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Citations sur Leçons (51)

Les liaisons et les mariages depuis longtemps terminés finissent par ressembler aux cartes postales du passé. Quelques mots sur la météo, une anecdote, drôle ou triste, une photo ensoleillée au recto. Premier à disparaître, le moi insaisissable, précisément ce que l'on avait été soi-même, comment on apparaissait aux yeux des autres.
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L'ennui d'un adolescent de quinze ans peut avoir le raffinement de la technique du filigrane d'or portugais, de la toile sphérique de l'araignée de Karijini
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A l’époque, au milieu des années 1970, il se faisait une piètre opinion des écrivains britanniques. C’était une posture défensive et méprisante. Il les voyait dans les émissions culturelles de la télévision et lors d’apparitions publiques. Impossible de prendre au sérieux ces types en costume cravate ou veste de tweed qui gardaient chez eux leurs richelieus et leur gilet toute la journée, étaient membres de clubs comme le Garrick ou l’Athenaeum, habitaient une imposante villa du nord de Londres ou un manoir de Costwolds, s’exprimaient avec suffisance, comme on pouvait le faire après avoir pontifié toute sa vie au collège All Souls d’Oxford ; qui ne s’étaient jamais aventurés au-delà de leurs cinq sens en consommant une drogue autre que le tabac ou l’alcool, dont ils refusaient mordicus d’admettre qu’il s’agissait de substances psychoactives et addictives ; qui avaient, pour la plupart, fréquenté les deux mêmes vieilles universités où ils se connaissaient tous ; qui fumaient la pipe et rêvaient d’être anoblis. Trop d’écrivaines portaient un collier de perles et parlaient sur le ton énergique des présentatrices de radio pendant la guerre. Aucun, homme ou femme, ne prenait alors dans ses écrits selon lui le temps de s’émerveiller du mystère de la vie ou de redouter ce qui devait suivre.
Ils se consacraient à des peintures superficielles de la société, à des tableaux sardoniques des différences de classe. Dans les contes sans envergure, la plus grande tragédie était une liaison orageuse ou un divorce. Seuls quelques-uns semblaient se soucier de la pauvreté, des armes nucléaires, de l’Holocauste, de l’avenir de l’humanité ou même du recul de la beauté des campagnes sous les assauts de l’agriculture moderne.
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De l’avis du professeur, « Le Dauphin » était l’un des plus beaux recueils du poète. Aurait-il dû être publié ? Il croyait que non et ne voyait aucune contradiction à le dire. Quant à savoir si l’opinion que l’on avait de la conduite de Lowell devait être tempérée par la qualité de l’œuvre finale, il pensait que ce n’était pas une question pertinente. Que d’un comportement cruel naissent des poèmes superbes ou exécrables ne changeait rien. Un acte cruel restait un acte cruel. La conférence se termina sur ce jugement. Un murmure – de plaisir sembla-t-il – parcourut l’auditoire. Il était agréable d’éprouver des sentiments ambivalents dans un contexte à ce point civilisé.
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Ce soir-là, il s’agissait d’une conférence donnée par un professeur de l’université de Nottingham. Le sujet annoncé était « Le Dauphin », recueil de 1973 pour lequel Lowell avait pillé, plagié et remanié les lettres angoissées et les appels téléphoniques d’Elizabeth Hardwick, sa femme, qu’il quittait pour une autre, Caroline Blackwood. Celle-ci était enceinte de lui et il avait décidé de l’épouser. Le sujet au sens large était l’absence de scrupules des artistes.
Devons-nous pardonner ou ignorer leur acharnement ou leur cruauté au service de leur art ? Et sommes-nous d’autant plus tolérants que cet art est grand ?
C’était la seconde raison de la présence de Roland.
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c'était un souvenir d'insomnie, pas un rêve!
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Or il y avait cette essence que chacun oublie quand un amour s'éloigne dans le passé - comment c'était, quel effet cela faisait et quel goût cela avait d'être ensemble seconde après seconde, heure après heure, jour après jour, avant que tout ce qui allait de soi n'ait été rejeté, puis recouvert par la réécriture du dénouement, et ensuite par les défaillances mortifiantes de la mémoire.
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Mais quand il pensait à ses propres erreurs durant sa vie, rétrospectivement, il avait l'impression qu'il lui manquait cette faculté innée de prendre du recul et ce sens pragmatique de la marche à suivre.

(p.591)

La relecture de ses carnets depuis 1986 ne lui apporta pas une meilleure compréhension de sa vie. Il n'y avait aucun thème saillant, aucun courant souterrain qu'il n'avait pas remarqué à l'époque, rien qu'il n'ait appris. Il ne trouva qu'une imposante masse de détails et d'événements, de conversations, et même de gens qu'il avait oubliés. Il lui semblait découvrir le passé de quelqu'un d'autre. (...) Ennuyeux, aucune lucidité, et cette passivité. Il avait lu beaucoup de livres. Ses résumés, rédigés à la hâte, étaient sans intérêt.

(p.634)
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En marchant il songea que, l'éducation d'un enfant mis à part, le reste de son existence avait été et demeurait informe, et il ne voyait pas comment changer cela. L'argent ne pouvait le sauver. Il n'avait rien accompli. (...) Il se souvenait assez bien de ses parents à l'âge qu'il avait à présent. Ensuite plus rien n'avait changé pour eux, le déclin physique et la maladie exceptés.

(p.415)
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Les accords sinistres qui avaient clos la Seconde Guerre mondiale prenaient fin. Une Allemagne pacifiste serait réunifiée. L'empire russe se délitait sans qu'aucune goutte de sang ne soit versée. Une nouvelle Europe devait émerger. La Russie suivrait la Hongrie, la Pologne et les autres sur la voie de la démocratie. Elle prendrait peut-être même la tête du mouvement. Il n'était pas si surréaliste d'imaginer aller un jour en voiture de Calais au détroit de Béring sans jamais montrer son passeport. La menace nucléaire de la Guerre froide n'existait plus. Le désarmement à grande échelle pouvait commencer. Les livres d'histoire se refermeraient là-dessus : une masse de gens enthousiastes fêtant un tournant pour la civilisation européenne. Le nouveau siècle serait fondamentalement différent, fondamentalement meilleur et plus sage.

(p.308)
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