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EAN : 9782070367757
244 pages
Gallimard (26/07/1972)
3.89/5   491 notes
Résumé :
- ... Enfin, ce qu'on peut dire pour les Anglais, c'est qu'eux au moins, ils embarquent leurs hommes, tandis que du côté français !... En principe, ça se passe à Dunkerque et à Malo, mais jusqu'ici au compte-gouttes et seulement par unités constituées.
Il ajouta au bout d'un moment :
- Ce qui nous exclut, bien entendu.
Il ne se passa rien de notable dans la minute qui suivit. Alexandre avait ses deux grosses mains croisées sur les genoux. Il éta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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Il m'a fallu faire un intense effort pour réaliser que "Week-end à Zuydcoote" était bien le premier roman de Robert Merle tant son talent d'écrivain transparaît déjà dans chaque phrase. En fait, j'ai eu l'impression de lire du Steinbeck et je ne m'étonne pas que Robert Merle ait obtenu le Goncourt général à sa parution en 49.

Zuydcoote, Bray-Dunes... charmants ports de pêche entre Dunkerque et la frontière belge... Jolies villes de front de mer avec leurs villas bien soignées aux pignons biscornus et leurs cabines de plage bien alignées. Mais ça, c'était avant... Avant 1940, avant la retraite de l'armée franco-britannique, avant l'invasion allemande ; ça, c'était avant de devenir une nasse à crabes dans laquelle ont été enferrés soldats et artillerie.

Comme son titre l'indique, le récit se déroule sur deux jours, un samedi et un dimanche. le lecteur fait connaissance avec un groupe de quatre soldats, quatre "copains" pris dans le flux désordonné de la retraite, avec un seul espoir, passer la Manche, et une seule certitude, bientôt mourir. Mourir là, sur le sable immaculé des plages, mitraillés par l'un des raids de la Luftwaffe.

"Week-end à Zuydcoote" retrace la tentative de survie de ces quatre hommes, Maillat, Pierson, Alexandre et Dhéry, maillons faibles d'une armée disloquée en fuite, acculée à la mer, sous le feu nourri du bombardement ennemi. Quatre existences enfermées dehors, sous une pluie d'acier.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture, j'ai lu le roman d'une traite. Si par la suite Robert Merle développera davantage ses contextes, ses personnages sont quant à eux déjà bien campés, comme ils le seront dans toutes ses autres oeuvres. Son premier roman a clairement annoncé la couleur d'un style talentueux et a prophétisé son parcours dans la cour des grands.


Challenge ATOUT PRIX 2015 - 2016
Challenge de lecture 2015 - le premier roman d'un auteur célèbre
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"Hello, le soleil brille, brille, brille,
Hello, tu reviendras bientôt là bas..."
Robert Merle fait vivre au lecteur cette évacuation des soldats britanniques, dans une débâcle sans nom. Les côtes anglaises sont si proches, et si éloignées en même temps!
Les chasseurs allemands piquent, mitraillent bombardent, et les cadavres se multiplient dans une atmosphère de vacances gâchées; le long de ces plages de sable fin et d'un bord de mers aux villas blanches.
Les soldats français, en rupture de régiment, sont plutôt dans l'impossibilité d'embarquer pour Albion. Ils se regroupent au hasard des popotes . Certains se résignent à attendre d'être fait prisonniers, d'autres tenteront d'embarquer... Certains même de prendre une tenue civile en se faisant passer pour des habitants du coin.
Un week-end qui dure, où l'auteur suit plus particulièrement le sergent Maillat et son retour périodique à la popote où il retrouve Pierson, Dhéry et Alexandre rejoints , un temps, par Pinot et son fusil-mitrailleur.
Week-end à Zuydcoote, un morne épisode de guerre et une lente apocalypse racontée du côté perdant.
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« Week-end à Zuydcoote ». Avec un tel titre, on pourrait penser que le roman porte sur un séjour dans une station de la mer du Nord... Alors oui, « Il y a le ciel, le soleil et la mer», mais ce week-end se déroule aux heures les plus tragiques de notre Histoire. C'est la « débâcle », les troupes britanniques et françaises, coupées de leurs arrières par l'Armée allemande, sont prises en étau dans la poche de Dunkerque. L'objectif est de rapatrier les soldats en urgence, sous le feu allemand.

Des soldats désarmés et isolés de leur unité s'acheminent en longues files vers la plage dans l'espoir d'être embarqué vers l'Angleterre. La hiérarchie n'est plus écoutée. Les règles ont disparu. Maillart, le personnage principal, déambule au milieu de ce chaos. La guerre se montre nue , dans sa laideur et sa cruauté.

Tout n'est qu'angoisse... Les troupes allemandes sont à dix kilomètres, les obus sifflent et frappent aveuglément, les chasseurs de la Luftwaffe bombardent en piqué en faisant hurler leurs sirènes. Quand ce ne sont pas les Allemands, ce sont les soldats français qui se livrent à des exactions. La mort est partout et peut frapper chacun, à tout moment.

Mais surtout, la guerre est absurde. Maillart fait des rencontres improbables. Une jeune femme reste dans sa maison contre toute logique, malgré les dangers. Des hommes se terrent dans un abri de fortune. Des soldats se résignent à l'incendie de leur navire et ne cherchent pas à s'enfuir.

Face à de tels événements, chacun réagit à sa manière et selon son tempérament. Maillart occupe une roulotte avec plusieurs copains de fortune. le cupide trafique et combine pour obtenir des profits immédiats. le prêtre se recueille et se pose des questions morales. Un soldat héroïque tire sur les Stukas au fusil mitrailleur sans craindre leurs représailles. Un Sétois fait la popote en évoquant les doux souvenirs et les projets familiaux. Et Maillart lui promène son désespoir et subit le spectacle de l'absurdité du monde.

L'évacuation de Dunkerque va revenir à l'ordre du jour cette année avec la sortie prochaine d'une superproduction signée Christopher Nolan : "Dunkerque". On peut déjà imaginer les scènes réalistes et spectaculaires bourrées d'effets spéciaux. Mais « Week-end à Zuydcoote » apporte à ces événement tragiques un regard plein de questionnement philosophique. A mes yeux, ce roman ce situe entre « Kaputt » de Malaparte et « l'Etranger » de Camus. Il y a d'une part des scènes cruelles et morbides, de l'autre ce désarroi de l'homme qui se sent étranger dans un monde et une existence dont il ne saisit plus le sens.
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1940. Avec l'avancée des Allemands, des troupe françaises et anglaises sur les plages à l'est de Dunkerque, tentent de fuir par la mer.
Quatre soldats vivent dans une roulotte et se serrent les coudes pour se trouver à manger et un moyen de sauver leur peau. Dans cette période difficile, l'union fait la force et Dhéry l'obèse, Pierson le curé, Alexandre le cuisinier et enfin Maillat l'aventurier illustrent ce qu'est la fraternité et la camaraderie.
Pourtant, ce contexte de guerre met les consciences à rude épreuve. Maillat, toujours en sortie, est le plus exposé. Et c'est avec ses yeux et sa gouaille que l'on découvre en deux jours, comme si on y était, ses moments de bravoure et de faiblesse.

Le premier roman du jeune Robert Merle est un coup de maître. Prix Goncourt en 1949. Au cinéma, Belmondo est inoubliable dans le rôle de Maillat. Si on a vu au moins un extrait, on lit forcément les dialogues avec la voix de Bébel.
Ce livre est inoubliable pour cela et pour la tragédie finale qui est de toute beauté.

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Avant la lecture de ce roman, je n'avais absolument aucune idée de ce dont il s'agissait, et ayant lu deux autres oeuvres du même auteur très différentes l'une de l'autre (L'Ile et La mort est mon métier), je m'attendais à tout; je pensais d'ailleurs, vu le titre, qu'il s'agissait d'un couple aisé se baladant au bord de la plage pendant l'Occupation...
Pas du tout. Dès la première ligne, nous entrons de plain pied en pleine guerre, et quand je dis ça, difficile de faire mieux. Maillat, comme tous les hommes de son âge, se retrouve engagé dans cette guerre sans l'avoir désiré, mais c'était ça ou la fusillade, alors... le voici au point le plus septentrional de France, Nord toute, sur la côte française, à Bray-Dune (et non Zuydcoote qui n'est ceci dit qu'à quelques kilomètres).
Nous le suivons sur un week-end, du samedi matin au dimanche après-midi, un week-end où Maillat subira la violence quotidienne de la mort en temps de guerre.
Entre chaque bombardement, d'une violence à couper le souffle, Maillat s'interroge sur l'absurdité de ces tueries et sur les notions de courage et de lâcheté. Qui, pour juger? Dans cette atmosphère de fin du monde (quand cela finira -t-il, cela finira-t-il même un jour? En ressortira-t-il vivant?), comment rester juste, intègre à ses propres valeurs?
Malgré son détachement de ce que subit son pays, Maillat sent son corps vaciller, traumatisé, à chaque attaque qu'il subit, jusqu'au paroxysme.
La narration présente quelques temps forts comme l'embrasement du cargo sur lequel il s'est embarqué suite aux bombardements ennemis, un passage très puissant dans le roman qui va commencer à ébranler le personnage, jusqu'aux bombardements de la maison où il s'est réfugié avec une jeune fille qu'il a sauvé peu auparavant.
Robert Merle joue sur les contradictions de l'âme, les fluctuations de la pensée, la dichotomie qu'il peut y avoir entre l'esprit, fort, détaché, et le corps, vulnérable aux agressions, tout ça d'une écriture qui a la modernité d'après-guerre. Je n'ai pas vu l'adaptation qu'en a fait Henri Verneuil, mais je l'imagine très bien car l'écriture est très cinématographique. J'avais beaucoup aimé les deux autres romans lus auparavant, celui-ci finit de me convaincre que Robert Merle est un très grand auteur.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Et le vent dehors, un vrai temps de salaud ! Le vent, la pluie, la grêle, le tonnerre, tout le bastringue, quoi !
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— Tu n'es pas un type très gai, au fond.
— Ah ! dit Maillat, et il y a de quoi être très gai, tu trouves ?
D'ailleurs, ajouta-t-il au bout d'un moment, tu te trompes. Avant la guerre, j'étais assez heureux, au contraire. À mon avis, j'étais même très heureux. Sauf à partir de 38, quand j'ai compris que ces cons-là se préparaient à faire de l'Histoire.
— C'est ton histoire aussi. C'est ton époque. Tu n'as pas le droit de te détacher de ton époque.
— Bon Dieu ! s'écria Maillat, mais je ne me détache pas ! Je suis détaché. C'est comme si tu disais à un pédéraste qu'il n'a pas le droit de ne pas aimer les femmes.
— Je ne saisis pas.
— Mais si, et la plupart des gars, au fond, ils pensent comme moi. Au début, ils la trouvent tout à fait stupide, la guerre. Puis petit à petit, ils arrivent à se passionner pour elle comme pour un match de football ou une course cycliste. Ils en deviennent amoureux. Après tout, c'est leur guerre à eux, tu comprends. La vraie, la grande, l'unique — puisqu'ils la font. C'est "la guerre de leur vie", en somme. Voilà comment ils finissent par la voir, la guerre. Moi pas. Pour moi, cette guerre-ci, c'est une guerre comme toutes celles qui l'ont précédée, et toutes celles qui la suivront. Quelle chose d'aussi absurde et dénué de sens qu'une page de dates dans un manuel d'histoire.
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— Tu serais plus heureux si tu t'intéressais à la guerre.
— Mais bon Dieu ! dit Maillat, c'est ce que je me tue à t'expliquer ! C'est évident que je serais plus heureux, si j'y croyais, à la guerre, et à toutes les raisons qu'on me donne pour la faire. Mais je n'y crois pas, c'est tout. Pour moi, la guerre est absurde. Et pas telle ou telle guerre. Toutes les guerres. Dans l'absolu. Sans exception. Sans régime de faveur. Autrement dit, il n'y a pas de guerre juste, ou de guerre sacrée, ou de guerre pour la cause. Une guerre, par définition, c'est absurde.
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- Remarque, ajouta-t-il, avant cette putain de guerre, on n'était pas malheureux non plus. On était même heureux, je trouve. On se rendait pas compte. C'est maintenant qu'on s'en aperçoit. Moi et ma femme, mon vieux ! On prenait du bon temps, on se laissait vivre. Et ma femme, tiens, ma femme, des baiseuses comme ma femme, t'en as pas connu beaucoup. Pour tout te dire, c'est moi qui l'avais formée. Mais quand même, une baiseuse comme ma femme, dis donc, ça se rencontre pas souvent. Ah vingt Dieux !
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Sur sa droite, entre deux maisons détruites, Maillat remarqua dans un enclos un cheval mort. Il était étendu les quatre pattes en l'air, le ventre énorme. A quelques mètres de lui, deux autres chevaux se dressaient, immobiles. L'un d'eux était blessé à l'épaule. L'autre se tenait près de lui, croupe contre croupe, et de temps en temps lui léchait sa blessure. Tout à coup le cheval blessé leva la tête comme s'il allait se mettre à hennir. Sa gueule s'entrouvrit, mais aucun son ne sortit. Il agita alors la tête de droite à gauche, et Maillat vit dans un éclair ses yeux tristes et doux se poser sur lui. De nouveau, le cheval blessé leva la tête, puis il recula d'un pas, posa son museau sur l'encolure de son compagnon et ferma les yeux. Il resta ainsi quelques secondes, dans une attitude indéfinissable de lassitude et de tendresse. Ses pattes de derrière n'arrêtaient pas de trembler.
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Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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Connaissez vous les romans de Robert Merle ?

Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

chez ma mère'
à Deauville'
à Zuydcoote'
en amoureux

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