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EAN : 9781141008353
258 pages
Nabu Press (09/01/2010)
3.81/5   16 notes
Résumé :
« Comme le temps était fort beau, les gens de la ferme avaient dîné plus vite que de coutume et s’en étaient allés dans les champs.
Rose, la servante, demeura toute seule au milieu de la vaste cuisine où un reste de feu s’éteignait dans l’âtre sous la marmite pleine d’eau chaude. Elle puisait à cette eau par moment et lavait lentement sa vaisselle, s’interrompant pour regarder deux carrés lumineux que le soleil, à travers la fenêtre, plaquait sur la longue ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Mon respect et mon appréciation envers Maupassant ne font que grandir. Ceci est son deuxième texte que je lis après le Horla, et je dois dire que je suis toujours autant impressionné par ses talents de raconteur et l'efficacité parfois trompeuse de sa prose élégante et simple qui a vieilli comme du vin.

LE LIVRE :

Je l'ai lu dans un petit livre de rien, fait pour un contexte scolaire et venant avec toutes sortes de notes, explications, essais et paragraphes de contexte. Un Coeur simple de Flaubert est aussi joint à ce livre de Modulo. le livre en soi est bien fait, robuste. Rien d'extraordinaire, un livre de qualité, tout ce qu'il y a de plus banal. Je dois faire la mention, cependant, des notes de bas de page.

La plupart sont plus ou moins raisonnables, surtout si on prend en compte que cette édition est faite avec les établissements scolaires à l'esprit. Mais quand les notes de bas de pages font quasiment la moitié de la maudite page, je ne les aime plus. Sinon, la couverture est plutôt attrayante, l'image est belle et colorée. le titre est mal placé et mis dans un gros carré rose-rouge hideux, par contre. Ça passe inaperçu sur la bibliothèque.

LE TEXTE :

Il s'inscrit dans le courant du réalisme, et comme je l'ai vu avec Flaubert, il décrit la vie de paysans normands. C'est pareil à Coeur simple, au sens où il n'y a pas vraiment de leçons ou d'histoire en trois actes, c'est juste une parcelle de vie, un petit morceau coupé du gâteau auquel on a droit. La tranche de gâteau de Coeur simple m'avait laissé ambivalent, autant je l'avais trouvé charmant et plutôt plaisant à lire, rien dans ce récit ne m'avait vraiment soulevé, rien ne m'avait capturé et emporté dans ce monde.

J'en étais ressorti pareil, qu'un tantinet ému par l'accolade entre Félicité et Aubain, avec un arrière-goût qui est vite parti. Cette histoire était passée aussi rapide qu'elle était venue, sans vraiment laisser de trace, illustrant mais aucunement ne commentant, n'édifiant que par la sincérité des personnages qui vivent leur déboire. C'était un genre que j'étais prêt à délaisser (et que je vais sans doute délaisser) car il me semble fondamentalement peu intéressant, ayant comme seule valeur la capacité de plonger son lecteur à une autre époque – mais une romance ou une aventure historique le font tout aussi bien et en plus nous accordent une bonne dose de tension et d'adrénaline. Ici l'idée ne semble être que préserver tout, la vie autant monotone qu'excitante, et c'est une faille majeure dans l'idée de l'Art : cet Art est peu intéressant si c'est surtout monotone, donc a moins de valeur, et donc je ne suis pas surpris que le mouvement réaliste n'ait pas de héraut moderne et populaire qui dise fièrement l'écrire. Il n'y a pas beaucoup de valeur à un courant artistique qui émeuve peu, même s'il nait pour combattre le sentimentalisme dit frivole du Romantique: nulle besoin d'un mouvement et d'une telle prétention pour illustrer des vies ordinaires et modernes sous une lentille captivante et, j'ose le dire, émouvante - émouvante autant qu'une grande aventure sentimentale.

La vie des petites gens peut être intéressante, oui, mais ce sont les plus grands faits et les plus hauts gestes qui donnent lieu aux récits les plus mémorables. Il y a des exceptions à la règle, bien sûr, et Maupassant en est une. En vingt pages et me détaillant une vie banale sur papier, il a capturé mon attention et m'en a fait plus ressentir que Flaubert avec plus de pages et couvrant la vie entière de Félicité. Rose ici vit bien moins de péripéties qui s'apparenteraient à un récit classique, c'est beaucoup plus calme et prévisible, et pourtant, que ce soit grâce à sa prose, ses talents de raconteur ou sa bonne compréhension de la psychologie humaine, il livre une histoire qui est absolument envoûtante, bien plus que celle d'Un Coeur simple.

Son petit talent refait surface, des phrases et figures de styles se démarquent et brillent parmi le reste. Sa plume est toujours juste et concise, et quand il lui vient un soudain élan de verve, elle brille de mille feux. Coeur Simple est le plus élaboré et technique des deux textes, mais c'est dans sa simplicité que celui De Maupassant brille. Les scènes sont bien moins détaillées, il penche plus du côté « tell » que « show ». Gardant en tête l'époque et les façons d'écrire des histoires qui venaient avec, je vais faire la mention de la fameuse règle « show; don't tell », parce qu'il me semble approprié de la porter sur ce récit.

Cette règle vise en fait les débutants, parce qu'en commençant à écrire il est toujours plus facile de dire que de montrer. Puis on atteint un certain faîte, un moment où l'écrivain réalise pour lui-même que, non, ce n'est pas toujours le cas, et que dépendant du contexte il vaut soit mieux de dire ou de montrer; les deux sont égaux, certains marchent mieux que d'autres dans certaines scènes. Et ici, même si c'est une nouvelle venue avant la popularisation de cette règle, c'est apte de l'appliquer pour démontrer l'expertise De Maupassant.

La vaste majorité du texte est dit et non montré. Sauf pour le tout début, qui nous accorde des descriptions concises et hautement immersives (qui m'ont fait jubiler, honnêtement; elles étaient si parfaites), et aussi pour quelques rares moments clefs, les scènes plus directes et les bribes des descriptions de Rose, ses réactions et ses gestes. Sinon, tout est dit, et en tirant comme ça et resserrant le récit, en mettant le bon mot, le bon passage et le bon adjectif au bon endroit, Maupassant fait rentrer le tout dans vingt pages et ne perd que quelques gouttes de sa potion magique – que quelques rares moments qui auraient bénéficié d'une ou deux phrases de plus pour mieux les décrire et les étoffer.

PLAISIR DE LECTURE :

J'ai lu d'une traite et j'en suis ressorti un peu plus édifié, je dirais, et un tantinet diverti au plus pur sens du terme. Ça remplit donc deux de mes critères, alors que Coeur simple m'avait surtout laissé indécis et froid, sans réelle opinion de ce que j'avais lu. J'ai ressenti plus avec moins, donc je lui accorde une note plus haute. Est-ce meilleur que Horla? Je ne saurais dire, ils sont trop différents pour être comparé. Horla est fait pour décontenancer le lecteur, et ce texte-ci est juste là pour vous occuper pendant quelques minutes et vous faire fondre le coeur quand la mère retrouve son enfant qu'elle a délaissé au loin, son enfant chétif avec qui elle joue dans les champs. J'étais mou de la voir succomber à ses instincts de mère et enfin interagir avec lui. Mou aux genoux et aux commissures de mes lèvres souriantes.

Il me faudra plus De Maupassant.
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"Histoire d'une fille de ferme" est une nouvelle très courte de Guy de Maupassant, qui mérite le détours. On y rencontre Rose, une servante de ferme qui doit faire face à un sombre destin : le mariage forcé.
Il sagit là d'une courte histoire magnifiquement émouvante qui traite un sujet qui pourrait paraître bien banal et déjà vue : l'amour. Mais ce livre le traite sous un certain angle : l'enfant illigitime.
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Les romans du 19° mettent souvent en vedette des figures dont le nom vaut un titre : « la Cousine Bette », « L'Homme qui rit », « Nana », « Mme Bovary », « Bel-Ami »... Quand on est un homme chez Maupassant, on a plutôt le beau rôle, et ceci au détriment des femmes qui, la plupart du temps, ne sont là que pour, d'après le philosophe Shopenhauer cher à notre auteur, assurer la loi de la reproduction au sein de la nature. Après tout, si la coquette pare ses cheveux et le reste, se montre aimable et engageante, ce n'est que pour tomber dans le filet d'un séducteur. Comme son maître Flaubert, Maupassant n'a d'autre projet que de « tordre le cou » au romantisme et aux idées romanesques de ces Emma qui excitent la convoitise des hommes. Combien de ses oeuvres sont consacrées à ce thème ? Relisons « Une Vie » ou la petite nouvelle « une Partie de Campagne ». Dès leur première apparition, les jeunes filles sont des proies idéales. Puis le temps passe, et on les froisse, on les jette...
Beaucoup de contes et de nouvelles campés dans la campagne normande s'intéressent au sort de ces pauvresses abusées par la finauderie d'un galant. Il ne s'agit plus alors de bourgeoises bien éduquées par les livres, mais de solides paysannes égarées par les feux du printemps. Prenons le cas de la nouvelle « Histoire d'une fille de ferme » et faisons le rapprochement avec « Bel-Ami » !
Je laisse d'abord le lecteur savourer cet extrait dans lequel on découvre, au tout début de la nouvelle « Histoire d'une fille de ferme », la servante Rose qui se laisse envahir par le trouble de l'été...
« Alors caressée par l'ardente lumière, elle sentit une douceur qui lui pénétrait au coeur, un bien-être coulant dans ses membres.
Devant la porte, le fumier dégageait sans cesse une petite vapeur miroitante. Les poules se vautraient dessus, couchées sur le flanc, et grattaient un peu d'une seule patte pour trouver des vers. Au milieu d'elles, le coq, superbe, se dressait. A chaque instant il en choisissait une et tournait autour avec un petit gloussement d'appel. La poule se levait nonchalamment et le recevait d'un air tranquille, pliant les pattes et le supportant sur ses ailes ; puis elle secouait ses plumes d'où sortait de la poussière et s'étendait de nouveau sur le fumier, tandis que lui chantait, comptant ses triomphes ; et dans toutes les cours tous les coqs lui répondaient, comme si, d'une ferme à l'autre, ils se fussent envoyé des défis amoureux. »
On le voit, Rose « attend le mâle » et la suite immédiate de l'histoire ne racontera pas autre chose... Mais il faut aussi apprécier la façon dont les choses s'imposent à la compréhension : la jeune femme est enfermée dans sa prison domestique. le passage qui précède nous la montre dans sa cuisine, affairée à des tâches ménagères. La poule qui « se lève d'un air tranquille » et qui, après la bagatelle, « s'étend sur le fumier » est aussi lascive que Rose dont elle est finalement, pour employer un terme à la mode, une sorte « d'avatar » !
Et le coq ! Ne rappelle-t-il pas le vaniteux Bel-Ami. Il est « superbe ». Comme son avatar romanesque, il « choisit » ses poulettes afin de mieux pouvoir ensuite « compter ses triomphes » et accroître le bruit de sa renommée ! Un coq propulsé au sommet de l'Etat ! Un bel-ami portant crête et culotte à poils !

Lien : http://ericbertrand-auteur.n..
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histoire d'une fillede ferme est une histoire qui m'a vraiment plus elle est excellente
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dans cette courte histoire nous allons suivre rose une servante de ferme qui va devoir affronter et faire face a un destin difficile.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Parfois une jeune famille de lièvres folâtrait dans un champ; mais, quand approchait l'enragée coureuse, pareille à une Diane en délire, les bêtes craintives se débandaient: les petits et la mère disparaissaient blottis dans un sillon, tandis que le père déboulait à toutes pattes et, parfois, faisait passer son ombre bondissante, avec ses grandes oreilles dressées, sur la lune à son coucher, qui plongeait maintenant au bout du monde et éclairait la plaine de sa lumière oblique, comme une énorme lanterne posée par terre sur l'horizon.
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Rose suffoqua, un flot de sang empourpra sa face; ses larmes tarirent tout à coup; elles se séchèrent sur ses joues comme des gouttes d'eau sur du fer rouge.
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À l'église, elle se cachait derrière un pilier, et n'osait plus aller à confesse, redoutant beaucoup la rencontre du curé, à qui elle prêtait un pouvoir surhumain lui permettant de lire dans les consciences.
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Il faut se méfier de l'eau qui dort.
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