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" Un poème est un organisme vivant. Il pousse sur le papier. Il anime le langage, et ranime la curiosité. Il sort les mots de leur torpeur, il les réveille, il les fête ".... Voilà ce qu'écrit en note le poète à la fin du livre. Magnifique, non?

Dans ce dernier recueil, Jean-Michel Maulpoix explique avoir retravaillé des textes plus anciens. Il privilégie souvent la prose mais ici, il a voulu revenir au vers. Comme il l'explique dans un entretien au site" En attendant Nadeau", Il nous offre un bouquet de poèmes, le titre est aussi le nom de la rue dans laquelle il habite, près de Strasbourg, une allusion également aux allees fleuries des cimetières.

La mort est en effet souvent présente dans ces textes assez mélancoliques, par leurs thèmes : l'automne, les pensées dans le silence de la chambre, l'évocation des banlieues pauvres. Cependant, les images sont sensuelles, saisissantes de justesse, expressives:

" Les soieries d'été sont douces au toucher
C'est un crépuscule de corsages entrouverts sur la promenade
Et de baisers volés le long des bassins du jardin public
Où se mirent longuement les filles et les étoiles "

L'auteur aime les citations et s'amuse à introduire dans ses poèmes des vers d'autres poètes, comme dans " Nanterre".

Les textes de la partie" Arrière-saison" m'ont particulierement plu:

" le vent dans le tilleul
Se dispute avec lui-même
Les feuilles curieusement naïves
Boivent les paroles de la pluie"...

Ce n'est pas un coup de coeur pour moi , il m'a manqué de l'émotion, mais c'est un ressenti tout personnel et le recueil demeure très intéressant à découvrir!
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*****

« Je suis un explorateur du langage, un géographe. Je suis plus intéressé par les mots que par les histoires. »

Quel plaisir de retrouver Jean-Michel Maulpoix et sa poésie envoutante ! le jury Goncourt l'a récompensé, après la publication de « Rue des fleurs » et pour l'ensemble de son oeuvre, du Goncourt de la poésie 2022.

Une beauté simple. Inutile de relire plusieurs fois les poèmes, une clarté d'expression se dégage immédiatement. Un calme feutré m'envahit, le sens des mots s'impose directement. Je suis bien. Tout un univers poétique m'est offert, composé d'une multitude de photographies, tableaux instantanés, couleurs.

Ayant récemment publié une biographie du couple Camille et Claude Monet dans les débuts de l'impressionnisme, je ne peux m'empêcher de rapprocher l'art de Jean-Michel Maulpoix de celui du peintre. le poète aurait pu s'inspirer de la pensée de Claude Monet décrivant sa peinture : « Examine les contrastes d'ombre et de lumière, ils se répartissent à ravir. Les couleurs soucieuses les unes des autres vibrent intensément : un vert et un rose, côte à côte, se font valoir l'un l'autre. Un tableau doit reproduire tes émotions, ta scène intérieure, ton ressenti visuel face au spectacle qui s'offre à toi. »
N'est-ce pas ce que nous propose le poète dans son univers en clair-obscur ?

La couleur préférée de l'auteur, le bleu, s'imposait dans son recueil « Une histoire de bleu ». Elle revient.
« Petit jour »
« Ceux qui n'ont pas de visage
Balbutient dans la nuit
Ils mâchent quelques miettes de pain bleu
Tombées d'un ciel vide. »

« Au centre aéré »
« L'écolière bleue traverse la route en sautillant sur les clous blancs »

Maulpoix n'oublie jamais la note discordante, le point de couleur, que connaissent bien les peintres, qu'il glisse au bon moment dans ses phrases, pétale de couleur éclairant la scène. Je repense à son recueil « L'hirondelle rouge » parlant de ses parents décédés. Il s'inspirait d'un tableau du peintre catalan Joan Miro « L'hirondelle amour revient avec le printemps ».
La référence à Proust parlant de la « Vue de Delft » de Vermeer apporte cette note colorée.
« Un pan de mur jaune »
« On entend le soir des musiques aux portes
Et toutes les fenêtres sont bleues à partir de huit heures
On écoute on regarde on n'a rien à se raconter
Mais on cherche toujours un petit pan de mur jaune. »

Au long des pages, l'humaniste Jean-Michel Maulpoix nous décrit ses semblables, leur existence quotidienne : émigrés, travailleurs, malades, prostituées, enfants. Morceaux de vie…

« À l'hôpital »
« Deux infirmières roses
À demi nues sous leur blouse de nylon
Roulent le fauteuil d'un unijambiste »

« Émigrés »
Ils ne disent rien ne vont nulle part
Ils ont inscrit leur nom sur un bout de carton
Ils s'asseyent ou restent debout au coin de la rue
Serrés les uns contre les autres. »

« La poésie est un chemin, un cheminement où rien n'est gratuit. Elle n'est pas là pour faire beau. », nous dit le poète. Il nous parle de sa « Rue des fleurs » :
« C'est une très petite rue
Qui va de la chambre à la ville
En traversant de longs couloirs
Où s'empilent cahiers et livres
Elle a pour nom la rue des fleurs
C'est par là qu'ont plié bagage
Les mots échappés de mes pages. »

Parfois, le poète ressent le fardeau de l'existence et sa fragilité.
« Je n'irai plus très loin
Avec cette encre-là
D'une couleur si pauvre
Qu'elle n'éclaire plus rien
Et il n'est pas certain qu'en parler soit utile. »

Je reste admiratif devant la qualité de ce grand poète contemporain qui nous séduit et nous émeut depuis plus de quarante ans. À la fin du livre, il ajoute un « Post-scriptum » fleuri :
« Il resterait à raconter
La tendre amitié du myosotis et de l'orchidée
L'affection que le tournesol porte à la pensée
La passion de la marguerite et du coquelicot
La jalousie des boutons d'or et des bleuets
Dire l'exacte couleur des bouquets de juillet. »

***
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Ce recueil de poèmes de Jean Michel Maulpoix, que j'ai choisi par hasard sur la table des nouveautés de la médiathèque, m'a laissé sur ma faim.

En effet, malgré la réputation de l'auteur en tant que poète et professeur de lettres, j'ai trouvé que ses poèmes semblaient destinés à un public restreint d'initiés.
Je m'attendais à être emporté dans un tourbillon de mots, mais j'ai plutôt ressenti une lourdeur et une densité qui ont eu pour effet de me plomber sur terre. Bien que je puisse apprécier la complexité d'un poème et la finesse de l'utilisation des mots, j'ai trouvé que cela ne suffisait pas à me transporter vers un univers poétique.

En fin de compte, j'ai ressenti que la poésie de Maulpoix manquait de la qualité essentielle qui me touche dans la poésie : le partage. Pour moi, la poésie est une expérience commune, qui doit nous transporter vers des horizons lointains et nous émouvoir profondément.
Malheureusement, je n'ai pas ressenti cela dans ce recueil."

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J'ai lu ce recueil il y a quelques jours. Je l'ai dévoré. J'ai commencé à le lire un soir, je l'ai terminé le lendemain soir. J'ai été séduite par la richesse du vocabulaire de l'auteur, et cela m'a surprise, d'ailleurs ! Je ne m'attendais pas vraiment à toutes ces phrases drôlement bien écrites dans le recueil. Je n'ai pas trouvé la plume très fluide, malgré les jolis mots que contenaient ces poèmes. J'ai donc été obligée de lire et relire et rerelire plusieurs fois les phrases pour être sûre d'avoir bien compris et bien lu, parce que bon sang de bonsoir, c'était assez abstrait et difficile à comprendre ! En somme, j'ai eu un peu de mal avec ce recueil de poèmes. Je pensais l'abandonner, mais j'avais envie de le terminer, de pouvoir ensuite dire que je l'ai lu, et ce que j'en ai pensé. C'est un joli petit recueil, une bonne lecture que je ne regrette pas, toutefois ce n'est pas un coup de coeur. C'est une lecture agréable et tendre, à lire à n'importe quelle saison selon moi, sous un gros plaid avec un chocolat chaud et un gros matou à côté, ou carrément sous les cocotiers. J'ai profité d'un voyage avec ma famille pour le découvrir, c'est donc chose faite !
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Très beau recueil, comme je les aime, qui parvient à créer, dans des textes très courts, une défamiliarisation du quotidien avec des moyens très simples, comme l'illustrissime Jaccottet ou le tout aussi digne d'être connu Vandenschrick, par exemple. Une situation quotidienne se prend dans les rêts du langage pour devenir une chose étrange, inexplorée, et pourtant familière. du grand art.
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Flop pour moi. Je ne suis pas entrée dans le texte, je suis clairement passé à côté. J'ai trouvé les thèmes assez sombres, je ne me suis pas évadée. La dernière série, "Rue des fleurs" exceptée car j'ai trouvé cela plus sympa : le thème y était plus léger.
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