Le Son des morts

Daruma Matsuura est une autrice que j'aime beaucoup suivre depuis ma découverte de Kasane, ce qui s'est renforcé avec son titre actuel La danse du soleil et de la lune. Elle a une grande puissance évocatrice, de vrais angles de vues et des ambiances marquantes. Avec cette oeuvre en un seul tome, elle semble faire la liaison entre ses univers passés et futurs.

Cette mangaka est vraiment une force de la nature pour moi. Avec Kasane, elle m'avait percuté grâce au discours sans concession qu'elle portait sur notre société d'apparence et de rejet envers ceux qui ne collent pas à nos critères de beauté. Dans La danse du soleil et de la lune, elle en remet une couche avec en prime une teinte historico-fantastique des plus savoureuses. le oneshot dont je vais vous parler Le son des morts est également une histoire où le fantastique occupe une place non négligeable mais où ce n'est pas une critique à charge contre notre société mais plutôt une oeuvre introspective sur nous-même et notre rapport aux autres et à la mort.

De plus en plus de titres mettent en scène le deuil dans le domaine des mangas et j'en suis ravie, car c'est un sujet propice à l'émotion qui me plaît énormément. Les mangakas parlent tour à tour de comment l'accepter, se relever ensuite, avancer. Ils mettent en scène les enfants ou les conjoints des personnes disparues mais rarement comme ici un élève disparu tragiquement. Ça change.

L'autrice cependant se perd un peu dans ses ambitions. Elle nous offre tout d'abord une histoire poignante qui se serait suffit à elle-même sur un professeur en art dont la compagne, elle-même artiste, est disparue tragiquement. Puis dans un second temps, c'est une seconde histoire avec une seconde disparition autour du même professeur, mais cette fois avec l'un de ses élèves, qu'elle relate. Ça fait un peu trop. La première histoire suffisait amplement, la seconde aussi en soi. J'aurais préféré qu'elle fasse un choix ou ne lie pas les deux car cela n'a pas vraiment d'intérêt, si ce n'est celui d'exploiter la particularité dont elle a doté son héros.

Car en effet, Daruma Matsuura ne compte pas parler du deuil comme tout le monde. Elle focalise ce moment tragique de la vie à travers le prisme du regret et celui-ci se matérialise ici à travers les pouvoirs extraordinaires de certains personnages : un professeur voyant des vestiges passés dans les lieux, une collégienne entendant des sons fantômes, et... Je vous laisse découvrir le dernier. Je ne vais pas mentir, j'ai beaucoup aimé cette teinte fantastique qui apporte un vrai plus et souligne le poids du deuil sur nos esprits. Ça va en plus à merveille avec la philosophie bouddhiste et shintoïste des Japonais, leur rapport aux morts et aux esprits. Et l'ambiance que cela confère au récit est sombre, poignante et un tantinet tragique, un mélange que j'aime beaucoup.

Cependant, le récit va également parfois un peu vite, notamment dans ses dénouements. Les personnages sont assez archétypaux en soi, avec le fait qu'ils cachent leur particularité et que certains le voient même comme une tare ou un mensonge. On se retrouve ainsi avec une collégienne déscolarisée en mode "c'est sa faute, elle doit faire des efforts..." Bof. Il y a aussi, la classique fille ultra lumineuse avec le looser de service, ou encore le jeune doué qui ne supporte pas la pression qu'il se met et finit mal. Ce sont des schémas qui manquent de finesse. Ainsi, si j'ai aimé le questionnement sur le deuil, les regrets qu'on a des derniers instants, des dernières paroles, de ce qu'on n'a pas fait pour aider, il y a quand même pas mal de grosses ficelles pour nous tirer quelques larmes (qui ne sont pas venues chez moi...).

Enfin, connaissant l'autrice et son travail précédent sur Kasane, j'attendais un travail graphique de plus haute volée que ce que j'ai eu ici. Il y a certes des compositions intéressantes autour du rapport à l'art, au cadrage des tableaux, aux intentions qu'on y met, à l'inspiration qu'on puise, ainsi qu'autour de ces vestiges fantômes qui accompagnent le héros, mais l'ensemble est un peu fade. L'autrice est capable de bien plus percutant et saisissant. J'ai trouvé le dessin des personnages assez maladroits, surtout au vu de ses autres travaux.

Titre qui a étrangement atterri chez D/T alors que les autres sont chez Ki-Oon, ce oneshot de Daruma Matsuura fait la transition entre deux sagas fantastiques dingues de l'autrice sur le thème du rejet des personnes différentes dans nos sociétés. Il y est ici question de deuil et le goût de l'autrice pour le fantastique le teinte d'une belle atmosphère poignante où la question des regrets est centrale. Quelques maladresses d'exécution, notamment dues au format, le rende moins marquant que ses copains mais l'intention est là et fait mouche.
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Le son des morts" est un one-shot très touchant, qui nous happe, qui nous met la boule au ventre. C'est une union insolite d'âmes blessés qui tentent d'avancer dans la vie mais sont sur la corde raide. Il nous parle de la perte des gens chers et de la difficulté de continuer à vivre après eux, du manque ressenti, mais aussi d'art, de résilience, d'échec, de la vie, de la mort, d'espoir, de désespoir, avec une petite touche de fantastique. La fin est légèrement abrupte, on en redemanderait mais cela vaut le coup de le découvrir.
Ce one-shot est l'occasion de retrouver le travail de MATSUURA Daruma, je vous conseille totalement d'essayer, même si le dessin peut vous sembler étrange sur le coup, vous verrez vous vous y habituerez et il dégagera une certaine force. C'est soit l'idéal pour commencer, soit une occasion de continuer à découvrir son oeuvre. Cette fois-ci, il est sort chez Delcourt Tonkam. Alors que Kasane (fini en 14 tomes) et la Danse du soleil et de la lune (4 tomes en cours) sont sortis chez Kioon. On pourra noter qu'on retrouve toujours une touche fantastique.
Sans oublier, le roman Izana, dans l'univers de Kasane, sorti chez Lumen.
C'est raconté de manière poétique, belle, ça touche, nous sommes rapidement emportés. Nous faisons d'abord la connaissance de Yato Tsurumi, professeur d'art, il y a eu une catastrophe naturelle et depuis sa femme est portée disparue. Il y a deux mois, sa maison a été emportée par une crue. Imaginez tout perdre ainsi, et en plus son amour. Son coeur est brisé, il voit des vestiges du passé, il peut voir des lieux disparus.
Il devra s'occuper d'une jeune élève, Ima Hayabuchi, qui va lui donner du fil à retordre. Elle a perdu son père lors d'un tremblement de terre, et de son côté elle entend le son des morts.
Leurs dons sont difficiles, les submergent, peuvent être incompréhensibles, les gens ne vont pas forcément les croire.
Vous ajoutez à cela des images percutantes et réalistes, comme quand le professeur revoit sa maison, quelques autres personnages que vous aurez le plaisir de découvrir par vous-même, des retours dans le passé pour apprendre à connaître d'autres personnages, faire les liens, bien évidemment entre autre la chère et tendre de notre professeur. Les chapitres sont d'ailleurs séparés par personnage, la femme de notre professeur en prenant deux.
Vous mélangez tout cela, et vous êtes en permanence intéressé, sur le fil. Vous êtes touchés en plein coeur par leurs rencontres, vous constatez les effets de leurs dons, mais aussi combien ils sont submergés par leur passé, par leur lourde perte. Vous apprenez de nouveaux éléments, vous voulez savoir tout ce qui s'est passé, et vous espérez qu'ils vont pouvoir continuer.
Notre professeur soulève également un point important de son don, c'est qu'il ne peut plus rien y changer, il ne peut changer le passé, il ne peut éviter les tragédies, et encore moins celle qu'il a vécu personnellement.
Il veut travailler pour ne pas trop penser, mais il sera changer de place. C'est un plaisir de voir que ses élèves l'apprécient et ne l'ont pas oublié.
L'art ajoute une touche, notamment dans la représentation de ce que le professeur voit par moment, mais également quelque chose, ou plutôt quelqu'un qui hante un coin de la salle d'art.
Alors prêt pour vivre de vives émotions ?

Moi, il m'a beaucoup touché. Très bonne lecture.
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Comment, mais comment n'ai-je pas reconnu d'emblée le style de Daruma Matsuura ?! Ces grands yeux tellement expressifs, ces lèvres fines délicatement colorées, ce graphisme manga tout en ayant un petit « je ne sais quoi » de différent… Sans doute parce que je n'ai pas l'habitude de la lire chez Delcourt | Tonkam. Mais dans tous les cas, quel bonheur de retrouver cette autrice qui crée des scénarios fantastiques qui entraînent immanquablement ses fans dans une atmosphère où les émotions sont la clef de voûte du récit.

Un one-shot qui se suffit à lui-même – une suite aurait sans doute détruit le charme du final – avec deux personnages qui se rencontrent et se découvrent un point commun. Yato Tsurumi, professeur d'art, peut voir à quoi ressemblaient certains lieux où des drames se sont déroulés. Ima Hayabuchi peut, quant à elle, entendre des sons reliés à des morts à des endroits qui étaient importants pour ceux-ci. Ainsi, dans la salle de classe : l'un peut voir le tableau peint par un ancien élève qui s'est tragiquement suicidé, l'autre peut entendre les coups de couteau de ce même personnage sur cette même toile avant d'aller se jeter sous un train.

Un défunt qui sera, rapidement après la fiancée de l'enseignant, le lien qui unira Yato, Ima et les anciens camarades du jeune artiste tragiquement décédé. Une trame surprenante, dans laquelle chaque chapitre porte sur un des personnages clefs du récit et son lien avec la mort. Celle qui entend « le son des morts », la fiancée du professeur, Yato Tsurumi évidemment, Shota qui s'est suicidé et enfin le meilleur ami de ce dernier, Kari Onoji. Chacun révélant ses sentiments les plus profonds pour poignarder un peu plus le lecteur au coeur. Une façon de percevoir la mort, qu'on l'expérimente personnellement ou celle d'un proche, la peur, le deuil, le déni… pour enfin se libérer d'un fardeau parfois trop grand pour soi.

Un scénario savamment amené et un graphisme mettant en avant les expressions de visage et les émotions de chacun, dans le plus pur style de Daruma Matsuura. Autant dire que ses fans vont adorer !
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ONE-SHOT

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Toujours dans un registre un peu hors du commun, c'est un plaisir de retrouver Daruma Matsuura, l'auteur de Kasane et La Danse du Soleil et de la Lune.

Dans ce titre, on va suivre 2 personnages dotés de dons surnaturels liés à la mort.
Yato peut voir des images passées liées à un lieu et Ima, elle peut entendre des sons qui se sont produits à certains endroits. Seulement pour l'un comme pour l'autre cela n'est possible que quand une personne est décédée. Ima entend "Le Son des Morts", quant à Yato, il voit ce qu'il appelle des "Vestiges Fantômes".

Ils vont se rencontrer peu de temps après que la petite amie de Yato ait disparu au cours d'un typhon. Leur maison a été emportée et son corps n'a pas encore été retrouvé. Malgré le fait qu'il ait vu des "Vestiges Fantômes" à l'endroit où se trouvait leur maison il n'arrive pas à se résoudre au fait qu'elle soit décédée. Il va décider de reprendre son travail de professeur de dessin malgré la tristesse et c'est à ce moment qu'il va faire la connaissance d'Ima qui vient pour la première fois.

La jeune fille est totalement perdue face à ces bruits angoissants qu'elle entend et bien évidemment personne ne la croit... Personne... pas tout à fait puisqu'avec son don étrange Yato est bien placé pour savoir qu'elle ne ment pas... Mais va-t-il réussir à résister à l'envie de l'utiliser pour savoir si sa petite amie est encore en vie ?

Ce titre est rempli à la fois de tristesse et d'espoir. On imagine facilement l'angoisse de ces 2 personnages hors du commun qui ont dû grandir en voyant et entendant des choses auxquelles ils n'auraient jamais dû avoir accès. Yato a choisi de mettre ses visions en dessin, mais Ima est encore trop jeune pour réussir à affronter cela seule. Leur rencontre va leur permettre de se comprendre, mais elle pourrait aussi être dangereuse notamment à cause de la disparition de la petite amie de Yato. On va aussi découvrir qu'un jeune homme de l'école est décédé l'année précédente et un troisième personnage va alors prendre une place importante dans le récit en nous livrant ses doutes.

C'est un très beau one-shot qui nous est livré et j'ai été très émue en le refermant.

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(LX971) - Déçu par ce manga one-shot. Je n'ai jamais vraiment réussi à entrer dans cette histoire qui mêle fantastique et introspection, à travers le deuil de deux personnages, un professeur d'art et son élève. le tout m'a semblé assez brouillon et décousu, les dessins n'aidant pas non plus à mon goût. Il faut bien avouer que ce n'est clairement pas ma tasse de thé mais il me semble que l'actu compte d'autres mangas plus aboutis, en particulier ceux de Tatsuki Fujimoto. Non pour la sélection du Prix BDz'îles.
(SCO971) Non pour la sélection