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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Voici un roman très fort et très sombre.

Début et fin de siècle, deux personnages se succèdent, deux récits s'alternent, s'entrecroisent tout au long du livre avant de se rejoindre. On comprend très vite qu'un lien unit les deux personnages principaux pourtant distants de plusieurs décennies.

Ces deux histoires se présentent un peu comme un graphique, comme l'abscisse et l'ordonnée de la grande ville ; le premier personnage perce les tunnels du futur métro New-yorkais, le second construit les gratte-ciel, en équilibre sur des poutrelles, dans le ciel de la même ville. Ces deux vies, jalonnées de petits plaisirs, sont vite écrasées par de grands malheurs.

Même si la lecture des premières pages a été, pour moi, déconcertante, je n'ai pas regretté d'avoir persisté. J'ai eu du mal avec la topographie des lieux décrits, à visualiser l'accès à la tanière du personnage nommé Treefrog, un sdf, solitaire et bourré de TOC, vivant dans les tréfonds du métro. Comment a-t-il échoué là ? Que lui est-il arrivé ? Quel faux pas l'a entraîné dans une dégringolade vers cet enfer ?

On ne l'apprendra que dans la dernière partie du roman.

Je réalise que cette critique est bien confuse. A trop vouloir susciter l'envie de lire ce très bon roman sans en dévoiler l'intrigue, j'espère ne pas provoquer l'effet inverse !
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Il est curieux que « Les saisons de la nuit » soit le titre français choisi pour traduire « This side of brightness », comme si nuit et luminosité étaient équivalentes. Et si le roman peut être trouvé sous diverses couvertures, elles ont en commun d'être en noir et blanc. Colum McCann écrit un livre de contrastes où s'opposent et se complètent le haut et le bas, le froid et la chaleur, les Blancs et les Noirs, le présent et le passé, la main gauche et la main droite.
Pendant les 75 ans racontés dans cette histoire, New-York grandit, gagnant un métro souterrain et des gratte-ciel, tandis que ceux qui la construisent sont exploités, tués ou ignorés.
Mais ce livre est moins un roman social qu'une tragédie où des hommes oubliés de Dieu font le mal, ou plutôt font mal, par amour.
Tandis que Vannucci s'agrippe à son copain en croyant le sauver, Walker se débat pour vivre: cette scène intense qui raconte comment des ouvriers du métro piégés par un trou où l'air s'engouffre vont miraculeusement survivre donne le ton du roman: ce ne sont pas seulement les conditions de travail qui sèment la mort mais aussi la maladresse des hommes jamais plus dangereux que quand ils aiment.
C'est par amour pour sa mère que Clarence basculera et par amour de son grand-père que Nathan le conduira à la mort.
Est-ce l'humaine condition qui rend l'homme si propre à faire son malheur ou faut-il incriminer le racisme, tache originelle d'une Amérique qui condamne une femme à renier son enfant parce qu'elle et lui n'ont pas la même couleur de peau?
Malheureusement, McCann ne va pas jusqu'au bout du grand roman humaniste qu'il laisse entrevoir et il boulonne son grand oeuvre avec application.
Non que j'aime les romans mal construits. Mais j'apprécie que la construction ne soit pas aussi flagrante.
Thèse: le blanc, le froid, les tunnels, Nathan, le père, le passé . Antithèse : le noir, la chaleur, les gratte-ciel, Clarence, le fils, le présent. Synthèse : Clarence-Nathan, l'échafaudage dans le tunnel, le métis, le passé et le présent qui se rejoignent, le fils en deuil de son grand-père prêt à retrouver sa fille, le héros en quête d'équilibre. Et puis les grues omniprésentes, qu'elles soient de plumes ou de métal.
P. 19: « j'ai pas vu un coucher de soleil depuis qu'chuis descendu là » chantent les ouvriers du métro. le chant est repris p. 313, à quelques lignes de la fin. le roman commence par une résurrection où les hommes, portés par un geyser, jaillissent des profondeurs de la terre vers le ciel. Il se clôt sur ce même mot de « résurrection », quand le SDF quitte sa tanière pour retrouver l'air libre, débarrassé de sa barbe hirsute, Et plus ou moins de ses tocs, redevenu un homme, un vrai.
Cet abus de symétrie met l'histoire à distance, transforme l'empathie en géométrie et la sincérité en calcul.
Et puis, c'était bien la peine d'écrire une belle histoire tragique et troublante si c'est pour la clore sur une morale aussi niaise: du genre allez hop prends-toi en main si on veut on peut demain est un autre jour.
Vous m'en direz tant.
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"Une brutalité sensible dans l'atmosphère. de la tendresse aussi, pourtant. Il y a là quelque chose de si vivant que le coeur de la ville semble près d'éclater de toute la douleur qui y est accumulée. Comme s'il allait soudain exploser sous le poids de la vie. Comme si la ville elle-même avait engendré toutes les complexités du coeur humain. Des veines et des artères (...) bouillonnantes de sang. Des millions d'hommes et de femmes irriguant de ce sang les rues de la cité. (p242)"

Il est des lectures qui, l'air de rien, laissent une empreinte en vous et Les saisons de la nuit est de ce genre-là. Evoquer une ville, un pays mais à travers les invisibles, les déshérités, ceux que l'édification d'un pays brise dans le corps par la rudesse de la tâche mais également dans les âmes et les coeurs par une société qui laisse sur le bord du chemin ceux qui ont participé à sa renommée, à son prestige.

Deux narrateurs : Nathan Walker, noir américain, en 1916 qui travaille sous terre et même sous un fleuve à creuser un tunnel sous l'East River à New-York pour que d'autres puissent emprunter le métro qui liera Brooklyn à Manhattan . Il fait partie de ces ouvriers que personne ne voient ou ne pensent quand ils empruntent le dit tunnel, à ce qu'il a fallu de peine, de sueur, de labeur et de drames pour raccourcir les distances ou relier les hommes. Nathan raconte sa vie, ses relations avec ses compagnons d'ouvrage, son mariage mixte et un drame qui va sceller son destin à plusieurs titres avec l'un d'entre eux.

1991 - Manhattan : Treefrog vit sous terre depuis qu'il s'est trouvé dans la position d'exclu pour un geste peut-être (ou pas) mal interprété, il fait partie de ceux qui vivent en marge de la société, sous terre, qui se sont créer une sorte de ville où les rues deviennent des galeries, où les logements sont des cavernes, qui partagent leur quotidien avec les rats, sous la ville : drogués, marginaux, paumés ils ont fait de ce lieu leur territoire.

Et si un tunnel ne reliait pas uniquement deux rives mais également était le point de jonction de deux existences ?

Un auteur irlandais pour mettre dans la lumière ceux qui vivent dans les ténèbres d'une mégalopole, qui ont contribué à ses constructions souterraines ou aériennes comme Nathan ou son petit-fils Carlson, ouvrier-funambule qui travaille à l'édification de buildings, à l'opposé de son ancêtre sur les poutrelles qui serviront d'armature aux buildings. Sortir de terre mais pas forcément pour sortir de la misère, de sa condition et des accidents de la vie.

Colum Mc Cann les extrait de l'ombre, raconte leurs vies, leurs bonheurs comme leurs malheurs mais également les amitiés, les amours de ces hommes brisés, pauvres, ces hommes que la couleur de peau ou l'origine ethnique tient à distance, cantonne à des basses tâches.

"L'égalité de l'ombre n'existe que dans les tunnels. (...) C'est seulement sous terre, il le sait bien, que la couleur est abolie, que les hommes deviennent des hommes. (p56)"

J'ai trouvé dans la plume de cet auteur du Steinbeck dans la manière qu'il a, non pas de les glorifier car il n'occulte pas leurs travers, leurs excès, mais de leur rendre justice. A travers l'histoire de ces hommes c'est l'histoire de la construction d'un pays, d'une ville avec ce qu'elle peut avoir de plus beau et de plus sombre.

J'ai choisi de lire ce roman car j'ai repéré à la bibliothèque, Apeirogon, son dernier roman, mais avant de l'aborder je voulais découvrir la plume, l'univers et je dois avouer que je me suis à la fois enfoncée avec curiosité et plaisir dans les ténèbres et élevée dans les airs pour suivre ces deux personnages, écouter leurs complaintes et découvrir ce qui les reliait et faisait du tunnel une sorte de sanctuaire.

Un roman fort, humain, qui répond à des questionnements que j'ai de temps en temps quand j'emprunte un tunnel ou lève la tête vers le sommet d'immeubles sur la vie de ces ouvriers d'un autre temps mais pas si lointain, travaillant souvent sans protection, mal payés, gardant en eux les cicatrices de leur travail mais également des accidents où certains périrent, des ouvriers qui affrontaient la roche et les éléments pour les générations futures.

Et même si la personnalité de Nathan Walker illumine le récit, même si Treefrog est plus énigmatique, plus sombre, j'ai beaucoup aimé suivre leurs parcours avec quelques joies et beaucoup de souffrance, la fierté de leur travail, d'avoir contribué, sans aucune reconnaissance, à des ouvrages qui perdurent aujourd'hui et qui font parfois la renommée ou le symbole d'un pays et d'une ville.

Un auteur que je vais continuer de lire et de suivre. 
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Je me retrouve en 1916, en plein coeur de New-York, avec des ouvriers, des noirs, des ritals, des irlandais, qui risquent chaque minute de leur labeur de voir la Terre s'effondrer sur leurs têtes. Ces derniers construisent le premier métro de N.Y. sous (dans) des kilomètres de tunnel. Je suis tout particulièrement la vie de Walker, une montagne noire de muscles saillants, de ses enfants et petits-enfants. Walker épousera une jeune fille blanche, la fille d'un de ses collègues disparus sous les décombres d'un tunnel, et cela malgré les regards méprisants extérieurs. Je découvre avec Walker l'évolution de cette société du début de ce siècle jusqu'à nos jours.

En parallèle, je suis la vie de Treefrog qui défile et entrecroise les chapitres de Walker. Treefrog vit également dans les couloirs du métro, mais en 1991. SDF, il a quitté sa famille pour vivre reclus, perché sur une poutrelle dans cet univers froid et glauque. Les rencontres du désespoir, les souvenirs d'antan, les regrets du passé, Treefrog survit tant bien que mal dans cet hiver glacial et enneigé. Il perpétue ainsi la vie souterraine que Walker avait initié soixante-quinze plus tôt.
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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L'auteur s'inspire d'un fait réel pour cette histoire qui débute par des ouvriers travaillant dans un tunnel sous un fleuve pour construire une voie de métro. Cela permet à l'auteur de parler du New York des années 60 tout en alternant avec des périodes en 1991. Les liens entre les personnages qui vivent entre ces deux périodes ne seront dévoilés qu'à la fin mais sont évoqués la discrimination raciale, l'amour, les sans-abri, le monde ouvrier, la misère. Les faits se dévoilent petit à petit dans un univers qui semble sans espoir, l'hiver glacial qui colle à la peau des personnages et qui nous livrent parfois des moments de leur vie plus tendres, plus doux. le style est très beau et l'on est saisi par cette histoire.
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New-York comme on le voit rarement en littérature : dans ses tunnels creusés au début du siècle, ses souterrains glauques abritant un infra-monde, du haut des poutres des gratte-ciels en construction.
Je dois dire que cela a été pour moi le principal intérêt de ce livre, avec le personnage tellurique et solaire du jeune puis vieux Nathan également, car j'ai eu du mal à adhérer aux intrigues parallèles qui finissent par se rejoindre, en même temps qu'un roman que j'ai trouvé assez long, ou peut-être pas assez ramassé car on y aborde trop de thèmes :entre l'évocation des infrastructures de la ville, les déshérités qui les construisent, l'amour, la culpabilité, on perd un peu le fil conducteur.
Reste une langue très évocatrice, rêche et minérale.
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Deux histoires dans ce livre, deux fils entre-mêlés qui se rapprochent petit à petit :
- New-York, 1991, et la vie souterraine de Treefrog, un sdf dont nous découvrons la vie et les galères, lors d'un hiver sans fin qui pourrait changer le titre de l'oeuvre en "LA saison de la nuit" tant on le sent, dur et glaçant, à la lecture de ces pages.
- New-York, 1916, et le labeur du jeune Nathan Walker, creusant sous l'Hudson le tunnel du métro ; un terrible accident va transformer sa vie.
On sent dès le début que ces destins sont liés, et la découverte parallèle de ces vies difficiles a quelque chose d'émouvant.
Cette lecture permet en tout cas d'appréhender la vie inimaginable d'un sdf. de ce personnage de l'ombre, sitôt croisé sitôt oublié, et de se rendre compte qu'il a un présent, un passé ; et s'il le peut, le veut, le rêve, le fantasme, peut-être... un futur ?
Je me sens tellement illégitime pour parler de cet univers, et ne prétends en aucun cas l'avoir cerné après une lecture de 300 pages. Ce que je sais c'est que j'ai vibré, compati et pleuré avec les personnages de ces histoires qui ne laissent pas indifférent.
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Des personnages forts dans un récit prenant sur fond historique, qui débute au début du XXème siècle avec la construction du métro new-yorkais, ce travail à haut risque, l'immigration irlandaise et le milieu ouvrier rude de l'époque...
Une saga familiale bien décrite avec ses bonheurs, ses crises, ses peines, ses deuils et ses souffrances...
Le lecteur navigue entre deux mondes et l'histoire singulière de Nathan et de Treefrog se dessine peu à peu...
L'écriture est fluide et la construction du livre incite à tourner les pages le plus vite possible tant le destin de chacun captive l'attention du lecteur...
Au delà de l'histoire, ce roman attachant nous rappelle qu'un grand nombre d'êtres humains vivent dans un dénuement extrême, dans la rue, sous les ponts, dans le métro, dans tous les pays dits "civilisés" et que la chute peut être rapide et inéluctable, pourtant ils ont eu une vie avant, ils ont été quelqu'un... car "sur les rails le danger est (parfois) plus rapide que vous".
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Roman très sombre dans lequel on suit la vie de Nathan Walker, ouvrier noir dans les années 30 chargé de la construction des tunnels du métro de New York. Il épousera une jeune fille blanche, ce qui est quasi impossible durant cette période. Parallèlement, on suit la vie d'un SDF vivant dans les années 90 dans ces mêmes tunnels. Leur destin nous passionne mais nous plonge dans des ténèbres infinies et parfois insupportables. Ces deux destins sont évidemment liés mais ils ont surtout en commun la tragédie qui marquera leurs vies, où l'espoir n'a que peu de place (seul "reproche" que je ferais à ce livre).
L'écriture est belle, puissante, poétique et poignante. Cependant cette lecture laisse en nos coeurs une tristesse infinie, qui vous étreint et ne vous lâche pas. Un espoir infime imprègne la dernière page. Ce n'est pas tout à fait suffisant pour nous consoler.
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J'avais déjà lu "Danseur" de Colum McCann ainsi qu'un autre roman dont j'ai oublié le titre, mais c'est celui-ci que j'ai préféré. C'est l'écriture qui m'a plu, une belle écriture. L'auteur parvient à insuffler de la poésie, de la beauté, dans le quotidien difficile de travailleurs noirs,d'étrangers de tout poil, qui creusent des tunnels pour le métro de New York , dans l'obscurité , dans la pauvreté, dans la vie souterraine de SDF,ainsi que dans le travail dangereux d'ouvriers du bâtiment qui ,à des centaines de mètres de hauteur, construisent des gratte-ciel.
Colum McCann mêle les vies des personnages, conduit deux histoires parallèlement sous terre, et dans les airs, jusqu'à ce que , contrairement aux principes mathématiques, elles finissent par se rencontrer. Il y mêle également les peaux blanches et noires pour mieux faire sentir le racisme encore vivace; il fait alterner au gré des chapîtres le début et la fin du vingtième siècle. Il promène le lecteur dans un équilibre aussi précaire que le bâtisseur de gratte-ciel qui marche sur sa poutrelle au-dessus de la ville de New York. Qui est qui dans ce monde sous-terrain? Qui la mort va-t-elle happer à son tour? car elle rôde en permanence : l'alcool, la drogue, la prostitution, le travail dangereux,la misère,etc....
Les saisons de la nuit: titre étonnant,non? La lumière et l'obscurité sont-elles vraiment des opposés? Intéressant de noter au passage que le titre en français met l'accent sur la seconde alors que le titre en anglais accentue la première ("this side of brightness").

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