Peurs bleues

Mathou a peur de beaucoup de choses et est bourrée d'angoisses, des petites, des grandes, des bien réelles, des délirantes... La peur de mourir, des monstres, d'être enfermée, des voitures, des avions, du noir, des miroirs, de dire non, de la surchauffe, que sa fille la quitte, du regard des autres, de déranger... Au quotidien, évidemment, ça peut devenir gênant, invivable, ingérable, aussi bien pour elle que pour son entourage.

En publiant cet album, elle aura, au moins, fait face à l'une d'elle, le regard des autres, puisqu'elle expose ici toutes ses angoisses, ses peurs, ses paniques. Si elle ne propose aucune solution (après tout, il revient à tout un chacun d'en connaître l'origine et tenter d'y remédier), elle va, néanmoins, rassurer ceux qui se reconnaîtront en elle.
Si les premières pages laissent un sentiment trop personnel, les planches suivantes se veulent plus drôles, plus anecdotiques, plus fraîches.
Graphiquement, Mathou, de son trait léger et arrondi et ses planches tout de bleu vêtues, se révèlent efficaces et pleines de vie.

Depuis quelques temps, la bibliothèque de ma petite ville propose des livres emballés avec quelques indices notés sur l'emballage. C'est à partir de ces indices que je me suis lancée dans cette lecture, j'aime bien l'idée!
Mathilde, dite Mathou, nous parle de ces peurs. Les petites, celles que nous connaissons tous, la peur de l'ascenseur, des araignées, de l'avion, etc... c'est amusant, mais très vite j'ai eu peur moi-même que cette liste ne devienne lassante at anecdotique. Judicieusement, Mathou aborde alors des peurs plus pernicieuses, plus silencieuses aussi, celles dont on ne parle pas sauf à un psy, qu'on ne partage pas et que peut-être on ne s'avouera pas même à nous-même. Je cite: la peur du jour où sa fille la quittera, la peur de dire non, la peur du regard des autres.
A travers des illustrations humoristiques de ces situations, Mathou aborde ces peurs inexprimables avec justesse et sensibilité, et je suis passée de l'amusement à la réflexion sur ce que ça éveillait en moi.
Parfois intervient un double de l'auteure qui va prendre les choses en main avec bienveillance, pour, arrivé à la fin, passer des messages positifs sur ces sensations négatives.
Je n'ai jamais trop cherché à lire ce type de livres qui enseignent le bien-être, ,n'empêche il m'a fait du bien.

Peurs Bleues de Mathou est une bande dessinée autour des angoisses, des peurs que la plupart d'entre nous connaisse et subisse même... il y a la peur du vide, de l'avion mais aussi du regard des autres, du miroir, et bien d'autres.

Pour cette année 2020 si particulière, tellement angoissante, mettre des mots et plus particulièrement des dessins sur ces peurs pousse (presque) à une poussée d'optimisme. Et Mathou avec sa belle plume a un merveilleux don pour donner du bien être à ces lecteurs.

Je ne connaissais que ces dessins via le net. Ils circulent notamment beaucoup sur les réseaux sociaux. Mais, quand, j'ai vu que ma merveilleuse bibliothèque intégrait son nouveau livre, dans son catalogue, j'ai sauté sur l'occasion et je l'ai immédiatement réservé.

Et quelle jolie surprise, quelle bouffée d'air frais !
Ce livre est remarquable d'un point de vue artistique. Les couleurs sont tout simplement magnifiques. La couleur bleu est toute en nuance. le trait de l'artiste est très beau. le thème est aussi très bien choisi. Et même si on parle de développement personnel, genre dont j'ai un peu de mal à lire, j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire et à le relire.

Un grand bravo à Mathou, cette femme au grand coeur qui semble faire beaucoup de bien autour de soi !

"Tiens, elle lit une BD. Avec tous les livres qu'elle a en cours dans sa PAF. Une grande idée."
"Elle dit qu'elle est fatiguée, tu parles elle a la flemme d'ouvrir un roman."
Les petites voix dans ma tête sont au nombre de deux (en règle générale). Pas d'ange et de diablotin, pas de gentil et méchant flic, non, les voix dans ma tête sont une version féminine des petits vieux du muppet's show.

"Le temps qu'elle perd à nous analyser là. Tu vas voir qu'elle ne va même pas être foutue de nous dire de quoi elle cause la BD."
"Ah ah ah c'est pas comme si elle était bookstagrammeuse."
Comme pour Mathou, les voix dans ma tête ne sont pas bienveillantes. Elles ne font que souligner tout ce qui ne va pas. Et ce n'est pas facile de les faire taire. Quand bien même tout rayonne autour. La preuve, elle était chouette ma lecture, et puis c'était plutôt une bonne nouvelle que je me décide toute seule à ouvrir une BD. Et pourtant, les petites voix commentent.

"Tu ne serais pas en train de dire qu'on gâche tout, hein ?"
"Je crois bien qu'on lui fait peur, elle cherche des stratégies pour nous empêcher de parl... oh, regarde la licorne !"
Mathou nous fait la liste de ses peurs. Si je ne les partage pas toutes, je me suis largement identifiée. Je coche pas mal de cases, de la peur de l'avion (ça me rassure quand le pilote a une belle voix) à la peur du regard des autres (pas grand chose pour me rassurer mais j'y travaille) ou pire, à celle de déranger (là, je suis une cause perdue)

"Voilà, nianiania, elle geint. Son compte ressemble de plus en plus à une séance de psychanalyse"
"Tu crois qu'il en pense quoi son psy de son identification à un auteur sur deux ? C'est pathologique, non ?"
Je vous parlerai un autre jour de mon psy imaginaire qui cohabite avec les petites voix dans ma tête. Mais il a beaucoup aimé cette BD. Parce qu'il y a un effet cathartique à voir en images ce qu'on perçoit de soi. de se dire que je ne suis pas la seule à être une fille flippée, et que nous sommes légions même ! Que ce n'est pas si grave et qu'il vaut mieux en rire, parce que comme le dit Céline Dion "on ne change pas, on ne cache qu'un instant de soi."

"Nooon pas Céline Dion."
"Aucune pitié."

Peurs de l'avion ou des insectes, de ne pas être à la hauteur, de dire non, du jugement des autres... Les angoisses, c'est souvent plus fort que nous. Et Mathou les collectionne. Avec la dérision qu'on lui connaît, l'autrice nous raconte ses doutes et ses frayeurs : les petits, les grands, les bien réels ou les délirants. Mais sans doute qu'elle n'est pas la seule à se faire des noeuds au cerveau, non ?!
Je remercie Mathou pour cet album que je viens de recevoir.
Eh oui, moi aussi j'ai eu peur du noir, j'aime pas les ascenseurs, j'ai peur de dire non, de déplaire aux autres, peur du regard des autres, peur de ne pas être à la hauteur, peur de ne pas être celle que je devrais!! Cela fait du bien de savoir que je peux partager cela avec Mathou et d'autres aussi.. Certes il n'est pas facile de reconnaître ses faiblesses, ses peurs puis de les asssumer et d'essayer de les combattre.
Mathou est géniale: dans ce nouvel opus, elle arrive grâce à ses phrases chocs et à ses dessins émouvants, hilarants, spontanés à dédramatiser nos peurs/phobies et à les rendre palpables afin de lutter contre.... On est toutes et tous là à essayer de trouver des palliatifs, mais comme le dit Mathou: le plus simple ne serait ce pas de les accepter,, de les faire sienne et de s'accepter comme on est???
On a tous et toutes des peurs, cachées ou non, mais c'est ce qui fait notre richesse, non??
Un nouvel album, différent de Et puis Colette (que j'ai adoré), que je kiffe et que je vais faire lire et conseiller autour de moi. Une thérapie contre les peurs!! Merci