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Autant le dire tout de suite, ce recueil de sept nouvelles a eu raison de ma persévérance. Je me suis quand même traîné laborieusement jusqu'à la quatrième dont le titre - « La petite déesse » - est aussi celle du livre, pensant naïvement qu'elle sortirait du lot. Même pas !
Voyager dans une Inde futuriste en proie à des problèmes de surpopulation, de gestion de l'eau, de cohabitation entre les intelligences artificielles et les humains, une Inde tiraillée entre ses traditions millénaires et une fuite en avant technologique, avait pourtant quelque chose d'alléchant… Mais la froideur des personnages, la surabondance de termes techniques, un style bizarroïde, sans souffle, sans coeur, m'ont vite fait déchanté.
Après avoir lu des choses du style « mais les garçons de Kâli avaient vraiment l'air sexy dangereux cool » ou « Elle se trouvait à l'intérieur du gant-palmeur recouvrant sa main brune et pouvait se manifester dans toutes sortes d'endroits commodes : le système de l'école, le café de Tinneman, l'écran de travail en e-papier de Kile, mais le meilleur était le lighthoek (marque déposée) à proprioception complète nouveau-à-faire-peur… », je suis parti en courant.
En résumé, je n'ai absolument rien compris à ce livre qui manifestement n'est pas fait pour moi.
Un grand merci à Babélio et aux éditions Folio qui me l'ont offert.
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Namasté
" La petite Déesse " de Ian Mc Donald a faillit avoir raison de moi, mais étant d'une nature coriace j'en suis venu à bout.
A travers sept nouvelles, ce roman nous plonge dans un futur pas très lointain.
Nous sommes en 2047 en Inde, ce pays est maintenant divisé en quatre états indépendants. L'absence de mousson et la sécheresse engendre des conflits .
Les intelligences artificielles sont omniprésentes, elles gèrent la société indienne de A à Z, cette société ou il a quatre hommes pour une femme, la course au mariage est devenu le sport national. On y découvre les brâhmanes, des enfants génétiquement modifiés, mi-homme mi- dieu.
" La petite déesse " est un roman complexe par manque d'information de l'auteur. Faut-il avoir lu le premier roman de Ian Mc Donald " le fleuve des dieux " pour en comprendre les subtilités je n'ai pas la réponse.
Ce roman m'a laissé sur ma faim dommage car les thèmes abordés étaient intéressants.
Je tenais à remercier les éditions Denoël et babelio pour l'envoi de ce roman dans le cadre de l'opération masse-critique.
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Premier souci avec ce recueil de cinq nouvelles et deux romans : il semblerait qu'il soit complémentaire du roman le Fleuve des dieux, donc plutôt destiné aux lecteurs de ce dernier. Et de ça, la quatrième de couverture ne dit rien. Donc, il n'y a pas de raison, a priori, pour qu'un public qui ne connaît pas le Fleuve des dieux n'aborde pas La petite déesse naïvement, sans se préoccuper des autres oeuvres de l'auteur. Second souci : Ian McDonald fait très peu d'efforts, sans doute justement parce qu'il a fait publier ce livre pour les lecteurs du Fleuve des dieux, pour qu'un lecteur qui n'est pas familier de cet univers puisse trouver ses repères. de quoi décourager les plus tenaces, vu qu'on a la sensation qu'on s'est un peu foutu de nous, tant du côté de la maison d'édition que du côté de l'auteur.

La première nouvelle, Sanjîv et Robot-wallah, est incompréhensible dès les premières pages, et il faut faire un sacré effort pour saisir un peu du sujet. Non seulement, on n'a droit à aucune mise en place du contexte (qui est celui d'une guerre civile, tout de même), mais Ian McDonald nous abreuve de néologismes que, d'entrée, on ne peut pas comprendre. Là, comme ça, si je vous parle en insérant dans mon vocabulaire, toutes les deux phrases, des mots comme "aeai", "hoek", "robot-wallah", "palmeur", entre autres, est-ce que vous allez me comprendre ? Il est probable que non. Ici, même insérés dans tout un texte qui devrait les éclairer, ces termes ne paraissent pas plus naturels que lancés en l'air. Sans compter que la manière de traiter le sujet - l'utilisation d'adolescents pour leurs compétences techniques dans une guerre puis leur marginalisation sociale lorsqu'ils ne servent plus à rien -, s'avère inintéressante. Pas un brin de psychologie, pas d'analyse sociologique, rien. Donc, après avoir lu cette seule nouvelle, j'en étais arrivée à penser que l'auteur n'utilisait des néologismes, sans même ajouter un glossaire en fin d'ouvrage, que pour faire le malin. Et que de l'Inde, il ne connaissait finalement pas grand-chose.

Oui, parce que l'Inde, c'était ma principale motivation pour lire La petite déesse. L'Inde et la SF. Je lis de temps à autre des romans contemporains indiens, qui traitent souvent de la condition des femmes dans le pays, et le fait que des nouvelles et des romans de SF aient l'Inde pour décor, je pensais que ça m'apporterait un vent nouveau et une nouvelle manière de découvrir le pays par la littérature. Oui mais non. Les oeuvres du recueil se déroulent bien dans une Inde légèrement futuriste, mais on sent bien que sa connaissance de L'Inde, Ian Mc Donald ne la tient pas d'y avoir vécu, même un peu. Ce qui fait qu'on tombe parfois dans le cliché, ou bien que, tout simplement, le récit pourrait se dérouler n'importe où ailleurs. L'Inde n'est bien qu'un décor, et c'est le problème.

De certaines nouvelles, j'ai presque tout oublié rapidement. Me restent en mémoire, essentiellement, deux nouvelles qui m'ont tout de même plu : L'assassin-poussière, histoire de mariage arrangé, de rivalité entre clans et d'amour tragique, et Un beau parti, nouvelle dramatique non dénuée d'humour sur le sujet des intelligences artificielles, et qui parie sur le fait que très bientôt, les femmes vont manquer. Donc que les hommes devront leur courir après et développer des trésors d'imagination pour leur plaire, afin d'avoir une chance de se marier un jour - la situation exactement inverse de celle que nous connaissons. le roman La petite déesse, sur l'histoire d'une Kumari, n'est pas si mal ; mais j'ai comme eu l'impression de relire en sous-texte les articles documentaires que j'avais pu déjà lire sur les Kumari. Et que dire du roman final, Vishnu au cirque des chats ? Il explique une bonne partie de l'univers du recueil. Seulement, ça arrive trop tard, bien trop tard. Pour les néologismes, on avait bien fini par les comprendre tant bien que mal au bout d'une bonne centaine de pages. Et pour le contexte (pas si bien explicité que ça ici, d'ailleurs), ben on a tellement pataugé qu'on est un peu dégoûté qu'on vienne nous éclairer seulement maintenant. Surtout que l'histoire est longuette, et que, question réflexion sur l'intelligence artificielle, ça ne vaut carrément pas les films d'animation ou la série Ghost in the shell (je ne parle de cette horreur avec Scarlett Johansson, hein).

Donc voilà. C'est un recueil assez inégal, qui utilise insuffisamment, en général, le cadre de l'Inde, et qui fatigue dès les premières pages à force de néologismes et parce que l'auteur n'a pas pris la peine de poser son univers dès le départ. L'aspect technologique n'est pas très fouillé non plus. Ne parlons même pas de l'aspect sociologique, à peine effleuré. Et côté glossaire, il aurait peut-être été judicieux d'en créer un, hors néologismes, portant sur les termes en langues indiennes, pour les lecteurs qui ne sont pas forcément familiers de la culture et de la littérature indienne. C'est ce que font les éditions Philippe Picquier.

Alors oui, au bout d'un moment, on aura compris qu'il s'agit d'une Inde (autour de 2047) futuriste, où l'intelligence artificielle a fait un bond en avant, que le pays, après une (ou, plusieurs, c'est pas clair) guerre civile s'est scindée en plusieurs États, où l'eau manque terriblement et où on peut modifier génétiquement les enfants à venir. Bah ! Essayez si vous voulez : c'est très poussif par moments, bien plus agréable par d'autres. À vous de voir. Je signale quand même que j'ai mis plus d'un an et demi à en venir à bout.
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En Résumé : J'ai passé un excellent moment avec ce livre qui nous propose à travers sept nouvelles de replonger dans l'univers du Fleuve des Dieux et de cette Inde futuriste. On plonge avec plaisir dans des textes toujours aussi denses, soignés et palpitants qui se suivent chronologiquement et permettent ainsi de découvrir, à travers des personnages travaillés et accrocheurs, l'histoire d'une Inde qui a du mal à vivre son statu de puissance. Entre castes, environnement, tradition et technologie on se retrouve dans un univers qui mélange les genres de façon cohérente et surtout fascinante, nous offrant une peinture de ce pays à la fois tragique et magnifique. Ces textes viennent surtout compléter tout le travail qui a été effectué par le Fleuve des Dieux et permet aussi, parfois, de mieux le comprendre, de mieux en discerner les tenants et les aboutissants, d'y apporter de nouveaux éléments dans cette fresque. Alors certes, un ou deux textes m'ont paru légèrement en dessous des autres, mais franchement rien de gênant tant l'ensemble me confirme que Ian McDonald fait partie des grands de la SF.

Retrouvez ma chronique sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Il y a dix ans, Ian McDonald publiait un roman de science-fiction mettant en scène une Inde futuriste, « Le Fleuve des Dieux », qui rencontra un succès retentissant. Avec « La petite déesse », l'auteur revient à cet univers par le bais de sept nouvelles, chacune consacrée à un moment phare ou un concept particulier permettant de véritablement révéler l'incroyable complexité de cette Inde du future.

Très enthousiaste à l'idée d'enfin découvrir les écrits de Ian McDonald, je dois malheureusement avouer être totalement passée à côté de ce recueil à la lecture duquel je ressors frustrée. Frustrée d'abord parce qu'il m'apparaît évident que l'ouvrage ne constitue pas une porte d'entrée vers l'univers de l'auteur mais plutôt un bonus réservé aux connaisseurs. Autrement dit : si vous n'avez pas lu « Le Fleuve des Dieux », bon courage pour tenter de saisir ce dont il est question ici ! Frustrée également parce que je ne m'attendais pas à ce que l'aspect « hard-sf » soit si important : intelligences artificielles, continuum spacio-temporel..., bref, dès les premières pages je me suis vue décrochée en raison de l'abondance des termes techniques utilisés par l'auteur sans qu'aucune explication ne soit fournie. Et il n'y a d'ailleurs pas que le jargon employé qui pose problème ! La faute incombe t-elle à l'auteur lui-même ou bien à la traduction, toujours est il que j'ai trouvé l'ouvrage vraiment mal écrit, notamment en raison de la présence à certains passages de termes vulgaires qui tombent comme un cheveu sur la soupe et jurent complètement avec le ton du reste du recueil.

Malgré ces inconvénients (qui sont, je le reconnais, pour la plupart dus à ma propre ignorance ainsi que mon manque d'intérêt pour ce style de SF), il faut reconnaître que certains des concepts élaborés par l'auteur ne manquent pas de piquer la curiosité du lecteur. Se dessine ainsi au fil des nouvelles le portrait d'une Inde confrontée à une multitude de problèmes aussi bien démographiques que géopolitiques, économiques, ou encore technologiques. Les hommes y sont quatre fois plus nombreux que les femmes, les intelligences artificielles y occupent une place de premier plan dans la société, la guerre pour l'eau commence à y faire ses premières victimes..., bref, autant de problèmes dont on commence tout juste aujourd'hui à percevoir les conséquences terribles qu'ils pourraient avoir sur l'avenir et que l'auteur aborde sous un angle intéressant. La tentative de Ian McDonald de mêler autant que possible cette technologie hyper avancée dont il est question tout au long de l'ouvrage à la culture et la mythologie indienne est également une bonne idée et permet au lecteur de pleinement se sentir immergé dans ce pays aux milles facettes et en pleine mutation.

Venons-en à présent aux nouvelles en elles-mêmes, d'une qualité très inégale. Étrangement (ou pas...), c'est lorsqu'il met en scène des personnages féminins que l'auteur sait se faire le plus convaincant, même si la plupart de ses héroïnes manquent terriblement de chaleur et d'humanité. « L'assassin-poussière », mettant en scène une jeune fille victime d'une guerre entre deux grandes familles qui se disputent le monopole de l'eau dans le pays depuis des siècles, figure ainsi parmi les nouvelles les plus réussies, de même que « L'épouse du djinn » consacrée à l'histoire « d'amour » entre une danseuse et une intelligence artificielle. Un texte qui, au contraire de tous les autres, met en scène des personnages très humains et auxquels on s'attache donc plus aisément. « Un beau parti », nouvelle abordant le cauchemars qu'est devenu pour les hommes la recherche d'une épouse dans une société qui compte quatre fois plus d'hommes que de femmes, souffre pour sa part de quelques problèmes de construction mais reste dans l'ensemble divertissante. Idem pour « Vishnu au cirque de chats » qui, en dépit de sa complexité, permet de se faire une vision plus précise de l'évolution du pays.

Avec « La petite déesse et autres histoires d'une Inde future », Ian McDonald propose sept nouvelles qui ne manqueront certainement pas de ravir les lecteurs du « Fleuve des dieux » mais qui risquent fort de décontenancer les autres. Abondance de termes techniques, explications brouillonnes, style peu agréable, personnages froids..., autant de défauts qui m'auront complètement fait passer à côté de cet ouvrage dont j'ai pourtant entendu le plus grand bien.
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Pour ceux qui n'auraient pas encore sauté le pas, La Petite Déesse s'avère être une entrée en matière accessible à l'Inde 3.0 du Fleuve des Dieux. Pour les autres, la connaissance du background permet d'en apprécier tous les détails et subtilités et la familiarité avec les concepts et vocabulaire utilisés rendent la lecture plus fluide et appréciable. de plus, certains personnages ou événements présents dans le Fleuve de Dieux réapparaissent en filigrane dans ces nouvelles et nous permettent de remettre certaines pièces manquantes du puzzle en place.

Véritable fresque dépeignant l'Inde future sur plusieurs dizaines d'années et dont les interrogations ne trouvent pas de réponses absolues mais plutôt des clés de réflexion, La Petite Déesse est une nouvelle preuve du génie d'écriture et d'imagination de Ian McDonald qu'il serait dommage de rater !

Critique complète sur mon blog !
Lien : http://the-last-exit-to-nowh..
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Ce n'est pas souvent que je lis de la science-fiction, mais j'avoue que cette "Petite déesse", de Ian McDonald, m'a intriguée : l'action de ces 7 nouvelles se situe dans l'Inde des années 2050, et montre ce que cette nation pourrait devenir, entre poids des traditions, sécheresses et hautes technologie. La nouvelle qui a donné son nom au recueil en est l'exemple : une petite fille de l'Himalaya se retrouve désignée comme nouvelle déesse rouge, et passe ainsi son enfance séparée de ses parents, enfermée dans un temple dédié au culte du sang ; ceci ne prendra fin que lorsque le sien coulera pour la 1ère fois, ce qui arrivera d'ailleurs de manière assez surprenante. Elle se retrouvera alors projeter dans le monde réel, où les logiciels donnent une nouvelle dimension aux relations humaines...
J'avoue que je suis assez partagée sur ce livre : j'ai aimé les nombreuses références à la culture indienne, que ce soit les villes ou les traditions, qui m'ont bien faites voyager ; j'ai aimé aussi l'incroyable cohérence de toutes ces nouvelles entre elles, reflets différents d'un monde complexe imaginé par l'auteur ; par contre n'est pas Stephen Sweig qui veut, et je trouve que le lecteur est souvent largué dans ces courts récits avec des termes et des situations qui ne sont pas expliqués. Bref, un peu opaque quoi, mais plein d'idées !
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« La Petite déesse » est un recueil de sept nouvelles qui ont pour cadre une Inde du futur divisée en plusieurs états et victime d'une sécheresse mortelle. Une Inde dynamique en matière d'informatique et d'avancées sur l'intelligence artificielle, mais une Inde toujours croyante et religieuse. La rencontre entre les deux, prouesses technologiques et rites ancestraux, accouche d'une société superstitieuse et puissante, mais consciente aussi que les créatures créées peuvent leur échapper...
Malgré tous les prix obtenus pour ce recueil par Ian McDonald et le plaisir que j'ai eu à lire « Roi du matin, reine du jour », j'ai eu ici plus de mal à m'immerger et à me laisser porter dans cet univers.
En cause principalement, ma méconnaissance des traditions et des coutumes qui m'ont fait achopper sur quasiment tous les termes indiens... J'avais bien l'ambiance générale, mais aussi la désagréable impression de passer à côté d'informations / d'évocations / de sous-entendus importants. Quant à chercher la signification des mots dans le dico, vous conviendrez que ça ne rend pas la lecture plus fluide...
Je regrette donc amèrement cet obstacle technique, d'autant plus que l'écriture de McDonald est très poétique, riche et charmante. Ma contrariété n'en a été que plus grande...
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Je dois vous avouer un truc. Ian McDonald me fait peur. Enfin, ses livres, pas lui : aux Utopiales de l'an dernier, il était on ne peut plus gentil et super enthousiaste que des blogueurs lui décernent un prix littéraire. Je l'avais déjà senti à la lecture du dossier qui lui était consacré dans le Bifrost. Et puis patatra, il y eut La maison des derviches pour me conforter dans mon opinion.

En plus, je le sentais arriver que La petite déesse allait être nominé pour le Prix Planète SF de cette année... Ben voilà. Là je me suis dit que mes collègues de jury n'étaient vraiment pas sympa de m'infliger -ENCORE- Ian McDonald pour mon rattrapage d'été.

En fait, je vous le donne en mille ... J'ai été complètement conquise. Alors certes j'ai mis deux semaines à lire la bête (qui n'est pas bien grassouillette : 362 pages, mais je reviens de loin). Mais, , comme un plat indien (pas trop épicé, s'il vous plait), ce recueil se savoure (comprendre : j'ai d'énormes problèmes de concentration et donc je lis très lentement dès que la lecture devient plus exigeante).

La petite déesse (qui est le titre d'une des nouvelles) est un recueil de sept nouvelles se passant dans une Inde futuriste, dans le même univers que le roman multiplement encensé le Fleuve des dieux. Je n'ai pas lu ce roman : 600 pages de Ian McDonald, vous pensez bien, on me l'aurait offert que je l'aurais caché dans le fond de ma PàL. Mais je ne pense pas me tromper en disant que La petite déesse ferait une excellente entrée en matière avant de s'attaquer au mastodonte. Enfin en tout cas, cette lecture m'a donné ENVIE de lire le fleuve des dieux (je vous rappelle que je reviens de loin). le format nouvelle permet d'aborder les différentes thématiques qui animent cette Inde futuriste de façon plus douce, petit bout par petit bout, tout en proposant sept textes qui sont hyper cohérents entre eux, bien que ne mettant pas en scène les mêmes personnages. [Il y a un peu de SPOILER entre ICI:] Sans aller jusqu'à parler de fixup, on sent une certaine continuité, une progression même, qui nous fait passer des robots téléguidés au post-humanisme de masse, en l'espace de sept textes.[ET LA] le tout en nous proposant des histoires prenantes, des personnages attachants et intrigants ainsi qu'une description fascinante de l'Inde du 21ème siècle. Brillant, il n'y a pas d'autre mot. J'adore vraiment le fait qu'un recueil soit un ensemble cohérent et pas seulement différents textes collés un peu artificiellement ensemble.

Voyons ces nouvelles de plus près :

Sanjiv et Robot-wallah. Où l'on raconte le quotidien d'adolescents qui mènent des robots destinés à faire la guerre, comme s'ils jouaient à un jeu vidéo. Histoires tragiques de jeunesses volées.

Kyle fait la connaissance du fleuve. Qui conte l'amitié improbable d'un petit américain expatrié en Inde car son père travaille à la reconstruction du pays après la guerre et d'un autochtone. La nouvelle est tout en contraste : les différences sociales et culturelles entre l'enfant étranger et l'enfant indien, l'opposition entre le quartier protégé dans lequel évolue Kyle et l'Inde véritable d'où vient l'enfant indien. Opposition entre la réalité et le virtuel, les deux enfants étant souvent plongés dans un jeu immersif en ligne avec leur "lighthoek".

L'assassin-poussière est l'histoire d'une vendetta. Une guerre oppose deux familles très anciennes qui s'entre-tuent joyeusement, à tel point qu'il ne reste plus que Padminî et Sâlim, seuls rescapés de deux familles rivales Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et Padminî est l'instrument de celle de son père. On découvre les robots-singes qui servent de garde du corps, ainsi que le troisième sexe, ces personnes qui ont décidé de ne plus être ni homme ni femme.

Un beau parti. La sélection des embryons cause quelques soucis à l'Inde. Il y a quatre hommes pour une femme dans le pays. Jâsbir, qui est un beau parti, veut tout mettre en oeuvre pour trouver la femme parfaite qui voudra se marier avec lui. La technologie montante des aeais (intelligences artificielles) permet à son ami de lui fabriquer une I.A. qui sera en charge de faire de lui un homme à marier : non content de lui apprendre la salsa et lui faire épiler les sourcils, il lui dictera aussi les mots et les gestes qu'il doit avoir en face de sa prétendante. Il y a dans cette nouvelle un basculement dans l'avancée technologique que l'on suit depuis trois nouvelles : des instruments purs que sont les robots-singes et les robots guerriers, on sent ici que les aeais peuvent devenir davantage que des outils au service de l'homme.

La petite déesse. J'avais déjà lu cette nouvelle dans le Bifrost consacré à Ian McDonald. Elle m'avait bien plu mais j'avais senti que je passais à côté de plein de subtilités. A sa place parmi les autres, elle prend tout son sens. Il s'agit du destin étonnant d'une petite fille promue au rang de déesse. Mais elle ne sera déesse que tant qu'elle ne saigne pas une seule goutte de sang. le moment arrive plus tôt que prévu (et pas de la façon initialement prévue non plus) et après avoir été admirée, idolâtrée, la voilà quasi jetée sur le pavé. La fin est très belle. La présence des aeais se fait inévitable.

L'épouse du djinn. Eshâ est danseuse. A.J. Rao est une aeai de niveau 2.9, autant dire aussi intelligent qu'un humain, voire même plus puisqu'une aeai a de part son statut dématérialisé et informatisé le don d'ubiquité (faut avouer que ça donne un avantage certain). Ils tombent amoureux. Entre la particularité d'une histoire d'amour entre un être humain et une intelligence artificielle (la nouvelle est mille fois mieux que le film Transcendance) et les lois d'Hamilton destinées à rendre hors-la-loi des aeais de niveau de plus de 2.8 (pas de bol), on n'a pas le temps de s'ennuyer.

Vishnu et le cirque des chats est la nouvelle la plus vertigineuse du recueil. Vishnu est un brahmâne. Il fait partie de cette caste réduite et très admirée des enfants modifiés génétiquement : ils sont issus d'une sélection génétique rigoureuse avant même leur conception : leurs qualités, leur absence de problèmes de santé, leur intelligence supérieure et leur longévité qui a cette particularité de les faire vieillir deux fois moins vite que le reste de la population. Ils sont l'avenir de l'Inde. Cette nouvelle est un auto-portrait fascinant de Vishnu, mais aussi un portrait sans concession de l'Inde et de ce qu'elle devient au fil de la très longue vie de cet homme.
Lien : http://ledragongalactique.bl..
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Ce recueil de nouvelles se place dans la continuité de l'excellent [book:Le fleuve des Dieux]. Et si il démarre timidement, il se finit en fanfare.Sanjîv et Robot-wallahQue deviennent les pilotes de mécha de combat quand la guerre s'arrête ? Une nouvelle assez intéressante, qui pose une ambiance cyberpunk de bon ton.Kyle fait la connaissance du fleuveL'Inde est pleine d'expatriés divers, qui vivent dans des quartiers fermés. Mais l'Inde au-dela de ses murs est grande, et incroyable. C'est aussi dans cette nouvelle qu'on voit le premier monde virtuel.L'Assassin-poussièreJe n'avais que peu de souvenirs de cette nouvelle, alors que l'ambiance qui y est déployée, la guerre entre deux familles et sa conclusion aussi belle que cruelle, méritaient de me rester en mémoire.Un Beau partiLà, le recueil commence à décoller : les indiens sont fans de soap-opera. Et ont aussi des déséquilibres démographiques clairs : une femme pour quatre hommes. Si on mélange ça avec des IA qui peuvent parler directement dans la tête des gens, on se retrouve avec un récit élégant, virtuose même, et encore une fois une conclusion aussi subtile que cruelle pour la classe moyenne indienne.La Petite déesseCette fois-ci, c'est authentiquement du grand art.La petite déesse est népalaise, se retrouve embarquée jusqu'à Delhi pour un mariage de raison, et intègre peu à peu le monde des IA.L'intrication entre l'Inde millénaire et le progrès fulgurant des IA est particulièrement bien trouvée.L'Épouse du djinnIl y a dans cette nouvelle une sensualité, un érotisme plus torride encore que la première pluie de mousson. Et quelque part, j'aurais préféré une conclusion plus romantique que cette coupure franche. Mais ça n'en reste pas moins un texte incroyablement beau.Vishnu au cirque de chatsJe suis surpris que ce texte n'ait pas, lui aussi, sa moisson de prix. En effet, il rassemble en une histoire tous les thèmes des précédentes nouvelles par la grâce d'un bramhane moderne.L'ironie, la distance qui transparaît dans cette histoire pourrait desservir cette histoire, mais je crois au contraire qu'elle renforce le témoignage de ce personnage aussi curieux qu'intelligent.Et puis le passage où il rencontre son père, qui envisage la transmigration vers le silicium. C'est d'une émotion !ConclusionLe choix de nous présenter encore cette Inde aux portes du cyberpunk est excellent, puisqu'il permet de mieux contraster la frénésie du progrès avec une histoire millénaire. Mais ca n'est pas la seule force de ces récits. On y trouve aussi un romantisme exacerbé, qui colle bien avec l'ambiance théoriquement très pragmatique et même boutiquière. Qui plus est, l'auteur a une vision claire de ce futur autour de la singularité.Ca donne un recueil authentiquement excellent, et honnêtement une lecture absolument recommandable.
9782917689424"
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