Il me semble qu'il y a une sorte de contemplation de la médiocrité voire une obsession pour la misère humaine chez
Maupassant.
Chacune des nouvelles de ce recueil décrit des tranches de vie de gens du peuple. L'on suit une tenancière de maison close, un pêcheur, une servante de ferme ou encore un employé bureaucrate. Ces descriptions sont extrêmement immersives, on se croirait dans ces décors.
En revanche, cela manquait un peu de trame narrative pour moi. Je n'ai pas non plus trouvé de vraie accroche émotionnelle avec les personnages, trop mis à distance. Il n'y a d'ailleurs aucune tendresse pour eux, tous sont sous-entendus ridicules. Cet état d'esprit cynique m'a mise mal à l'aise, à sans cesse mettre accent sur les défauts, caricaturer certains plaisirs simples et tourner en dérision des vécus tragiques. Je conçois que la démarche naturaliste n'a pas pour but premier d'être agréable à lire, mais trop de pathos m'a empêchée de pleinement apprécier l'oeuvre.
D'autre part, j'ai été interpellée par le nombre de scènes où un homme embrasse de force une femme qui tente de le repousser. Cela m'a questionnée : l'auteur les présente-t-il comme quelque chose de normal ou y a-t-il une dénonciation des violences faites aux femmes ?
En allant me renseigner, je suis tombée sur la thèse de doctorat de Jean-Lou David (2019) qui traite de ce sujet. Lecture très enrichissante à avoir en complément du recueil. Quant aux réponses à mes questions, elles sont en réalité assez ambigües entre banalisation, érotisation et condamnation de ces violences sexuelles.
Cela reste une lecture très intéressante pour voir un aperçu de la vie quotidienne et des moeurs du XIXème dans divers milieux sociaux.