Les capitaines Augustus McCrae et Woodrow Call, anciens Texas rangers, coulent des jours trop paisibles dans la trop tranquille bourgade de Lonesome Dove, à la frontière mexicaine. Ici la chaleur alourdit les corps et pèse sur les âmes. de toutes façons c'est pas le boulot qui les assomment : Nos vieux cowboys ont remisé les armes, vendus les chevaux, raccroché les lassos. Assis dans la poussière, alanguis par la soif, nos papis sont bien loin de faire de la résistance.
A Lonesome Dove on passe le temps en jouant aux cartes au saloon du coin et si la chance vous souris, la belle Lorena vous sourira peut-être aussi. Enfin ça c'était avant que Jake Spoon, le troisième larron du ranch de la Hat Creek Company ne séduise la belle et ne lui promette de l'emmener voir San Francisco. Et il est pressé le bougre, depuis qu'une balle perdue s'est logé dans la caboche d'un dentiste de l'Arkansas et que le shérif le poursuit.
C'était peut-être l'événement qui manquait pour réveiller tout ce petit monde de la torpeur texane et leur faire prendre la route du nord. le temps de réunir un troupeau, des hommes et des chevaux et les voilà partis pour le Montana.
Seulement, comme dans tous les bons Westerns, la piste est semée d'embûches : Serpents, bosquets de mesquite infranchissables, indiens sanguinaires et rivières en crue, bandits de grands chemins, orages, mexicains rancuniers… nos fameux cavaliers ne sont pas au bout de leur voyage.
Et j'ai envie de crier tant mieux !
Car ils sont terriblement attachants les hommes de la Hat Creek Company, Augustus et ses interminables discours, Call le bosseur taiseux, Deets et ses dons de pisteur, le vieux Pea eye et le jeune Newt qui rêve de faire ses preuves, le séduisant mais trop douillet Spoon, jusqu'au vieux Bolivar, le cuistot mexicain taciturne. Tellement bien croqués par la plume pleine d'humour de
Larry McMurtry, passant en revue tous les clichés du genre sans tomber dans le parodique.
J'ai particulièrement aimé les personnages féminins, pas toujours bien représentées dans ce genre littéraire très testostéroné. Ici les putains sont de grandes dames, fières, intelligentes, débrouillardes.
Les portraits sont si bien nuancés qu'on s'entiche des plus vilains comme des plus nigauds, bien loin du classique et réducteur gentil cow-boy contre méchant indien.
Un western délicieux qu'il faut savourer sans être pressé, un cruchon de whiskey à portée de main, bien a l'abri de la poussière sous son Stetson.