Le titre est ambitieux et l'objectif sera-t-il tenu ?
Ouvrage à destination de la jeunesse, j'étais intriguée et me demandais comment les auteurs allaient s'en tirer...
Avec intelligence, finesse, beaucoup d'humour et d'érudition.
Une courte introduction posant la problématique, depuis l'obligation d'admirer et d'aimer ces fameux chef d'oeuvres, jusqu'à la « prise de tête » de la réponse à cette question torturante : et si je me trompais ...
Puis nous voici introduits dans la « Galeriede l'incertitude » , la bien nommée !!!! Première des trois double-pages, disposées comme une composition de Mondrian. Y où sont campé le sujet, illustré par six à huit miniatures présentant des tableaux, chacune accompagnée d'une citation.
Tout bouge, change, évolue : ce qui hier/aujourdh'ui était/est honoré et chéri/honni, moqué est/sera aujourd'hui/demain raillé, dénigré ou ...l'inverse.
Le peintre
Olivier Masmonteil, au cours d'une rencontre, soulignait le fait que l'oeuvre d'un musicien développe son art sur une durée: l'auditeur se laisse mener de l'introduction à la conclusion, alors que le plasticien n'a que le temps du regard. La peinture prend ici sa revanche, puisque il y aura d'autres lectures de l'oeuvre au fil des décennies et, pour certains, au fil des siècles.
La première partie présente la fabrique du chef d'oeuvre, depuis l'atelier jusqu'à son couronnement dans le musée , l'organisation mise en place par la société pour détecter et porter au pinacle ou piétiner ces morceaux de toiles colorées. Adressé à de jeunes lecteurs, c'est important de souligner qu'une oeuvre a été très souvent le résultat d'un travail d'équipe : les fonds étaient laissés aux apprentis et seul le maître d'atelier achevait les tableaux : Rubens et Xavier Veilhan, même organisation.
La seconde partie est plus particulièrement consacrée aux grands mouvements de peinture ; il en ressort, ce pouvoir de remue-méninges, ces renversement de certitudes que ces fabuleux artistes nous font subir à nous autres spectateurs de leurs toiles et de leurs provocations. Ils changent nos regards et nos goûts, notre façon de penser, d'appréhender le monde.
En conclusion, l'art comme moyen politique et financier, mais aussi accélérateur à la consommation et à l'animation supposée culturelle de nos villes : choix entre déambulation dans des musées ou promenade dominicale parmi les toiles d'amateurs ?
Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est cet exploit de synthèse et d'humour pour traiter en soixante dix pages un sujet aussi vaste.
Excellente présentation simplement efficace et ludique : un sujet « développé » sur une double page, où l'oeil voyage du résumé aux quelques représentations de tableaux, interpellé et dévié vers une situation ou une échelle temporelle ou...la croûte d'un Maître, ou ...Où tout est pensé pour être un jeu pour l'esprit et une irrévérence malicieuse .
Une plongée dans un monde auquel nous appartenons tous puisque nous y sommes confrontés plus ou moins volontairement, un monde qui a toujours fait jaser, gloser ; sorte de journal à scandales de la société dans laquelle nous vivons, et qui en douce passe à travers les siècles..Rions, rions de nos aïeux scandalisés par les impressionnistes, parce que nous mêmes avec notre Art Contemporain...
Un regret : que les deux auteurs ne nous soient pas présentés en quelques lignes. J'aurais aimé en savoir un peu sur leur parcours...
Je lis rarement des livres « jeunesse », mais celui-ci avait attiré mon attention dans la dernière Masse Critique. Me voilà en cours de devenir « accro » aux Edition Palette...(pour Babelio, c'est déjà acté!)
Une des citations que je vais allègrement piller pour faire étalage de ma fraîche culture : le véritable créateur du monochrome c'est
Alphonse Allais pour sa « Récolte de la tomate par des cardinaux apoplectiques au bord de la Mer Rouge (effet d'aurore boréale).