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Critique de Korylle


Michaux (Henri) : La vie d'Henri Michaux (Namur, 24 mai 1899 – Paris, 19 octobre 1984), poète et peintre de génie d'origine belge, bascule lorsqu'il perd son épouse. La douleur de ce décès tragique ne cicatrisera jamais, et il portera le deuil jusqu'à sa propre mort. Mais c'est sans doute grâce à ce terrible événement que sa carrière bifurque vers des travaux de tous styles, emprunts de la véritable essence de l'âme tourmenté du veuf inconsolable. Mais déjà, avant cela, ses confrontations à l'Abîme étaient fréquentes et, depuis son enfance, on peut dire que Michaux aura avalé sa part de ténèbres.
Cet homme, qui deviendra un Maître dans ses domaines de prédilection, la poésie et la peinture, a connu une adolescence difficile, entre angoisse et dépressions. A cette époque, ses premiers travaux voient le jour, influencés sans aucun doute par ses plus jeunes années durant lesquelles il a connu les pensionnats et l'éducation à la dure des jésuites, mais surtout à la fréquentation des auteurs russes Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski. Tout en faisant ses premiers pas dans la littérature, il s'orientera vers la médecine pour l'abandonner assez vite, prenant la mer entre 1920 et 1921. C'est peu de temps après, en découvrant Lautréamont, qu'il se décide à se lancer corps et âme dans la littérature.
Durant les Années Folles, il arrive à Paris, une ville dont il tombera éperdument amoureux. Dès lors, il n'aura de cesse de renier tout ce qui le rattache à son pays natal et se considérera parisien. Même si, par la suite, il voyagera dans le monde entier, la capitale française restera son berceau. Il sera d'ailleurs, avec la plus grande fierté, naturalisé français en 1955. Aussi rédigera-t-il ses "Carnets de Voyages", réel ou fictifs, qui feront partie intégrale de son oeuvre colossale, lancé par son éditeur et ami proche, Jacques-Olivier Fourcade. En plus de l'écriture, Henri Michaux commence à s'intéresser de plus en plus à l'art pictural dont il entamera des travaux, restés longtemps secrets.
C'est en 1948 que la vie de l'auteur prendra un tournant radical, suite au décès tragique de Marie-Louise Termet, son épouse, suite à d'atroces brûlures dues à un accident domestique. Michaux en rendra compte violemment avec l'écriture de "La Vie dans les Plis" (1949), l'un des textes les plus viscéraux qu'il aura écrit.
Suite à cet évènement, il se considèrera comme un mort en sursit et comme n'ayant plus rien à perdre, commencera les expériences littéraires sous l'influence des drogues, principalement la mescaline, le LSD et la psilocybine. Ces plongeons dans l'abîme des hallucinogènes commenceront tardivement, à l'âge de 55 ans, alors qu'il n'avait jamais touché auparavant aux produits stupéfiants, mis à part l'éther qu'il consomma plus jeune. Ces expériences psychédéliques renoueront Michaux et la médecine, principalement la psychiatrie, et donneront naissance à des travaux sous l'influence des drogues, avec l'assistance d'un médecin qui calculera les dosages avec précision. Il en ressortira des textes impressionnants, mélangés avec des dessins sur des carnets spécialement utilisés pour ce que l'auteur voulait comme des approches scientifiques des effets des substance et de la créativité littéraire et picturale pouvant en découler. Les toiles qu'il a laissé derrière lui sont autant de bijoux d'art atypique qui ne peuvent pas laisser indifférent. Notons certaines oeuvres picturales significatives :
Henri MICHAUX "Têtes"
Henri MICHAUX "Clown"
Henri MICHAUX "Paysages"
Henri MICHAUX "Prince de la Nuit"
Henri MICHAUX "Dragon"
Henri MICHAUX "Combats"
Henri MICHAUX "Couché"
Henri MICHAUX "Parcours"
Henri MICHAUX "Description d'un trouble"
Henri MICHAUX "Arrachements"
Henri MICHAUX "Composition"
Henri MICHAUX "Frottage"
Henri MICHAUX "Mouvements"
Henri MICHAUX "Repos ans le Malheur"


Vers la fin de sa vie, Henri Michaux vivait en reclus et était perçu comme un personnage public fuyant son lectorat et la presse. Il meurt seul à Paris, sa ville d'enracinement, le 19 octobre 1984
La bibliographie de l'auteur étant colossale – 63 ouvrages dont 6 posthumes – on retiendra surtout ses recueils de textes poétiques modernes dont voici une liste non-exhaustive :

MICHAUX Henri "Connaissance par les Gouffres"
MICHAUX Henri "La Vie dans les Plis"
MICHAUX Henri "Epreuves, Exorcismes"
MICHAUX Henri "L'Infini turbulent"
MICHAUX Henri "Poteaux d'Angles"
MICHAUX Henri "L'Espace du Dedans"
MICHAUX Henri "La Nuit remue"
MICHAUX Henri "Plume"
MICHAUX Henri "Ecuador"
MICHAUX Henri "Lointain Intérieur"
Henri MICHAUX "Misérables miracles"

Ghislain GILBERTI
"Dictionnaire de l'Académie Nada"
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