Citations sur La petite Roque et 9 autres histoires (61)
Je suivais ce long chemin qui va de Saint-Raphaël à l'Italie, ou plutôt ce long décor superbe et changeant qui semble être fait pour la représentation de tous les poèmes d'amour de la terre. Et je songeais que depuis Cannes, où l'on pose, jusqu'à Monaco où l'on joue, on ne vient guère dans ce pays que pour faire des embarras ou tripoter de l'argent, pour étaler, sous le ciel délicieux, dans ce jardin de roses et d'orangers, toutes les basses vanités, les sottes prétentions, les viles convoitises, et bien montrer l'esprit humain tel qu'il est, rampant, ignorant, arrogant et cupide.
Quoi de plus doux que de songer, en allant à grand pas sur une route? On marche dans la lumière, dans le vent qui caresse, au flanc des montagnes, au bord de la mer! Et on rêve! Que d'illusions, d'amours, d'aventures passent, en deux heures de chemin, dans une âme qui vagabonde! Toutes les espérances, confuses et joyeuses, entrent en vous avec l'air tiède et léger; on les boit dans la brise, et elles font naître en notre cœur un appétit de marche. Les idées rapides, charmantes, volent et chantent comme des oiseaux.
Car je n'ai pas cherché à en savoir davantage pour ne pas gâter mes émotions.
Je murmurai : " Cristi, c'est beau."
L'homme leva la tête et dit : " Oui, mais quand on voit ça toute la journée, c'est monotone. "
Donc il parlait, il causait et il s'ennuyait, mon solitaire. Je le tenais.
La fille Prudent (Rosalie), bonne chez les époux Varambot, de Mantes, devenue grosse à l'insu de ses maîtres, avait accouché, pendant la nuit, dans sa mansarde, puis tué et enterré son enfant dans le jardin.
C'était là l'histoire courante de tous les infanticides accomplis par les servantes. (Extrait de Rosalie Prudent)
Brusquement il se mis à genoux devant Christiane., et d'une voix tremblante :
"Laissez-moi vous adorer encore, puisque je vous ai retrouvée !"
Elle voulait se lever, partir.
Il lui avait saisi les pieds et lui baisait le bout des ongles en balbutiant : " Christiane, Christiane...prenez-moi...Christiane, je vous aime ...!"
Elle le sentait trembler, frissonner à ses pieds. Il lui baisait les genoux maintenant. Elle eut peur et se leva pour se sauver.
Quoi d'étonnant d'ailleurs à ce que le souvenir de son crime jetât en lui, parfois, la vision de la morte.
Il savait bien pourtant que ce n’était pas une apparition, que les morts ne reviennent point, et que son âme malade, son âme obsédée par une pensée unique, par un souvenir inoubliable, était la seule cause de son supplice, la seule évocatrice de la morte ressuscitée par elle, appelée par elle et dressée aussi par elle devant ses yeux où restait empreinte l’image ineffaçable. Mais il savait aussi qu’il ne guérirait pas, qu’il n’échapperait jamais à la persécution sauvage de sa mémoire : et il se résolut à mourir, plutôt que de supporter plus longtemps ces tortures.
Celui qui sait sentir par l’œil éprouve à contempler les choses et les êtres la même jouissance aiguë raffinée et profonde que l'homme à l'oreille délicate et nerveuse dont la musique ravage le cœur
Comment se fait -il que la présence d'une femme nous bouleverse ainsi ? Est -ce la puissance de sa grâce qui nous enveloppe ? La séduction de la joliesse et de la jeunesse qui nous grise comme le ferait le Vin