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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voila un livre des plus étonnants, détonnant et probablement sujet à controverse. C'est un roman que j'ai lu avec beaucoup d'étonnement, surtout pour la façon dont le sujet est traité et l'ensemble des sujets qu'il balaye avec son pitch de base. Parce qu'il faut bien le dire, un tel roman ça ne s'invente pas !

Parti de l'idée d'une maladie touchant les hommes seulement, nous voyons, au fur et à mesure du livre, développer un état qui confine et enferme (tiens, c'est d'actualité ça !) tout les hommes dans le but déclaré de les protéger. Cependant, nous découvrons bien vite que derrière cette façade respectable, un état dictatorial et totalitaire de femme se met en place. Une mise en situation qui n'a pas été sans me rappeler les excellents mots de Terry Pratchett à la fin du volume "Le régiment monstrueux" : "L'ennemi, ce n'étaient pas les hommes, ni les femmes, ni les vieux ni même les morts. Mais les foutus imbéciles de tous poils.".
Parce que le roman se concentrera, au travers d'une fiction sur le sexisme, sur la façon dont un état totalitaire renversant les valeurs sexistes de notre société ne sera au final qu'un état dictatorial et totalitaire. Et que cela ne concerne ni les femmes ni les hommes, mais les personnes qui font des choses atroces au nom de leur sexe. Une bien belle réflexion, et je trouve même assez osée, de la part de l'auteur.

Mais ce qui me bluffe réellement dans ce livre, c'est le renversement final qui donne toute la saveur au travail de politique et de rapport de sexe posé dans le livre. En effet, l'auteur ne finit non pas sur une morale facile et peu intéressante, celle qui aurait choisi la facilité d'une dictature pas sympa, de féministe extrémiste s'accaparant le pouvoir et qu'on renverse pour remettre une démocratie.

Non, de façon bien plus intelligente, Robert Merle développe un renversement d'un état totalitaire pour une démocratie sexiste ... envers les hommes. Et ce renversement final est magistralement orchestré par le personnage principal qui devient ce que sont les femmes dans notre monde. Entre les regards dans la rue, les considérations de bas-étage ou le renvoi continuel à une position sociétale précise (et pas forcément voulue), on est dans la dénonciation directe de notre sexisme sociétale. Sauf que l'auteur ne s'arrête toujours pas là, et présente ce monde comme plus juste et plus humain que le notre. Non pas dans une égalité de fait entre hommes et femmes, mais dans une relation de domination des femmes sans conteste. Et là, on touche au superbe, puisque l'auteur nous laisse sur un monde non-idyllique, porteur de questions et de réflexions qui nous sont toutes laissées. Robert Merle ne développe pas plus et c'est ce qu'il fallait, à mon sens : laisser au lecteur le choix de comprendre et retirer ce qu'il veut de cette lecture. le bien et le mal ne sont pas net, dans cette fin. Si le roman conspue le totalitarisme, il ne dit rien sur un éventuel sexisme de la société (présenté peut-être comme inévitable, même si ce n'est pas clairement exprimé). Bref, Robert Merle nous sort quelque chose de bien différent de ce à quoi nous avons l'habitude dans des romans dystopiques du genre.

Le roman est servi, dans son propos, par des personnages géniaux et que j'ai adoré suivre : des véritables tronches que l'on se plait à découvrir, chacun ayant sa particularité et son fond, que nous découvrons parfois petit à petit, et surtout des retournements qui font sentir tout ce qui échappe au lecteur mais aussi au personnage principal. Nous sommes dans un monde où tout n'est pas totalement expliqué, ou une partie des évènements nous échapperont. C'est d'autant plus prenant lors de la lecture, qui semble devenir un thriller, tout autant qu'un roman d'anticipation, de réflexion sur le sexisme ou encore un roman d'amour, dans lequel les personnages n'auront pas la fin que l'on suppose. Bref, une bien belle composition, intelligente et bien menée.

Ce roman, je le vois comme une des anticipations/réflexions sur le sexisme des plus réfléchie parmi celles que j'ai lu. En fait, je l'oppose presque à La servante écarlate, que j'avais trouvé fade et peu consistant dans sa réflexion, justement. Ici, le propos final est réellement philosophique, le questionnement restant latent et tout au lecteur. Je ne dirais pas que j'en ai eu une lecture totale et juste, mais que chacun aura sa propre lecture et sa propre réflexion autour de ce livre, ce qui est parfait pour un tel sujet. Peut-être encore plus d'actualité maintenant que lors de sa sortie, Robert Merle sait tomber juste dans sa vision du monde. Un auteur des plus intéressant que j'ai hâte de découvrir plus avant.
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A lire !

Ce livre m'a fait penser à une célèbre expérience de psychologie sociale réalisée sur les rats.
Pour faire court et simple : on a mis des rats dans une cage avec à un bout de la nourriture et des obstacles pour arriver à celle-ci. Très vite parmi les rats on retrouve un dominant, un dominé et un souffre-douleur.
Le plus étonnant dans cette expérience c'est qu'en ne mettant que des individus dominants, uniquement des dominés ou des souffre-douleurs, la même hiérarchie se remet en place après une nuit de combats.
Même en ne mettant que des rats dominés dans une cage on va retrouver ce schéma de dominant, dominé, souffre-douleur. Comme si, pour fonctionner, le groupe rats avait besoin de ce système de castes.
L'être humain étant lui aussi un être social, a t-il, comme le rat, nécessairement besoin d'un schéma identique ?

Peut-être que Robert Merle a pensé à cette expérience en écrivant ce livre.
Mais il a plus probablement été inspiré par les évènements qui l'entouraient.
Les hommes protégés date du milieu des années 70. A l'époque le Women's Lib (MLF en France) prend de l'ampleur. Les femmes se font entendre, les artistes s'insurgent. Quelques années avant les 343 salopes ont eu le courage de rappeler que nos corps nous appartiennent et que l'on en dispose comme bon nous semble.
C'est dans ce climat que Robert Merle écrit Les hommes protégés.
Je ne sais pas où il se place dans le débat - je n'ai pas fait de recherches - mais son livre fait clairement réfléchir et mériterait, encore aujourd'hui, d'être beaucoup plus lu, notamment dans les lycées où il pourrait donner naissances à de beaux débats.

Nous sommes aux États-Unis. Une maladie, l'encéphalite 16, se répand à une vitesse vertigineuse. Cette maladie ne touche que les hommes et les tue en masse en très peu de temps.
Les femmes se retrouvent, malgré elles, à devoir assumer toutes les plus hautes fonctions de la société. Et désormais, à la tête du pays, Bedford, une LIB dure.
Le Dr Ralph Martinelli, le premier a avoir découvert la maladie, est mis sous cloche avec d'autres hommes à Blueville, où il doit mettre au point un vaccin. Ils sont désormais les "hommes protégés".

Du monde extérieur nous n'aurons que quelques bribes, comme le Dr Martinelli. Comme lui, nous vivons dans le huis-clos de Blueville mais on devine toute l'horreur de ce qu'il se passe en dehors des murs de ce "château". Ce qu'il se passe à l'intérieur n'est pas plus réjouissant et nous ouvrons les yeux sur la réalité au même rythme que le protagoniste (quand il n'est pas en train de détailler ses congénères...).

Roman féministe ? Pour l'égalité des sexes ? Excuse à la misogynie ? Il y a de tout ça dans Les hommes protégés.
Si on sent bien parfois que Martinelli (et par là l'auteur) prend la mesure de toute l'injustice faite aux femmes, on sent aussi qu'il veut faire comprendre qu'il n'est qu'une victime d'une culture.
La guerre ou l'éducation ? Dans un cas comme dans l'autre, est-ce suffisant ? Ne sommes-nous pas comme les rats de l'expérience ?

L'auteur aborde beaucoup de thèmes (l'égalité des sexes bien sûr, mais aussi le racisme, les dérives de la science, le fascisme, les relations de couple, le rapport à la maternité...) et le fait avec brio.

La plume est fluide, agréable et belle.
Difficile de lâcher le livre quand on l'a commencé.
Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est un coup de coeur mais il l'a frôlé.

Je pensais n'avoir jamais lu Robert Merle mais en me penchant sur sa bibliographie grâce au challenge solidaire je me suis rendue compte que j'avais découvert Un animal doué de raison il y a fort fort longtemps. C'est très confus, je me souviens bien du nom des deux dauphins et il me semble que j'avais beaucoup apprécié à l'époque.
Après lecture de Les hommes protégés, j'ai très envie de relire ce titre et surtout Malevil qui me paraît lui aussi très très prometteur.

J'ai vraiment beaucoup aimé Les hommes protégés qui, près de 50 ans plus tard, sonne très actuel (et je ne suis pas certaine que ce soit une bonne nouvelle pour la cause féminine...).
Définitivement un titre à lire !
Lien : https://demoisellesdechatill..
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Ecrit il y a bientôt 50 ans, ce roman apporte un éclairage intéressant sur les conséquences d'une pandémie en plus d'être passionnant.

Une épidémie se répand, l'encéphalite 16, et seuls les hommes sont affectés et meurent. En quelques mois dans le monde, il ne restera plus du sexe masculin que des enfants ou des vieillards. Ceux-ci ne semblent pas affectés par la maladie (l'explication provenant de la spermatogenèse). du coup pour leur sauvegarde, des comportements radicaux vont apparaître, avaler le caladium seguinum conduisant à la destruction irréversible du tissu spermatogénique ou pour ceux qui trouvaient cette méthode insuffisante ou trop timorée l'ablation des testicules et devenir un Ablationniste (un A).

La vice-présidente Bedford, devenue présidente par le décès du mâle élu, serre les boulons. Les hommes servent ils encore à quelques choses ? Faut-il mettre au point un vaccin pour les sauver ?

Le Dr Martinelli par la force des choses, mâle en pleine possession de ses moyens et chercheur, se retrouve être un homme protégé. Cet homme protégé que l'on renvoie sans cesse à son sexe, à sa lubricité, à sa situation d'objet sexuel et de procréateur.

Dans un bastion inviolable, une micro société dominée par les femmes, d'où il ne peut sortir et où personne ne peut rentrer, il planche sur le vaccin pour trouver enfin une issue à cette pandémie.

D'autres chercheurs à ses côtés, se livrent aussi à des travaux qui ne vont peut être pas dans le sens de sauvegarder l'humanité masculine.

Car dans cette nouvelle société, qui de fait se retrouve gouvernée exclusivement par des femmes, un sexisme et une phallocratie à l'envers se mettent en place avec d'autant plus de violence que la rancoeur envers les hommes est grande.

Et c'est ce renversement qui est passionnant et intéressant, comment en peu de temps une nouvelle société, avec de nouveaux rapports de force, se met en place, comment survivre dans une société qui se débarrasserait bien de vous finalement, à moins de pouvoir compter sur les quelques femmes qui aiment encore les hommes.

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Une terrible maladie inconnue, l'encéphalite 16, frappe la plupart des hommes en âge de procréer en épargnant les femmes, les enfants et les vieillards. Comme l'Humanité ne dispose ni de vaccin ni de traitement, les hommes meurent par milliers. Les femmes les remplacent à tous les postes clés et prennent conscience de leur importance. Une présidente ultra-féministe, Sarah Bradford s'installe à la Maison Blanche et réorganise toute la société. Avec quelques savants triés sur le volet, le docteur Martinelli qui n'est pas loin de découvrir un vaccin contre la maladie, se retrouve enfermé à Blueville, une « zone protégée » qui permet aux chercheurs d'être à l'abri de l'épidémie mais les oblige à vivre dans un climat d'humiliation, d'angoisse et de brimades permanentes. le féminisme de Bradford apparaît comme un machisme à l'envers et est loin de ne faire que des heureuses. Pour elle, l'homme n'est qu'un subalterne, une sorte de sous-humain ou de semi-esclave tout juste bon à être castré ou à donner son sperme pour les banques de reproduction artificielle.
Une terrible maladie inconnue, l'encéphalite 16, frappe la plupart des hommes en âge de procréer en épargnant les femmes, les enfants et les vieillards. Comme l'Humanité ne dispose ni de vaccin ni de traitement, les hommes meurent par milliers. Les femmes les remplacent à tous les postes clés et prennent conscience de leur importance. Une présidente ultra-féministe, Sarah Bradford s'installe à la Maison Blanche et réorganise toute la société. Avec quelques savants triés sur le volet, le docteur Martinelli qui n'est pas loin de découvrir un vaccin contre la maladie, se retrouve enfermé à Blueville, une « zone protégée » qui permet aux chercheurs d'être à l'abri de l'épidémie mais les oblige à vivre dans un climat d'humiliation, d'angoisse et de brimades permanentes. le féminisme de Bradford apparaît comme un machisme à l'envers et est loin de ne faire que des heureuses. Pour elle, l'homme n'est qu'un subalterne, une sorte de sous-humain ou de semi-esclave tout juste bon à être castré ou à donner son sperme pour les banques de reproduction artificielle.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Livre lu il y a quelques années mais qui m'avait fait une forte impression. Une maladie inconnue qui décime les hommes les uns après les autres et les femmes qui prennent le pouvoir...Ce roman nous rappelle à quel point il est dangereux de donner le pouvoir entier à un seul sexe. le patriarcat est aliénant mais le matriarcat l'est tout autant. Comment pourrait-on se passer d'une moitié de l'humanité sans s'amputer d'une part inaliénable de nous-même ?
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Excellent petit livre de SF. Messieurs, à vos gardes. Se faire protéger par les femmes car homme trop faible: hilarant, délicieux petit bijou français à une époque où les écrivains anglo-saxon tenaient le haut du pavé.
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