent. La créature s'avança dans la pièce en un étrange pas glissé; elle laissa derrière elle une série d'images rémanentes qui disparurent rapidement.

Pour parler net, cher monsieur, Fortyfoot House n'est ni plus ni moins qu'un magasin d'alimentation pour l'une des plus sinistres et effroyables créatures qui ait jamais existé sur cette terre. C'est un garde-manger, rempli d'enfants vivants...

— Il ne faut pas estimer l’âge de quelqu’un d’après son apparence. Les visages les plus jeunes ont les yeux les plus vieux.

La scène cauchemardesque qui s’offrit à nos regards tandis que nous faisions irruption dans la pièce me hantera jusqu’à la fin de mes jours : dans des rêves, dans des ombres, dans des miroirs entr’aperçus, dans des chuchotements à demi entendus.
Il suffit de la vision fugitive d’un fauteuil victorien à grand dossier dans la vitrine d’un magasin d’antiquités, ou d’une nuance particulière de la lumière grisâtre de l’automne. Il suffit d’un tapis à motifs marron, ou de l’odeur de la poussière et de la cire à parquet.
Parce que, à l’instant où Dennis Pickering et moi pénétrâmes dans cette salle de séjour, je réalisai pour la première fois que nous avions bel et bien remonté le temps, jusqu’à une époque qui n’était pas la nôtre, et que les choses horribles que nous contemplions n’étaient pas des fantômes, ou des photographies animées, ou le produit de notre imagination surexcitée. Elles étaient vivantes et réelles, elles vivaient et respiraient, et elles exhalaient l’enfer.

Yog-Sothoth, les trois-en-un, la Trinité Impie à partir de laquelle les Grands Anciens avaient été créés, l’Enfer-sur-Terre. (...)
Jusqu’ici le monde n’avait jamais eu une signification particulière pour moi. Nous étions tous là, tournoyant dans l’espace, placés sur cette planète pour une raison que personne n’était à même de concevoir. Mais à présent que je me tenais dans l’ombre d’un froid glacial de Yog-Sothoth, tous les mystères de la vie humaine, des superstitions et des religions, semblaient avoir une réponse.

Chapitre 21

J’ai lu la véritable histoire des sorcières, et j’ai été stupéfait, monsieur, croyez-moi. Je n’avais jamais cru qu’elles existaient vraiment, sous quelque forme que ce soit. Certes, nous connaissons tous une vieille femme ou une autre, une pauvre vieille que l’on montre du doigt parce que les poules ne pondent pas ou parce que le lait des vaches a tourné. Mais dans ces ouvrages il était question de sorcières – witches en anglais – un mot qui a été prononcé pour la première fois il y a plus de 3 500 ans avant Jésus-Christ. Le mot viking wicca vient du mot tsigane wycjka qui lui-même vient du mot sumérien willa, signifiant sorcière.

Chapitre 15

Quand j’étais écolier, je lisais des histoires de science-fiction et je savais que les voyages dans le temps étaient bourrés de paradoxes : par exemple, quelqu’un retournait dans le passé et se rencontrait lui-même lorsqu’il était plus jeune, ou tuait son propre père, ou allait voir sa propre tombe ; mais, jusqu’à maintenant, je ne m’étais jamais rendu compte à quel point c’était un casse-tête inextricable, totalement déconcertant.

Chapitre 12

(...) s’il y avait vraiment quelque Fortyfoot House, c’était son atmosphère prenante, l’impression qu’elle vous donnait d’être reliée au passé, son abandon.

Chapitre 3

Je fronçai les sourcils et plissai les yeux. Il y avait quelque chose qui clochait. D’ici, Fortyfoot House n’était pas la bâtisse délabrée, dégradée par les intempéries, que l’on m’avait chargé de restaurer. D’ici, les jardins n’avaient pas cet aspect de fouillis de végétation et de broussailles que j’étais chargé de désherber et de nettoyer. D’ici, Fortyfoot House semblait presque neuve, et les jardins étaient impeccables.

Chapitre 2