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EAN : 9781673223484
224 pages
Auto édition (14/12/2019)
4.29/5   100 notes
Résumé :
Dans un petit village, quelque part en France, Marie-Louise, une vieille dame presque centenaire, disparaît en léguant à celui qui s’occupe de son jardin, Mathieu Lambert, un appartement qu’elle possédait à Paris et qui est demeuré inoccupé depuis 1943.

Mathieu ne sait pas pourquoi il a hérité ce bien et va découvrir petit à petit les composantes du passé de sa bienfaitrice et, par voie de conséquence, de son propre passé.

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Je remercie énormément Frédérick Maurès pour l'envoi, en service presse, de son roman : Une agate rouge sang.
Dans un petit village.. quelque part en France... Marie-Louise, une vieille dame presque centenaire, disparaît en léguant à celui qui s'occupe de son jardin, Mathieu Lambert, un appartement qu'elle possédait à Paris et qui est demeuré inoccupé depuis 1943.
Mathieu ne sait pas pourquoi il a hérité ce bien et va découvrir petit à petit les composantes du passé de sa bienfaitrice et, par voie de conséquence, de son propre passé...
Une agate rouge sang est un roman qui se déroule en partie de nos jours, avec des retours dans le passé.
Je dois vous avouer qu'au début, ses allers retours m'ont un peu dérangé. Heureusement, cela a duré uniquement le temps que je comprenne qui est qui et se qui se passait dans chaque époque. Très rapidement, ses changements d'époque ne m'ont plus dérangés et c'est avec plaisir que j'ai plongé dans ce roman... que j'ai d'ailleurs dévoré.
J'ai apprécié de pouvoir le lire d'une traite car j'aurais été chagriné de devoir quitter Mathieu ou Marie-Louise, à qui je me suis attaché assez rapidement. Mathieu découvre le passé de sa bienfaitrice peu à peu, et avec lui il va surtout découvrir la vérité sur sa propre histoire.
Le fait que ça se déroule en partie pendant la seconde guerre mondiale, période qui ne cesse de me passionner, a fait que ce roman m'a énormément plu. J'ai aimé découvrir l'histoire de cette femme, son passé, ses engagements.. Je ne peux pas en dire plus car il serait vraiment dommage de trop en dévoiler.
Mathieu est un homme qui a l'air banal, et pourtant son passé ne l'ai pas, ni ces racines... comme il va le découvrir au fur et à mesure que les secrets explosent.
La plume de Frédérick Maurès est agréable à lire, il n'y a pas de longueurs. Tout ce tient de la première à la dernière page. C'est rythmé, bien écrit et parfaitement bien ficelé. Ce roman est conçu comme un puzzle dont les pièces se mettent en place peu à peu, c'est captivant :)
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire Une agate rouge sang. Je ne vais pas en dire plus, de peur de ne plus arriver à tenir ma langue ;)
Une seule chose à rajouter : si vous aimez les histoires se déroulant en partie dans les années 1940 foncez, c'est un très bon livre à qui je mets quatre étoiles et demie.
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Troisième lecture pour le Prix des Auteurs Inconnus !!! de nouveau, un voyage littéraire sans aucun rapport avec aucun des deux premiers. Une agate rouge sang raconte l'histoire de trois générations : celle de Madame Marie-Louise, adulte pendant la seconde guerre mondiale, celle de Mathieu, David et Sarah, et celle de Benoît. Chacune transmet aux suivantes des choses qu'il est passionnant d'explorer, pour nous, qui appartenons à l'une des trois ou encore à la suivante (moi, c'est celle de Benoît) : des héritages à base de traumatismes tus, de non-dits dont on ne sait pas s'ils masquent un drame indicible ou une culpabilité non moins indicible.

C'est bien le thème de l'histoire, mais elle ne l'exploite qu'en surface : l'auteur s'est plutôt attaché à bâtir une structure vraiment bien faite, qui procure au lecteur la jubilation de voyager sans arrêt dans le temps, tout en comprenant toujours où il en est.

C'est très bien fait, mais cela reste en surface des sentiments et des ressorts psychologiques… si bien que pour moi, c'est une rencontre qui reste elle aussi en surface. Par contre, si vous placez le jeu sur l'agencement des idées au-dessus de l'émotion, n'hésitez pas !

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Tout d'abord un très grand merci à Frédérick Maurès qui m'a proposé de découvrir son beau roman en service de presse. En fait j'ai à peine parcouru son message, le titre m'a attirée tout de suite et je pensais me trouver face à un polar. Donc je l'ai lu sans savoir à quoi m'attendre et je l'ai beaucoup apprécié. C'est une très bonne surprise et je le recommande chaleureusement.

Madame Marie-Louise, presque centenaire vient de mourir, Matthieu septante-sept ans en est très affecté, c'est sa voisine depuis toujours, elle le gardait durant son enfance et il s'occupe de son jardin depuis son adolescence. Il lui était très attaché et partage quelques souvenirs au fil des pages. Mais finalement, personne ne la connaissait bien, même pas lui et lorsqu'un notaire parisien le convoque il pense hériter d'un objet familier et sans autre valeur que sentimentale. Mais en fait Marie-Louise lui lègue son appartement parisien, abandonné depuis 1943. Il se met à enquêter et à reconstituer peu à peu le passé de sa bienfaitrice comme un puzzle. Il comprendra alors qui il est vraiment et quels liens l'unissent à sa famille et à ses amis.

La narration alterne le récit du présent et celui du passé, mais pas dans l'ordre chronologique pour ce dernier. Ce sont comme des souvenirs qui surgissent sans souci de temporalité pour nous raconter la jeunesse de Marie-Louise et les nombreux secrets de famille de ce petit village de la campagne bordelaise. Ce livre rend hommage aux héros discrets de la Résistance, ceux qui sont restés dans l'ombre tout en accomplissant des actions héroïques sans rien attendre en retour, même pas la reconnaissance des personnes qu'ils ont sauvées. Comme cette période me passionne j'ai particulièrement aimé les chapitres qui en traitent . Toute l'histoire semble très vraisemblable sauf la fin lorsque Matthieu se transforme en justicier. Ce roman est aussi un hymne à l'amitié et à l'amour maternel. Durant son enfance, Matthieu trouve que sa mère est trop distante et ne sait pas l'encourager ou le féliciter, par exemple quand il réussit son brevet des collèges. Ayant enfin su le fin mot de son histoire, il comprendra combien il a été aimé et protégé tout au long de sa vie.

Les personnages sont très attachants et la manière dont on découvre leur histoire peu à peu est très bien ficelée. Comme autrefois pour les photos argentiques, on voit l'image se révéler peu à peu au fil des pages. Cette famille voit son destin bouleversé par la guerre comme de nombreuses autres et les survivants feront preuve de résilience pour protéger les enfants, ils sont tous tournés vers l'avenir et n'attendent aucune récompense pour leur action. L'écriture de l'auteur est très fluide et très agréable, ce livre se lit avec un immense plaisir. Pour moi c'est une magnifique découverte et j'espère avoir l'occasion de lire d'autres livres de cet auteur.

Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Je découvre Frédérick Maurès avec ce roman et je peux déjà dire que c'est une très belle découverte. C'est le résumé qui m'a attirée dès le départ, j'aime les histoires qui promettent des retours dans le passé et surtout celles où le passé a une incidence sur le présent.

Ce sera le cas ici avec Mathieu. Il a soixante-dix sept ans et vit dans un petit village de France, Saint-Grappin. Tout commence au moment de la mort de sa voisine, Marie-Louise, presque centenaire. Il la connait depuis sa tendre enfance et est très attaché à elle, il vit donc des moments très douloureux avec ce décès. Il est marié à Sarah, a des enfants et petits-enfants. Il reçoit un appel d'un notaire à Paris où il se rend. Marie-Louise lui a légué son appartement qu'elle possédait à Paris. La surprise est de taille pour Mathieu, et le sera encore plus quand il découvrira ce logement complètement abandonné. Il n'a pas été occupé depuis 1943. Mathieu ne comprend pas pourquoi il a hérité de cet appartement, pourquoi il a été abandonné par sa voisine. Il va trouver un coffret qu'il arrivera à ouvrir et découvrira dedans des lettres reçues par Marie-Louise. Il va ainsi repartir dans le passé de cette femme qu'il pensait bien connaître. Et va remonter ainsi jusqu'aux moments les plus sombres de la seconde guerre mondiale. Il va aussi avoir des informations par le petit café-restaurant qui se trouve à proximité de l'appartement de Marie-Louise, il est tenu de père en fils, et le fils va lui aussi trouver des informations importantes pour Mathieu. Il est alors loin de s'imaginer que remonter dans le passé de la vieille dame va avoir un impact sur son présent et sur sa propre histoire.

Au fur et à mesure des chapitres, on en découvre plus sur la vie de Marie-Louise, et sur celle de Mathieu. Et ce grâce à l'alternance entre un chapitre au présent et un au passé. Ces derniers concernent soit des souvenirs de Mathieu de sa vie de jeune adulte, d'adolescent ou d'enfant, quand il a rencontré sa femme ou son ami d'enfance, David, soit des souvenirs de la vie de Marie-Louise, lorsqu'elle était encore à Paris, pendant la guerre. le passé se dévoile au fur et à mesure. En tant que lectrice, j'ai vécu ces révélations en même temps que le personnage principal, et j'ai eu bien souvent la même réaction de surprise que lui. J'ai eu quelques doutes lors de la révélation de certains faits, mais je ne m'imaginais tout de même pas tout. J'ai été très touchée par l'histoire de Marie-Louise, une femme courageuse qui ne faiblit pas devant les décisions qu'elle prend.

Je me suis très vite attachée à Mathieu ou à Marie-Louise. le choix narratif y a fait beaucoup également puisque les chapitres concernant le personnage principal sont racontés à la première personne du singulier. Ce « je » permet de se mettre encore plus à la place du protagoniste et de ressentir au plus près toutes les émotions qui le traversent. Je me suis donc sentie dans la peau de Mathieu tout le long de son histoire et j'ai vécu avec lui, au plus près, toutes les révélations qu'il va avoir. Les retours dans le passé se font à la troisième personne puisqu'il s'agit le plus souvent de Marie-Louise, mais cela ne m'a pas empêchée de ressentir les émotions qui la traversent. L'auteur arrive très bien à retranscrire tous ces sentiments, sans lourdeur et avec beaucoup de sensibilité. J'ai d'ailleurs fortement apprécié sa plume et son style d'écriture. Jamais il ne fait dans le voyeurisme avec ses personnages, il sait rester discret, ses mots sont bien choisis et transposent à la perfection les événements de l'histoire. J'ai également beaucoup apprécié la poésie de ses mots justement, qui fait que l'on vit cette histoire tout en douceur. Pourtant, ce qu'il va se passer n'est pas rose ni drôle, il faut bien se douter que les faits de la guerre sont loin d'être faciles, l'auteur arrive à nous faire ressentir beaucoup d'empathie envers ses héros. Il m'a amenée vers une fin à laquelle je ne m'attendais pas du tout, j'étais vraiment loin de m'imaginer ça, et pourtant, c'est quelque part une suite logique à tout.

Au travers de ses personnages, et surtout de Mathieu et Marie-Louise, Frédérick Maurès fait passer de beaux messages sur la vie, de belles valeurs sur les relations humaines, avec comme toile de fond l'amour sous toutes ces formes. Les relations mère-enfant sont mises à l'honneur d'une belle façon, une mère est capable de tout pour défendre et prendre soin de son enfant, c'est tellement beau et tellement émouvant. Voici un adjectif qui résume d'ailleurs très bien mon ressenti à la fin de cette lecture, j'ai été très émue par les vies de cette femme et de cet homme. J'ai été bouleversée de voir comment ils ont pu se reconstruire et comment une mère est capable de s'effacer afin de rendre son enfant encore plus heureux. Je ne veux rien vous dévoiler, ce serait vraiment trop dommage, mais cette lecture ne peut pas laisser indifférent. Je pense qu'il est très difficile de ne pas ressentir d'émotions vis-à-vis d'elle.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui s'est faite rapidement, car une fois commencée, il m'a été difficile de la quitter. Les chapitres s'imbriquent les uns dans les autres, comme une sorte de puzzle avec une image finale qui se dévoile au fur et à mesure pour donner un tableau. Plus j'avançais, et plus j'avais envie de savoir. L'alternance des chapitres donnent du rythme et comme ils ne se suivent pas en date, (un pouvait être en 1943, l'autre en 1938), cela met une certaine addiction pour savoir ce qui allait se passer après et retrouver les personnages au moment où on les avait quittés. La signification du titre, l'agate rouge-sang, amène un brin de nostalgie supplémentaire qui ne peut que toucher.

Ce roman est une véritable belle découverte, c'est bien écrit, l'histoire est touchante et belle, le vocabulaire est bien employé, l'orthographe est très bonne, je n'ai vraiment rien à dire de négatif dessus. Je découvre aussi son auteur, Frédérick Maurès, et je suis très satisfaite, j'ai vu dans sa bibliographie qu'il avait écrit d'autres romans, je ne manquerai pas de le lire à nouveau. Et en tout cas, je vais suivre ses prochaines parutions.
Je ne peux que vous encourager de lire cette belle histoire, vous verrez qu'on en sort tout chamboulé. Il me conforte en tout cas dans l'idée qu'il y a de belles pépites chez les auto-édités et petits éditeurs et que ce serait dommage de passer à côté.
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Samedi 13 mai 2017, Marie-Louise est morte. Elle était presque centenaire, et pour Mathieu, la douleur est grande. Cette femme a beaucoup compté pour lui. Il partageait avec elle, ce qu'il ne pouvait partager avec sa mère. La vieille dame n'avait pas d'enfants et elle a légué à Mathieu, un appartement parisien, inhabité depuis 1943. L'homme de soixante-dix-sept ans s'y rend et enquête sur le passé de celle qui a tant compté pour lui.


Un chapitre sur deux concerne 2017 : Mathieu livre ses sentiments et le résultat de ses recherches. A chaque fois, le présent alterne avec une autre année. Ce n'est pas toujours la même. Nous sommes, par exemple, transportés en 1989, 1957, 1943, etc. Au départ, nous ne savons pas de qui est l'histoire relatée, mais je me laissais emporter. Mes déductions ne sonnaient pas juste, je sentais qu'il me manquait des éléments, mais j'étais émue par ce que je lisais. Au fil des chapitres, l'auteur nous guide et les pièces s'imbriquent, révélant le tableau d'ensemble, celui que je n'avais pas imaginé et qui m'a énormément touchée. Autant Mathieu que moi, n'avons plus vu certains protagonistes de la même manière. C'est beau et tellement dommage, à la fois. J'aurais tant aimé que cet homme ait su tous ces faits, avant.


Une agate rouge sang comporte des scènes poignantes. Elles sont dépeintes avec une économie de mots, qui amplifie les émotions. Les phrases sont courtes, chaque terme est soigneusement choisi, cet ensemble crée un rythme percutant. Les mots atteignent le coeur, sans être ralentis par d'autres qui seraient superflus. Ils atteignent leur cible, sans chemin détourné.


Je ne veux rien vous révéler sur l'intrigue, aussi je dirais, simplement, qu'il est question de femmes héroïques, qui ont agi en toute discrétion, sans que jamais personne ne le sache.


J'ai adoré ce roman qui m'a énormément touchée.


Je remercie sincèrement Frédérick Maurès pour ce service presse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Je demeure en arrêt au pied de l’immeuble. Ce n’est pas parce que l’appartement de Marie-Louise en fait partie, mais je trouve cet immeuble haussmannien très beau. La pierre de taille gris clair récemment ravalée l’embellit tout en conservant le caractère historique unique de ce style. J’hésite à entrer, tiraillé entre le désir de découvrir ce lieu secret qui appartenait à celle qui comptait tant pour moi et la crainte de déranger un ordonnancement dans lequel je me sens malgré moi un peu étranger.

Mon atermoiement a dû paraître suspect : le gardien s’avance vers moi et ouvre la grande porte de fer forgé qui protège l’accès.

— Je peux vous aider, Monsieur ?

Le gardien est un petit bonhomme chauve au regard noir mêlé de bienveillance et de méfiance. On le sent en permanence sur ses gardes. Il me conduit au troisième étage par un étroit escalier en colimaçon, tout en bois brut. L’immeuble est bien entretenu, les murs sont propres, le sol impeccablement lessivé du jour.

— Voilà, vous y êtes ! L’appartement de Madame Thibodo… Inoccupé depuis la dernière guerre ! Vous avez les clés ?

Je n’en crois pas mes oreilles. Inoccupé depuis la dernière guerre.

— Comment pouvez-vous être certain que personne ne l’a habité depuis tout ce temps ?

Le gardien fronce les sourcils, visiblement piqué que l’on puisse remettre en doute sa mémoire d’historien de l’immeuble.

— Figurez-vous, cher Monsieur, que j’ai le privilège et l’honneur de veiller sur cet immeuble et sur ses occupants depuis bientôt quarante ans. Et mes parents avant moi. Et que ni eux ni moi n’avons jamais plus revu Marie-Louise Thibodo depuis fin quarante-trois !

Je le fixe, incrédule.

— Mais, les factures, le courrier…

Au ton suave faussement didactique qu’il emploie, le gardien du temple me prend sans doute pour un débile léger.

— Mais Monsieur, une fois par quinzaine je faisais tout suivre à Saint-Grappin, il n’y a rien de plus simple… Et les charges ont toujours été honorées depuis plus de soixante-dix ans ! Et vous, quel est votre lien de parenté avec l’ancienne propriétaire ?

La question m’avait déjà décontenancé chez le notaire. Je l’esquive.

— Je vous remercie, Monsieur… Monsieur ?

— Calvert, Jacques Calvert, pour vous servir.

— Merci encore Monsieur Calvert. Je vais découvrir les lieux tout seul.

Jacques Calvert est visiblement déçu. La contrariété point à travers le rictus qu’il me sert en guise de sourire forcé. Il aurait bien aimé m’accompagner dans mon exploration : curiosité légitime inhérente au métier. Mais je me dispenserai bien volontiers de ses observations et autres commentaires. Je m’assure qu’il est bien redescendu jusqu’au rez-de-chaussée. Je tourne alors lentement la clé dans le barillet. La porte en bois verni grince sur ses gonds. Je cherche l’interrupteur à tâtons. C’est un vieil interrupteur métallique rond pourvu d’un cliquet central. Le va-et-vient demeure sans effet. Madame Marie-Louise, en bonne gestionnaire, a fait couper l’électricité. Mon téléphone portable me servira donc de torche. Le plancher craque. L’air que l’on respire est saturé de poussière. L’atmosphère est sépulcrale. Des toiles d’araignées se déchirent dans mes cheveux, sur mes joues, mes bras… Le spectacle révélé par le faisceau lumineux de mon téléphone me laisse sans voix. Ici, le temps semble s’être immobilisé. Comme si tout était resté en l’état depuis 1943.

Je me fraye un chemin à travers les meubles anciens recouverts d’une épaisse couche de poussière noire et grasse pour atteindre la fenêtre du salon et apporter une lumière naturelle à ce décor d’autrefois. Le papier peint décoré de roses en boutons sur fond vanille est passablement défraîchi et se décolle à certaines extrémités. La déco est chargée, comme un genre de rococo mais tout de même historiquement plus récent… façon Belle Époque, disons. Je découvre un bric-à-brac digne d’une salle des ventes ou de l’antre d’un antiquaire : ici, une gigantesque autruche naturalisée est éventrée, un bonheur-du-jour à psyché en acajou présente de larges traces de griffures sur le côté, un paravent peint à la main troué de toutes parts prétend dissimuler quelque personnage mystérieux ou quelque secret enfoui dans la nuit des temps ; là, des gravures éparpillées à même le sol, des bustes d’écrivains du dix-neuvième siècle, pour la plupart ébréchés à l’exception de celui de Victor Hugo, deux vases de Chine miraculeusement intacts, des liasses de Life et de Match, des rideaux à falbalas arrachés de leurs supports, des bergères Louis XVI, des fleurs séchées, des tapis d’Orient roulés, un miroir à trois faces brisé, une lampe de bureau au globe rectangulaire vert pomme éclaté en son centre… Et puis, sur une vieille table basse en chêne rose d’Amérique où des serviettes de table brodées de dentelle sont dépliées créant du désordre supplémentaire dans ce capharnaüm général, il y a ces deux verres à moitié remplis de ce qui avait dû être un grand cru bordelais hors d’âge. Dans la chambre, en haut de l’armoire à glace, deux valises vides en carton renforcé ont été oubliées. Le grand lit à baldaquins est défait, le broc pour la toilette exhale une odeur nauséabonde d’eau putride. Une robe en laine froissée d’un joli beige velouté est négligemment jetée sur l’épais édredon de soie bordeaux. La tapisserie fleurie de bouquets jaunes et bleus tombe en lambeaux qui pendouillent tristement. Dans la minuscule salle d’eau attenante, une brosse à dents quasi fossilisée repose dans un verre à eau rendu opaque par les traces incrustées de pâte dentaire. Les poils de la brosse sont plus durs que de la pierre. Le calcaire a capturé la blancheur originelle de l’émail du petit lavabo.

Le souvenir du parfait ordonnancement de l’intérieur de la ferme de Madame Marie-Louise à Saint-Grappin me fait douter qu’elle ait pu, à un moment de sa vie, fût-ce dans sa prime jeunesse, vivre dans cet appartement. Certes, le temps qui s’arrête, parce que nous ne l’habitons plus, continue malgré tout, sans relâche, son minutieux travail de destruction. Les couches de poussière et de terre se superposent. Le processus peut prendre des années, des décennies ou des siècles, il est inexorable et transforme nos plus belles réalisations en vestiges épars ou en débris de vie que les archéologues du futur mettront des existences entières à tenter d’extraire et de reconstituer avec plus ou moins de bonheur. Mais dans le cas de cette demeure, l’œuvre du temps n’a pas pu, à elle seule, créer pareil tsunami.

Un léger étourdissement me contraint à m’asseoir sur le rebord du lit, à la recherche d’air frais dans cet environnement qui en a manqué cruellement pendant près de trois-quarts de siècle. C’est alors que je distingue des taches rouge brun incrustées dans le tapis du salon, richement enluminé d’or et de nuances de bleus. Le même type de taches se retrouve ça et là sur la tapisserie passée. De multiples impacts, sans doute créés par des balles, poinçonnent les murs, donnant à voir des cavités plus ou moins profondes en fonction de la résistance du plâtre.

Le temps s’écoule lentement.

Mon esprit se projette à l’époque, imaginant la vie d’alors en ces lieux. Je me représente Madame Marie-Louise dans son intérieur, sous l’Occupation. Je lui construis un quotidien où elle fait face tant bien que mal aux difficultés d’approvisionnement, au défi de la survie en période de pénurie, je lui invente des actes héroïques de résistance, des amitiés choisies parmi les plus fervents défenseurs des libertés, des réunions secrètes à la lumière de la bougie, des pistes brouillées, des exils momentanés forcés. Je lui attribue un rôle d’héroïne qui force mon admiration, comme cela a toujours été le cas depuis ma plus tendre enfance.

Mes yeux se posent par hasard sur un petit coffret laqué jaune et noir fermé par un cadenas rouillé.

Je sais déjà que je vais prolonger mon séjour à Paris.
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"𝑄𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑜𝑛 𝑦 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒, 𝑖𝑙 𝑒𝑥𝑖𝑠𝑡𝑒 𝑡𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑒𝑠𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑙'𝑜𝑛 𝑛𝑒 𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒 𝑝𝑎𝑠 𝑎̀ 𝑝𝑜𝑠𝑒𝑟 𝑎𝑢𝑥 𝑒̂𝑡𝑟𝑒𝑠 𝑞𝑢𝑖 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑐ℎ𝑒𝑟𝑠 𝑞𝑢𝑎𝑛𝑑 𝑖𝑙𝑠 𝑠𝑜𝑛𝑡 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑐𝑒 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒 𝑒𝑡 𝑑𝑜𝑛𝑡 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑠𝑒𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑓𝑜𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑟𝑓𝑜𝑖𝑠 𝑐𝑟𝑢𝑒𝑙𝑙𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒́𝑓𝑎𝑢𝑡 𝑙𝑜𝑟𝑠𝑞𝑢'𝑖𝑙𝑠 𝑛𝑜𝑢𝑠 𝑜𝑛𝑡 𝑞𝑢𝑖𝑡𝑡𝑒́𝑠."
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Il existe parfois autour de nous des personnes que nous côtoyons presque tous les jours, qui font partie du décor, que nous croyons connaître ou que nous supposons être plutôt comme ci ou plutôt comme ça… mais au final, lorsque l’occasion nous en est donnée, souvent trop tard, nous réalisons que ces personnes étaient totalement différentes de ce que nous avions imaginé ou qu’elles possédaient des qualités exemplaires qui nous avaient échappé. Parce qu’elles étaient discrètes et modestes, qu’elles avaient banni toute vantardise intempestive de leur comportement privilégiant le « faire » ou « le savoir-faire »au « faire savoir ». J’ai toujours eu un faible pour ce type d’individu qui agit dans l’ombre sans rien attendre en retour simplement pour la satisfaction d’avoir bien agi ou d’avoir fait le bien autour de soi.
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J’appréhendais de lire un roman parlant de plusieurs époques, mais cette lecture m’a totalement ravie, tenue en haleine jusqu’à la dernière page ! J’étais sans cesse pressée de rentrer du travail pour pouvoir continuer ma lecture, me replonger dans cette enquête de vie qui réservait bien des surprises à Mathieu et il n’était pas au bout de ses surprises lorsqu’il avait pris ce train, il était loin de penser à ce qui l’attendait.

Je me suis laissée porter par la plume de l’auteur, cette plume si riche en vocabulaire nous emmène à travers différentes époques notamment à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, mais également à différents moments de vie de Mathieu, de Marie-Louise et de son entourage. Mathieu se met en quête de réponses concernant le passé de Marie-Louise sa chère et tendre voisine chez qui depuis l’enfance, il prenait soin du jardin, mais surtout pour qui il avait beaucoup d’affections, il la considérait comme sa maman de cœur.
Pour moi, ce sont les 2 personnages principaux de ce magnifique roman.
Mathieu Lambert à tantôt 97 ans tantôt enfant, tantôt adolescent tantôt adulte, mais c’est le Mathieu de 97 ans qui hérite d’un appartement inoccupé depuis 1943 à Paris, cet appartement, il l’hérite de Marie-Louise et il se demande bien pourquoi… Mathieu nous emmène durant toute cette narration à la découverte du passé de Marie-Louise !
Vous ne pouvez pas passer à côté de cette lecture ! Ce roman est magnifiquement bien ficelé ! Vous ne serez pas déçu du voyage ! 

Je me suis retrouvée plus d’une fois la bouche ouverte, le sourire aux lèvres, mais aussi les yeux écarquillés de surprise. J’ai rencontré un personnage avec un grand cœur qui n’a nullement peur de nous faire part de ses émotions, de sa sensibilité, des relations qu’il tient avec sa famille, ses amis ! Quelqu’un de simple, d’attachant qui prends soin de son entourage.

J’ai soufflé lorsque j’ai fini cette lecture et ce souffle voulait dire : - je viens de lire un chef d’œuvre que je recommanderai à tout le monde ! Un roman qui ne cesse de vous surprendre que l’on n’arrive pas à poser !
N’hésitez plus et lisez-le ! Vous me remercierez !
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Parfois, j’aimerais faire partie d’une tribu primitive perdue au cœur de la forêt amazonienne ou partager le quotidien de l’inuit harponnant le poisson qui va constituer le repas du jour pour toute la famille. J’envie la trivialité remarquable de ces êtres mus par la seule idée de vivre ensemble du mieux qu’ils peuvent, en jouissant des plaisirs simples que procure la nature source de vie. Inutile pour eux de s’inventer ou de se créer des gloires de pacotille, des volontés de puissance, des illusions de paraître.
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