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Quelle belle découverte que ce livre !
Je ne connaissais pas du tout cet auteur irlandais, Adrian McKinty, dont je viens de devenir une fan à l'issue de la lecture de « Une terre si froide «. Et une fan assumée qui a bien l'intention de découvrir toute son oeuvre !
Le personnage central du roman est Sean Duffy, un flic qui a la particularité d'être catholique. Ce sont des choses qui comptent à l'époque en Irlande du nord, et tous les matins, il vérifie bien sous sa voiture si une bombe ne s'y trouve pas. Nous sommes en 1981, pas très loin de Belfast qui vit au rythme des grévistes de la faim emprisonnés dont le plus célèbre d'entre eux ; Bobby Sands, vient de mourir…
Il va être amené à mener une enquête sur deux assassinats assez atroces. Au vu du profil des victimes, Duffy commence à soupçonner l'apparition d'un tueur en série… Mener une enquête avec un Belfast à feu et à sang va se révéler plus que compliqué…
J'ai été séduite par l'écriture percutante de cet auteur et aussi par son style. Malgré la noirceur du récit et de l'ambiance qui règne à cette époque, Adrian McKinty réussit à y rajouter de la légèreté sous la forme d'un humour incisif et qui atteint son but car il m'a fait sourire plus d'une fois.
De plus, il a formidablement restitué le climat social et la violence qui régnait à l'époque à Belfast. Oui, même si l'actualité internationale s'intéressait plus au prince Charles qui se mariait avec Diana, à Belfast, c'était la guerre ! Et une guerre fratricide, où l'on finit par ne plus pouvoir distinguer les méchants des gentils…
La suite, car oui, il y a une suite, intitulée « Dans la rue j'entends les sirènes » va me permettre de retrouver avec plaisir le sergent Sean Duffy….



Challenge Mauvais Genres 2020
Challenge A travers L Histoire 2020
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Sean Duffy est un officier du RUC, la Police royale de l'Ulster, au profil atypique : il est Docteur en psychologie mais surtout de confession catholique. Il a été promu sergent de police judiciaire et affecté au commissariat de Carrickfergus, une ville relativement tranquille d'Irlande du Nord. Nous sommes en 1981, en plein coeur des "Troubles". Bobby Sands et plusieurs de ses camarades de détention entament une grève de la faim. le pays est en ébullition, la violence est omniprésente, chaque jour voit son lot d'émeutes, de grèves et d'attentats. Dans ce contexte, l'enquête de Duffy sur l'assassinat de deux homosexuels intéresse peu les médias et la hiérarchie policière. de plus, l'une des victimes travaillait pour l'IRA et l'organisation souhaite étouffer toute révélation gênante sur ces faits divers. Duffy est appelé pour une autre affaire : une jeune femme issue d'une famille catholique respectée et ex-épouse d'un martyr républicain, est retrouvée pendue dans un bois. Elle s'était enfuie pour cacher sa grossesse à ses proches. Homosexualité, avortement, divorce, décidément, Duffy hérite de dossiers sensibles dans un pays resté très conservateur. le roman m'a fait pensé à "Collusion" de Stuart Neville. le conflit est décrit comme étant un "désert de miroirs" où les visages ne sont que les reflets de reflets et où rien n'est conforme aux apparences. Autrement dit, les principaux acteurs du conflit suivent une stratégie de realpolitik et ont des méthodes proches du grand banditisme : racket, enlèvement, trafics de drogue ou d'arme, contrebande. Et dans ce jeu de dupes, les agents doubles sont nombreux. Si Adrian McKinty dépeint la violence quotidienne de la période des "Troubles", il apporte également un éclairage cru sur le profond conservatisme de la société irlandaise partagé par les deux communautés. Il décrit également des villes qui portent en plus des stigmates de la guerre, ceux de la misère sociale : chômage, pauvreté, logements sociaux délabrés et commerces fermés. Dans ce tableau très sombre, les pointes d'humour de McKinty sont salutaires. "Une terre si froide" m'a convaincu et je compte poursuivre la lecture de cette trilogie.
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Absent depuis quelques années en France, son dernier roman traduit en français, Retour de flammes, qui clôturait la trilogie consacrée à Michael Forsythe, ayant paru en 2009, Adrian McKinty revient à la fois dans notre paysage éditorial et chez lui, à Belfast. Car ce qui jusqu'alors était la marque de fabrique de McKinty, en ce qui concerne les romans parus ici en tout cas (une trilogie – The Lighthouse trilogy – et plusieurs « one shots » n'ayant pas eu les honneurs de la traduction française), consistait à exiler ses personnages hors d'Irlande. Michael Forsythe partait pour New York puis Boston, le Mexique et le Pérou tandis que dans le fleuve caché Alex Lawson émigrait dans le Colorado. Des personnages qui, en fin de compte, suivaient plus ou moins l'itinéraire de l'auteur, natif de Belfast, étudiant à Oxford, émigré à New York, puis enseignant à Denver avant de s'installer à Melbourne.

Retour donc du côté de l'Irlande du Nord, près de Belfast, à Carrickfergus, et retour en 1981, au lendemain de la mort de Bobby Sands, terrassé par sa grève de la fin et l'intransigeance du gouvernement de Margaret Thatcher. C'est dans ce contexte tendu que Sean Duffy, qui a le défaut d'être un membre catholique du RUC, la police d'Irlande du Nord quasi-exclusivement protestante, se trouve confronté à un double meurtre d'homosexuels. Une affaire qui est loin d'intéresser une opinion publique et une presse concentrées sur les émeutes qui suivent les inexorables décès des grévistes de la faim de l'IRA, mais qui, pour Duffy, pourrait marquer les débuts d'un tueur en série n'ayant trouvé à se faire employer ni par les milices protestantes ni par les nationaliste catholiques : « On se retrouve quand même en page trois avec le titre « Double meurtre d'homosexuels : le RUC enquête » et , juste en-dessous, une belle photo de McCallister.
-Ils aurait pu nous consacrer un peu plus de place, se plaint Brennan. Je veux dire, pour une fois qu'on a un vrai crime, un crime normal, non sectaire. C'est quand même inhabituel pour la région. »
Sauf que, bien entendu, dans ce contexte et dans ce pays, rien n'est aussi simple et Sean Duffy va devoir naviguer dangereusement d'un bord à l'autre, du côté de chez les combattants catholiques, comme de celui des unionistes.

À travers un intrigue retorse, certes, mais pas forcément très originale (les amateurs de noir irlandais ont sans doute pu lire ici ou là une intrigue peu ou prou similaire, dans le tueur aux psaumes, de Chris Petit, par exemple) Adrian McKinty dépeint surtout l'Irlande du Nord de ce début des années 1980 ; ses tensions qui atteignent alors un point d'orgue, mais aussi une société encore figée et rétrograde où l'avortement et l'homosexualité sont des crimes mais où le racket, le tabassage en règle d'un voisin où le meurtre font partie d'un quotidien accepté ; acceptation qui apparaît clairement dans cette scène décalée où le marchand de journaux demande à Sean non pas d'empêcher les miliciens protestants du quartier de le racketter, mais plutôt de leur demander de se montrer plus raisonnables sur les sommes qu'ils exigent de lui.
Une autre constante, chez McKinty, c'est l'aisance avec laquelle il instille dans des situations d'une profonde noirceur, un humour à froid tantôt ravageur, tantôt bon enfant qui allège un peu l'effet plombant d'une histoire âpre tout en montrant, en contrepoint à ces réflexions ironiques ou cyniques de son personnage principal, la rigidité et l'absence totale d'humour des intégristes auxquels il se trouve confronté.

Tout cela nous offre au final un roman à la fois plaisant et instructif. Même s'il apparaît surtout comme la mise en place d'un personnage complexe, faillible, amené à être le héros d'une nouvelle trilogie annoncée, il se révèle efficace et de fort bonne facture.

« Je raccroche. C'est là qu'une moustache à la Serpico aurait été bien pratique. J'aurais pu réfléchir en me regardant dans la glace de l'entrée tout en caressant mon appendice pileux. »


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Vous ai-je déjà dit que j'aime les auteurs irlandais lorsque ceux-ci parlent des Irlandais ? J'aime leur dérision, leur humour, cinglant parfois, leur ironie et leur fatalisme. J'aime leur côté sombre tout autant que leur humanisme.
Et voilà que je découvre Adrian McKinty avec le premier titre de sa trilogie Sean Duffy. Pour moi, c'est donc du bonbon. On a placé l'intrique d'Une terre si froide en pleine guerre civile irlandaise et on a fait du héros, sergent enquêteur Duffy, un catholique dans un milieu exclusivement protestant: Carrickfergus, Ulster, années 1980.
Notre héros, Duffy, doit enquêter sur le meurtre de 2 homosexuels (oui vraiment). Au même moment, 2 membres de l'IRA décèdent de leur grève de la faim et Margareth Thatcher ne fait pas démentir sa réputation de dame de fer. C'est complexe l'Ulster en cette époque. Les milices paramilitaires, l'IRA, le Sein Fenn, l'UDA et on en passe. Les trafics, les rackets, l'intimidation, l'église catholique ou protestante, les Anglais, l'armée britannique...ouf. Pays de paradoxes, dangereux. On s'y promène en regardant toujours derrière son épaule, on ne sait jamais quand le café dans lequel on est assis sautera...Pour nous parler de tout ça, McKinty le fait de belle façon avec une langue claire et précise. Cela semble facile de nous parler de l'Irlande du nord de cette époque. Voyez ce qu'il en dit à la fin du récit (P.389) "Un monde effondré. Belfast. Une ville perdue. Avec ses usines en ruine, ses pubs incendiés, ses clubs à l'abandon. Ses boutiques barrées de grilles antibombes. Ses postes de contrôle, ses postes de fouille. Ses commissariats de police aux murs blindés. Voitures cabossées. Voitures déssossées montées sur briques. Chiens errants. Graffitis sectaires. Fresques de paras cagoulés. Maisons murées, détruites par les bombes incendiaires. Maison sans yeux. Des enfants qui jouent sur des tas d'ordures et dans les cratères des bombes, qui rêvent d'être n'importe où, mais ailleurs."
Une réalité noire, complexe, lourde racontée dans une langue claire et limpide.
Alors, vivement que je me lance dans le 2e opus de cette trilogie, "Dans la rue, j'entends les sirènes". C'est un rendez-vous avec Duffy à Belfast.
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Underworld Ulster tome 1... Adrian McKinty, le James Ellroy irlandais !


On pourrait nommer cette nouvelle trilogie d'Adrian McKinty "Underworld Ulster", tant, comme l'a déjà fait James Ellroy avec les Etats-Unis, McKinty nous plonge ici avec son personnage de Sean Duffy dans les arcanes d'une Irlande du Nord en plein chaos et en pleine guerre civile, au tout début des années 1980, reconstituant toute la violence aveugle, l'intolérance et l'atmosphère de terreur qui régnaient, mais dévoilant aussi les secrets et autres dessous inattendus et peu reluisants du conflit.
Pourtant, loin d'assommer son lecteur de données politiques ou historiques, McKinty nous livre avant tout un vrai polar noir, où il déroule les bases d'une enquête à priori "classique", à la poursuite d'un tueur en série qui s'en prendrait aux homosexuels. Rapidement, le lecteur s'identifie au magnifique personnage de Sean Duffy qui va devoir affronter un mur du silence total mais qui, à force de volonté, va réussir à ouvrir des brèches qui vont le conduire de révélations explosives en retournements de situation haletants.
Avec son écriture puissante, son humour à froid et son style racé, Adrian McKinty dresse une galerie de personnages fascinants, et signe un impressionnant roman noir, palpitant et sans concession, au contexte historique passionnant, qui prend le lecteur aux tripes.
Inutile de préciser qu'après ce premier opus, je viens de me précipiter sur le second volet de la trilogie : "Dans la rue j'entends les sirènes", paru chez le même éditeur, et qui est au moins aussi bon que celui-ci !
Du très grand roman noir à ne pas manquer, et un auteur virtuose à découvrir absolument !
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J'avais beaucoup aimé "La chaîne" , livre avec lequel j'ai découvert
Adrian McKinty .
"Une terre si froide" ayant suscité de nombreuses très bonnes critiques ,
je me suis plongé dans ce livre pensant être happé par l'histoire .
Ça commence bien , mais très rapidement , de nombreux personnages appartenant à l'IRA et aux différents groupes militaires et paramilitaires
( désignés par des sigles que j'ai eu du mal à mémoriser ) compliquent l'intrigue qui , pendant un bon moment , fait du surplace ;
il n'y a du suspense et de l'action qu'à la toute fin de l'histoire .
Avec des dialogues parsemés d'humour , ce roman bien écrit ,
décrit très bien l'atmosphère régnant en Ulster , en 1981 , sous l'ère Thatcher , les attentats commis par l'IRA mais je n'ai pas trouvé l'enquête bien palpitante ; cependant , je lirai sûrement le tome suivant .

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Un billet trop court - parce que j'ai perdu mes notes dans le bazar intégral de mon bureau - mais dont la longueur est inversement proportionnelle à la qualité du roman, puisqu'il s'agit tout simplement de l'un des meilleurs (sinon, du meilleur) bouquin que j'ai lu l'année dernière, confirmant en cela l'excellence des choix éditoriaux de la toute nouvelle collection "Noire" chez la Cosmopolite de Stock (lire ici mon billet sur So much pretty, de la très talentueuse Cara Hoffmann).

1981. Carrickfergus, banlieue de Belfast ("une ville martyrisée par sa propre guerre-éclair"), les troubles en Irlande atteignent leur apogée au moment de la grève de la faim des leaders indépendantistes emprisonnés sous la férule du charismatique Bobby Sands. Dans un climat de ville assiégée, un cadavre, puis deux, sont retrouvés : main droite manquante, de la menue monnaie : tout semble indiquer le traitement classique que l'IRA applique aux balances et aux indicateurs de la police.

"Je reste un moment assis, moteur arrêté, dans ma petite prison existentielle, avant de sortir et de réintégrer la grande prison existentielle de l'Irlande du Nord"

Sean Duffy est aux commandes ; c'est un enquêteur attachant, en pleine crise morale, qui comme ses collègues vit chaque jour dans la crainte de voir son unité caillassée, son commissariat attaqué au mortier, sa voiture piégée. Un pied dans chaque monde (policier mais catholique), ce qui en fait un traître aux yeux des deux camps, il erre dans l'ambiance fantomatique d'autodestruction de la guerre civile, et navigue entre les deux enquêtes, pressentant une affaire d'une toute autre nature, progressant à ses risques et périls dans les méandres d'une affaire bien sombre, rattachée également au suicide d'une jeune femme. Belfast, ville à vif, bruisse et gronde à l'arrière-plan.

"C'était le 2 mai 1974. J'étais en deuxième année de doctorat. Une belle journée de printemps. Je passais devant le Rose and Crown, dans Ormeau Road, à vingt mètres de la fac. C'était la pire période des Troubles, mais je n'avais jamais été touché personnellement. Jusque là. Encore neutre, j'essayais de me tenir à distance, de vivre ma vie."

Eblouissant premier volet d'une trilogie (on en redemande !), où McKinty excelle : intense, explosif, le roman se lit d'une traite, dévoilant un beau talent d'écrivain qui dépasse de très loin le polar de base. Bravo !
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Une terre si froide est le premier roman de l'écrivain Nord-Irlandais Adrian McKinty que je lis et il ne sera pas le dernier. C'est le premier tome d'une série de romans policiers historiques se passant pendant les Troubles en Irlande du Nord. le personnage principal, le sergent Sean Duffy, est catholique – chose rarissime en Ulster pour un flic. Trois pages lues et Sean Duffy m'était déjà extrêmement sympathique. le roman commence par une émeute à Belfast. Nous sommes en 1981 et une semaine plus tôt, Bobby Sands est mort dans la prison de Maze, au soixante-sixième jour de sa grève de la faim. Les quartiers catholiques se sont soulevés, poussés par la rage et la frustration.

Lorsque deux hommes sont retrouvés assassinés, la main gauche coupée, le sergent Duffy se retrouve chargé de l'enquête. « – A quel genre de cinglé avons-nous affaire ici, fiston ? – Un genre que personne n'a jamais rencontré en Ulster. Un tueur en série, soigneux, intelligent, non sectaire. ». Une enquête qui se révèle complexe à mener, sans compter le contexte anxiogène et sanglant de la guerre civile, quand chaque déplacement risque de tourner à l'échauffourée ou qu'il faut vérifier chaque matin que sa voiture n'a pas été piégée…

Adrian McKinty manie l'humour un peu sombre et mordant avec habileté. Une terre si froide est bien écrit, efficace, très immersif et parfaitement dosé entre le côté historique et l'intrigue policière. Je me suis laissée porter par ce roman et ses différents rebondissements avec un grand intérêt. Un plan dans un plan dans un plan, j'aime ça et le tome suivant, La nuit j'entends les sirènes a déjà rejoint mes étagères. A découvrir !

« Pas de problème, mon gars. J'aimerais bien voir les choses de ton point de vue, mais j'arrive pas à me mettre la tête dans le cul. »
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Au départ, je voulais attendre le moment propice pour lire ce livre (fortement recommandé par un ami), propice dans le sens approprié, en adéquation, mais bon, j'ai bien été forcée d'admettre que « une terre si froide » ne serait jamais en corrélation avec ici. Pas assez rude ni rugueux, pas assez gris et pluvieux, pas assez tendu, pas assez (du tout) irlandais pour tout dire ! Donc je me lance malgré tout et me retrouve plongée directement en Irlande du Nord dans les années 80, au lendemain de la mort de Bobby Sands terrassé par sa grève de la faim et l'intransigeance du gouvernement de Margaret Thatcher. Immédiatement je me félicite d'avoir lu au préalable Mon Traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon (livres que j'ai vraiment beaucoup aimés) car sans cela je risquais de passer à côté de toute la complexité de ce contexte historique sans lequel ce roman se résumerait à une intrigue policière. Non pas que l'intrigue soit mauvaise, le personnage de Sean Duffy (qui a le ‘défaut' d'être un membre catholique de la police d'Irlande) est même plutôt sympathique et attachant, mais le principal attrait de ce roman réside dans sa toile de fond, l'évocation de ce pays ravagé par la guerre et où la tension atteint des sommets, cette société figée et rétrograde où l'avortement et l'homosexualité sont des crimes mais où le racket, le tabassage en règle d'un voisin ou le meurtre font partie d'un quotidien accepté.
Cet état de guerre est tellement habituel à cette période, ces attentats, ces bombes, ces émeutes tous les jours, à tel point que les policiers s'étonnent lorsque leur affaire se retrouve seulement en page 3 des quotidiens locaux : « pour une fois qu'on a un vrai crime, un crime normal, non sectaire. C'est quand même inhabituel pour la région ».
C'est noir, bien écrit, instructif, et je lirai la suite puisqu'à priori il s'agit d'une trilogie…
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Sean Duffy est un flic irlandais catholique en Irlande du Nord au début des années 80. Bobby Sands vient de mourir, les émeutes ne cessent pas, de nombreux policiers sont déjà morts dans l'explosion de leur voiture ou abattus au volant… C'est dans ce contexte que le sergent est appelé à travailler sur une enquête particulière : un cadavre retrouvé, avec une main coupée. Que la victime soit homosexuelle est-il une piste ou non ? L'enquête le mène dans des milieux bien différents, mais son profil atypique de policier suscite plus souvent la méfiance que la coopération. Une autre enquête sur la mort d'une jeune femme vient rapidement s'ajouter à ce premier crime, et complexifie les investigations menées par son équipe.
Disons-le tout de suite, ce qui m'a plu dans ce roman, c'est l'arrière-plan géographique et surtout politique du début des années 80 à Belfast et dans sa banlieue. C'est particulièrement bien rendu, sans rien occulter des différents aspects des événements. Les personnages sont nombreux, et incarnent des composantes explosives de la société en Ulster à cette époque. Ajoutons à cela des dialogues vivants et rondement menés.
La partie policière m' a moins emballée, notamment le personnage du policier. Sean Duffy, bien qu'il ne soit plus un blanc-bec débutant dans la police, ne prend jamais beaucoup de recul et fonce de manière fougueuse, pour ne pas dire inconsidérée, sur la moindre piste, surtout si elle correspond à l'idée qu'il s'est forgée des circonstances du meurtre, quitte à négliger des pistes intéressantes pour en suivre d'autres. Ce genre de policier qui fonctionne sans cesse à l'intuition peut vite agacer, et j'ai trouvé cela dommage. Quelques scènes qu'on pourrait qualifier « d'action » m'ont aussi laissée de marbre, alors que je retrouvais avec énormément d'intérêt tout ce qui concernait le conflit en Ulster.
J'avais eu un peu le même sentiment il y a quelques années avec le fleuve caché, qui se déroulait en Irlande et dans le Nevada, où j'avais noté mon irritation envers les erreurs de jugement récurrentes du policier. Ces romans ont des qualités d'écriture, une atmosphère authentique y est crée, mais j'ai un peu du mal avec les héros, plutôt qu'avec les personnages secondaires… Sentiment, qui, peut-être, est tout personnel.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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