Je viens d'achever la lecture de ce huitième tome des Maîtres de Rome, et pour moi c'est peut-être le meilleur, ce qui n'est pas peu dire car les précédents semblaient difficilement dépassables – j'espère ne pas être induite en erreur par le temps qui s'est écoulé depuis ma lecture des tomes précédents, qui m'ont à chaque fois éblouie. Mais celui-là a été le plus entraînant, le plus « page turner », comme on dit. Celui qui se lit le plus facilement (d'autant plus que l'on est maintenant tout à fait habitué à la narration de l'auteur, et familier des personnages que l'on côtoie depuis des milliers de pages), et avec le plus de plaisir. L'auteur a réussi la prouesse de rendre simple, divertissante, passionnante une guerre civile très complexe ; de nous de nous faire comprendre ses causes et ses enjeux ; de nous faire mémoriser les noms des principaux membres des deux camps, les pompéiens et les césariens, et de nous dépeindre la personnalité, la manière de réfléchir de chacun.
Elle est parvenue avec brio, aussi, à nous faire toucher du doigt les grandes questions de stratégie et de tactique auxquelles chacun des deux généraux était confronté. C'est palpitant ! La compréhension est d'autant plus aisée, pour le lecteur, qu'elle s'aide, comme d'habitude, de cartes qu'elle a réalisées elle-même. Une carte pour l'expédition de César en Ibérie en -49, une carte de l'Égypte, car une petite partie du roman s'y déroule (Cléopâtre entre en scène, notamment), une carte de la Macédoine, de l'Épire, de la Grèce et d'une partie de la province d'Asie, et pour finir une carte de l'Italie et des campagnes de -49.
Il y a des moments d'anthologie. J'ai jugé particulièrement bouleversante
la mort de Pompée, à la toute fin du tome, qui est racontée de façon tout à fait fidèle à ce qu'on connaît de la vérité historique (Plutarque, Vie de Pompée).
Il y a aussi de très nombreux clins d'oeil dans tout le tome. Des clins d'oeil que le lecteur s'y connaissant un minimum en histoire de la fin de la République romaine et du début de l'Empire aura compris, et que le lecteur totalement profane mais qui les repère et les garde en mémoire comprendra lors de la lecture des volumes suivants. Ainsi, on commence à voir se multiplier les scènes où le petit-neveu de César, le jeune Caius Octavius,
futur Auguste , et encore adolescent, est présent. Il impressionne chaque fois les adultes de son entourage par son intelligence. Il y a aussi la belle scène où César pardonne de bon coeur à Brutus, ce dernier étant terrorisé de sa colère, car il a pris les armes contre lui en rejoignant le camp de Pompée. César lui pardonne avec sa grandeur d'âme et sa magnanimité coutumières – tout ce passage est, évidemment, empreint d' ironie tragique. Vous pouvez consulter la rubrique « Citations » si ça vous intéresse, j'ai posté l'extrait en question.
Bref, c'est excellent, comme toujours, car l'auteur est à la fois une excellente historienne, une romancière hors pair et, oserai-je dire, une brillante vulgarisatrice historique.
C'est peut-être même encore plus excellent que d'habitude ; on sent que l'auteur a pu s'en donner à coeur joie, car c'est une période particulièrement dense, intense et riche en retournements, trahisons, scènes émouvantes ou comiques (l'humour de
Colleen McCullough est redoutable !), etc.
Je conseille donc ce livre à tous les passionnés de romans historiques et à tous les amoureux de l'histoire romaine.