Toutes les mers sont nomades

« Toutes les mers sont nomades » de Lætitia Secq et Thierry Maugenest est une publication des éditions Amok qui se spécialisent dans le roman court. En effet, l'histoire est brève mais les auteurs jouent surtout sur l'intensité. La présentation est originale puisque Lætitia Secq et Thierry Maugenest font le récit d'une même rencontre et le lecteur doit retourner le livre pour lire la version de chacun. Ce procédé m'a beaucoup séduite d'autant plus qu'ils parviennent à jouer sur le parallèle entre chaque situation. Et ce n'est qu'à la fin du roman que je m'en suis rendu vraiment compte.


L'écriture est magnifique dans les deux cas et contribue à la magie de ce petit roman. J'ai été surprise par tant de passages qui sont de véritables merveilles. Chacun sait parfaitement décrire la passion et les doutes qu'engendre les relations amoureuses.

« L'aurait-elle troublé s'il n'y avait eu ces questions sans réponses ? Il ne saurait le dire. Mais il ne l'exclut pas : l'amour se nourrit parfois du tourment, comme la peur se nourrit de la nuit, et la solitude du silence. »

« Elle est partout. J'avais envie d'être cette femme qui n'avait peur de rien et que tout le monde désirait. Je me sentais rapace, je me voulais vorace. »

Les deux personnages dont on ne sait pas tout sont assez perdus. On nous donne un peu plus d'indications sur la jeune femme mais ce qui compte ce sont les moments que ces deux-là ont passé ensemble et les conséquences de ces instants intenses. Si j'en dis davantage sur l'histoire, je risque de dévoiler les émotions de ce roman. Je peux seulement vous dire que les sujets abordés sont très forts ; dépression, les secrets, la peur… les auteurs savent bien manier les non-dits mais je déplore justement de ne pas en avoir assez appris sur les deux protagonistes. C'est bien sûr le risque de ce genre d'exercice basé sur un récit particulièrement bref.


J'ai apprécié ces quelques moments passés avec deux personnages assez troublants et empreints de sensualité sous le ciel de l'Italie. de grandes qualités littéraires ressortent de « Toutes les mers sont nomades »  ! Les auteurs nous invitent si bien à parcourir les rues de Naples…

« L'orage éclata sur les pentes du Vésuve. le ciel semblait noir de cendres. La pluie qui crépita autour d'eux les surprit sur le chemin de la Villa des Mystères.»

Voici un roman à la forme très originale et bien qu'il soit court, n'en est pas moins intense.

Toutes les mers sont nomades - Ogni mare e ramingo
Rien n'est figé, tout est volatile, "tout ce qui existe en nous est errance"...
Ce roman écrit à deux voix raconte une histoire d'amour le temps de quatre semaines d'été intenses et chaudes à Naples...
Ogni mare e ramingo... Un palindrome, comme le roman, qui peut se lire dans les deux sens, n'a pas de fin ni de début, peu importe par où on le commence...
D'un côté, la voix de la femme, elle raconte cette histoire qui s'est déroulée il y a 15 ans alors qu'elle en avait 25 et qui est restée marquée dans son âme et dans sa chair... Elle raconte aussi son présent, sa solitude, ses peurs, son drame, sa déchirure...
De l'autre, la voix de l'homme... Il raconte cette même rencontre qui l'aura tout autant marqué, il questionne, se questionne, subit, suit, se tait, respecte...

Ce roman est passionné, charnel, intense... Si beau 💙
Les deux auteurs se complètent à merveille et savent l'un et l'autre si bien jouer avec la langue française !

Sorti au tout début de l'été, s'il vous plaît, ne laissez pas cette petite pépite se noyer dans les flots de la rentrée littéraire !

Toutes les mers sont nomades, Ogni mare é ramingo. Un aphorisme si logique. Chacun verse dans l'autre ses espoirs et ses secrets, puis ils continuent leurs chemins.
C'est un court roman à quatre mains ou bien deux grandes novellas. Il n'est pas besoin d'en rajouter.
Ce livre est une minutie poétique cachée sous la dureté. Plutôt que de lire, une partie puis l'autre, j'ai décidé d'alterner. Un chapitre à elle, suivi d'un chapitre à lui. C'est sport, mais original.
Vient un parallèle dans l'esprit de chacun.
Elle et Lui, le temps d'une rencontre à Naples, entre-coupée d'étreinte et de non-dits. L'Italie, la chaleur, les sens, l'abandon. L'un amène son innocence, l'autre le poids de sa vie. En quelques jours, deux existences basculent. Elles s'ancrent au plus profond des deux protagonistes. C'était il y a quinze ans, mais le temps n'est rien comparé à la puissance de cette relation. S'agit-il d'amour ?
L'empreinte de cette rencontre, à l'aube de la quarantaine de celle-ci est toujours présente. Celle d'une relation qui construit, qui marque profondément. Lui non plus n'a su l'oublier.
Sous une écriture allant à l'essentiel, chaque auteur pose ses mots avec sobriété ou violence. Les personnages coulent sous une douce chaleur au fil de leurs rendez-vous. Elle joue pour ne pas se dévoiler, lui la suit tant la passion le trouble. Chacun a un avenir et un passé.
Il est des rendez-vous qui bouleversent une existence et que l'on traine avec soi tout au long de sa vie.
Habitué au roman Noir, j'ai traversé Toutes les mers sont nomades, comme un diptyque d'amour, où il fait bon se perdre, où éprouver le bonheur se fait sans nul doute au prix de regret. C'est doux, rude et passionné.

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