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EAN : 9782072849763
144 pages
Gallimard (06/06/2019)
3.84/5   22 notes
Résumé :
'Francis Bacon incarne, plus que tout autre artiste, "la" peinture. Il est l’homme le plus extraordinaire qu’il m’ait été donné de connaître. Dans les années 1980, je l’ai rencontré à plusieurs reprises. À Londres, tout d’abord, dans son atelier de South Kensington, puis en diversesoccasions, lors de ses passages à Paris. Nous conversions aussi parfois au téléphone, tôt le matin. Il parlait en toute liberté, sans tabou, detout et de choses sans importance. Bacon ado... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Vous reprendrez bien un peu de Bacon? Avec votre oeuf?

Mauvaise blague qui a pourtant échappé à l'auteur, devenu un familier et un ami du peintre britannique, presque sous cette forme, et à un moment plutôt mal choisi...

Inlassable depuis ma visite de l'expo Bacon , je reprends moi aussi du Bacon, sans cesser de questionner tous les livres qui me sont tombés sous la main. Et plus j'en lis, plus ma fascination, mon attirance pour cet univers pictural dérangeant s'accroît , plus j'ai envie...de retourner voir ses grands triptyques énigmatiques et ses portraits troublés et troublants.

Attiré par Bacon, Franck Maubert, l'était à l'évidence.. .

Il est encore tout jeune journaliste et critique d'art à L Express quand, après moult refus, le peintre accepte enfin de le recevoir, chez lui, au 7, Reece Mess, à Londres.

Ému comme un jeune amoureux à son premier rendez-vous, Frank partage, de 7 heures du matin aux petites heures du matin suivant , une pleine journée -il a l'insigne privilège de pénétrer dans son atelier!- et toute une nuit dans les bars gays et branchés de Londres , en compagnie de son idole.

Sans réussir toutefois à tenir le coup comme lui dans les beuveries où l'entraîne Bacon, pour qui "trop n'est jamais assez"!!

D'autres rencontres, au fil des années et du livre, ponctuent cette relation devenue une véritable amitié .

Ils se retrouvent dans des bars parisiens , encore pleins des souvenirs du grand ami Giacometti, son "frère" en art et en nuits chaudes- et aux Bains Douches, où Bacon fait la (très courte ) expérience de la putassière télévision française , lors d'une émission de Thierry Ardisson -un morceau d'anthologie!- ....

Jusqu'à la mort subite du peintre qui prend Franck Maubert au dépourvu ...

Un joli livre, bien écrit, d'une sensibilité à fleur de peau, plein d'une admiration timide et d'une intimité ironique qui ont dû plaire au dandy aux cheveux rouges, grand buveur de champagne de prix et de whisky irlandais, permettant au peintre assoiffé ...de vérité, et mis en confiance, d'exprimer sa quête insatiable : "donner une sensation d'effroi ou d'horreur", sans "tomber dans l'illustration," en cherchant " de nouveaux moyens pour atteindre le système nerveux"

"L'art est un cri pour combattre l'étouffement", a un jour confié à Franck le grand Francis, asthmatique, comme Proust, qu'il admirait tant.

Un cri qui , des autoportraits aux bouches torturées , jusqu'aux Erinnyes d'Eschyle, toutes en dents , reprend , en un écho jamais éteint , le "Cri" de Munch ou celui de la nourrice d' Eisenstein, abattue en haut de l'escalier, dans "Potemkine" : bouches d'ombre ouvertes sur la douleur violente d'exister.
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Souvent face à l'art moderne, on n'a pas toujours les codes, les clefs pour décrypter les oeuvres ( et ce ne sont pas les cartels apposés par des commissaires d'exposition épris de verbiage aussi abscons qu'élitiste qui aident les visiteurs néophytes). Voici, un petit ouvrage par le format ( plus petit qu'un livre de poche) et par la pagination ( 140 pages) dont la lecture va vous éclairer sur le génie d'un des maîtres de la peinture du siècle dernier. Petite explication sur le titre, le BACON du titre est bien d'origine anglaise mais il ne s'agit nullement de ces petites tranches de porc fumé si délicieuses au breakfast, ni du philosophe mais bien du peintre Francis Bacon. Donc, inutile de se lécher les babines (quoique), ce n'est en aucun cas une compilation de recettes de cuisine avec bacon mais bien d'éclairage artistique dont il sera question !
Franck Maubert, journaliste spécialisé dans l'art a éprouvé, dès qu'il a approché l'oeuvre de Francis Bacon, une véritable fascination pour ses tableaux. Et chance pour lui, à plusieurs reprises, il passé des moments avec ce peintre à la personnalité aussi forte que sa peinture. Avec délicatesse mais précision, ses rencontres nous sont relatées dans le détail, cernant surtout l'homme privé, ses rapports avec le monde environnant, le lieu où il vit, son rapport à son art et à la gloire. Subtilement, il glisse dans sa narration quelques éléments biographiques qui ouvrent ainsi des fenêtres, des portes, pour une réelle compréhension de cette oeuvre magistrale. C'est vraiment pédagogique, dans le meilleur sens du terme, tellement ici on apprend avec plaisir et facilité.
Eclairé par une belle écriture simple qui passe par une pointe d'humour mais où l'émotion n'est jamais absente, "Avec Bacon" apparaît comme un petit bijou, qui mieux qu'un long ouvrage, nous fait comprendre, apprécier un artiste et surtout une oeuvre qui peut dérouter. Ah si toutes publications autour de la peinture pouvaient être aussi éclairantes !
Lien : https://sansconnivence.blogs..
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« La première fois que j'ai vu une de ses oeuvres, j'ai tout de suite su que j'aimerais Bacon. » Profondément bouleversé Franck Maubert jeune journaliste à l'Express, va s'obstiner à obtenir un rendez-vous avec Francis Bacon jusqu'à y parvenir. Son oeuvre tourmentée est une énigme un peu comme celles du Sphynx. Ces tableaux sibyllins, cette détresse humaine avec cette force hypnotique, perturbante qui s'agrippe à nous. L'horreur en chair et en peinture. Troublant. Touchant. Dans ce roman Franck Maubert scelle sa rencontre privilégiée avec le peintre de la tragédie et de la condition humaine éphémère, et distille un portrait vivant et intime de Bacon.
Dès leur première rencontre à South Kensington à Londres le jeune journaliste fasciné embarque comme sur un navire et consigne leurs discussions. Ils parlent de la littérature qui l'inspire lui le grand lecteur d'Eschyle, de Proust. Il lui offre cette chance inouie de pénétrer dans son atelier, l'antre de l'artiste. Personne ne l'a jamais vu en pleine création à part peut-être le peintre Marocain Yacoubi. Ils croisent David Hockney aux chaussettes dépareillées. Presque vinqt-quatre heures dans la vie de Bacon…
Il l'entraine dans ses fulgurances de noctambule, l'ivresse tenace, du matin jusqu'au bout de la nuit dans les clubs Londoniens, les cercles de jeu, puis plus tard dans les bars à Paris. Enivrant. La conversation se poursuit par des appels téléphoniques matinaux. Jusqu'à ce fameux 28 avril 1992 où Franck Maubert fait cuire des oeufs au bacon dans son appartement Parisien et le téléphone sonne… funeste et drôle comme une prémonition.
Entre les pages de ce petit opuscule addictif où souffle un zéphyr d'humour, et toujours cette sensibilité à fleur de mots, Franck Maubert confie son immense admiration, et éclaire l'oeuvre magistrale et mystérieuse de ce génie novateur dans la lignée de Picasso, pour mieux le comprendre. Une quintessence à lire très vite 💙
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Où j'apprends que l'auteur est 'entré à L Express, en 1979, jeune journaliste d'art', avec une idée fixe : rencontrer Francis Bacon. Admirateur enthousiaste de son oeuvre, il en parle avec fougue, et permet aussi de connaître mieux le peintre.

Si vous voulez vous aussi en savoir plus sur ce peintre, c'est l'occasion!
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
[Giacometti et Bacon]

Les deux artistes ont continué à vivre, le succès venu, dans un dénuement monacal, tous deux désintéressés, privilégiant le travail. Leur vie est aussi ailleurs, dans leurs virées nocturnes , bars gays londoniens, pour l'un, bars à entraîneuses pour l'autre. Même vie d'artiste, mi-bohème, mi-mondaine. Et Giacometti aurait pu prendre à son compte cette confession de Bacon: "Je poursuis la peinture, car je sais qu'il n'est pas possible de l'arrêter." Tous deux hantés par les visages qui viennent à eux, "visum". Ce que l'on voit quand on voit autrui, l'autre soi-même, son envers. Ces têtes, ces têtes qu'ils n'ont cessé d'interroger
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Sur la table, des livres illustrés aussi : l’Égypte, l'art antique, Michel-Ange, Vélasquez. Je saisis le volume sur Vélasquez, je le feuillette, m'arrête sur le portrait du pape Innocent X. Je hasarde : Pourquoi vous êtes-vous acharné sur ce pape ? Bacon pose son verre, soupire, il balaie de sa main son menton. "Ah les papes, les papes ! Tous mes papes, je les trouve ridicules aujourd'hui ! Voyez-vous, je regrette de les avoir peints." je lève les yeux au ciel et ne peux retenir : Non vraiment ! Vraiment !
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Quelles sont ses sources d'inspiration ? Bacon pivote sur sa chaise, puis s'arrête, vous fixe : "Tout et surtout mes lectures. Je lis énormément." Il appuie un coude sur le bureau et repose son menton dans le creux de sa main. "Les poètes de l'Antiquité m'inspirent : les six journées et nuits de guerre de l'Iliade, la colère d'Achille, un glaive qui entre par la nuque et ressort par la bouche, tous ces corps prostrés à terre, fracassés... Vous comprenez, ce sont des images fortes qui laissent libre l'esprit au vagabondage. Vous savez, la violence ne change pas. Elle est dans la nature de l'homme. Et je pense que rien ne changera." Il marque un temps d'arrêt. Et lâche : "Jamais." Et il se met à rire de son rire bruyant. J'écarquille les yeux. "Oui, la vie est choquante, alors je ris."
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Tous ces pinceaux durcis, ces chiffons sales, ces vieilles chaussures, ces photos tachéoes, ces ouvrages fossilisés sous les couches de peinture sont autant d'indices sur l'inspiration et les méthodes de l'artiste. Une simple ampoule pend du plafond, accrochée à un fil, celle que l'on retrouve dans certains de ses tableaux, tout comme le miroir rond au tain usé . Bacon cultive son atelier, comme sa parole, avec soin, ce fouillis participe de sa légende, il le sait bien, il l'entretient, comme d'autres peintres. Tous savent que ce chaos le stimule et donne naissance à des images. Il éclate de rire. J'ai envie de rire avec lui. Il reprend: " Ce sont mes aide-mémoire. On ne peut pas savoir comment les choses arrivent. Je regarde un peu de tout, toutes sortes d'images, elles s'accumulent, comme dans un puits et, d'un seul coup, elles montent...
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La première fois que j'ai vu une de ses œuvres, j'ai tout de suite su que j'aimerais Bacon. Ce jour-là ma vision de la peinture a changé, a été bouleversée. En fait, la première fois ne fut qu'une reproduction, une image arrêtée sur un écran de cinéma : au générique du film de Bernardo Bertolucci, "Le Dernier tango à Paris". Et durant ces quelques secondes, ce fut une sorte d’apparition, un électrochoc même. Un corps nu et isolé, un corps qui se tord, enroulé sur lui-même, criant sa douleur. Et alors que j'allais juste regarder un film, j'ai ressenti cette souffrance comme une déflagration. L'image de cette chair de cadavre fardé s'imposait jusqu'à se mêler à celles du film.
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