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sur 2854 notes
C'est l'histoire d'une femme libre, qui ose lire ("Les femmes qui lisent sont dangereuses"), fumer de surcroît, et ne même pas croire en Dieu. Celle-ci se retrouve coincée dans un mariage arrangé par sa famille et par celle de leurs voisins, toutes deux possédant des terres (des pins) dans les Landes. Avec un mari qui ne pense qu'à ses terres et à la chasse, une belle-famille enfermée dans les traditions et les préjugés, et un père qui ne pense qu'à son élection aux sénatoriales. Pour se libérer, un jour d'incendie, Thérèse va essayer d'empoisonner son mari. le roman commence à la sortie de son procès, où elle bénéficie d'un non lieu parce que son mari, qui entend la tenir à sa merci malgré elle, pour garder son rang et sauver les apparences, vient de témoigner en sa faveur. Un court roman mais fort comme Mauriac sait si bien faire. Sans un mot qui dépasse.
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L'histoire débute à la sortie du Palais de justice de Bazas, de nuit. Une jeune femme, Thérèse Desqueyroux, sort du bâtiment, fraîchement innocentée d'une tentative d'empoisonnement commise sur son mari Bernard. Prononciation d'un non-lieu qui a pu se faire grâce au témoignage de son mari qui a déposé en sa faveur, une « belle » intention motivée plus par la peur du scandale que par l'affection portée à sa femme…
Mais que s'est-il passé dans la propriété familiale d'Argelouse ? Thérèse elle-même est bien à mal d'expliquer son geste. Elle profite du chemin du retour pour élaborer en pensée la confession qu'elle compte fournir à son époux, occasion pour elle de tenter d'établir la genèse de son agissement. Plus loin que le motif même, elle part à la recherche de la compréhension et connaissance d'elle-même, se remémore son parcours jusqu'à l'acte fatal. Cette jeune femme, qui a grandi sans sa mère morte en couches, mais également sans la présence de son père, souvent absent, se révèle être en apparence une personne peu expansive et épanouie. Elle ne l'est certainement pas dans sa vie de couple, vécue comme un carcan, sous le joug des diktats familiaux.
Femme paradoxale, elle se conforme tout aussi fort aux clauses sociétales et familiales qu'elle cherche à s'en émanciper. le changement s'est peut-être opéré lors de sa rencontre avec Jean Azévédo, le soupirant d'Anne, la soeur de Bernard. Insidieusement sans doute, le discours de ce dernier, empli des notions de liberté et d'indépendance, distille en elle l'envie larvée d'une autre vie, mais aussi et surtout la révélation de son vécu présent, comme dominé par le silence, l'étouffement. Sa réflexion n'est à aucun moment conduite par le remords, la culpabilité, mais plutôt par une souffrance intenable, qui la mènera aux portes de la folie ; une forme de lucidité froide et dénuée de compassion.
Que cherche-t-elle au final ? La liberté, la liberté d'être...ou la recherche du pardon ?
Qui est coupable, qui est victime ?
C'est un roman passionnant, le portrait d'une femme qui tente de se démarquer d'une condition féminine assujettissante imposée par une société des années 30. une femme forte et cultivée, une anti héroïne, mais aussi une femme qui reste obscure à elle-même, qui reste dans la méconnaissance de ses besoins et de ses désirs.
Une femme moderne, troublante et dangereuse.
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Thérèse Desqueyroux évoque les conséquences que peuvent avoir les mariages arrangés. On se situe au début du XXème siècle, au sein de la bourgeoisie bordelaise et Thérèse, qui aspire à d'autres rêves, est contrainte d'épouser un homme qu'on lui impose pour des raisons financières.
Elle ne parvient pas à trouver le bonheur aux côtés de son époux Bernard et rejette le conformisme qui règne au sein de ce monde bourgeois, à tel point qu'elle commet l'irréparable.
Qu'est-ce l'a conduite à tenter d'empoisonner son mari ? C'est avec un flash-back que Thérèse se remémore son enfance, son adolescence et enfin ses fiançailles avec Bernard et leur mariage. A travers ce parcours, Mauriac ne cherche pas d'excuses mais il expose les faits et le cheminement psychologique de Thérèse qui l'ont poussée à tuer son mari.

Ce roman n'est autre que le récit d'une femme qui n'est pas comblée, qui subit son mariage alors qu'elle rêve d'indépendance. Une solution pour s'en sortir : tuer son mari. Une oeuvre qui retrace les souffrances d'une femme qui ne peut pas se contenter d'une vie bien rangée. Un classique poignant et qui se lit facilement.
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En matière de puissance, "Thérèse Desqueyroux" n'a rien à envier à "Thérèse Raquin".
On trouve dans ces deux romans une représentation puissante d'émotions, de sentiments, de sensations humaines et le prénom de l'héroïne n'est pas le seul point commun entre ces deux textes.
On trouve dans ces deux romans une grande puissance ( avec quand même un petit plus pour Zola, en la matière ). le personnage principal de "Thérèse Desqueyroux", Thérèse est un personnage fascinant, ambigu, complexe, un peu candide, noir par certains côtés, aux prises avec une société qu'elle ne comprend pas.
On trouve aussi dans "Thérèse Desqueyroux" une description de la campagne et des moeurs de la campagne des plus intéressantes.
Enfin ( autre aspect de "Thérèse Desqueyroux !... ), ce roman de Mauriac est un roman psychologique, peut-être même avant tout un roman psychologique. Car n'est-ce pas des sentiments de Thérèse, de son intériorité ? Et sans parler d'analyse psychologique ( on découvre les sentiments de Thérèse, certes, mais il n'y a pas de véritable analyse de la psychologie de Thérèse Desqueyroux ; et s'il doit y avoir analyse, ce serait plutôt analyse sociale ), c'est un roman où l'intériorité du personnage principal tient une place importante ( voire la place la plus importante ! ).
Mais avant tout, c'est un roman noir, riche, puissant, complexe, qui semble poser une question lancinante tout au long du texte : dans certaines circonstances, peut-on avoir le droit de tuer ?...
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J'ai eu envie de relire Thérèse Desqueyroux et bien m'en a pris. J'avais le souvenir d'un livre ennuyeux que j'avais lu sans doute trop jeune. Au contraire, que de surprises dans ce livre, publié en 1927, que l'on croirait beaucoup plus récent, notamment par la force des positions féministes qu'il exprime. Thérèse est un personnage d'autant plus attachant qu'elle a beaucoup de mal à se comprendre elle-même, même si elle a bien compris ce dont elle ne veut plus, cette vie étriquée d'épouse soumise que veut lui imposer Bernard, son mari. Mais Bernard aussi est intéressant par l'évolution qu'il finit par accepter de faire. Finalement, même derrière les barreaux de cette immuable prison que forment les pins des landes, les personnages du roman sont tous amenés à changer, même si aucun d'eux n'est capable de maîtriser cette évolution. le style de Mauriac, avec ses métaphores, avec le rythme très varié du récit - étirant parfois les minutes, et parfois sautant par dessus plusieurs mois -, contribue amplement à donner une saveur très particulière à ce récit qui est aussi une leçon de vie et de courage.
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Bon une chose est sûre, il ne fait pas bon s'appeler Thérèse dans la littérature. Entre Thérèse Raquin et Thérèse Desqueyroux il existe un instinct meurtrier indéniable même si Mauriac semble quand même plus complaisant avec son héroïne. Ici pas de crime passionnel, pas de culpabilité mais un profond désespoir, un sentiment de gâchis de la vie.

Thérèse n'a pas connu sa mère morte en couches, son père est plus intéressé par sa carrière politique que par le bonheur de sa fille. Les conventions en vigueur à l'époque l'a fait épouser un riche propriétaire terrien Bernard Desqueyroux. Au début elle est plutôt satisfaite de cette perspective, cela lui permettra de se rapprocher de son amie Anne avec laquelle elle éprouve des sentiments ambigus mais très vite Thérèse déchante, son mariage ampute sa liberté et l'acte charnel devient un supplice. Sa jalousie envers Anne qui ressent un amour véritable lui est insupportable et elle est prête à tout pour ruiner les espérances de son amie. Même la naissance de sa fille ne lui apporte aucun réconfort.
Thérèse Desqueyroux est un personnage étrange, insondable. On comprend qu'elle puisse être blessée par une sexualité décevante, que son quotidien dans la société provinciale l'étouffe et qu'elle soit désireuse de liberté et qu'elle souffre d'une solitude indicible, mais en même temps elle ne sait pas pourquoi elle a agit ainsi, elle n'a pas de motivations rationnelles. C'est un bien curieux portrait de femme que nous décrit @Mauriac.

Les descriptions des paysages et des odeurs des forêts de pin sont magistrales. L'écriture est concise et précise mais je suis sorti du roman un peu déboussolé ne sachant que penser de Thérèse Desqueyroux.


Challenge Xxème siècle
Challenge Nobel
Challenge multi-défis
Challenge riquiqui
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Thérèse une criminelle ? Peut-être, mais une criminelle pour laquelle je me suis prise d'affection. Tout comme son auteur je pense, car il la décrit de façon si sensible, si empathique, que cela est évident que François Mauriac aime son personnage.
On plonge dans l'univers de la bourgeoisie provinciale, dans le manque d'horizon pour Thérèse, dans son enfermement social, dans ce portrait de femme grâce à une langue sensible et précise. Il y a une langue, un sens de la phrase d'une évidence quasi fascinante. Aucun mot, aucune phrase ne m'a paru inutile, de trop, mal choisi.
Un très beau portrait de femme, de classe, d'époque.
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J'ai plus l'habitude, par plaisir, de lire des romans récents. Mais quel plaisir de se replonger dans un classique!

Les phrases ciselées, chaque mot pesé, une histoire construite sur un fil où Thérèse marche, entre solitude insoutenable et haine des autres. Tout est magnifique!

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François Mauriac écrivain, aux convictions chrétiennes bien ancrées. Grand
journaliste et talentueux éditorialiste dans divers journaux et hebdomadaires et
ce jusqu' aux années quatre-vingt, je crois. C' est aussi un homme de conviction
En écrivant sur la classe bourgeoise, François Mauriac qui en est issu,sait de
quoi il parle.
Thérèse Desqueyroux est l' histoire d' une jeune femme appartenant à la classe
bourgeoise. Elle est mariée à Bernard et a une fille .
Thérèse tente, un jour, d' empoisonner son mari.Ayant commis un tel acte,Thérè
-se est une criminelle.Pour sauver l' avenir de sa fille, Bernard dépose de façon
que sa femme obtienne un non-lieu.Sa femme est acquittée et rentre avec son
mari à la maison.
Maintenant, une question se pose : Pourquoi cette jeune femme, d' un milieu
riche et aisé a-t-elle commis un tel acte gravissime? Que s' est-il passé dans
sa tête ?
Pour Thérèse, cet acte est un acte de révolte contre cette société hypocrite,
rigide, fermée sur elle-même. Thérèse voulait vivre sa vie comme elle le veut
elle mais pas d' une vie selon des convenances et des rites imposés par les
autres. Elle voulait se sentir libre et vivre librement.
A sa sortie le livre de Mauriac a connu un grand succès de librairie et a reçu
les louanges des médias.François Mauriac est prix Nobel de littérature.
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Très beau texte. Une écriture et un style magnifique pour décrire et comprendre la spirale psychologique dans laquelle est enfermée Thérèse Desqueyroux sous le poids des codes et principes d'une société de notable et propriétaires terrien ayant comme seule préoccupation les apparences, le qu'en dira-t-on, la puissance de la possession des terres. Elle doit se conformer aux règles, coupée du monde elle se sent enfermée, cloisonnée dans un univers clos symbolisé par les pins des Landes encerclant le village comme d'immenses barreaux de prison. Par ce roman, François Mauriac peint également une société provinciale du début du XX° siècle qui n'a finalement été bousculée et remise en cause qu'à partir de l'après guerre et du vent de liberté et de transformation de la société qui émerge à la fin des années 60.
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