Une grande partie de l'ouvrage est consacrée à la “conquêteˮ de l'Amazonie par les Espagnols et les Portugais. Sur des siècles les explorateurs et les curés de toutes obédiences ont combattu les Indiens. Au moins ceux qui le faisaient pour des motifs économiques, pour s'enrichir le faisaient “honnêtementˮ dans le sens où ils ne se cachaient pas derrière leur doigt, il n'y avait pas d'ambigüité, toutes considérations morales mises à part, bien sûr. Ce n'est pas le cas de tous ceux qui voulaient le bien des âmes de ces pauvres Indiens qu'il fallait convertir à nos croyances et à nos balivernes, fut-ce au prix de leur mort. Dieu les reconnaitra, forcément. Rendons grâce aux Indiens qui ne nous ont pas envoyé de missionnaires pour nous convertir à leurs dieux. La fin du livre relate une descente du fleuve, une descente aux enfers qui n'est pas sans rappeler Fitzcaraldo de W. Herzog avec Kinski plus allumé que jamais.
Commenter  J’apprécie         40
Après avoir relaté sa propre expérience de plusieurs mois en Amazonie en 1966, l'auteur effectue un travail d'ethnologue, en décrivant et analysant les moeurs, les rituels, et bien sûr le cannibalisme de certaines tribus du Brésil et du Pérou. Très pessimiste quant à l'avenir, il déplore l'exploitation du latex pour l'industrie du caoutchouc et le sort épouvantable qui est fait aux Indiens.
Commenter  J’apprécie         10
On gagne les pans obscurs de la sylve amazonienne, un long couloir végétal où règnent le désordre et la beauté. On a l'impression d'être un intrus. On enrage de voir le monde se déployer à perte de vue, hors de soi. La forêt est habitée par des esprits cruels, sourds à la douleur et aux cris stridents. Tout ce qui pique, tout ce qui griffe, tout ce qui mord. (p. 6)
Dans les récits des blancs, l'Amazonie se peuple d'animaux moins nobles que l'anaconda et le boa des mythes indiens. De toutes tailles et de toutes natures, ils ont en commun leur agressivité sournoise : serpents venimeux, poissons électriques, araignées, sans oublier le plus insupportable de tous, ennemi informe et tracassier : le moustique. (1ere part. chap.3)
25 octobre 2013
Quand Ryszard Kapuscinski arrive comme journaliste en 1958 à Accra, la capitale du Ghana, il ne peut soupçonner que ce voyage sera le début d'une passion qui ne le quittera plus jamais. Pendant des années, ce grand reporter doublé d'un écrivain sillonne le continent noir, habite les quartiers des Africains, s'expose à des conditions de vie qu'aucun correspondant occidental n'aurait acceptées. Observateur exceptionnel, il croise des potentats comme Nkrumah, Kenyatta ou Idi Amin, témoigne de coups d'Etat et de guerres civiles ; il essuie des fusillades, affronte des tempêtes de sable et supporte l'indescriptible chaleur africaine. Mais Kapuscinski s'intéresse surtout aux gens et sait gagner leur confiance. le tumulte de la vie quotidienne africaine le passionne davantage que les corruptions, les épidémies et les guerres meurtrières. Ce livre majeur, attendu depuis longtemps, a reçu en 2000 le prestigieux prix littéraire italien Viareggio. "(...) un chef-d'oeuvre hybride et bouleversant ; peu de livres ont fait sentir l'Afrique d'aussi près." Jacques Meunier - "Le Monde"
+ Lire la suite