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EAN : 978B0851LTK1H
330 pages
Flammarion (18/03/2020)
3.35/5   10 notes
Résumé :
« Il y a quelque chose d’archaïque à suivre la découpe des côtes. Et sans doute quelque chose d’absurde dans ma course. Incapable de dire à Pierre qu’il est la cause de ce voyage, je vais à la rencontre d’autres solitudes, sous l’hypnose de la mer, de Bray-Dunes à l’île aux Faisans. »
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ayant lu l'un après l'autre "Avec Bacon" et "Le bruit de la mer", les deux derniers livres de l'écrivain, permettez-moi d'en faire ici une lecture comparée.
L'écrivain Franck Maubert est un solitaire qui vagabonde de livre en livre à la rencontre de l'autre. Insatiable, il veut tout savoir de l'obsédant visage vers lequel il se tourne. Ce visage est changeant, est multiple. Dans son livre précédent "Avec Bacon", il revêtait la plate figure lunaire du peintre Francis Bacon, son rire « de vieil enfant » ; dans celui-ci, il revêt la côte atlantique de la France. Ainsi, à l'exploration des « paysages de chair » dans l'atelier du peintre, l'auscultation têtue de la côte océane et des fleuves qui s'y jettent, fait écho. Dans les deux cas aussi, de multiples extensions littéraires, historiques, bouleversent continûment l'ossature principale, pour tisser à l'infini des réseaux de motifs.
C'est dans la solitude que se forgent ces voyages qui sont aussi empreints d'une sourde mélancolie. Marqué par la souffrance, par le deuil, l'écrivain-narrateur se déplace, s'absente de quelque chose, de quelqu'un. Les évènements sont vécus par celui-ci comme un « électrochoc ». C'est tantôt la peinture des anciens qui se meurt devant l'apparition d'une image de Bacon… tantôt l'ami malade devant lequel la fuite s'avère une délivrance… Quitter la scène publique, « s'absenter », dit l'auteur, dans le but d'oublier ou dans celui d'apprendre, gouverne ses errances.
Périodiquement relié à ce filet de voix qui lui vient de son ami au bout du téléphone, l'écrivain se retire et erre en solitaire au milieu des embruns et du vacarme des vagues.
La volonté de Franck Maubert d'emmener son lecteur avec lui est poignante, et ce dernier se sent soutenu par ce grand frère aimant. L'écriture est très belle. Comme un visage d'enfant aux yeux écarquillés devant ce qu'il regarde. Elle est sans maquillage.
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Ce récit est le grand coup de coeur de mon confinement. Dès la deuxième page ma gorge se noue, l'émotion m'étreint me submerge, Pierre est malade, un cancer. Pour rompre leurs rites de déjeuner semi hebdomadaire à Paris à la recherche de l'objet fou et obsédant Franck Maubert l'auteur de « Avec Bacon », et du « Dernier modèle » nous emmène à nouveau dans sa voiture, pour un voyage le long des côtes de l'Ouest en arrière saison. Il s'élance en solitaire à la poursuite de l'éternel infini .
Comme un prélude au deuil. Fuir le Ressac du spleen, une saison comme Rimbaud les semelles de vent et la poésie qui estampille tout sur son passage, avec pour seul témoin la mer, capricieuse, et pas si silencieuse. La mer un personnage à part entière. entre les pages sensibles et délicates, les plages au coeur de l'hiver propagent les émotions et nous giflent c'est le vent d'hiver. Dans son périple, Franck Maubert rencontre des autochtones bigarés, qui auraient pu s'échapper du « Petit prince ». Ils gravitent, antilopes au milieu de ces monuments historiques, immortels, châteaux... qu'il peint, décrit et, essaime délicieusement sa géographie historique, artistique et littéraire, l'irrigue de citations. C'est un récit passionnant et éblouissant au milieu de la brume: Une hôtesse décrite en modèle Russ Meyer me fait sourire en lisant. Toujours cet humour. Nous sommes en Janvier dans le Nord, Boulogne, une femme ravagée, abîmée par le départ de son mari égraine désormais son temps devant une machine à sous, et boit comme « le buveur lugubre ». On tourne la page et les vallées peintes par Nicolas de Staël apparaissent comme une réminiscence. Février aux Roches Noires un appel téléphonique ravive le souvenir de Duras omniprésente. Il esquisse la Normandie de Sagan, Baudelaire, et Monet.
A Biscarosse, il accoste le mythe de Sisyphe, illustré par cet homme qui construit chaque jour un nouveau château englouti par les flots. Un allumeur de réverbère. En Mars, Pierre est encore plus affaibli. En Avril la Côte Basque où repose Paul-Jean Toulet. A saint Jean-de-Luz c'est moi qui pense à mon amie, ma Jany Marin partit trop vite, elle qui me manque tant. L'écriture est iodée, délicate, gracieuse, bercée par ce vague à l'âme, larmes au goût de sel, et toute la nostalgie de l'écume qui caresse ses mots vertigineux. Volent des corbeaux blancs. L'encre marine encore humide est vibrante. Ce récit est une invitation au voyage. Paru en plein confinement il m'a fait voyager de mon appartement, et m'a tellement touchée. Pierre s'en est allé, il est parti. La couverture illustrée par Pierre le Tan séduit comme un chant de sirène, un appel à le lire très vite!!!!
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Ce livre est une vraie déception.

Ce récit, se déroulant dans des lieux que je connais et que j'aime (les côtes françaises depuis le Nord de la France jusqu'à Hendaye au Pays basque), avait pourtant tout pour me plaire.

L'auteur y décrit ses séjours et escapades dans ces territoires durant quelques mois, entrecoupés de retours à Paris.
Sur les traces de l'histoire, la géographie et de personnages célèbres ayant habité ces lieux.

Cela aurait pu être très intéressant.
Mais, j'ai trouvé ce livre assez plat et désincarné.
C'est un catalogue, certes parfois érudit, mais peu original et intéressant.
Car au final assez peu de rencontres, et lorsqu'elles ont eu lieu, pauvrement développées et décrites.

Donc lecture peu intéressante selon moi.
Mieux vaut lire un bon guide de voyage sur ces contrées. Et mieux, aller soit même les explorer...

Je suis vraiment très déçu par ce livre.
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Allez, j'avoue, au cas où vous en douteriez, je résiste mal aux récits de voyage plutôt bien écrits, même s'ils conduisent au coin de la rue. Pas de rencontres avec des habitants de contrées lointaines, mais des autochtones bien d'ici, parfois bavards, parfois non, complètement ou presque au hasard des déambulations de l'auteur. Celui-ci a décidé de suivre la côté ouest de la France, en automobile, histoire de quitter Pierre, un ami se mourant d'un cancer, mais qu'il contacte souvent au téléphone ou retrouve lors de retours à Paris. Un voyage que Pierre ne peut accomplir, mais pourtant son ombre plane sur le voyage et certaines destinations.

Depuis le coup de coeur du Tour de France des villes incomprises, je sais qu'il ne faut jamais mépriser une destination, la découverte intéressante est là! le nord en janvier, la Normandie en février, cela n'apporte pas du rêve a priori, et pourtant, quand tout ou presque est fermé et que les touristes ne sont pas encore arrivés, c'est moins facile mais presque un challenge! Ne pas s'attendre à un guide de voyage (ceux de l'auteur datent de décennies) mais personnellement j'ai ressenti une grande envie d'y aller, par exemple, dans ce Cotentin mal perçu.

Une lecture agréable, quittée à regret en 'juin', après 6 mois d'errance, d'iode et de vagues...
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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J'avais lu deux bonnes critiques et je me suis décidée à le lire, une envie de voyage à l'heure du déconfinement. Quelle surprise ! J'ai été déprimée par cette lecture, à l'ambiance lourde et chargée comme un ciel d'orage. On a l'impression que la France est une vaste friche industrielle que parcourt un homme d'une mélancolie pathologique voyageant mais qui au fond de lui ne le désire pas. Les critiques parlaient de ses rencontres ? Il n'y a guère que de très brèves conversations. Des allusions à la littérature ? Oui mais à des auteurs célèbres en leur temps .... assez lointain. Il flotte parfois dans le ton un certain snobisme aussi légèrement déplaisant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le France et son chevelu de cours d'eau. La vie serait impensable sans rivières, sans fleuves. Ce sont eux qui dessinent le paysage, qui donnent leurs noms aux départements. En 1789, les Malouins avaient émis le vœu de voir la Bretagne divisée en six départements dont l'un se serait appelé "la Rance". Le cheminement des cours d'eau, leur sinuosité façonnent aussi notre pensée. L'eau qui passe, l'eau qui envahit tout. "Tout coule", disait Héraclite. Et Monet n'y allait pas par quatre chemins : "Un ruisseau qui fuit dans l'herbe vaut le sourire de la Joconde."
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De tous les pays côtiers, je ne cache pas ma préférence et mon estime pour la côte basque. Tout y est vrai et pas encore dénaturé. Entre Bayonne et Hendaye, on y sent, plus qu'ailleurs, un pays résistant qui a su protéger son identité profonde sans excès de folklore. Cette sobriété têtue me plaît. On n'y a pas oublié les traditions et une culture, fortement ancrées dans la langue qui semble venir de loin, une langue comme une énigme.
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L'eau décompose et recompose, aucun peintre ne saurait mieux faire. Le va-et-vient des marées, à l'image de mes allées et venues auprès de Pierre. Le ciel et la mer en miroirs inversés: qui regarde l'autre? Les nuages en haut, l'écume en bas.
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Me voilà où la France plonge dans l'océan. Cet éperon pourrait être le bout du voyage. Le soleil crache une argenture sur le territoire des eaux. Devant moi l'immensité en rage. Tout l'ignoré s'y tient. Ma gorge se noue. J'éprouve la curieuse sensation d'être seul au monde, un sentiment de finitude et d'éternité. Mon errance m'a mené face à ce vertige des eaux, à cette palpitation impétueuse. Est-ce que recherchent les navigateurs?
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L'océan dissèque, affute, aiguise les écueils. Il a du ressort. La côte, éprouvée par la rudesse des flux de la haute mer, subit les attaques. Elle ne désarme pas, elle résiste.
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