Ce tome fait à End of days (épisodes 135 à 139) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les 2 épisodes de la minisérie Exorcism, ainsi que les épisodes 140 à 142 qui forment l'histoire The Exorcist. La mise en couleurs de tous ces épisodes a été réalisé par Dave Stewart.
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- Exorcism (scénario de
Mike Mignola &
Cameron Stewart, dessins et encrage de
Cameron Stewart, couvertures de
Viktor Kalvachev) - En 1890, en Afrique de l'Est, un prêtre noir (Ota Benga) est appelé dans une maison de maître de blancs pour réaliser un exorcisme sur Edwina, la maîtresse de maison. de nos jours, dans l'Indiana, une jeune agente blanche du BPRD (Ashley Strode) doit réaliser un exorcisme sur un jeune garçon. le résultat n'est pas entièrement concluant, mais elle est ensuite envoyée en mission au Mexique par Kate Corrigan pour se rendre chez Ota Benga suite aux déclarations du démon qui possède le jeune garçon.
Dans les pages de fin de volume,
Scott Allie (le responsable éditorial) explique que l'idée du personnage d'Ashley Strode est venue de
Cameron Stewart. Ils avaient proposé à ce dernier d'écrire une histoire pour le monde élargi du BPRD et il a souhaité écrire un personnage féminin. Ils lui ont proposé Ashley Strode, déjà apparue une fois pendant la Guerre contre les Grenouilles, voir War on Frogs. Ils l'ont aidé à peaufiner les détails pour que le concept s'amalgame bien avec les principes régissant le monde du BPRD. le lecteur (re)découvre une jeune agente peu expérimentée, avec une affinité pour sentir les possessions par des démons. L'enjeu du récit est donc double : (1) développer le personnage d'Ashley Strode, (2) montrer les mécanismes de l'exorcisme.
Au cours de ces 2 épisodes, le lecteur voit Ashley Strode agir, prendre des décisions et faire part de ses réflexions. Il découvre une femme assez jeune, vraisemblablement pas encore 30 ans, qui dispose de compétences assez particulières. Elle travaille pour le BPRD sans trop se poser de questions, acceptant les ordres et les missions. Elle semble éprouver de l'empathie pour la souffrance du jeune garçon possédé par un démon. Elle ne laisse pas Ota Benga la mener par le bout du nez. Les auteurs montrent qu'elle sait très bien réfléchir par elle-même et relever les incohérences entres les dires et les comportements. Elle n'est pas facilement décontenancée, malgré les premières expériences qu'elle fait du monde astral, et elle est très courageuse, risquant sa vie pour sauver celle des autres, sans agir comme une tête brulée pour autant. le lecteur la prend donc facilement au sérieux et la considère comme une adulte.
Cameron Stewart réalise une solide mise en images, en respectant les spécificités visuelles de la série. Les morphologies des personnages sont normales, sans musculatures exagérée. Il sait poser un décor en une case : la belle demeure en Afrique, le village où domine le clocher de l'église au Mexique, le marché découvert du village, la pièce avec un cercle d'invocation tracé sur le sol. Lorsque le récit passe dans le monde des esprits, il peut s'économiser sur les décors et utiliser des fonds noirs, ou des parois rocheuses génériques. Ses monstres sont très convaincants et ses gazelles aussi. Il met en oeuvre quelques éléments de l'imagerie associée à la religion catholique comme une croix, des bures, ou encore une épée enflammée.
Le lecteur a bien compris que l'enjeu de ce tome est d'introduire une agente avec une nouvelle capacité dans l'équipe du BPRD. Hellboy et d'autres ont déjà procédé à des exorcismes, mais là il s'agit de renter dans le détail. Les auteurs ont choisi de donner à Ashley Strode la capacité de rentrer dans une forme de dimension astrale, dans laquelle elle perçoit les démons sous leur forme corporelle et où elle peut interagir avec, sans avoir besoin de les contraindre à se manifester dans le monde réel. Cette façon de procéder n'est pas plus grotesque que tous les autres comics à base de démons, et elle s'intègre bien avec le reste du folklore de la série. Cela permet aussi de donner une forme relevant du combat physique à l'affrontement entre les démons et Ashley Strode.
Cette première partie se lit avec plaisir.
Cameron Stewart sait donner de la consistance aux différents lieux, ainsi qu'aux personnages (l'inoubliable première apparition d'Ota Benga au temps présent, avec sa canne). Ashley Strode est une sympathique jeune femme, sans être une pin-up, avec un visage jeune sur lequel se lit le courage et un caractère bien décidé. le lecteur sait qu'il s'agit d'étoffer Ashley Strode, et qu'il s'agit d'une sorte de récit des origines pour expliquer comment elle a acquis ses compétences d'exorciste. le mode de fonctionnement n'a rien d'extraordinaire, mais il est assez cohérent, et il évite d'en rajouter avec les tenants de la foi catholique, pour rester dans le domaine du divertissement. 4 étoiles pour un lecteur déjà investi dans les histoires du BPRD.
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- The Exorcist (scenario de
Mike Mignola &
Chris Roberson, dessins et encrage de
Mike Norton, couvertures de
Duncan Fegredo) - 15 mois plus tard, Ashley Strode intervient à Eugene dans l'Oregon. Elle effectue une mission en solo pour exorciser un suspect. Une fois cette mission achevée, elle va se reposer pendant une nuit dans un motel, avec une femme appelée Hannah. Cette dernière regarde les différents documents que Strode a punaisé au mur. Elle demande à quoi correspond le mot Yamsay. Il s'agit d'un nom évoqué par un indicateur. En fait c'est une petite ville non loin de là, dans laquelle beaucoup d'enfants ont disparu au fils des années.
Ces 3 épisodes de la série du BPRD confirment que ce nouveau personnage a été pensé avec son intégration dans l'équipe. Après les origines d'Ashley Strode, le lecteur s'attend à un récit plus consistant pour l'une de ses enquêtes. Il retrouve toute la saveur des épisodes du BPRD, période Enfer sur Terre, avec des agents de terrain accomplissant des missions seuls ou en groupe, des villes à moitié dévastées et abandonnées, mais une technologie encore en partie opérationnelle. La pagination plus importante que celle de la précédente histoire permet aux auteurs de développer une histoire plus étoffée, avec un prologue en bonne et due forme. le lecteur constate qu'Ashley se rapproche du moule habituel des héros : autonome et solitaire, débrouillarde, apte physiquement, et courageuse jusqu'à en être téméraire. Elle devient un modèle féminin pour les lectrices. Mignola & Roberson mettent en scène sa relation avec Hannah de manière discrète, mais sans erreur possible d'interprétation pour un adulte sur sa nature homosexuelle.
L'intrigue repose donc sur un nouvel exorcisme, c'est indiqué dans le titre. le lecteur retrouve le même dispositif avec cette possibilité d'alterner entre la réalité concrète et une vision psychique permettant une relation différente avec les créatures démoniaques. La bure et l'épée enflammée sont de retour, selon le mode opératoire défini dans l'histoire précédente. Néanmoins, cette histoire ne donne pas une impression de narration mécanique, parce qu'Ashley Strode prend le temps d'interagir avec d'autres personnes, avec l'environnement très cohérent de Hell on Earth. En outre cet exorcisme est directement lié à la situation en Enfer, voir Hellboy in Hell, mais reste compréhensible sans l'avoir lu.
C'est au tour de
Mike Norton, le dessinateur de la très bonne série d'horreur Revival (avec un scénario de
Tim Seeley), de mettre en images les aventures d'Ashley Strode. le lecteur est étonné de proximité graphique entre Norton et Stewart. Il dessine de manière réaliste, avec le même léger degré de simplification (peut-être un peu plus accentué sur les visages). Il a tendance à mettre un plus de détails dans les dessins, avec des lieux qui gardent la trace de leur usage par les humains qui y sont passés. Il y a la pièce couverte de signes cabalistiques tracés par Trent avec des déchets au sol, le mur punaisé avec les fiches des différents cas que Strode estime reliés entre eux, le bar routier Yamsay Tap prêt à accueillir beaucoup plus de monde qu'il ne s'en présente, la maison isolée avec cette pièce remplie de paires de chaussures d'enfants, etc.
Mike Norton rend plausible aussi bien les environnements maintenant surdimensionnés, que les personnages normaux et leurs actions. Comme tous les autres dessinateurs de la série, il s'adapte au niveau d'exigence relatif à l'apparence des créatures surnaturelles. Cette deuxième histoire d'Ashley Strode s'avère tout aussi agréable pour la première, la qualité de l'intrigue de la seconde palliant le plaisir de la découverte de la première. le dispositif des exorcismes reste un peu tiré par les cheveux, mais plus cohérent que le tout venant des comics d'horreur. On en peut que souhaiter une longue carrière à cette jeune femme au caractère bien trempé.