AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'île (43)

C'était terrifiant de penser que ce rocher et la mince croûte de boue qui portait ses arbres et leurs fruits, étaient la seule terre habitable dans un rayon de cinq cent milles marins. Autour de cet îlot il n'y avait rien que des vagues, du vent, de la pluie, des ténèbres... « Et nous, pensa Purcell, nous, accrochés à cette mince croûte de boue, et trouvant encore assez de forces pour former des factions... »
Commenter  J’apprécie          20
L'île est une prison, pensa Purcell. Nous avons échappé à la pendaison, mais pas à la prison à vie.
Commenter  J’apprécie          40
Cette imagination de l'avenir qu'on les blancs ! Ne plus penser, accepter le présent, se débarrasser de l'angoisse.
Commenter  J’apprécie          60
Il se demanda pourquoi le principe de respecter toute vie humaine lui paraissait plus important que le nombre de vies humaines qu'il pourrait sauver en renonçant à ce principe.

(Page 382)
Commenter  J’apprécie          90
-Homme [...] moi non plus, je n'aime pas verser le sang! Mais le sang de l'oppresseur, il est très bon à verser. Tu connais le poème! C'est du sang qu'il faut donner à boire à ses cochons! C'est un sang qu'il est très délicieux de voir couler! C'est un sang que la terre boit avec une joie considérable! L'injustice, ô guerriers, est une herbe qui pue! Extirpez-la!...
Commenter  J’apprécie          00
Quand on est jeune, il ne faut pas trop travailler, Ivoa. C'est quand on est vieux, et qu'il n'y a rien d'autre à faire , que le travail est amusant. (p.56)
Commenter  J’apprécie          50
Ropati avait à peine 10 jours quand on lui donna son premier bain de mer. Il y avait à l'ouest de Blossom bay une étroite calanque, presque fermée du côté de l'océan, et qui pénétrait, en s'élargissant, dans un petit cirque que la falaise en surplomb protégeait des vents. Toujours calme, toujours limpide, le flot y venait mourir, à marée haute, sur une petite plage ocre, fin au pied, délicieux à l'oeil. C'est là que les vahinés se dirigèrent en procession presque solennelle, deux d'entre elles portant un récipient d'eau douce pour rincer le bébé après son bain. Elles entrèrent dans l'océan jusqu'à la poitrine, puis épaule contre épaule, elles dessinèrent un cercle, et étendant les bras dans l'eau, elles joignirent leur main au centre afin de former un bassin de faible profondeur. Ivoa y déposa peu à peu Ropati. Gras onctueux et sensuel, il commença aussitôt à s'ébattre, les murmures pieux des femmes tombant comme des caresses sur son petit corps doré.........
On aurait dit qu'il y avait quelque chose de religieux dans ce premier bain, comme si on fêtait à la fois l'enfant, la maternité et la joie d'exister.
Commenter  J’apprécie          31
Il entendit le rire de Mehani à ses côtés et leva les yeux.
- Tu es gêné, dit Mehani. Tu sais que je dis la vérité, et pourtant tu es gêné.
- Les Peritani ne disent pas ces choses-là, dit Purcell en rougissant.
- Je sais, dit Mehani en posant sa main gauche sur son épaule. Tout ce qui est bon à dire, ils ne le disent pas. Et tout ce qui est bon à faire...
Il se mit à rire.
- ... Ils le font, mais avec des grimaces.
Purcell se mit à rire et Mehani rit en écho. Ils se sentaient bien, marchant épaule contre épaule sous les taches d'ombre et de soleil du sous-bois.
Commenter  J’apprécie          30
Un mince filet de sang s'en échappait.
Purcell resta à le regarder, béant, pendant quelques secondes. Puis il comprit. La crosse avait heurté la pierre qu'il tenait devant son visage, le contre¬-coup avait déclenché la détente, et Timi s'était tué avec son propre fusil. ±
Purcell retourna en titubant au lit de feuilles et s'assit. Au-dessous du trou sanglant qui défonçait le haut de son front, les yeux de Timi paraissaient vivre. Les cils noirs et fournis recouvraient à demi ses prunelles, et celles-ci luisaient dans le coin des paupières, comme si Timi dévisageait Purcell de côté avec insistance. Sa tête et son cou gracile étaient légèrement tournés du côté opposé, ce qui donnait à son regard une coquetterie sournoise. Il n'y avait plus trace de dureté sur son visage et ses lèvres ourlées s'écartaient l'une de l'autre comme si elles esquissaient un sourire enfantin. Purcell remarqua pour la première fois la forme de ses yeux. Ils étaient très beaux. Ils remontaient vers les tempes comme des yeux d'antilope, mais c'étaient les cils, les magnifiques cils noirs, longs et recourbés, qui donnaient au regard ce velouté, cette câlinerie. Comment ces yeux-là avaient fait pour avoir l'air si durs, c'était inexplicable. La vie s'était retirée de Timi et ne lui laissait plus que la douceur qui était en lui et qu'il avait étouffée de son vivant.
Purcell détourna la tête, se leva et un flot de tonte l'envahit. La sauvagerie avec laquelle il s'était jeté sur ce corps! Le cri qu'il avait poussé! Et c'était un cadavre qu'il poignardait! Il lui parut incroyable =qu'il n'eût pas compris plus vite que Timi était mort. Mais il avait tellement raidi sa volonté, avant l'irruption de Timi, qu'il était passé à l'acte par vitesse acquise, en aveugle, comme une machine. C'était affreux et dérisoire, il se sentait presque plus coupable que s'il avait vraiment tué. « C'est ça le meurtre », pensa-t-il, avec une terrible angoisse, Cette mécanique, cet enchaînement. Il s'était fortifié toute sa vie dans le respect de la vie. Et le moment venu, il s'était abattu sur son ennemi en hurlant comme une bête! Il avait enfoncé le couteau des deux mains, ivre de sa victoire, haletant, inondé de plaisir!
Commenter  J’apprécie          100
Il regardait ses amis, il se sentait profondément heureux. Quelle tendresse dans leurs regards! Quel repos dans leurs âmes! 11 pensa, c'est un moment dont je me souviendrai, et d'avoir pensé cela, à l'instant même, une pointe de regret poignant le traversa, comme si le moment qu'il vivait était déjà fini.
— Adamo! dit Mehani avec inquiétude, qu'est-ce que tu as? Tes yeux sont tristes.
Une idée qui est venue, Mehani.
Peritanil Peritani! s'écria Otou en secouant un long doigt devant son nez comme s'il savait depuis longtemps qu'un Peritani était incorrigible. Mange! Mange! Il ne faut pas trop penser avec ta tête!
Purcell sourit et baissa les yeux sur son poisson. Otou avait raison. Pour être vraiment heureux, il fallait être conscient de son bonheur, mais pas trop. Il y avait un point d'équilibre à trouver. Il fallait ruser. Savoir qu'on était heureux, mais pas au point de se le dire.
Commenter  J’apprécie          80






    Lecteurs (1658) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Connaissez vous les romans de Robert Merle ?

    Roman historique lauréat du prix Goncourt publié en 1949 racontant la retraite d'un groupe de soldats français lors de la défaite franco-britannique lors de la seconde guerre mondiale. Mon titre est "week-end

    chez ma mère'
    à Deauville'
    à Zuydcoote'
    en amoureux

    8 questions
    110 lecteurs ont répondu
    Thème : Robert MerleCréer un quiz sur ce livre

    {* *}