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3,2

sur 103 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avant même de jeter un oeil sur la quatrième de couv (j'aime beaucoup Ian McEwan), je me suis souvenue d'un autre cafard, de taille, celui-là, d'origine tchèque et personnage principal du culte La métamorphose. Alors lorsque dès la première ligne on découvre que le héros se nomme Sams, le doute n'est plus permis : nous avons affaire à un pastiche. Mais l'auteur rusé inverse le processus et c'est la blatte qui se retrouve au réveil dans le corps du …premier ministre anglais!

Le temps de s'habituer à la perte de ses anciens attributs et et d'apprendre à se servir de ce corps humain, et le voilà qui prend ses fonctions. Soucieux de réformer le pays, il propose une révolution : inverser le flux de l'argent. Autrement dit, vous payez pour travailler et recevez de l'argent lorsque vous faits des achats (nul n'est besoin de préciser qu'une petite gymnastique intellectuelle est indispensable pour imaginer le truc). Et c'est là que la lumière surgit : quelle réforme absurde l'Angleterre at-elle récemment proposée , sans trop y croire, prise à son propre piège lors d'un réferendum?


C'est donc une gentille critique à peine déguisée de la politique anglaise, et l'on comprend que l'auteur n'est pas du côté des ségrégationnistes. C'est drôle, emmené, plein d'humour, un peu amer parfois. Juste assez court pour ne pas devenir barbant et assez long pour régler ses comptes.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Face à des situations tellement absurdes et incompréhensibles, l'écrivain n'a souvent qu'une seule arme : sa plume. Et quand il s'appelle Ian McEwan, c'est un régal. Un petit bijou d'ironie et d'intelligence qui ne se prive pas de piquer là où ça fait mal, avec un humour qui aura du mal à panser les plaies d'amour-propre de ses compatriotes qu'il égratigne sans aucune pitié. Ce n'est pas vraiment un roman, plutôt une novella, un texte satirique, le cri d'un citoyen anglais qui ne reconnaît plus son pays et cherche une explication aux comportements absurdes de ses dirigeants. Dans le cerveau de Ian McEwan, tout est permis...

Tout est permis, y compris le postulat que tous ces gens qui gouvernent ne sont pas vraiment eux-mêmes. A commencer par le plus célèbre d'entre eux, le locataire du 10, Downing Street dans le corps duquel se réveille un beau matin Jim Sams, un cafard habitué des locaux de Westminster qui ne tarde pas à découvrir, une fois acclimaté à sa nouvelle enveloppe, que d'autres de ses semblables sont autour de la table du conseil des Ministres. Pas de doute, ils ont une mission à accomplir : porter "la voix du peuple". Il était temps de prendre les choses en mains face à un Premier Ministre champion du retournement de veste et du changement opportun d'opinion alors que s'affrontent deux clans : les Réversalistes et les Continualistes. Les premiers prônent l'inversion du sens de circulation de l'argent comme solution à toute crise économique : payer pour son emploi et recevoir de l'argent pour chaque achat (pour résumer rapidement), et les deux clans s'écharpent comme savent le faire les britanniques. Irréaliste ? Suicidaire d'embarquer le Royaume-Uni alors qu'aucun autre pays ne voudra suivre ? Qu'à cela ne tienne, Jim Sams possède désormais les armes pour imposer la théorie plébiscitée par le peuple lors d'un référendum que personne ne s'attendait à voir prendre cette tournure et rendre ainsi toute sa grandeur à la Grande-Bretagne (toute ressemblance avec une situation, etc, etc.).

Ian McEwan s'en donne à coeur joie en démontant avec un humour féroce tous les principes du populisme et de l'incompétence d'une classe politique essentiellement préoccupée du pouvoir ; en cela, le symbole du cafard, s'il en rappelle d'autres est extrêmement fort et caustique. Les cafards sont des insectes charognards qui peuvent même se montrer cannibales... Charmant. La théorie du Réversalisme, finement ciselée dans l'absurde est un terrain d'action jouissif pour le romancier qui peut ainsi mettre à nu tous les rouages de la politique, de ceux qui entrainent un peuple vers l'inconnu en se lavant les mains de la suite puisqu'une fois sa mission terminée, le cafard redeviendra cafard.

Un pur plaisir, il y a des moments vraiment jubilatoires comme cette façon d'analyser les tweets du président américain (toute ressemblance...) ou de présenter les différentes interventions des chercheurs et experts, plus aguerris les uns que les autres dans l'art de ne rien démontrer. Je ne sais pas si cela a bien défoulé l'auteur mais je me suis régalée de cette magistrale leçon d'ironie. Brillant, as usual !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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La métamorphose de Kafka mais à l'envers : un cafard se réveille dans le corps du premier ministre britannique, Jim Sams. Plusieurs de ses congénères ont pris la place de membres du gouvernement. Dans quel but ? La mise en place d'un système unique au monde : le Réversalisme, dans lequel vous payez pour travailler et recevez de l'argent lorsque vous faites vos courses !
Bref un roman qui est une satire non dissimulée du Brexit et de la manière insidieuse qu'ont utilisé les populistes en jouant sur la peur et la naïveté des britanniques afin de faire gagner le oui au référendum.
Le Royaume Uni est donc isolé du monde (dans le roman, ils ont le soutien du président américain, hihi !) et fonce droit vers la faillite de leur économie donc vers la pauvreté des gens, donc vers le bonheur des cafards !
On sent tout le désarroi de Ian McEwan face à cette situation absurde.
C'est plein d'ironie, de sarcasme et c'est vraiment bien écrit, j‘adore !
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Dans sa préface, l'auteur parle du Brexit «Avec le Brexit est entré dans notre vie politique quelque de chose de laid et de profondément contraire à notre esprit, et j'ai trouvé logique de lui donner la forme d'un cafard, cette créature parmi les plus méprisées. » Kafka et Swift ont inspiré ce livre « L'enjeu a toujours été d'élaborer un projet politique et économique qui puisse égaler l'absurdité autodestructrice du Brexit ».

Imaginez la scène, Jim Sams, cafard, se réveille un matin « métamorphosé en une créature gigantesque », en la personne du Premier Ministre britannique. La scène est décrite avec le bel humour britannique. Imaginez, le Premier ministre himself, celui qui règne sur la Grande-Bretagne est un cafard ! Jim prend très vite la mesure de la situation et, une fois bien acclimaté, bien planté sur ses deux pattes, direction le parlement où là il se rend compte que d'autres congénères ont pris enveloppe humaine.
Voyant cela, il sait qu'il pourra mettre en place son système révolutionnaire : le reversalisme ou « l'économie à flux renversé »! Oh ce n'est pas une idée de dernière minute, non. Déjà du temps de Margaret Thatcher, il en était question. Depuis, il y a toujours un léger courant « Le Reversalisme maintint une présence modeste au sein de divers groupes de discussion, et de think tanks de centre droit marginaux. » Même pas une idée de la droite libérale ou de la gauche la plus à gauche !
Le populisme a le vent en poupe et le reversalisme également. Au Parlement, il n'y a plus de travaillistes ou de conservateurs, mais des reversalistes et des continalistes. Depuis que cette idée a séduit et a été approuvée par le président américain Archie Tupper, tout roule, tout baigne.

Petite explication, le reversalisme, qu'est-ce que c'est ? Il s'agit de l'inversion du sens de la circulation de l'argent.
« A la fin d'une semaine de travail, une employée remettra à sa firme une somme correspondant à toutes ses heures de dur labeur. Mais quand elle ira dans les magasins, elle redevra une compensation généreuse, équivalent aux prix de vente de chaque article qu'elle emportera. La loi lui interdisant d'amasser de l'argent liquide, celui qu'elle déposera à la banque après sa journée exténuante dans une galerie marchande sera placé à des taux d'intérêt fortement négatifs. Avant que ses économies ne soient réduites à néant, elle aura donc la sagesse de chercher un emploi plus cher, ou de se former dans ce but. Plus intéressant, et donc plus coûteux, sera celui qu'elle trouvera, plus elle devra s'adonner au shopping pour se l'offrir. L'économie sera stimulée, il y aura plus d'ouvriers qualifiés, tout le monde y gagnera. Un propriétaire devra inlassablement acheter des produits manufacturés pour pouvoir payer ses locataires. le gouvernement commandera des centrales nucléaires et développera son programme spatial afin de pouvoir faire des cadeaux fiscaux aux travailleurs. Les directeurs d'hôtel feront venir le champagne le plus renommé, les draps les plus fins, les orchidées les plus rare… pour que leur établissement ait les moyens de rémunérer ses clients…. »
Croyez-moi, les députés européens ont débattus fort longtemps sur cette chose, le reversalisme « Dans une société ouverte, un principe de base voudrait que tout soit légal tant qu'une loi ne l'interdisait pas. Au-delà des frontières orientales de l'Europe, en Russie, en Chine et dans chaque Etat totalitaire, tout était illégal tant que le gouvernement ne l'autorisait pas. Dans les couloirs de la Commission européenne, personne n'avait envisagé d'exclure l'inversion des flux financiers des pratiques acceptables, parce que personne n'avait jamais entendu parler de cette idée. » et que dire de certains économistes !
Jim notre cafard premier ministre sait bien caresser le peuple, le populo dans le bon sens de sa crinière et cette idée de reversalisme, comme il la présente, plaît au peuple.
Démagogie, cynisme, cela ressemble fort à un certain premier ministre britannique qui a joué sur le Brexit pour se faire élire alors que, comme le héros du livre, il était contre avant ! Les lois du désir de pouvoir sont impénétrables pour un simple quidam !
Ian Mc Ewan s'en est donné à coeur joie, démontant le populisme avec une férocité jouissive et démonte avec une ironie mordante l'art des politiques à faire avaler des couleurs au peuple pourvu que ce soit dans un joli paquet tout doré.
Comme le carrosse Cendrillon redevient citrouille, Jim retourne à son état de cafard une fois sa mission de destruction remplie.
Jouissif !

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Un petit bijou de méchanceté. Ou comment les cafards investissent le gouvernement anglais pour imposer le réversalisme, soit l'inversion de la circulation de l'argent. La satire est transparente et assassine pour Boris Johnson et les brexiters. Dans un récit court, au scalpel, Ian McEwan montre ce que la politique peut avoir de pire dans le populisme, le nationalisme de mauvais aloi, les fakes news qui visent à abimer sinon à détruire les opposants. Une forme de fable qui n'est rien qu'un ode à l'humanisme et, dans une vision réversaliste, à un monde, le nôtre, en voie de disparition.
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Des cafards prennent possession du corps des ministres du Gouvernement de la Grande-Bretagne et surtout du 1er d'entre eux, Ian McEwan fait un clin d'oeil à Kafka pour parler du temps présent, de la folie qui s'est emparée du pays. Si au début je me suis trouvé dérouté par l'entrée en matière, très vite la qualité d'écriture de Ian McEwan m'a emporté et donné du plaisir à voir les Reversialistes prendre l'ascendant sur les Continualistes, utiliser un accident mortel de bateaux pour construire une FakeNews tout en disant qu'on n'y est pour rien. Tout se déroule sur quelques jours, avant que les cafards ne quittent leur enveloppe humaine pour regagner leur monde qui profitera de l'effondrement de la civilisation...
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