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3,67

sur 355 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne sais pas ce qui fait un grand écrivain, mais pour moi Colum McCann en est un. J'aime son écriture simple, limpide et puissante. Je lui trouve quelque chose de vital, d'élémentaire (l'eau, la terre, l'air et le feu sont si présents). L' ancrage dans le monde sensible est fort et donne une profondeur particulière à ce qu'il dit de ses personnages, à leurs manière de vivre les évènements. Ses textes sont pour moi d'une telle intensité qu'il m'arrive de me fatiguer, d'avoir besoin d'un pause avant de me replonger dans le courant de ses mots.

Dans Zoli, ce n'était pas le cas. Les changements de narrateurs, de tons, de regards m'ont procuré les respirations nécessaires pour pouvoir le lire d'une seule traite.
C'est un livre que je trouve très beau. Roman à trois voix, il retrace la vie d'une Rom de Slovaquie, Zoli, une nomade qui traverse le 20ème siècle et lui survit. Aux yeux des autres, elle est une énigme à résoudre, un énigme fascinante, et deviendra une icône à abattre.
Comme celle de son peuple, sa vie est cahotique ; et sa trajectoire d'Icare - inspirée de celle de la poétesse polonaise Papousza - m'a bouleversé. le texte est splendide de simplicité : trois voix nous parlent, dévident les fils de leur histoire et les posent comme sur un drap blanc posé dans l'herbe.
Les grands thèmes chers à McCann sont là : la dignité, l'exil, la recherche d'un chez soi, et puis aussi les bleus à l'âme, le métissage, la transmission de la culture. Ces thèmes me touchent de plein fouet, moi dont la famille a pour points cardinaux Ré et Irkoutsk, la Grèce et la Baltique.
Au coeur du livre, il y a les nomades Roms, vus de l'autre côté du miroir ; et Zoli et ses aspirations, ses chants et ses poèmes, ses amours impossibles, ses blessures et ses guérisons. Au travers du texte, sa vie vibre comme une corde d'arc.

La fin du roman m'a particulièrement marqué : sous des airs de digressions, j'avais rarement lu un auteur qui rende si perceptible l'avancée de l'âge, les limites et l'égarement qu'il nous impose. Et pourtant, j'ai trouvé la note finale résolument optimiste.

Qu'il est étrange de lire aujourd'hui ce livre de 2007, alors qu'il y a un an à peine, les Roms étaient pointés du doigt et présumés coupables par nos autorités. A croire que certaines choses ne changent pas.
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Avec "Zoli", l'auteur nous plonge dans l'Histoire de l'Europe, de la Tchécoslovaquie des années 30, à aujourd'hui (en 2003, en fait) à Paris. le narrateur nous la présente selon plusieurs points de vue, ce qui ne manque pas d'intérêt.
Mais avant tout, il nous fait entendre la voix du peuple tzigane, un peuple opprimé, victime de la barbarie nazi et que les gadjé (=les hommes non-tsiganes), sous prétexte de les protéger, ont forcé à renoncer à leur errance, pourtant ancrée dans les traditions et fondements même de leur vie.

Le roman débute par une scène choc d'une terrible cruauté (il y en aura d'autres). Nous sommes en Tchécoslovaquie dans les années 30. La milice fasciste du pays, les Hlinskas, forcent les tziganes à disposer leurs roulottes en cercle sur la glace d'un grand lac. Ils sont tous là, femmes, enfants, chevaux, jeunes et vieux... désormais prisonniers. Les Hlinkas allument des feux tout autour sur la berge et ils attendent : la température monte dans l'après-midi et la glace fond...
Seuls survivants du massacre et de leur communauté, Zoli Novotna (Marienka) et son grand-père étaient partis en forêt. Zoli n'a que 6 ans et vient de perdre tous ses proches. Son grand-père ne prend pas le temps de lui donner des explications : il fuit avec elle, allant de communauté en communauté. Lorsqu'ils s'installent finalement dans un nouveau clan, la petite Zoli a grandi et se fait enfin une amie, Conka, avec qui elle va partager de nombreux jeux.
Mais ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est chanter, et écrire (ce qui est interdit). Sa voix et sa personnalité fascinent tous ceux qui croisent sa route. Zoli a découvert le pouvoir des mots et sait les utiliser...
Il est vrai que Zoli est devenue une jeune fille forte, au caractère façonné par son peuple, et ses souffrances, mais aussi par ce grand-père aimant qui a pris soin d'elle durant son enfance, un ancêtre incroyablement conservateur et moderne à la fois, qui lui a appris en cachette, tout en parcourant les routes, à lire et écrire, (lui-même a toujours un livre caché dans ses affaires, bravant ainsi l'interdit tzigane).
Il lui a appris aussi l'histoire de son peuple (que nous apprenons en même temps). Il lui a parlé aussi du présent, du communisme et de la révolte prolétarienne.
Un jour, ses poèmes et ses chansons, dans lesquels elle raconte l'histoire des siens, sont remarqués par le poète communiste Martin Stransky qui veut faire d'elle, après-guerre, un symbole, celui de la cause du peuple tzigane. Parler, en chansons ou à travers ses poèmes, des souffrances de son peuple, la propulse sur le devant de la scène, attire du public pour l'écouter.
Zoli qui sait qu'elle n'appartiendra jamais à ce milieu, et qui ne s'y sent pas à l'aise, elle qui aime avant tout sa vie dépouillée, dans laquelle elle puise ses forces et son inspiration, pense un temps que cela va pouvoir aider les siens. Elle se trompe.
Mais ce succès donne envie au poète de publier un recueil contenant ses poèmes. Il y renonce car c'est contraire à la tradition tzigane. Livrer au gadjé ses mots, c'est trahir son peuple, c'est trahir l'âme de son peuple.
En même temps, son peuple est trahi par les autorités qui, après avoir promis l'égalité des droits aux roms, leur imposent entre autre, d'abandonner leur roulotte, pour les "parquer" dans des immeubles, où ils vont perdre leur âme : c'est la Grande Halte.
Le jeune assistant de Martin Stransky, Stephen Swann, un anglais fou amoureux de Zoli, finira par la trahir en publiant en cachette ses textes.
Elle est alors bannie par les siens et doit repartir sur les routes, désormais seule, passer des frontières bien gardées, et poursuivre son rêve de regagner un jour peut-être...Paris.
Elle qui avait été adulée par le parti communiste, doit réapprendre à vivre, tout en reniant son passé et ceux qu'elle a croisés sur sa route. Elle est libre mais paiera cher cette liberté, car ses pas vont l'emmener bien loin des siens.

J'ai trouvé ce roman émouvant et très prenant, malgré quelques longueurs vers la fin.
Dès les premières pages, le lecteur veut suivre Zoli et savoir ce qui va advenir de sa vie. J'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire des tziganes et ce qu'ils ont eu à subir sous le régime nazi, mais aussi de la part des communistes qui ont été, eux-aussi, capables du pire. J'ai appris certaines des traditions de leur peuple, même si j'en connaissais déjà une grande partie.
C'est un roman difficile à résumer, tant il y a d'événements et de détails. le récit alterne époques et narrateurs, mais l'époque est bien précisée en début de chapitre, ce qui permet au lecteur de se repérer facilement.
Ce roman nous offre un très beau portait de femme : Zoli est en effet un personnage fascinant, parfois insaisissable, mais central dans le roman...d'où le titre. Elle porte en elle toute l'histoire de son peuple, mais nous donne à voir aussi les conditions de vie de ses consoeurs. Elle-même sera mariée toute jeune à un homme aimant, mais plus âgé qu'elle qui par chance la respectera, ce qui n'est pas le cas de tous les hommes autour d'elle.
Elle incarne à elle seule, la liberté, la révolte, la richesse intérieure et le courage, et ressemble à cela à son peuple, un peuple fier et courageux, auquel elle restera attachée jusqu'à la fin de sa vie, même une fois très loin de lui.
Il faut savoir que l'auteur s'est inspiré, pour le personnage de Zoli, d'une poétesse ayant réellement existé : Bronislawa Wajs, surnommée Papusza (qui signifie "poupée en romani). Un film lui a été consacré en 2013. Peut-être l'avez vous vu ?
Ce roman est un très beau livre, même si certains passages sont très durs. Je le recommande à tous ceux qui veulent en savoir plus sur ce peuple persécuté depuis des décennies, sur leurs traditions et l'importance chez eux de la transmission qui, de génération en génération, a permis de garder ces coutumes intactes...tout cela dans la joie, le partage, les chants, les danses, les fêtes...
J'ai aimé le regard attentif et bienveillant de l'auteur qui nous expose, comme à son habitude, les faits tels qu'ils sont, sans nous demander de prendre partie, et sans porter un quelconque jugement sur les événements.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Roman très bien mené autour d'une tzigane naïve, Zoli, une poétesse bannie par les siens pour avoir non seulement appris à lire malgré l'interdit, mais surtout livré l'histoire de sa communauté au régime communiste qui a utilisé ce porte-parole pour assimiler ce peuple.
L'auteur s'est très bien documenté sur l'histoire de ce peuple en Tchécoslovaquie depuis les années 1930.

Lire également : N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani sur les Gens du voyage à la même époque, mais en France.
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Suivre l'histoire de Zoli, c'est suivre l'histoire du peuple rom : son ostracisation, son extraordinaire liberté, sa culture, ses traditions. C'est le parcours d'une femme libre qui paye le prix de la liberté qu'elle a chèrement acquise dans un milieu très clanique. Et la plume de Colum Mc Cann est toujours aussi belle et incisive.
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Hormis ce portrait de femme insoumise auquel on pouvait s'attendre et qu'on espérait, McCann rend hommage à l'esprit Rom dans son écriture qui fait ressentir le souffle, l'aspiration, la route.
C'est d'autant plus remarquable durant l'errance et l'exode de son héroïne Zoli.
Il réussit le tour de force de rendre la Ville nébuleuse, comme une idée à peine esquissée et focaliser l'attention du lecteur sur la route arpentée en aveugle. Il va au plus près de son personnage qui semble avancer à l'écart du monde.
La lecture a été très troublante...
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ce roman m'a bluffé. son style bref et décisif, riche, fait penser à une cascade ou à une rivière qui se joue des obstacles.
A relire notamment pour y retrouver de très belles citations.
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Colum McCann est un auteur que j'aime beaucoup et cela fait longtemps que je voulais lire Zoli dont le thème m'attirait beaucoup. Courant des années 30 à 2003, il nous conte l'histoire de Zoli, une jeune rom dont la vie est marquée par un drame à l'âge de six ans. Élevée par son grand-père qui lui apprend à lire et à écrire, contrairement aux coutumes de son peuple, elle développe un don pour la poésie et le chant, dons remarqués par un poète communiste. Malheureusement trahie par Swann jeune anglais amoureux d'elle, Zoli connaîtra l'exil et le rejet des siens.

Zoli est un très beau livre, un livre qui nous parle de liberté, d'indépendance, de persécution et d'exil. a travers l'histoire de Zoli, c'est l'histoire du peuple rom qui nous est conté ici. Un peuple, comme Zoli, épris de liberté mais qui se retrouvera toujours persécuté par les différents régimes tout en gardant cependant, envers et contre tout, ses coutumes et ses traditions.

Les différentes parties du récit ne sont pas contées par le même narrateur et cela m'a parfois un peu gêné au cours de ma lecture car j'ai trouvé certaines parties mieux racontées que d'autres. J'ai également dû faire quelques recherches historiques car j'ignorais totalement certains faits. Si l'on ne connaît pas ou peu l'histoire de la Tchécoslovaquie, il peut être difficile de s'y retrouver et j'aurais bien aimé quelques explications supplémentaires sur les différents événements historiques. Cependant, cela n'enlève en rien la qualité de ce livre, roman particulièrement intense.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas ouvert un livre de cet auteur mais j'ai désormais bien envie d'en découvrir de nouveaux.
Lien : https://tantquilyauradeslivr..
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L'ouvrage "La Libraire de la place aux herbes" m'a donné envie de lire ce livre.
C'est une belle découverte ! Une histoire originale, pleine de beauté, qui nous fait voyager dans le temps et l'espace. Nous suivons les pas de Zoli, jeune fille puis femme on ne peut moins commune rom, talentueuse chanteuse et poétesse. Radiée par les siens, Zoli fuie à travers l'Europe. Une quête de soi extraordinaire. À lire !
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Destin d'une rom pas comme les autres.
Rudesse de la destinée.
Marquée par l'histoire de cette femme qui doit se battre parce qu'elle est femme, parce qu'elle est rom... et la magie de ses rebondissements.
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La magnifique histoire de Zoli, tsigane, femme libre, trop libre pour ces hommes en guerre.
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