Le Coeur est un chasseur solitaire

Il ne cherche pas d’où viennent la pauvreté et le chômage. Il dirige d’instinct sa colère contre la seule classe sociale qui lui soit inférieur : la classe noire. (Esquisse pour le muet)

Le silence dans la salle était aussi profond que la nuit. Biff restait immobile, perdu dans ses méditations. Puis brusquement, il se sentit agité. Le cœur lui manqua et il dut s'appuyer au comptoir. Car, dans la vive clarté d'une illumination, il eut la révélation de la lutte humaine et du courage. Du passage sans fin de l'humanité à travers le temps sans fin. Et de ceux qui travaillent et de ceux qui .. un mot .. aiment. Son âme se dilata. Mais seulement pour un instant. Car il sentit en lui un avertissement, une flèche de terreur. Il était suspendu entre deux mondes. Il vit qu'il se regardait dans la glace placée devant lui. La sueur lui perlait aux tempes et son visage était contracté. Un œil lui semblait plus ouvert que l'autre. Celui qui, rétréci, considérait le passé, tandis que l'autre, agrandi par l'effroi, regardait un avenir de ténèbres, d'erreurs et de ruines. Et il était suspendu entre la lumière et les ténèbres. Entre l'ironie amère et la foi. Il se détourna brusquement.

Puis brusquement il se sentit agité. Le cœur lui manqua et il dut s’appuyer au comptoir. Car, dans la vive clarté d’une illumination, il eut la révélation de la lutte humaine et du courage. Du passage sans fin de l’humanité à travers le temps sans fin. Et de ceux qui travaillent et de ceux qui… un mot… aiment. Son âme se dilata. Mais seulement pour un instant. Car il sentit en lui un avertissement, une flèche de terreur. Il était suspendu entre deux mondes. Il vit qu’il se regardait dans la glace placée devant lui. […] Un œil lui sembla plus ouvert que l’autre. Celui qui, rétréci, considérait le passé, tandis que l’autre, agrandi par l’effroi, regardait un avenir de ténèbres, d’erreurs et de ruines.

« […] Ils ont fait du mot liberté un blasphème. […] Ils l’ont fait puer comme un putois, puer pour tous ceux qui savent. »

Mick s'assit sur les marches, la tête sur les genoux, et rentra dans l'espace du dedans. Pour elle, il y avait deux espaces - l'espace du dedans et l'espace du dehors. L'école, la famille, les événements du quotidien s'inscrivaient dans l'espace du dehors. Mr Singer était dans les deux espaces. Les pays étrangers, les projets et la musique occupaient l'espace du dedans. Les chansons qu'elle imaginait. Et la symphonie. Quand elle était seule dans l'espace du dedans, la musique qu'elle avait entendue le soir de la fête lui revenait. Cette symphonie poussait lentement comme une fleur dans son esprit. Quelquefois, pendant la journée, ou le matin à l'instant de son réveil, une nouvelle partie de la symphonie lui apparaissait brusquement. Il lui fallait alors s'isoler dans l'espace du dedans, l'écouter plusieurs fois et tenter de la fondre dans les passages qu'elle se rappelait. L'espace du dedans était un endroit très secret. Au milieu d'une maison pleine de monde, Mick pouvait y rester enfermée à double tour. (Trad.: Frédérique Nathan)

Depuis quarante ans, sa mission était sa vie et sa vie se confondait avec sa mission.

Et alors, c'etait donc comme ça. C'était comme ça.

- Je vous admire pour votre ignorance.
- Pourquoi ? (…) John, je crois que je m’en fiche.
- C’est bien ce que je veux dire. Vous n’encombrez pas votre esprit des incidents de la vie.
(Ecrivains, écriture et autres propos)

Un compte rendu complet et explicatif serait plus long que le livre même car un bon livre contient plus de choses que n’en laissent entendre les mots. (Esquisse pour le muet)

Pourtant, ici, en Amérique, nous nous proclamons libres. Et le plus drôle, c’est qu’on a tellement enfoncée cette idée dans le crâne des métayers, des ouvriers des filatures et de tous les autres qu’ils y croient vraiment. Mais il a fallu une sacrée épaisseur de mensonges pour les empêcher de comprendre.