AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782848932057
256 pages
Les Deux Terres (19/08/2015)
4.5/5   4 notes
Résumé :
Un demi-siècle après la libération des camps d’extermination, une centaine de personnes se rassemblent à Auschwitz pour prier et méditer. Le soir, dans les bâtiments où vivaient les officiers nazis, chacun apporte son témoignage. Mais entre les participants de nationalités, de confessions et de sensibilités variées, rancœurs et préjugés refont surface, donnant lieu à des situations absurdes. Clements Olin, un universitaire américain non-juif d’origine polonaise, pré... >Voir plus
Que lire après Au paradisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
4.25/5 : Peter Matthiessen nous a quittés en 2014 en nous laissant un dernier roman : Au Paradis, un titre évocateur pour un roman qui ne laissera personne indifférent.

Laissant de côté ces thèmes récurrents inhérents à la cause amérindienne ou à l'environnement, l'auteur s'attaque à un pan historique connu, terrible : celui des camps d'extermination. C'est ainsi que plusieurs personnes d'origine, de sexe, d'âge, de nationalité différentes, aux croyances parfois divergentes vont se rejoindre dans une retraite à Auschwitz. Par la même occasion, un universitaire américain va en profiter afin d'approfondir ses recherches professionnelles mais aussi personnelles...

Ce que j'ai aimé, ce qui m'a frappée dans ce livre c'est cette confrontation entre la rancoeur et la volonté de pardonner, entre le silence omniprésent et la parole salvatrice, entre le passé et le présent, entre des descriptions apaisantes et des dialogues vifs, entre tous les protagonistes. En effet, ce livre est à la fois poétique, sensible, il aborde une thématique difficile avec une sagesse littéraire et une maturité rare.

L'écriture est vraiment agréable, fluide, sincère, juste, elle est limpide et descriptive, elle n'en dit jamais trop, elle joue sur les silences et les non-dits. C'est une écriture parfaite pour ce sujet. J'ai adoré chaque personnage, ce microcosme mettant en exergue tous les conflits antérieurs et à venir, la haine omnisciente qui parfois disparait au profit du partage.

En définitive, un ultime roman qui démontre encore une fois que Peter Matthiessen était, EST un très grand écrivain.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
Commenter  J’apprécie          80
Une centaine de personnes se rassemblent dans l'enceinte d' Auschwitz, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp, pour prier,méditer et témoigner.
Un des participants, Clements Olin, universitaire américain, s'interroge sur l'utilité d'une telle démarche, entraînant plus de conflits, souvent absurdes, entre les participants de confessions et de nationalités différentes, que de sérénité. La présence de nonnes catholiques (nous sommes au début de l'installation, très controversée d'un Carmel catholique dans l'enceinte du camp d'extermination) ne faisant qu'exacerber les tensions.
Progressivement, Clements Olin devra quitter sa position d'observateur , interroger sa propre histoire et ses origines polonaises, et s'impliquer bien plus qu'il ne le voulait au départ car "cet endroit l'a attendu toute sa vie, depuis les cauchemars de son enfance."
Le titre, éminemment ironique, donne le la de ce roman qui, nourri d'informations et de réflexions, multiplie les ruptures de ton afin de mieux déstabiliser et interroger son lecteur. Ses personnages ne sont jamais manichéens, ni donneurs de leçons , chacun étant renvoyé à ses propres limites devant l'indicible. Un texte fort et intense.
Commenter  J’apprécie          40
Touchant.........
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
LeFigaro
22 octobre 2015
À travers le pélerinage d'une centaine de personnes venues se recueillir à Auschwitz, l'écrivain américain décédé en 2014 s'interroge sur l'holocauste, l'indicible et la résurgence de l'antisémitisme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Décontenancé, il boit un café noir au comptoir et
jette un regard mauvais au reflet de ce voyageur pas rasé
dans le miroir sale. L’anglais rudimentaire d’un jeune
couple vient suppléer son polonais archaïque : d’une
oreille, ils ont entendu ses demandes de renseignements
relatives à une location de voiture et appuient vivement
les protestations du serveur qui le met en garde contre le tarif, bien trop prohibitif. Contrariés qu’un visiteur
de leur beau pays ait à subir pareil désagrément, ils pro‑
posent de l’accompagner au petit musée qu’il avait men‑
tionné : le serveur gardera un œil sur sa vieille valise. Sur
le trajet, il peut admirer le château royal, la cathédrale en
haut de la colline du Wawel et la basilique Sainte-­Marie,
détruite au xiiie siècle par les Tatars d’Asie et recons‑
truite au xive avec cette tour étrangement couronnée.
« Comme de noirs glaçons ! » s’écrie la fille. Ainsi, leur
invité peut au moins profiter du centre historique de la
plus ancienne ville de Pologne, encore si belle, disent-ils,
puisque Cracovie, comme Paris, s’est vu épargner
les bombes et les incendies de la guerre. Pardon ? Oh
non, monsieur, s’écrient-­ils avec un petit rire, ils ne sont
jamais allés à Paris !
Commenter  J’apprécie          20
Ils se dirigent vers la chaleur de ce café situé dans
Kazimierz, l’ancien quartier juif qui porte le nom du
roi Casimir, monarque du xive siècle – un « âge d’or »
de bienveillance à l’égard des juifs, souligne-­t‑il, qui,
fuyant pogroms et persécutions partout en Europe, se
réfugiaient en Pologne. Toutefois, même s’ils hochent
la tête et sourient, ses compagnons sont incapables de
formuler le moindre commentaire sur ses informations
qui, avait-­il espéré, auraient eu de quoi alimenter une
conversation, fût-­elle hésitante. Il essaie de corriger son
aridité de ton mais faute d’un meilleur antidote à leur
bienheureuse ignorance, il se replie assez vite sur ses
recherches, leur apprenant qu’en des temps antérieurs,
leur ville était l’un des foyers de culture de la popula‑
tion juive du pays. Après septembre 1939, quand le IIIe
Reich s’empara du Sud-­Ouest de la Pologne, les juifs
furent chassés de leurs maisons vers un ghetto proche
de la rivière, permettant à l’Obergruppenführer Frank
de se vanter de ce que Cracovie ait été la première ville
Judenfrei des territoires occupés.
Commenter  J’apprécie          10
Épuisé, il emboîte péniblement le pas à ses joyeux
guides, devant la Halle aux Draps sur la place du Marché.
Mirek et sa Wanda éperdue d’amour ne le laisseront pas
achever sa visite de cette ville dont il sait plus de choses
qu’eux sans l’entraîner dans une boutique où trouver un
souvenir de Pologne. Wanda oriente son choix vers un
losange d’ambre soyeux et transparent. « Pour enchanter
votre bien-­aimée en Amérique ? Un cadeau de beauté
pour votre maman ? » Cette goutte mordorée renfermant
des parcelles d’insectes antiques, c’est l’essence même de
la terre natale d’Olin, et pourtant son acquisition lui sape
encore un peu plus le moral. Il sait que personne ne
manifestera beaucoup d’intérêt pour ce fragment de sève
d’arbre fossilisée qui n’a rien d’« enchanteur ». Il n’a pas
de bien-­aimée, uniquement une maîtresse, une femme
mariée, qui ne lui manque guère – en fait, il n’est pas
mécontent de ce répit loin d’elle – et aucune famille
survivante au Nouveau Monde.
Commenter  J’apprécie          10
À l’intérieur, on leur montre le bureau vide où le
Léonard, et peut-­être aussi un Raphaël que personne n’a
jamais récupéré, avaient pu illuminer ces murs ternes,
sans nul doute exhibés comme autant de trophées, de
prises de guerre, par la Hausfrau Brigitte Frank, elle
qui se vantait d’être « une reine de Pologne », un titre
approprié pour un personnage aussi éminent, la nou‑
velle dame du château royal. Et peut-­être serait-­ce cette
reine nazie (qu’on disait détestée de son mari) qui avait
organisé le vol de « la Cecilia » début 1945, quand son
épouvantable famille avait fui l’Armée rouge en fonçant
à travers la Pologne depuis l’est, et l’avait installée dans
leur chalet de Bavière d’où elle serait ensuite délivrée
par les soldats alliés fonçant à travers la Pologne depuis
l’ouest.
Commenter  J’apprécie          10
« J’ai toujours étudié cette période », explique-­t‑il, gêné
de leur timidité mêlée de respect face à tant de savoir.
Mais alors qu’ils regagnent la sortie pour retourner dans
la ville, il apprend à ses jeunes amis captivés que, assez
merveilleusement, le chef-­d’œuvre – l’un des quatre por‑
traits de femme par Léonard que l’on connaisse, parmi
lesquels Mona Lisa et La Belle Ferronnière, tous deux
au Louvre – resurgit à Paris et fut ensuite restitué à
Cracovie, Dieu merci. « Dieu merci ! », acquiescent les
amoureux avec ferveur, avouant en même temps leur
ignorance préalable de son existence et aussi leur éton‑
nement qu’on ait pu découvrir un trésor aussi renommé
quelque part dans leur pays meurtri.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Peter Matthiessen (1) Voir plusAjouter une vidéo

Peter Matthiessen : Urubamba
Olivier BARROT présente "Urubamba" de Peter MATTHIESSEN (publié chez PAYOT), livre d'où est tiré le film "En liberté dans les champs du Seigneur". Des images du film illustrent ses propos.
autres livres classés : occupation allemandeVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (15) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3191 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}