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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un concentré d'intelligence plus qu'artificielle.
Après avoir donné la parole à un foetus dans son dernier roman, Ian Mc Ewan réinvente le ménage à trois en incorporant au triangle amoureux, pas vraiment isocèle, un androïde aux connexions existentielles.
Charlie dispose d'économies et il s'offre le premier androïde commercialisé, Adam. Il n'y avait plus d'Eve en stock. Alors que son propriétaire utilise les talents d'Adam pour bourscicoter avec succès, sa compagne Miranda croque l'Apple en s'intéressant au machin de la machine et transforme l'androïde en Sextoy grandeur nature. Autre souci, Adam ne connait pas le mensonge, ce qui complique rapidement la vie de famille et il n'est pas câblé pour comprendre la psychologie des enfants.
L'action se passe en 1982. La prouesse technologique est rendue possible par de petits arrangements avec l'histoire. Féru de science, l'auteur décide de boycotter la mort prématurée du génial Alan Turing, l'un des décrypteurs d'Enigma durant la seconde guerre mondiale, aussi connu pour ses travaux sur la morphogénèse et qui passe pour l'un des grands-pères de l'informatique.
Dans notre triste réalité, le scientifique s'était suicidé dans les années 50, après avoir été jugé et condamné en raison de son homosexualité, en croquant une pomme baignée dans de l'arsenic.
Dans le roman, cette résurrection permet de faire accélérer la science et offre à l'Angleterre de la Dame de Fer la technologie antirouille actuelle. L'auteur propose d'autres alternatives historiques. Dans le mixeur, l'Angleterre perd la guerre des Malouines, un travailliste succède à Margaret Thatcher et il décide de quitter l'Europe. La France n'est pas épargnée, chers camarades, puisqu'elle est présidée par… Georges Marchais.
Dans ce roman foisonnant qui interroge l'impact de la technologie (sans en faire le procès) sur l'homme et qui rappelle que le présent tient finalement à peu de choses, Ian McEwan n'oublie pas de nouer une intrigue passionnante sur fond de vengeance et de culpabilité autour du passé douloureux de Miranda. Des émotions qui humanisent un récit où la science n'ampoule pas la fiction.
Un roman gigogne. C'est comme si la créature de Frankenstein s'était retrouvée à l'affiche d'un film d'Hugh Grant, sur fond d'uchronie politique et de parabole scientifique. Une tambouille anglaise rendue délicieuse grâce au talent unique d'Ian McEwan.
Pour finir, je ne résiste pas à copier une réponse de l'auteur interrogé sur le Brexit, dont le déroulé a influencé l'écriture de ce roman:
" - Je serais assez favorable à ce que la France envahisse l'Angleterre, comme au XIe siècle, au temps de la conquête normande. Mais ce qui m'inquiète, c'est qu'au moment d'escalader les falaises de Douvres votre armée commencerait sans doute une grève."
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Et si Alan Turing avait pu se promener serein au bras de son amant, en 1982? Et si Margaret Thatcher avait perdu la guerre des Malouines? C'est dans ce contexte que débute Une machine comme moi, alors que le narrateur investit toute sa fortune (un héritage familial) dans l'achat d'un robot quasi-humain. Il en existe une vingtaine dans le monde, autant dire que c'est un placement un peu osé!

Ce trentenaire vit assez modestement en tentant d'engranger des profits spéculatifs, et vit avec sa voisine une relation fluctuante.

L'arrivée d'Adam va remettre en question les fondements philosophiques et éthiques sur lesquels il pensait pouvait compter pour élucider sa condition d'humain. Et bouleverser sa vie.


C'est une belle dystopie, assez convaincante (j'ai du vérifier que l'Angleterre était ou non sortie victorieuse de la guerre contre l'Argentine!), rédigée avec une assurance et une ligne de narration inattaquables.

C'est encore un personnage de perdant (très en vogue dans la littérature de ce début d'année - où peut-être mes choix se sont inconsciemment dirigés vers ce type de héros), qui tient le rôle principal, et on s'y attache sans arrière-pensée. Les personnages secondaires ne manquent pas d'attraits non plus.


J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman, qui devrait réconcilier les lecteurs réticents au genre, tant la portée politique et philosophique l'emporte sur la fantaisie.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Vivre avec des robots presque humains, converser avec eux, leur parler de nos problèmes, de nos joies…Difficile à imaginer pour vous ? On y est presque, pourtant.

Ian Mc Ewan a sauté le pas en imaginant un monde tel que je viens de vous le décrire. A une différence près : nous sommes en 1982, la guerre des Malouines vient d'être remportée…par les Argentins, l'Angleterre est très bas, moralement et physiquement, avec une Margaret Thatcher sur des charbons ardents. Heureusement, les Beatles sont là pour adoucir la vie.
Alan Turing est vivant, il a conçu un robot parfait, humanoïde, et 25 exemplaires se sont vendus à travers le monde.
Un des exemplaires se trouve à Londres, chez Charlie, un jeune trentenaire désoeuvré fou amoureux de sa voisine Miranda et féru de techniques et de nouveautés. Rien ne se passe comme prévu…

J'ai franchement beaucoup aimé cette uchronie déstabilisante, qui pose plein de questions sur la conscience de l'être humain, sur la conscience toute simple. Toute simple ? Là est la question. L'humain et ce qu'il a créé peuvent-ils être mis dans le même sac ? S'il y a émotion, y a-t-il humanité ? Où s'arrête la frontière de l'esprit et du coeur ?
Ce roman pose aussi la question de la justice et de la vengeance. Peut-on impunément se venger d'un viol commis sur une amie ?
Et puis il parle d'amour, de responsabilité, d'enfant.
Les problèmes quels qu'ils soient sont examinés sous toutes les coutures, sur fond de révoltes sociales.

Quand un roman aborde plein de thèmes, je fais la grimace. Mais ici, ils sont tellement entremêlés, ils ont tellement tous leur raison d'être, que je ne peux qu'applaudir au coup de maître de Alan Turing, euh, pardonnez-moi, de Ian McEwan.
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Humh...je sens que ce livre plaira à beaucoup de lecteurs. Pour son écriture fluide et sans ambages qui fait que l'on le lit d'une ou deux traites. Pour un suspens qui sommeille doucement et prend de l'altitude à la fin. Pour des personnages attachants, y compris Adam l'humanoïde. Pour son sujet : un futur qui se rapproche à une vitesse vertigineuse, admirable pour certains, glaçant pour d'autres.

Charlie, la trentaine, célibataire et légèrement désoeuvré, fait l'acquisition d'un humanoïde après avoir hérité d'une belle somme d'argent. Aidé de sa voisine Miranda à qui il avouera son amour, ils paramètreront les préférences qui donneront naissance à la personnalité de leur robot à forme humaine, prénommé Adam. Petit à petit, ils formeront non plus un couple, mais un trio dans lequel on se demande qui décide, qui domine.
Nous sommes à Londres, en 1982. Sur fond de la Guerre des Malouines et d'une situation politique problématique, l'auteur approfondit, dans une histoire très vraisemblable, l'avancée technologique de l'intelligence artificielle, le rapport ambigü homme-humanoïde, les notions de conscience, de mensonge et d'émotion qui font changer notre perception par rapport à une machine et font tanguer la limite fragile qui sépare l'homme de son invention.

J'ai eu l'occasion de voir récemment sur le net une vidéo sur des robots-guerriers étudiés par une société high tech privée; elle m'a fortement marquée. Ces robots sont programmés pour marcher, courir, tirer sur des cibles ou pointer leur fusil sur les visages d'hommes ligotés (des vrais hommes). de manière exprès, l'instructeur frappe violemment le robot jusqu'à le faire tomber. A chaque fois, le robot se relève et reprend sa posture face aux hommes, jusqu'à ce qu'il se redresse et pointe son arme, non plus sur les cibles, mais sur le visage de l'instructeur qui l'a frappé. Est-ce une réaction programmée ou a-t-il fait preuve d'une conscience qui l'a entraîné à faire un choix ?
Vous pensez qu'on en est loin ? Je vous invite à regarder sur le net les chiens jaunes de Singapour ou mieux, le robot Atlas, la nouvelle génération d'humanoïde. Bientôt, on ne dira plus "génération", mais "l'enfant de"...

Pour en revenir au livre, l'auteur dénonce le même sujet mais sur fond d'une romance, puisque l'humanoïde tombe amoureux.
Tout en ayant fort apprécié ma lecture, ce roman m'a fait froid dans le dos !
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Je suis amoureuse du cerveau de Ian McEwan. C'est sans doute pour cela que parmi ses écrits, celui que tout le monde cite en parlant de lui, Sur la plage de Chesil est très loin d'être mon préféré. Car ce que j'aime par-dessus tout chez cet écrivain, c'est l'intelligence qu'il déploie pour positionner les couches successives qui constituent ses intrigues les plus puissantes et les plus stimulantes pour mes petits neurones qui frétillent ainsi de pur bonheur. Son humour noir se nourrit des failles de l'espèce humaine qu'il se plait à décortiquer avec la méticulosité d'un médecin légiste. Et il atteint ici des sommets, venant presque détrôner Expiation dans mon palmarès tout personnel de la collection McEwan.

"Le présent est la plus fragile des constructions improbables. Il aurait pu être différent. En partie ou en totalité, il pourrait être tout autre."

Oui, tiens. Alan Turing aurait pu ne pas se suicider en 1954, ses recherches permettre d'énormes avancées scientifiques et sociétales. Il pourrait vivre tranquillement, à Londres en 1982 avec son compagnon, admiré et respecté par la communauté mondiale pour avoir permis la création de l'Internet, ouvert la voie à la guérison de nombreuses maladies grâce aux travaux sur les cellules souche et mis sur les rails les progrès de l'intelligence artificielle. Progrès grâce auxquels Charlie, jeune homme oisif, boursicoteur à ses heures et passionné d'anthropologie et de technologie fait l'acquisition de l'un des 25 "androïdes" à l'image de l'homme tout juste mis sur le marché britannique. Paramétré par Charlie et Miranda, sa petite amie et voisine, Adam prend sa place dans le foyer, capable de faire la conversation, d'assumer les tâches ménagères ou de servir d'encyclopédie. Tout comme de composer des poèmes ou de faire l'amour à Miranda, ce qui n'est pas sans créer une situation inédite rapidement évacuée par la jeune femme ; juste "une putain de machine" explique-t-elle... Et puis ceci est vite oublié lorsque Adam prend la main sur les opérations boursières de Charlie et commence à lui faire gagner des montants qui lui permettent d'envisager de sacrément élever son niveau de vie. Sauf que. Ce n'est pas si simple. Plus Adam explore l'activité humaine, plus il apprend plus son mal être affleure. Programmé par l'homme pour être parfait, comment doit-il réagir face au mensonge et aux nombreuses turpitudes, faiblesses, imperfections qui symbolisent justement l'espèce humaine ? Et dont Miranda et Charlie sont loin d'être exempts.

Je parlais plus haut des différentes strates qui nourrissent un roman de Ian McEwan et celui-ci en est particulièrement riche. D'abord dans la rencontre entre l'homme et la machine qui le renvoie à un face à face vertigineux avec un lui-même amélioré, qui pourrait le remplacer en tout. Ensuite dans le contexte revisité d'une année 1982 qui voit l'Angleterre de Thatcher battue par l'Argentine dans l'affrontement pour les îles Falklands, prémices d'une immense crise économique et politique dans un monde où l'on s'amuse de détails saupoudrés ici et là comme l'identité des présidents des Etats-Unis et de la France ou la présence des quatre membres des Beatles... C'est finement amené, fondu dans la narration, juste assez pour créer le décalage propice à déstabiliser. On pourrait aussi parler de la façon dont McEwan utilise les oeuvres littéraires comme matière d'étude accélérée de l'espèce humaine pour Adam, connecté à une base de données illimitée. "La religion et les grandes littératures du monde ont clairement démontré que nous savons bien nous conduire. Nous exprimons nos aspirations dans la poésie, la prose, les chants, et nous savons ce qu'il faut faire. le problème est la mise en pratique, persévérante et collective".

Ian McEwan trouve ici une façon brillante d'interroger le sens de la vie en mêlant ressources scientifiques et littéraires au service d'une réjouissante réflexion intellectuelle, aussi romanesque que cérébrale. C'est du très très grand art.

"Eh bien voilà, conclut Adam, il y a le cerveau et il y a l'esprit. Ce vieux problème, aussi insoluble chez les machines que chez les humains".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Dans un Londres dystopique du début des années 1982, Charlie friend fait l'acquisition d'un des vingt cinq premiers androïdes, Adam. Il confie le renseignement de la moitié des paramètres de base à sa jolie voisine, Miranda, avec laquelle il entame rapidement une liaison amoureuse. Ce jeune couple se forme autour et avec Adam, dont l'intelligence artificielle se forme et s'affirme tous les jours. Rapidement, un problème surgit quand Adam déclara sa flamme à Miranda, puis quand, quelque temps plus tard, il réagit violemment à la volonté de Charlie et lui casse le poignet.
J'ai trouvé ce roman vraiment bon et intelligent: sur la base d'une histoire traditionnelle: un couple hétéro en construction, le passé lourd de l'un des protagonistes qui le freine dans sa construction… du très classique sauf que cette histoire sert une problématique profonde et très actuelle (le livre a été écrit en 2019: ce n'est pas un roman de science-fiction!), Adam figurant l'IA qui se confronte au monde humain, avec ses secrets, ses mensonges, ses sentiments et ses douleurs. L'auteur fait également intervenir Alain Turing (vivant, et devenu un des plus grands scientifiques de la planète) pour faire avancer les arguments pro IA tandis que les personnages principaux en découvrent toutes les limites dans la vie quotidienne.
La problématique qui fait jour selon moi est dans la question: peut on réduire l'humain à son intelligence? L'auteur tente de répondre par la négative mais avec des nuances (ils touchent à la beauté, à la littérature, à la poésie, à l'amour et au suicide).
Ce roman est à rapprocher des « Animaux Dénaturés », chef d'oeuvre de Vercors, en ce qu'il pose la bonne question: « qu'est ce que l'homme? », thème cher à Kant.
À vous de vous faire votre opinion…
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Je suis une fois de plus bluffée par le talent de Ian McEwan qui réussit encore une fois à conjuguer, sur un sujet difficile car encore peu pensé faute de recul, une appréhension vaste et profonde de la problématique posée, sa restitution en un récit crédible, une plume d'une admirable tenue, le tout avec ce léger pas de côté qui donne toute sa force à la réalité fictionnelle qu'il propose.
Ce talent-là de romancier est en tout cas à mes yeux exactement ce qu'il me fallait pour aborder l'intelligence artificielle plus en profondeur que par les articles de presse et les documentaires, convaincue que je suis que le monde est devenu si complexe et l'avenir si plein d'inconnu que seule la fiction des bons livres peut nous en livrer quelques clés.
La rencontre que nous propose ce roman avec Adam, un androïde de toute première génération, est extrêmement troublante. L'auteur nous aura déjà subtilement désaxés en plaçant son récit dans un temps légèrement décalé, un 1982 où Margaret Thatcher ferme les usines mais perd la guerre des Malouines. Nous sommes pourtant très loin de l'univers de la science-fiction, mais bien dans le rythme lent d'une intimité dans laquelle McEwan brouille une à une les frontières entre Adam et Charlie son acquéreur, soulignant ici la supériorité de l'un et là la faiblesse de l'autre, les installant dans une relation très éloignée de la servitude homme - machine (Charlie et Adam se vouvoient, par exemple), interrogeant en profondeur ce qui constitue l'humanité et comment s'effacent ses limites.
Un roman passionnant que je m'en vais mettre de force dans les mains de mes proches.
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Un androïde ! Qui ne rêve pas d'en avoir un ? Charlie casse sa tirelire. Il faut dire qu'il est fan de technologies. Il vit d'expédient, se contente de peu, boursicote pour gagner sa vie. Il a vendu la maison familiale pour se le procurer. Ce sera un ADAM, toutes les EVES étant déjà vendu.

Il a demandé à sa voisine, Miranda, qui deviendra sa compagne, de l'aider à le « programmer » :

« Là, le texte était limpide : préférences, paramètres de la personnalité. Puis une série de titres : Agréabilité. Extraversion. Ouverture d'esprit. Conscienciosité. Stabilité émotionnelle. Cette liste m'était familière. La théorie des cinq facteurs. Après des études en sciences humaines, je me méfiais de catégories si réductrices, même si je savais par un ami psychologue qu'à chacune d'elles correspondaient de nombreuses sous-catégories. Jetant un coup d'oeil à la page suivante, je découvris que j'étais censé choisir différents réglages sur une échelle de un à dix.
Je m'attendais à me faire un ami. J'étais prêt à traiter Adam comme mon hôte, comme un inconnu que j'apprendrais à connaître. J'avais cru qu'il arriverait préréglé. Les réglages d'usine : un synonyme moderne du destin.  »

Un ménage à trois, une présence qui peu à peu, s'impose. Une maltraitance d'enfant, une éventuelle adoption, un crime, des mensonges… Où se trouve la vérité ?

Pas facile de faire une critique de ce livre. Il est très dense, il pose bien des questions philosophiques, existentielles, humaines… Les Androïdes, une fois programmés ont la capacité d'apprendre. Ils apprennent très vite même, ce qui n'est pas sans poser problème. En effet, le mensonge fait parti de l'humain. Comment les androïdes vont-ils accepter cette imperfection et les autres dont sont pourvus les hommes ? Peuvent-ils s'adapter à l'humain ? Vont-ils se faire à l'ambiguïté de l'homme ? Peuvent-ils aimer ? Seront-ils pris au sérieux par les humains ? Comment réagir à telle ou telle situation ? Quel choix faire ? Et suivant le choix, quel impact celui-ci aura-t-Il ? Quel est le juste milieu ? STOP !!!! Ouf !

Très intéressant. Il titille ce livre. Il va m'accompagner un bon moment.
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Attention, avis pas très objectif ! Je me répète très certainement, mais Ian McEwan, auteur découvert il y a environ vingt-cinq ans, avec L'enfant volé, n'a pas encore réussi à me décevoir. Sur la plage de Chesil, qui a beaucoup plu aux lectrices et lecteurs français, est loin d'être mon préféré toutefois, c'est l'insurpassable Expiation, bien sûr !
Il revient avec un roman sur l'intelligence artificielle, présenté un peu rapidement (ou pour attirer le chaland?) comme une histoire d'amour entre trois personnages, dont un androïde. Oui, bon, si on veut, mais ce roman est tellement plus que ça !
Imaginez un passé, dans les années 80, qui ressemble étrangement à notre présent, avec internet, véhicules autonomes, et réchauffement climatique… il y a même une petite minorité bizarre de Britanniques qui voudraient quitter l'Union Européenne ! Alan Turing est toujours vivant, alors que se prépare l'opération militaire britannique dans les îles Falkland décidée par Margaret Thatcher. le succès ou l'échec de cette opération aura des conséquences politiques qui ne sont pas forcément celles que l'on connaît. Voilà pour l'arrière-plan.
Charlie, un jeune homme qui a suivi des études d'anthropologie, et qui à part ça, vit d'un héritage et de placements boursiers, se passionne assez pour l'innovation scientifique pour faire l'acquisition d'Adam, un androïde plus vrai que nature. Il ne lui reste qu'à le paramétrer pour affiner son caractère. Tâche qu'il partage avec Miranda, la jeune femme dont il est amoureux.

Ce que les concepteurs n'avaient pas forcément prévu, c'est qu'Adam puisse tomber amoureux. Plus encore, le mensonge lui est incompréhensible, et il possède un sens de la justice qui n'a rien à voir avec celui des humains. Il s'ensuivra nombre de complications entre Charlie, Adam et Miranda, que je ne vous détaillerai pas, bien évidemment.
J'ai retrouvé avec plaisir le don de l'auteur pour décrire des « losers » qui restent cependant attachants dans leur médiocrité, et ne manquent pas d'autodérision. L'humour contribue ici à mener la réflexion sur l'intelligence artificielle, une manière de ne pas prendre au sérieux un sujet pourtant parfaitement réfléchi et étayé, qui me réjouit à chaque fois que je lis des romans de Ian McEwan.
Il excelle aussi à présenter des cas de conscience, demandant au lecteur de participer à démêler le point de vue du droit de celui du coeur. Et malgré l'humour, l'émotion réussit à pointer son nez, et voici un roman qui réussit à vous mettre la larme à l'oeil pour un épisode dont vous n'auriez pas pensé un instant qu'il puisse vous toucher ! Bref, vous l'aurez compris, une réussite pour moi !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Décidément, Ian McEwan est plein de ressources et de sujets divers et variés pour ses livres ! Cet auteur ne cesse de me passionner.
Dans "Une machine comme moi", Ian McEwan nous interroge sur les androïdes et l'intelligence artificielle. Cette uchronie se situe en 1982 et Alan Turing, toujours vivant, fait avancer la technologie à pas de géant.
L'auteur décrit avec beaucoup de sensibilité les sentiments humains mais aussi ceux d'Adam, ce robot plus vrai que nature et parfait en tout point. Justement, tellement parfait qu'il peut être compliqué pour lui de s'adapter à notre monde cruel et imparfait. Les défauts et imperfections des hommes sont ainsi mis en lumière, nous montrant les faiblesses de chacun, ces petits mensonges qui peuvent parfois être nécessaires pour vivre en harmonie. de nombreuses interrogations sont également posées tout au long du roman sur le côté éthique ainsi que sur le côté moral de l'intelligence artificielle.
Je recommande vivement cette lecture passionnante et enrichissante qui nous montre un passé peut-être futuriste !
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