Le Coeur est un chasseur solitaire

"Avec lui, elle était absorbée par l'idée de tout enregistrer dans sa tête afin de le revivre plus tard et de ne rien oublier".

Il attendait la colère noire, terrible, comme on attend une bête bondissant dans la nuit. Mais elle ne vint pas. Ses entrailles semblaient de plomb et il marchait lentement, frôlant les palissades et les murs froids et trempés tout le long du chemin. Une descente dans les profondeurs jusqu'à ce qu'enfin il n'y ait plus aucun prétexte au-dessous. Il toucha le fond solide du désespoir et y prit pied.
Il éprouva alors une certaine joie forte et sainte. Le persécuté rit et l'esclave noir, sous le fouet, chante pour son âme outragée. Un chant était en lui - ce n'était pas de la musique, mais le sentiment d'un chant. Et le poids de la paix alourdissait ses jambes au point que, seul, son ferme idéal lui permettait de marcher. Pourquoi allait-il de l'avant ? Pourquoi ne pas se reposer sur ce fond de complète humiliation et, pour une fois, s'en rassasier ?
Mais il allait de l'avant.

Enfant de l’adversité, je sens la puanteur coupable de la bière dans ton souffle. Et tu fumes la cigarette. Si le Seigneur avait voulu que nous fumions des cigarettes, Il l’aurait dit dans Son Livre. Tu as sur ton front la marque de Satan. Je la vois. Repens-toi. Laisse-moi te montrer la lumière. »

Vous vous rappelez les quatre personnes dont je vous ai parlé la dernière fois. Je vous ai dessiné leurs portraits : le Noir, la jeune fille, l’homme moustachu et le propriétaire du Café de New-York. Je voudrais vous dire plusieurs choses à leur sujet mais je ne suis pas très sûr de pouvoir les exprimer.
Ils sont tous très occupés. En fait, ils sont si occupés qu’il vous sera difficile de vous les représenter. Je ne veux pas dire qu’ils travaillent nuit et jour ; c’est leur esprit qui n’est jamais en repos. Ils viennent dans ma chambre et me parlent tellement que je me demande comment une personne peut ouvrir et fermer si souvent la bouche sans être fatiguée. […] Les autres haïssent tous quelque chose. Et ils ont tous quelque chose qu’ils aiment plus que la nourriture ou le sommeil ou le vin ou la compagnie d’un ami. C’est la raison pour laquelle ils sont toujours si occupés.

Sa voix était forte et cassée. "Je suis un homme qui sait. Je suis un étranger dans un pays étrange." (p41)

Blount n'était pas un monstre, malgré l'impression qu'il produisait au premier abord. Il semblait atteint d'une espèce de difformité - mais, quand on l'examinait de près, chaque partie était comme il fallait. Par conséquent, si la différence n'était pas physique, elle devait être morale. Il ressemblait à un homme qui a purgé une longue peine de prison, où fait ses études à Harvard, où bien vécu longtemps avec des étrangers en Amérique du Sud. Il paraissait être allé dans des endroits improbables ou avoir accompli des actes inouïs. (p38)

The idea of the party was over entirely now. This was just a regular playing-out. But it was the wildest night she had ever seen. The kids had caused it. They were like a catching sickness, and their coming to the party made all the other people forget about High School and being almost grown. It was like just before you take a bath in the afternoon when you might wallow around in the back yard and get plenty dirty just for the good feel of it before getting into the tub. Everybody was a wild kid playing out on Saturday night – and she felt like the very wildest of all.

The place was still not crowded – it was the hour when men who have been up all night meet those who are freshly wakened and ready to start a new day. The sleepy waitress was serving both beer and coffee. There was no noise or conversation, for each person seemed to be alone. The mutual distrust between the men who were just awakened and those who were ending a long night gave everyone a feeling of estrangement.

Ne me pose pas de questions et je ne te raconterai pas de mensonges. L'indiscrétion est toujours punie.

Bien sûr, il ne comprenait pas toutes les phrases, mais de toute manière elle ne les disait pas pour leur sens.