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EAN : 9782749118208
592 pages
Le Cherche midi (10/05/2012)
3.89/5   164 notes
Résumé :
Tchécoslovaquie, fin des années 1920.
Liesel tombe amoureuse de Viktor Landauer, héritier d'une riche famille juive. Les deux jeunes gens, qui fréquentent la haute société des années folles, rêvent d'une maison moderne. C'est à Venise qu'ils vont rencontrer l'homme capable de mener à bien ce projet, Rainer von Abt, un architecte adepte de Loos, de Mondrian, du Corbusier. Celui-ci va imaginer pour eux un palais de verre, une œuvre d'art entièrement conçue aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
3,89

sur 164 notes
Tchécoslovaquie, années 20. La jeune république est pleine de promesses et d'espoirs. Débarrassé du joug de l'Autriche-Hongrie, le pays se tourne vers un avenir libre et radieux. Liesel et Viktor Landauer incarne cette fraîcheur et ce renouveau. Jeunes mariés, ils rêvent d'une maison pour accueillir leur amour, une maison épurée, moderne, unique, loin des tourelles et autres décorations compliquées, symboles du passé, de l'immobilisme. C'est à Venise, lors de leur voyage de noces, qu'ils font la connaissance de celui qui pourra concrétiser ce projet, l'architecte allemand, Rainer von Abt. Ensemble ils élèvent le palais de verre, une bâtisse étonnante, innovante, toute en transparence et en lumières. Les Landauer en sont sûrs, c'est là, dans cette maison du XXè siècle, qu'ils vont vivre heureux, élever leurs enfants, vieillir. Mais l'avenir s'assombrit. Viktor, souvent en déplacement à Vienne, rencontre une autre femme. Bien sûr, il ne songe pas à quitter Liesel mais le bonheur vacille. Il basculera bientôt, poussé par les soubresauts de l'histoire. Hitler réclame les Sudètes, l'Allemagne se fait menaçante. Et Viktor est juif.

Un roman magnifique qui tire son originalité de son personnage principal, à savoir une maison. Quand les couples se font et se défont, quand les frontières se redessinent, quand les envahisseurs nazis s'emparent de la ville, quand les soviétiques les remplacent, le palais de verre reste debout, témoin des amours, des rêves, des trahisons, des souffrances, des horreurs de la guerre. Et l'on voit se dérouler toute l'histoire du XXè siècle de l'Europe centrale, à travers les destins du couple Landauer, de leurs proches et de leur maison si particulière.
Une bien belle réussite que cette fresque familiale, sociale et historique, avec des personnages attachants qui dévoilent leurs parts d'ombre et ce palais de verre si intrigant. Simon MAWER s'est inspiré d'une histoire vraie, d'une maison qui existe réellement pour ciseler un roman fin, élégant et très prenant. Un coup de coeur.
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Le personnage central de cette histoire familiale est inhabituel : c'est une maison, une maison résolument moderne, création d'un architecte avant-gardiste du début du vingtième siècle. En son coeur une pièce de verre, ornée d'une paroi d'onyx, et qui verra les réceptions d'une famille heureuse sans soucis autres que ceux des classes aisées, jusqu'à ce que la guerre et ses promoteurs viennent rendre obsolètes les aspirations au bonheur de tout un continent. La Tchécoslovaquie est au premier rang, et jusqu'au dernier moment veut croire qu'elle sera épargnée des supplices que subissent ses voisins. C'est alors l'exil, seul choix des victimes d'un choix politique fondé sur la haine aveugle, et l'abandon de la maison de lumière. S'y installent, un laboratoire d'anthropométrie expérimentale nazi, puis au décours de ces périodes troublées un gymnase pour enfants handicapés. Comment renouer avec ses occupants originels? le chemin est fait de hasard et ne nécessité. Et ce qui doit advenir advient.

C'est un survol de tout le vingtième siècle que nous propose de façon originale Simon Mawer. Avec un crescendo d'émotions et une accélération tangible des événements. L'histoire débute lentement, et monte en puissance au fur et à mesure des chapitres.

On se complait à voir évoluer les personnages, à la façon d'un puzzle à l'envers : pièces en place au départ, dans une apparente immuabilité, qui se dispersent au gré des exigences du destin.

Fresque historique et sociale, habilement mise en scène, pour un bon moment de lecture
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Ville de Mesto, Tchécoslovaquie. le livre s'ouvre sur le retour, celui de Frau Landauer, sa canne tapotant le sol de la cour. Une absence de trente ans. Guidée dans la demeure, arrivée dans la Pièce de verre, les images du passé ressurgissent, ses yeux aveugles la privant de voir la pièce telle qu'elle est aujourd'hui.

Mais revenons en arrière, vers la fin des années 1920. La maison, une immense demeure très avant-gardiste pour son époque, plaque centrale de ce roman, n'est pas encore construite. C'est lors de la lune de miel de Liesel et Viktor Landauer qu'émerge le désir d'un foyer en accord avec le XXe siècle, une maison rêvée pour une vie entièrement tournée vers l'avenir. Leur rencontre avec Rainer, un architecte ou plutôt « un poète de la lumière, de l'espace et de la forme » comme il se qualifie lui-même, va remplir toutes leurs envies de modernisme. Là, à Venise, alors que la lumière fait étinceler les gondoles, l'architecte leur dessine un projet, une oeuvre d'art dont tout le monde s'émerveillera.
Fini le temps des pierres et des briques ainsi que des ornements lourds et clinquants.
L'immense maison sera construite à flanc de colline. du verre pour une impression de contact direct sur l'extérieur, une structure en acier chromé et, dans la Pièce de verre, un mur d'onyx très onéreux, qui, caressé par les rayons du soleil couchant, s'enflamme d'or et d'ocre.
Pour Liesel, ce foyer atteindra la perfection. Et pour son amie Hana « Tout cela est bien trop beau pour durer. »

Le choix de cette maison de verre, qui, excepté le mur d'onyx dont le flamboiement amène une touche chaleureuse, semble très judicieux pour y installer, en premier lieu, les vies du couple Landauer. Ce grand espace moderne et froid va en effet abriter leur dérive conjugale. Avant les évènements amenés par la montée en puissance d'Hitler, les relations du jeune couple s'effritent alors que Viktor fréquente une jeune Viennoise rencontrée lors de ses déplacements professionnels. L'auteur instaure un contraste saisissant entre la transparence, la clarté de cette Pièce de verre où l'on revient si fréquemment, et la fausseté du mari, sa relation extraconjugale ne lui apportant aucune honte, aucune culpabilité.
Puis les articles de journaux ou le poste de radio relatent les succès politiques en Allemagne. le grand Reich annexe, des réfugiés en masse quittent l‘Autriche et se réfugient en Tchécoslovaquie alors que Viktor, juif non pratiquant, songe à fuir aussi.
« La maison est devenue leur refuge, la Pièce de verre, cette construction qui n'a pourtant rien d'une forteresse, leur apporte la consolation de la raison et du calme, tandis que dehors, aux confins de leur existence, le monde s'écroule. »
Finalement déserté, ce Palais de verre retrouvera sa nudité première, celle d'avant l'installation du couple. L'angoisse, les incertitudes flottent dans la maison vide. Un retour sera-t-il possible ?
Les nazis, les Soviétiques, respecteront-ils la propriété Landauer ?

De sa construction à 1990, cette maison de verre nous ouvre grand ses portes et ses baies vitrées. On s'y engouffre, porté par la fluidité de la plume de Simon Mawer. Entre faits historiques et liaisons amoureuses ou haineuses qui se font et se défont, les vitres de cette vaste demeure laissent voir au lecteur des décennies de rapports tumultueux, du point de vue politique et intime. Au fil de ces temps chaotiques, l'occupation de la Pièce de verre initialement conçue pour un avenir radieux et plein de belles promesses reflète finalement la folie, la perversité et la brutalité de l'homme.
Si l'architecture du Palais de verre faisait preuve d'un impressionnant modernisme, il semblerait que l'auteur ait également mis du côté du personnage d'Hana des attitudes et un langage très osés pour l'époque. D'ailleurs, sa dernière relation est vraiment improbable et enlève un peu de crédibilité à l'histoire.
Il n'en reste pas moins que les plus de six cents pages de ce roman se dévorent en nous ramenant inlassablement dans l'intérieur dépouillé de la Pièce de verre où, par delà son alignement de vitres, l'orage gronde et éclate, la complexité des relations et des désirs humains entachant la pureté de la lumière qui inonde ce vaste espace moderne.
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Le nazisme se profile en Tchécoslovaquie; le personnage principal est riche, il est juif: il va perdre, sinon tout, du moins beaucoup.
Évidemment, ce n'est pas tout à fait un sujet inédit. Comment l'aborder sous un angle neuf? Simon Mawer imagine une saga pleine de passions où l'amour est envisagé sous tous ses angles: conjugal, ancillaire, saphique, vénal, maternel, romantique et j'en passe certainement. Chacun de ces amours est traversé par la grande histoire: séparation, déportation, traîtrise, abandon: il y a un côté figures imposées dans tout cet inventaire, et même, si j'osais, un côté Oulipo sous le troisième Reich... Si le Juif n°1 s'exile, le n°2 est déporté; si l'amour vénal 1 devient passion, l'amour vénal n°2 va aboutir à une dénonciation; si l'enfant n°1 est tué, l'enfant n°2 est sauvé... On se surprend à cocher mentalement des cases pour anticiper la suite des événements.
En fait, la vraie originalité du roman tient à l'importance du palais de verre, foyer de deux des personnages principaux qui ont voulu cette immense maison de style moderniste pour abriter leur famille. Cette maison sera quittée quand l'exil deviendra nécessaire; elle sera annexée par la "science" nazie puis par l'État communiste avant de devenir musée. Les tribulations de la maison redoublent celles des humains, mais, là encore, le palais de verre devient moins un personnage à part entière qu'une allégorie de plus en plus grossière à force de servir à tout. Symbole du luxe effréné d'une minorité privilégiée aveugle à la haine qu'elle suscite. Symbole d'une volonté de transparence rendue impossible par les atermoiements de l'amour adultère. Symbole d'une modernité éprise d'efficacité qui annonce la mort industrielle des camps d'extermination. Symbole de la beauté dernier rempart à la barbarie.
Eh oui, ça clichetonne pas mal.
Quand même, enfin, à la dernière page, la maison devient symbole de la permanence et, enfin, cela fait sens et l'émotion surgit.
J'ai versé quelques larmes sur les dernières lignes. Mais fallait-il autant de froide rationalité dans toutes celles qui précédaient pour obtenir in extremis que le coeur se serre?
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Un livre dont l'héroïne est une maison, qui traverse les orages du 20eme siècle et observe.

Au lendemain de la Grande Guerre, un courant de changements et de renouveau souffle sur la vieille Europe: nouveaux pays (telle cette toute jeune Tchécoslovaquie démocratique ), nouvelles frontières, nouvelles politiques et surtout nouveaux courants artistiques: c'est donc porté par ces idées novatrices que le jeune couple Landauer fait construire une maison, moderne, tournant le dos au passé, libre de décors superflus, légère et lumineuse.

..."L'opulence de l'abstraction"...

Je craignais à tord un livre trop romanesque - choix douteux de la jaquette - et j'ai eu le plaisir de mieux comprendre, apprendre et décrypter ce que fut la période de l'entre-deux guerres, et les courants artistiques de l'époque.
On y parle de littérature, de musique, d'architecture.

Le livre d'ailleurs ne tient que par cet aspect là. La maison, intemporelle, est un personnage passionnant en soi.

La trame narrative est agréable mais reste assez convenue quant à l'histoire des personnages dans l'Histoire de ce siècle, cruel et belliqueux pour les pays et les individus.
On suit sans déplaisir la vie de cette famille juive, très aisée et plutôt préservée par les événements. Les personnages apparaissent un peu transparents, détachés et ambigus. Là encore, ne pas s'attendre à du romanesque, et cela m'a plutôt convenu.


Une traduction parfois anachronique ( on ne porte pas de "collants" en 1942, et encore ce détestable "au jour d'aujourd'hui") ... Mais là, je chipote!
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critiques presse (4)
Actualitte
31 juillet 2012
Ce roman a la saveur des chefs d'œuvre. Il se déguste lentement pour faire durer le plaisir, s'apprécie comme un privilège rare et comble admirablement l'envie de lecture. Sans lassitude, avec intelligence et beaucoup de goût. Juste une larme, au final, qu'il vous sera permis de verser, comme la trace du cruel regret de ne pas pouvoir habiter un peu plus longtemps encore ce palais de verre.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LePoint
30 juillet 2012
Un roman d'idées, brillant et habile, mais aussi le tableau dur et coupant de personnages et de scènes racontés dans un style intègre d'une froideur toute musilienne, une musique de nuit où le déclin de la culture, la lente défaite d'un mariage, la terreur, l'indignité, le sexe, la trahison, l'art dansent au bord de l'Holocauste.
Lire la critique sur le site : LePoint
LesEchos
27 juillet 2012
Inspiré d'une histoire vraie, celle de la villa Tugendhat à Brno, « Le Palais de verre » mêle habilement les ingrédients du roman sentimental à la trame historique.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Telerama
11 juillet 2012
L'auteur n'oublie jamais le romanesque, l'émotion et l'intrigue, pour écrire sans cuistrerie un beau livre sur l'art et la création.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'espace de verre.

Pour le moment, il n'avait ni forme ni consistance, mais il existait déjà, diffus, polymorphe, dans leur esprit et dans celui de Rainer von Abt. Il existait à la manière des idées et des idéaux, fluctuant et abstrait. Espace, lumière, verre; peu de meubles; fenêtres s'ouvrant sur le jardin; un revêtement de sol étincelant, du travertin, pourquoi pas; du blanc, de l'ivoire, le lustre du chrome. Ces éléments changeaient, évoluaient, se modifiaient, se métamorphosaient comme dans les rêves où les formes, bien que variables, gardent leurs caractéristiques essentielles pour le rêveur: der Glasraum, de Glastraum, une seule lettre qui suffisait à transformer l'espace de verre en un rêve de verre, un rêve qui s'accordait avec l'esprit du tout nouveau pays dans lequel ils vivaient, un État où il importait peu d'être tchèque, allemand ou juif, où triomphait la démocratie, et où l'art et la science s'associaient pour garantir le bonheur de tout un peuple
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Mais Liesel savait. Elle avait vu les signes.......
........Ce n'était pas la façon dont Katalin et Viktor se regardaient, mais plutôt la façon dont il ne se regardaient pas.Ce n'étaient pas les notes, c'étaient les silences entre les notes.....
.....Il y a des slences qui en disent long et se font l'écho des sons à venir.
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- C'était ça le monde d'aujourd'hui.Si vous n'étiez pas capable de vous adapter, vous mouriez, comme disait Darwin. L'adaptation ou la mort

- Les femmes n'ont pas peur. C'est juste que nous avons de vraies peur à gérer, pas les petites frayeurs idiotes que les hommes inventent
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Un phénomène remarquable se produit dans le mur d'onyx : les rayons du soleil couchant filtrant par les fenêtres se concentrent dans les profondeurs de la pierre, brûlent comme des flammes, l'emplissent d'or et de rouge. Ce croisement de la pierre et du soleil est une manifestation fondamentale comme une éclipse ou l'apparition d'une comète, une sorte de prodige. A moins qu'il ne s'agisse d'une vision de l'enfer. Des feux de l'enfer.
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Il n'y a pas grand-chose à dire, en fait. Que cela se passe mal ou non ne dépend pas d'eux. Le bien ou le mal qui leur sera réservé n'est qu'une question de probabilité. Viktor s'est appuyé sur l'idée que l'avenir peut-être géré, manipulé, plié et tordu selon ses désir mais à présent il sait à quel point cela est faux. L'avenir se contente d'arriver. Il arrive à cet instant même où tout le pays est au bord du chaos.....
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