AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,98

sur 459 notes
Dans un Japon à la fois moderne et traditionnel, il existe un lieu magique où les vivants communiquent avec les morts, un lieu extraordinaire capable de suturer les âmes les plus meurtries.

À Otsushi, sur les pentes du Mont Kujira-yama au Nord du pays, une cabine téléphonique avec un vieux combiné noir est plantée dans un immense jardin. Les japonais l'ont nommée La cabine du vent, elle permet de téléphoner aux morts, et en particulier aux disparus de la catastrophe de 2011. le vieux téléphone installé par Itaru Sasaki n'est reliée à rien sinon à la mémoire de ceux qui ne sont plus, et au chagrin lié au souvenir des jours heureux.

Yui a perdu sa mère et sa fille dans la catastrophe du tsunami. Elle n'arrive pas à atténuer la douleur que lui provoque cette double perte. Animatrice d'une émission de radio, lorsqu'un de ses auditeurs évoque le téléphone du vent, elle comprend qu'il faut absolument qu'elle s'y rende.

En chemin, elle rencontre Takeshi qui est aussi perdu qu'elle. C'est son épouse qui a disparu, et depuis sa petite fille de six ans ne parle plus,. Il ne sait plus comment agir avec elle.

Ce que nous confions au vent est l'histoire d'une rencontre. Entre un homme et une femme anéantis par le malheur, mais qui espèrent trouver un moyen de communiquer avec leurs défunts. Deux rescapés parmi les nombreux destins brisés lors de la catastrophe de Fukushima.

Dans ce lieu magique créé pour favoriser la résilience et l'oubli, au fil des mois il semble pourtant évident que toute l'énergie passée à se connecter au passé empêche d'envisager un avenir. Mais pour ces cerveaux torturés et ces coeurs brisés, le temps fait son oeuvre réparatrice malgré un chemin difficile et aléatoire.

J'ai apprécié la façon dont la société Japonaise est décrite de l'intérieur, même si j'aurais aimé avoir quelques explications complémentaires sur les subtilités des relations entre homme et femme, pour mieux comprendre leurs hésitations et leur place dans cette autre culture si éloignée de notre monde occidental rationnel.

S'il n'y a rien de moins universel que le malheur, la façon dont les principaux protagonistes interagissent avec prudence, lenteur et pudeur peut parfois dérouter. le déroulé de l'intrigue et son issue sont rapidement évidents, mais tout l'intérêt du roman réside dans l'analyse de l'évolution psychologique de Yui et sur la difficulté à recréer une relation après le traumatisme d'un deuil. Mais aussi sur la difficulté à être, mère, épouse, ami, les interrogations que cela implique et les bouleversements au présent et au futur dans la vie de chacun. Une leçon de vie aussi, vivre intensément le temps présent car tout peut s'arrêter si vite, vivre sans attendre, sans penser à tout ce que l'on pourra faire plus tard, faire, agir, vivre.

La lectrice Clara Brajman a une voix douce, délicate et posée, en symbiose avec les sentiments des protagonistes. Elle n'est jamais désespérée, comme si elle voulait leur insuffler son énergie pour les faire évoluer devant nous, prendre en main leurs vies, et avancer.
chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/03/22/ce-que-nous-confions-au-vent-laura-imai-messina/
Lien : https://domiclire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          50
Un roman sur le deuil, le chagrin, la résilience, l'amour et l'espoir... absolument magnifique.
La construction, la narration, les courts chapitres entre lesquels sont insérés des "apartés" sont bourrés de poésie, de mots justes et doux sur le terrible sujet qu'est le deuil (d'autant plus terrible qu'il est lié au tsunami de 2011).
On suit quelques personnages et leur parcours cabossé suite au tsunami, à leur recontruction, leurs doutes, leurs peurs.
Vu comme ça, on se dit "OK, ça va être triste et chi%$*¤"
Mais pas du tout, c'est beau comme tout.
Je n'avais pas regardé avec attention la biographie de l'autrice et j'étais persuadée qu'elle était japonaise, tant l'écriture est empreinte de cette douce poésie que l'on retrouve dans les romans asiatiques (je pense à "Lâme brisée" de Akira Mizubayashi). L'autrice est italienne mais est mariée à un japonais... hi hi, ceci explique donc cela...
D'ailleurs, petite note pour les bibliothécaires en charge du catalogage : contrairement aux apprences (dues au choix de la typo sur la première de couverture du roman) le patronyme de l'autrice est IMAI MESSINA et non seulement MESSINA. Dans les remerciements l'autrice mentionne ses beaux-parents Yôko et Yôsuke Imai (p. 282)
Commenter  J’apprécie          50
Je n'attendais rien de ce livre. Je me suis plongée dedans sans même savoir de quoi il parlait. Et j'en ressors ravie et émue.
Comme d'habitude, je ne vous ferai pas le pitch. Je vous dirai juste que je comprends que ce livre puisse autant emballer certains que déplaire à d'autres.
Ce livre est une histoire que l'on se raconte à soi. Ce n'est pas une aventure, il ne se passe pas grand chose, c'est lent et long avec de temps à autre des petits chapitre qui surprennent le lecteur dans sa "monotonie".
Et tout ceci n'est autre qu'un deuil. Une longue marche obligatoire qui semble ne hamais en finir, brisée de temps à autre par des sursauts qui mènent à la résilience. le processus du deuil est long, individuel, personnel et laisse toujours des traces. C'est un processus de transformation. Nous ne sommes plus les mêmes après.
J'ai particulièrement apprécié la plume discrète de l'autrice que je ne connaissais pas. En prenant délicatement ses personnages par la main, elle nous permet de nous laisser progresser tout aussi délicatement dans nos émotions. Je me suis donc laissée guider et j'ai trouvé cette lecture tres agréable.
Commenter  J’apprécie          50
En 2011, le Tsunami a emporté la mère et la fille de Yui. Par son travail, elle apprend l'existence d'une cabine téléphonique sur le mont Kujira-Yama où les gens en deuil peuvent parler à leurs défunts, confiants leurs mots au vent.
Elle y rencontre Takeshi dont la petit fille ne parle plus depuis la mort de sa mère. Ensemble, ils vont réapprendre à affronter la vie... et aussi y reprendre goût.

Ce livre assez court est un très joli roman sur le deuil, mais surtout sur la vie qui continue. J'ai beaucoup aimé les chapitres intercalés qui énumèrent les petites choses du quotidien qui font une vie.

L'écriture est délicate, très douce, et en livre audio (lu par Clara Brajtman) c'est tout à fait adapté !

Je vous encourage vraiment à découvrir ce roman si ce n'est pas déjà fait !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          50
Je découvre ce roman aux saveurs d'Asie grâce à Netgallery que je remercie. C'est mon premier livre audio et je suis un peu mitigée. Je pense qu'en lecture, ce roman m'aurait beaucoup plus transportée. Cependant, Ce que nous confions au vent est poétique et mélodieux. Entre bonheur et souffrance, entre désespoir et amour, l'autrice aborde l'après tsunami de 2011. Tiré d'une histoire vraie, ce roman remplit de douceur nous fait découvrir la cabine téléphonique où nous pouvons parler avec ceux qui nous manquent. Bien qu'il me fût difficile de ressentir autant d'émotion qu'avec une lecture, je me suis attachée à Yui et Takeshi. Laura Imai Messina aborde le deuil avec beaucoup de tact, de douceur et de nuances. Exprimer sa souffrance, sa colère, son impuissance ou encore sa culpabilité...avec plusieurs vies, l'autrice souffle le chemin de l'avancement, de la vie. Concernant l'audio en lui-même, je reste mitigée par la lenteur et le même ton repris tout au long de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          50
Yui a perdu sa mère et sa fille de 3 ans lors du terrible tsunami du 11 mars 2011. Désormais animatrice de radio, elle entend parler du "Téléphone du Vent" lors d'une de ses émissions qui avait pour sujet "après un grand deuil, où avez-vous puisé la force de vous lever le matin ? Comment vous consolez-vous quand vous êtes malheureux ?". Un des auditeurs qui a perdu sa femme lors du tsunami répond que c'est en allant dans une cabine téléphonique installée en plein milieu d'un jardin sur une colline isolée qu'il trouve du réconfort. le téléphone est débranché, il sert à parler aux défunts. le vent, très présent dans ce lieu, emporte les paroles vers eux. Yui, qui ne s'est jamais remise du drame, décide de se rendre dans ce jardin tenu par M. Suzuki. Arrivée sur place, alors qu'elle cherche l'emplacement exact de la cabine, elle rencontre Takeshi également en quête du lieu. Il est veuf et père d'une petite fille.

Le roman s'inspire d'un fait réel. le terrible tsunami qui a touché le Japon après un séisme de magnitude 9 qui a fait plus de 18 000 morts. J'avais vu un magnifique reportage sur la chaîne Arte en 2021. Se déroulant sur plusieurs saisons, il filme des personnes venues se recontruire grâce à ce combiné débranché et témoigne de ce traumatisme qui a fortement marqué le Japon. J'étais donc très enthousiaste à lire ce roman.

L'histoire est triste mais pas larmoyante. La plume est délicate, tendre et pudique. L'autrice a su retranscrire la dualité pour les vivants entre douleur et beauté du souvenir des disparus. le quotidien, les petits gestes, les défauts ne seront plus partagés. Faire son deuil ce n'est pas oublier ceux qu'on aime et qui nous ont quitté, c'est continuer à les faire vivre dans nos pensées, dans notre quotidien sans en souffrir.

Yui et Takeshi vont s'entraider dans cette épreuve. Chacun vivant à sa manière son histoire tout en comprenant la perte et le chagrin de l'autre. Leur tâtonnement sur cette voie est touchante et réaliste. Yui se pose ainsi beaucoup de questions sur comment respecter la mémoire de sa mère et de sa fille tout en continuant à vivre sans elles, à rire, penser à l'avenir et aimer de nouveau, sans culpabiliser.

Bien que l'histoire soit touchante et le thème de la reconstruction bien traité je n'ai pas totalement été cueilli par le roman. J'ai l'impression d'avoir vécu les événements de loin. J'ai eu beaucoup de mal à ressentir les émotions des personnages. Cela n'est pas dû à la retenue des sentiments qui caractérise la culture japonaise mais plutôt à la construction littéraire du roman.

J'ai souvent trouvé l'histoire confuse et un peu décousue. Alors qu'un événement est en train de se dérouler, l'autrice indique des faits futurs puis revient légèrement en arrière. C'est dommage car certaines révélations tombent à plat ou perdent de leur puissance émotionnelle.

J'ai également eu du mal sur les petits chapitres courts qui s'intercalent avec les chapitres développant l'histoire principale. Ces petits chapitres se focalisent sur des détails évoqués dans le chapitre précédent. Selon moi, cela cassait le rythme du récit et suspendait parfois un moment d'émotion. Cela rendait moins fluide l'enchaînement entre les chapitres.
Surtout que ces précisions ne sont pas toutes très pertinentes. Certaines par contre auraient pu être intégrées directement au moment où elles sont racontées. Elles n'auraient été que plus touchantes.

Enfin, j'ai trouvé le scénario trop mécanique.
Le déroulé de l'histoire n'est pas très original et on devine très vite ce qui va se passer. J'ai même trouvé que tout allait trop vite vers la fin.
J'ai eu également parfois du mal à me repérer dans le temps.

Les mécanismes du deuil et de sa résilience sont justement analysés. Cependant, je n'ai pas totalement été sensible à la manière dont l'histoire est construite. Une lecture en demi-teinte au final.
Commenter  J’apprécie          40
C'est un roman qui « témoigne » indirectement de l'histoire du séisme qui a frappé le Japon en 2011 et qui créa un tsunami monstrueux. de nombreuses familles ont perdu leurs proches et ont vu leurs vies changer en un instant. C'est à travers une cabine téléphonique bleue, en haut du Mont Kujira-Yama que ces rescapés viennent s'y recueillir pour décrocher le vieux combiné noir et parler aux proches disparus.

Un roman d'une immense tristesse, poignant et délicat qui nous livre peu à peu la difficile reconstruction des vivants à travers quelques destins liés à ce lieu de résidence. Ces bribes de mots que l'on aurait voulu dire, ces aveux murmurés, cet amour qui s'envole vers les sommets. Ce roman est un coup de coeur qui m'a tenue la larme à l'oeil du début jusqu'à la fin.
Commenter  J’apprécie          40
Coup de coeur

Chaque année, des milliers de personnes font escale dans une petite cabine téléphonique, installée sur le mont Kujira-yama au Japon, pour confier au creux du combiné d'un téléphone, débranché, des messages à leurs proches disparus que le vent recueille pour les leur transmettre.

C'est dans ce lieu où Yui, une jeune animatrice de radio, accablée par la disparition de sa mère et de sa fille lors du tsunami de 2011, décide de se rendre. Elle y fait la rencontre de Takeshi, un veuf qui élève seul sa petite fille aphone depuis le décès de sa mère.

Un roman tout en délicatesse et poésie à lire pour comprendre le deuil et à garder près de soi, tel un talisman, quand survient le traumatisme de la perte. Je n'ai, à ce jour, rien lu de si juste et de si beau sur ce sujet. Il raconte la douleur, le manque, les souvenirs, les cauchemars et la culpabilité qui hantent ceux que la vie a amputé d'un être vital. Leur besoin de consolation trouve refuge dans les mots, ces messagers qui, malgré la mort, les lient à leurs défunts.

C'est aussi un récit sur la résilience et son pouvoir salvateur, celui qui permet aux âmes blessées de sortir du fracas du passé pour renouer avec la vie, l'amour et le bonheur tout en murmurant à l'oreille de leurs proches défunts. 
Commenter  J’apprécie          40
Le tsunami du 11 mars 2011 a fait des dizaines de milliers de victimes, en particulier autour de la ville d'Ôtsuchi. Près de là, sur les flancs du mont de la Baleine, Yui découvre Bell Gardia, un étonnant jardin au coeur duquel est installée une ancienne cabine téléphonique, dont le combiné noir n'est plus branché à rien. On décroche le « Téléphone du Vent » pour parler à ses morts, à ses fantômes, à son inépuisable chagrin. Peut-être pour parler à cette part de soi-même qui se faite muette, étouffée par la tragédie. Elle y rencontre Takeshi, qui parle longuement au souvenir de son épouse. Yui, elle, ne trouve pas la force ni les mots à lancer à sa mère et sa fille, ni de conjurer l'horreur que lui inspire désormais la mer. Pourtant, tous deux reviennent.

D'une tragédie réelle et d'un lieu existant, la romancière italienne Laura Imai Messina tire une fiction d'une immense délicatesse, un roman du deuil empli d'une douce poésie, construit comme une quête initiatique : celle du retour à la vie. Première traduction en français qui, espérons-le, en annonce de nouvelles.
Commenter  J’apprécie          40
Très beau roman sur le deuil suite à une catastrophe naturelle, donc un deuil sans possibilité de haïr un responsable, donc un deuil partagé par d'autres et pourtant la douleur fait se replier sur soi. Mais aussi les deuils d'autres personnages que l'héroïne finit par rencontrer autour de ce "téléphone du vent", qui existe réellement au Japon. C'est donc un roman du deuil et de la reconstruction grâce aux autres, à ceux qui savent écouter et comprendre ce que l'on ne dit pas. S'ouvrir à l'autre permet de peu à peu reprendre pied dans sa propre vie, avancer en recommençant à penser à l'avenir. L'écriture est douce et délicatesse. de court intermèdes développent un détail du passé évoqué par un personnage et rythment le récit de moments du quotidien, de souvenirs anecdotiques mais qui donnent corps au travail de lutte contre l'oubli. Une belle découverte dont on ressort ému.
Commenter  J’apprécie          41




Lecteurs (1148) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}