Fin de la saga "Fortune de France" avec ce treizième et dernier volume. Nous avons parcouru l'histoire de France depuis les guerres de religion au milieu du 16ème siècle jusqu'à la prise de pouvoir personnel par
Louis XIV en 1661.
Bien sûr une telle somme littéraire est un exploit et il serait malveillant de s'étonner sur la verve littéraire faiblisse sur la fin même si l'exactitude historique est toujours au rendez-vous.
Connaissant peu l'histoire de France du 17ème siècle ,je me suis selon la formule consacrée, instruite en me divertissant bénissant
Robert Merle de présenter avec tant de faconde les grands moments qui ont ponctué le siècle sans oublier les anecdotes croustillantes.
Ce dernier tome signe la disparition de Richelieu et de
Louis XIII mais aussi de Pierre de Siorac le père du narrateur, qui avait atteint un âge très avancé.
Mais que dire de Fogacer son professeur à l'Ecole de Médecine de Montpellier en ses vertes années soit un peu avant 1570 ! un peu plus âgé que lui puisqu'il était son enseignant, ce personnage n'en intervient pas moins jusqu'à la fin du récit au mépris de la précision chronologique puisqu'il devrait être largement centenaire ! Devenu homme d'église et chargé de missions secrètes diplomatiques, il se débrouille diablement bien pour un vieillard ....et la vraisemblance du récit vient à en pâtir .
C'est bien vrai pourtant qu'un auteur s'attache quelquefois tellement à ses personnages que c'est un crève-coeur de les faire mourir (n'oublions pas les larmes amères versées par
Alexandre Dumas quand il écrivit la fin de Porthos !) mais quand le récit se déroule sur le long, même très long terme il est pour le moins surprenant de retrouver au fil des romans, les mêmes héros conservant la vigueur de leurs vertes années !
Alors que je referme cet ultime ouvrage avec encore en tête les formules récurrentes employées par l'auteur et le vocabulaire imagé qui ponctue son récit, j'éprouve bien des regrets et je me pose des questions. Qu'est-il advenu du fidèle Miroul après la mort de Pierre son alter égo ? Et le "gentil frère Samson" , la douce Angelina l'épouse légitime passionnément aimée puis mise de côté au profit nouvelles aventures ? Au fil du temps, ils étaient presque devenus des amis chers que l'on regrette d'avoir perdu de vue et dont on a désespérément envie d'avoir des nouvelles, fût-ce pour connaître la fin de leur parcours terrestre .
La grande histoire a pris le pas sur les destins individuels de ceux auxquels on s'est attaché et il faut se faire une raison pour accepter ce goût d'inachevé qui clôt la série