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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Intriguée par les bonnes critiques des romans ou nouvelles De Maupassant, j'ai passé outre mon à priori concernant cet écrivain, classé, à tort dans la catégorie "scolaire"...
Mon choix s'est porté sur ce court roman de 200 et quelques pages, Mont-Oriol ,un peu au hasard pour m'apercevoir qu'il y avait très peu de critiques: peu importe ma lecture a été plaisante.
Caricature du milieu bourgeois séjournant dans une ville thermale de l'Auvergne avec une jolie description de la Limagne qui m'a donnée envie d'aller visiter ce coin d'Auvergne que je ne connais pas.
Plus que la plongée dans le milieu des curistes en soi, c'est une critique d'une part du microcosme des médecins souvent directeurs de la station thermale, en proie aux jalousies, à la concurrence et aux mesquineries entre confrères : ridicules , suffisants et incompétents: Les ordonnances du Docteur Bonnefille sont hilarantes et la description des appareils de gymnastique auto-motrice font sourire .
Et surtout Maupassant décrit avec acuité, les combines et coups bas des hommes d'affaires qu'ils soient banquiers juifs profitant d'un séjour dans l'hotel de la station ou riche paysan propriétaire des terrains voisins, filou et roublard à souhait .
On y trouve également le portrait peu flatteur de jeunes hommes de bonne famille, désoeuvrés ou désargentés à la recherche d'une maitresse facile ou d'un mariage juteux.

Les grandes perdantes sont, comme souvent à ce siècle, les femmes , d'abord les jeunes filles traitées par leur père comme marchandise, et par leurs prétendants comme valeur rajoutée et lorsque par hasard elles découvrent la passion amoureuse comme Christiane, c'est pour également connaitre la souffrance de l'abandon !

Je pense que je vais continuer mon incursion dans l'oeuvre De Maupassant: Merci aux amis de Babelio de m'avoir donné envie de redécouvrir ce grand écrivain.

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Mont-Oriol de Maupassant est paru en 1886 et a été écrit après Bel-ami.
Le cadre est évidemment merveilleux puisqu'il se situe dans ma belle région. Toute la première partie du roman est comme une parenthèse de jouissance amoureuse lors d'un bel été, au sein du paysage à la fois majestueux et doux de l'Auvergne.
Mont-Oriol, c'est aussi une critique des médecins et de la médecine, sous prétexte du développement d'une station thermale par un financier. On sent tout le scepticisme de l'auteur et les descriptions des pseudo prescriptions et des machines inventées valent le détour. Maupassant se livre à toute une étude de la société française dans ce microcosme de ville d'eaux, paysans du coin, banquiers et financiers brassant des richesses et dont le seul objectif est de faire fructifier le capital, juifs, femmes, bourgeois désoeuvrés, médecins...
Ce roman est une oeuvre très pessimiste, même si l'auteur cherche à cacher ce pessimisme derrière de belles descriptions.
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J'ai lu et relu l'été dernier les deux tomes des Rougon-Macquart de Zola consacrés à la spéculation et aux opérations financières et immobilières, L'argent et La curée. L'appareil critique de l'éditeur a attiré mon attention sur Mont-Oriol, roman De Maupassant traitant des mêmes thématiques, que je n'avais jamais lu. J'ai donc pris le chemin des sources auvergnates et des stations thermales du Second Empire pour le découvrir...

On retrouve dans ce roman le cynisme de la plume De Maupassant, qui rend la lecture parfois difficilement supportable tant on souffre pour les personnages, et son impitoyable capacité à traquer et souligner la médiocrité de tous les acteurs de son récit.
Ce qui m'a frappée c'est le caractère très actuel de cette oeuvre dont le véritable ressort est le charlatanisme et le storytelling.

Dans cette intrigue, tout le monde ment. On se ment à soi même, pour mieux embarquer les autres dans son mensonge. On raconte des histoires pour faire des affaires, on paye d'autres pour raconter des histoires et on finit par y croire tant tout cela est convaincant. On se raconte des histoires d'amour, et on raconte une histoire pour tomber amoureux.
Au delà des relations entre les personnages, qui semblent aboutir à une impasse dans laquelle seul émerge l'espoir de l'amour maternel, le mensonge s'étend à toute la société avec l'imposture du thermalisme tel que Maupassant le décrit, déclenchant une fièvre spéculatrice dans une calme vallée rurale.

Et là on retrouve un questionnement passionnant à mettre en lumière avec les promesses thérapeutiques de notre époque : stages de jeûne, crudivorisme, yoga, etc, remplacez les eaux thermales par le sujet de votre choix...
Alors que Zola s'intéressait au sujet de la circulation de l'argent et à la déconnexion entre la création de valeur et la finance, Maupassant évoque la capacité des hommes et des femmes à mentir et se mentir à soi même, une autre forme de spéculation qui n'engage pas que l'argent.
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Moins célèbre que Une Vie ou Bel-Ami, Mont-Oriol est le quatrième roman de l'auteur, publié en 1887.
Maupassant brosse ici une peinture grinçante de la société bourgeoise de sa « Belle Epoque », une analyse sans fard de la psychologique des élans du coeur dans une société corsetée et des stratégies de mariage des jeunes gandins.
Tout se déroule dans un environnement champêtre mais bien loin de la Normandie si chère à Maupassant : Enval, près de Châtel-Guyon, la merveilleuse région de la Limagne, l'Auvergne et sa chaîne des puys, les anciens cratères devenus des lacs circulaires, les prairies où paissent les vaches, les vignes … et sur une période de deux étés. Celui de la conquête et celui de l'abandon.
C'est la grande époque des stations thermales où l'on prétend soigner les rhumatismes, les maladies digestives, la stérilité des femmes, les maladies nerveuses … Il y a là une nuée de médecins cupides, des paysans enrichis et calculateurs, des estivants oisifs, des jeunes gens en recherche d'une héritière qui les entretiendra, des artistes de seconde zone qui animent des casinos …
Christiane est mariée depuis deux ans à William Andermatt, un investisseur-né. Elle a cédé à l'influente pression du marquis de Ravenel, son père. Will est juif, certes, mais riche, malin, si gentil, si entreprenant, si habile. Il pourvoit à tout, tout ce qu'il touche se transforme en or … et généreux aussi : il ne cesse de venir en aide au frère impécunieux de Christiane, le jeune Gontran qui a emmené avec lui son ami Paul, exalté, qui vient d'être secoué par un nouvel amour déçu.
Paul est séduisant, plein de fougue, élégant … Christiane s'ennuie. Elle va tomber éperdument amoureuse. Will continue à faire des affaires : on découvre une source sur les terrains de la famille Oriol, il va se débrouiller pour négocier une association et fonder avec ces propriétaires une nouvelle station tout autour, avec établissement de bains, hôtels, chalets, casino ....
Une fresque bourgeoise qui montre l'extraordinaire système de troc des jeunes filles, échangées pour une dot, des espérances, contre un nom ou un titre.
Les élans du coeur masqués, les souffrances étouffées. Dans cet univers totalement codifié, les hommes ne font pas bonne figure, sauf sans doute le mari aimant et généreux de Christiane, qui restera dans l'ignorance … ou le déni.
C'est le personnage le plus sympathique du roman. Une histoire totalement désuète – cependant, je note le grand succès des romans policiers écrits aujourd'hui mais se déroulant à cette époque et si bien illustrés par les toiles de Jean Béraud ou James Tissot.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Le roman reprend et développe le thème de la nouvelle « Malades et médecins » parue en 1884 (non reprise en recueil), dans laquelle un petit vieux dans la même station thermale discutait avec son médecin des autres petits vieux qui mourraient autour de lui. La mort était déjà dans Bel-Ami, mais comme un arrière-plan menaçant touchant les échoués, les dépassés, autour d'un homme vainqueur, premier de cordée, à qui tout réussissait. Ici, les choses sont renversées : on entre chez les malades, ceux qui à chaque porte qui s'ouvre croient un instant apercevoir la non-figure de la mort ; et en arrière-plan, le monde des affaires continue de tourner, sans pitié, sans souci... Voilà l'homme : tant qu'il n'est pas touché lui-même par le malheur, la misère, la maladie, il continuera d'agir égoïstement ou plutôt inconsidérément. Si Maupassant disait en riant être ce Bel-Ami qui triomphait de manière insolente, il était déjà conscient de la maladie qui gagnait son corps, la syphilis diagnostiquée huit ans plus tôt, son oeil qu'il soignait au cyanure... Maupassant a depuis longtemps commencé les cures, les voyages vers le sud à but sanitaire suivront un an plus tard (Sur l'eau)... Mont-OriolMont-Oriol et ses malades, ce pourrait donc être lui aussi. La femme tombant enceinte passe également du côté des malades, rejetée par le monde de l'homme conquérant. Maupassant noircit encore le tableau pessimiste de son premier roman Une vie sur la condition de dominée de la femme : tout ce qui tourne autour de la maternité - règles, changements d'humeur, déformation du corps, sacrifice de soi pour l'enfant - rapproche inévitablement la femme, aux yeux du monde des affaires et de la réussite, des faibles, des malades, des fous. C'est donc maintenant de ce point de vue, inverse, qu'il regarde le monde immoral de la réussite, l'ambition écrasante des hommes qui renient la mort. Les médecins ici ont une place particulière. Ils devraient être les plus proches de la mort mais ne semblent pas la comprendre, pas la prendre en compte ; ils sont près des mourants mais ne sont pas vraiment là, ils sont davantage à leur conversation avec les hommes d'affaires, leurs alter-égos de réussite.

Est-ce le sujet des stations thermales qui, finalement, est si peu captivant ? ou le génie De Maupassant fait une petite pause après le triomphe de Bel-Ami ? Peut-être se débat-il contre dégoût de l'homme qui sent la mort et voit autour de lui un monde de vanité dans lequel l'écriture a perdu sens ? La personne malade est laide, désagréable, pour l'humanité, mais constitue une marchandise pour le médecin. L'histoire est agréable à suivre mais anecdotique. La satire des médecins modernes entrepreneurs est peu convaincante en comparaison de celle similaire que fera Jules Romains dans Knock. Les personnages ont si peu de consistance qu'aucun n'entre en tension dramatique. Ne reste que cette belle terre auvergnâte qui semble apaiser le mal littéraire chronique et par là aussi le talent… Hors quelques élans décousus mais remarquables, Mont-Oriol reste, pour moi, le grand échec De Maupassant, ne parvenant pas à vraiment affronter son sujet, s'en détournant comme les médecins, vers la critique facile pour le non compatissant plutôt que vers la pitié pour le mourant.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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J'admets ne pas avoir saisi quels étaient les intérêts de cette lecture par rapport aux autres oeuvres De Maupassant. Les personnages ne sont ni très complexes, ni très intéressants. le récit traîne en longueur. Les thèmes abordés m'ont laissée de marbre.
Heureusement, la plume de l'auteur m'a aidée à tenir bon jusqu'à la fin.
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Le marquis de Ravenel prend les eaux dans une station thermale D Auvergne avec son fils et sa fille lorsqu'une nouvelle source est découverte non loin. Son gendre, riche et habile homme d'affaires, y voit tout de suite une source... de profits ! Pendant qu'il manoeuvre pour fonder une nouvelle station thermale, sa femme, Christiane découvre l'amour dans les bras d'un ami de son frère.

Mont-Oriol est peut-être le seul roman De Maupassant que je n'avais pas encore lu. J'avais adoré Une vie. Pierre et Jean m'a laissé plutôt un bon souvenir. Et Boule de Suif, qui est à mi-chemin entre la longue nouvelle et le court roman, reste un de mes plus forts coups de coeur. Parmi tous les auteurs de cette époque et de cette veine, Maupassant est un de mes préférés. Cependant, sans être une lecture franchement désagréable, Mont-Oriol ne m'a pas vraiment séduite. Dans ce roman, Maupassant mène de front une peinture satirique du business des villes d'eaux et une histoire d'amour clandestine. Je trouve qu'il ne mène à bien ni l'une ni l'autre. Sa satire est plutôt grossière et manque autant de férocité que de finesse. Quant à la romance, elle manque d'originalité et d'attrait. Franchement, je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher à ces personnages si extrêmes qu'ils en perdent leur réalisme. Surtout, ce qui m'a gênée, c'est le portrait que Maupassant fait des femmes, que ce soit par ces petites phrases assassines ou à travers les personnages féminins de l'époque. Les femmes paraissent plutôt cruches. La coquette qui sommeille en chacune d'elles semble prête à s'éveiller au premier regard masculin un peu énamouré. Je veux bien croire qu'en cela, Maupassant n'est que le reflet de son époque mais, à la nôtre, ça fait un peu grincer des dents. de même, les Juifs, les paysans... n'échappent pas aux clichés.
Par contre, j'ai trouvé intéressant le portrait (plutôt moqueur) qu'il dresse de la médecine de son époque. Une médecine en pleins tâtonnements, qui expérimente les traitements les plus farfelus.

En résumé : Une lecture pas désagréable mais pas inoubliable non plus. On a connu Maupassant plus féroce et plus fin.

Challenge solidaire "Des classiques contre l'illettrisme" 2019
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Comme avec les gens, c'est parfois les circonstances de la rencontre qui créent un lien particulier avec un livre.

Celui-ci gisait là, oublié dans une cavité de la console centrale du mini-van.
Je l'avais repéré dès le départ, ma position centrale m'empêchant de profiter du paysage alors que, désoeuvré et déjà las des conversations anglo-saxonnes environnantes, je rêvassais mollement.

Probablement oublié par un voyageur francophone me dis-je, j'imaginais mal le chauffeur Cambodgien se plonger dans Maupassant, en français qui plus est, pendant la pause pipi... à tort peut-être.
Quant aux autres passagers, la possibilité même qu'ils puissent en être propriétaires ne m'effleura pas une seconde... à tort peut-être.

Avais-je déjà inconsciemment programmé le larcin?
Toujours est-il qu'arrivé à Siem Reap, en raison de mon inconfortable position centrale je fus le dernier à quitter le véhicule, j'en profitais pour exfiltrer discrètement Mont-Oriol vers des yeux francophones.
Diable, un livre en français !
Une rareté en ces lieux!
Je l'ai déjà dit je sais, mais j'essaye piteusement de justifier mon geste.
Que je n'ai pas regretté d'ailleurs car, sans ce concours de circonstances, je n'aurais sans doute jamais lu cette grinçante parodie des villes d'eaux et de la société qui les fréquentait à l'époque.
Quand l'occasion fait le larron.
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Après sept longs mois, j'ai effectivement atteint le sommet du Mont-Oriol. C'est en contraste frappant avec Bel-ami, que j'ai lu en sept jours peu de temps auparavant. Pourquoi était-ce une ascension si ardue ? - Trop de personnages et pas un personnage principal clair comme dans Bel-ami. Normalement je suis toujours le défenseur de l'oeuvre obscure mais dans ce cas je préfère l'oeuvre connue. J'ai hâte de lire Pierre et Jean car il n'a que 100 pages et deux personnages principaux clairs.
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